The Hound of the Baskervilles
d'après le roman d'Arthur Conan Doyle.
Produit par la BBC
Avec Richard Roxburgh (Sherlock Holmes), Ian Hart (Dr John Watson), John Nettles (Dr Mortimer), Matt Day (Sir Henry Baskerville), Richard E Grant (Stapleton).
Je suis tombée par hasard sur cette adaptation de la BBC (2003) voici quelques semaines, lors de sa diffusion sur France 2. J'ai été tout d'abord on ne peut plus désappointée par les modifications apportées à l'histoire originale, qui, je n'en doute pas, ont effrayé les puristes et les adorateurs du canon holmesien. Rassurez-vous, rien de bien grave, car somme toute, la trame est respectée. Il s'agit plutôt de détails parsemés tout au long du téléfilm qui ne sont pas forcément tous judicieux et parfois tout fait décalés.
Je ne vois cependant pas tout en noir... Car les interprétations sont indéniablement excellentes. Il est très difficile de passer après le regretté
Jeremy Brett dans la peau de Holmes, dans lequel le comédien s'était investi corps et âme durant plus de dix ans. Richard Roxburgh, acteur de théâtre d'origine australienne (je suis certaine que les puristes se sont également révoltés contre le fait qu'il ne s'agisse pas d'un britannique), se démarque de Brett avec brio. L'acteur n'a pas un physique particulièrement typé (une blondeur un peu paradoxale, absence des traits sévères que l'on prête volontiers au héros de Doyle), mais il a ce charisme glacial, ce regard dur, impénétrable, cet air profondément hautain, cette fierté féline, qui font qu'on ne peut qu'adhérer à son interprétation. D'emblée, on adore le détester... Il est légèrement moqueur, un tantinet insouciant (voir complètement inconscient), mais il est surtout bien plus énergique que ses prédesseurs (dans un souci de modernité j'imagine). Il a des airs de dandy très étudiés qui imposent immédiatement une distance froide avec quasiment tout le reste de l'humanité. N'oublions pas que Sherlock Holmes est intelligent, et
qu'il le sait... ^_^ Il ne manque donc pas de la faire sentir à tout un chacun.
Passons à présent à Watson. Ian Hart est également très bon, mais je n'ai guère aimé la façon de traiter l'amitié des deux personnages. Watson est certes le narrateur, mais il est aussi un ami fidèle, un compagnon de route essentiel à Holmes. Watson, même s'il subit certaines humiliations infligées par Holmes sans broncher (toujours dans le roman, entendons-nous), sachant que la plupart d'entre elles sont à prendre au second degré, il reste un élément essentiel des récits, et aussi un allié de Holmes. Ici, Watson est perpétuellement tendu, se mettant dans des colères noires contre Holmes dans certains situations, allant jusqu'à le dénigrer en public. Une scène m'a marqué dans cette adaptation. Tous les fervents holmesiens se souviennent de la liste dressée par Watson dans Une Etude en Rouge comportant les lacunes intellectuelles de son ami (Botanique : nulles - N'y connaît rien en jardinage - Astronomie : inexistantes - Philisophie : faibles, etc.). Liste qui reste évidemment personnelle et ne fait jamais l'objet d'un étalage public. Chose qui est faite ici devant tout un parterre, comme si le but était de rabaisser à tout prix l'intelligence de Holmes et d'imposer un équilibre de personnalité avec Watson... J'ai trouvé ça étrange et déplacé.
Je noterai encore quelques détails qui m'ont beaucoup frustrée :
- Holmes se drogue à deux reprises, afin de stimuler son esprit logique. Ce qui est une grossière erreur. Sherlock Holmes ne se drogue jamais durant une affaire, puisqu'il s'occupe l'esprit. Le personnage ne retombe dans ses travers que lorsqu'il est seul et désoeuvré. Les scènes en question sont d'ailleurs absente du téléfilm diffusé en France, mais bel et bien présentes sur la version longue en DVD (par ailleurs interdites au moins de 15 ans...)
- La fin est entièrement remaniée. Elle est absolument transformée afin de la faire paraître plus tragique. Je ne vois pas en quoi la mort de Ms Stapleton était utile, ni que Watson se fasse tirer dessus. Sherlock Holmes se retrouvant à la merci de Stapleton, coincé jusqu'au cou dans les marais de Grimpen , est également là pour rappeler que Holmes est faillible et qu'il n'est sans doute qu'un simple mortel... Il n'empêche que tout ceci est décalé.
Il faut tout de même saluer Richard E Grant, qui campe un splendide Stapleton, et qui aurait presque pu interpréter, au vu de son allure froide et rigide, un Sherlock Holmes parfait. Et puis, il y a le Chien, qu'on voit parfaitement dans cette adaptation (entièrement en images de synthèse), et qui est assez impressionnant.
En somme, cette adaptation mérite mille fois d'être vue, même si elle comporte pas mal de défauts... Elle est très bien interprétée (à voir en VO pour en profiter pleinement), et les décors sont magnifiques, tout comme les plans sur la lande morne et désolée.