D’après le roman éponyme de Jane Austen
Adaptation de Simon Burke
Avec Sally Hawkins (Anne Elliot), Rupert Penry-Jones (Frederick Wentworth), Alice Ridge (Lady Russell), Anthony Head (Sir Walter Elliot), Amanda Hale (Mary Musgrove), Tobias Menzies (Mr Elliot), Julia Davis (Elizabeth Elliot)
Résumé :
A l’âge de 19 ans, et sur conseils de son excellente amie Lady Russell, Anne Elliot a rompu ses fiançailles avec Frederick Wentworth, un jeune officier de marine sans fortune et à l’avenir incertain.
Huit ans plus tard, les Elliot, contraint de réduire leur train de vie d’une façon drastique, loue leur propriété pour s’installer à Bath. Le nouveau locataire, l’amiral Croft, n’est autre que le beau-frère de Frederick Wentworth, devenu alors capitaine et relativement riche.
Ce dernier se contente d’ignorer Anne, qui quant à elle, ne peut oublier les liens profonds qui les ont uni par le passé.
Les habitués de ce site savent que je suis un peu fâchée avec Persuasion, que ce soit le livre ou l’adaptation de 1995. Ce nouveau téléfilm de 2007 m’a, je pense, en partie réconciliée avec l’œuvre. Au départ, j’ai été assez perturbée par la manière de filmer caméra à l’épaule, ce qui m’a donné un peu le tournis. Les premiers plans sont particulièrement mobiles, voire chaotiques. Sans doute pour exprimer l’agitation de Anne. Je priais sincèrement pour que le reste du téléfilm ne soit pas aussi visuellement fatiguant. Heureusement, la manière de filmer est devenue plus classique et plus sereine par la suite, même si les effets en question reviennent de temps à autre, pour démontrer la profonde agitation de l'héroïne.
Ces effets m’ont malheureusement empêchée d’apprécier les interprétations à leur juste valeur dès le départ. J’ai été ravie de voir Anthony Head (le Giles de Buffy) en baronnet compassé et ridicule à souhait (peut-être pas suffisamment drôle austeniennemnt parlant). Sally Hawkins a toute la simplicité nécessaire à Anne, même si je l’aime peut-être finalement moins qu’Amanda Root dans la précédente version, qui m’a parue plus classique et plus discrète. Rupert Penry-Jones est fier et glacial avec Anne, tout en demeurant profondément charmant. Son interprétation est très belle, très nuancée. Le couple formé est finalement bien assorti.
On peut regretter que le passage de la lettre finale soit passé à la trappe de cette manière. La scène du roman est splendide, on se demande un peu pourquoi une telle option a été prise… Je ne vois pas en quoi la course-poursuite de Anne dans les rues de Bath ajoute quelque chose à l’histoire. Au contraire, elle lui en retire une part sublime… Cette tendance actuelle au happy-end dans les adaptations austeniennes est un peu étrange. L’histoire se termine finalement très bien dans le roman, mais on perd un peu de l’esprit de l’auteur, à force d’ajouter ces scènes romantiques qui ne cadrent pas toujours très bien avec le contexte (voir la fin alternative de P&P 2005 de Joe Wright)… Je ne suis pas foncièrement contre, car c’est toujours très agréable à regarder, mais je préfère mille fois m’en tenir aux fins d’origine, qui sont splendidement écrites, et qui jouent l’ironie jusqu’à la dernière ligne.
Je dirais qu’il s’agit néanmoins d’une adaptation agréable, avec des acteurs très bons (même si certains personnages secondaires, telle Mary Musgrove en font des tonnes…), avec des images sublimes. Et puis, maintenant, je me sens d’humeur à relire le roman et à le voir avec des yeux un peu plus cléments.