21 octobre 2008

Sherlock Holmes vu par Guy Ritchie

Voilà un certain temps que l'on parle de cette nouvelle version de Sherlock Holmes...

Ce film est en réalité une adaptation d'un comic book de Lionel Wigram, qui n'est pas encore édité ou qui devrait l'être à la sortie du film, et non d'une histoire du canon holmesien. Il est question de donner de Sherlock Holmes une nouvelle image, en mettant en avant des aspects peu exploités de sa personnalité... Reste à savoir lesquels. Quand Guy Ritchie est à la direction d'un tel film, on a de quoi s'inquiéter et se poser des questions.

Pour interpréter les personnages principaux, le réalisateur a regroupé un casting de choix. En tête : Robert Downey Jr qui campera ce nouveau Sherlock Holmes, Jude Law en Dr Watson, Kelly Reilly dans le rôle de Mary Morstan et Rachel McAdams dans celui de la troublante Irène Adler...

Voici quelques photos du tournage, actuellement en cours dans la capitale anglaise :

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Robert Downey Jr : un Sherlock Holmes à la mise quelque peu négligée...


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Peu d'informations sont disponibles actuellement sur ce film, dont la sortie est prévue début 2010.

Je suis sceptique, très sceptique... Mais je ne demande qu'à être agréablement surprise par ce film...

Cet article sera updaté en fonction des nouvelles disponibles...

UPDATE DU 19 novembre

Photo prise sur le tournage à Manchester il y a environ une semaine.

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Bonne nouvelle, Sherlock Holmes semble avoir retrouvé un semblant de dignité sur cette photo... Tout espoir n'est pas perdu.

UPDATE du 17/12

Première photo officielle du film de Guy Ritchie. Apparemment, le look de Mr Holmes ne s'arrange guère, et ce n'est pas pour me rassurer.

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Ce qui me rassure encore moins est l'autre photo officielle parue cette semaine, où l'on voit Robert Downy Jr, les tempes en sang, torse nu, dans une sorte d'arène de boxe libre plutôt sordide. La photo est tellement décevante qu'elle ne mérite même pas d'être postée... Je suis de moins en moins confiante au sujet de ce film et il y a de quoi.

MORE TO COME

14 octobre 2008

Claude Frollo : de la raison à l'autodestruction

Voilà plusieurs semaines, voire plusieurs mois, que je projette de rédiger un post sur l’un des personnages de la littérature française qui me tient le plus à cœur, qui m’a hantée et passionnée dès ma première lecture de Notre-Dame de Paris.

Alexandr Marakulin (Comédie musicale Notre-Dame de Paris - Russie -2002)

Il n’est pas un héros flamboyant à la Dumas. Il en est même l’antithèse. Il est le symbole même de la noirceur, de la destruction et de la folie. Un personnage romantique et tourmenté, mais pas dans un sens péjoratif : on est loin ici du personnage lisse et geignard, se gargarisant au malheur par ce qu’il n’a rien de mieux à faire, ou suite une impuissance manifeste face à l’action dramatique.

Le personnage créé par Hugo est avant tout terriblement humain et terriblement faillible. Pour rappel, Claude Frollo a été un enfant « offert » à l’Eglise, comme cela a été courant dans les familles bourgeoises ou nobles pendant de nombreux siècles. Il a grandi dans un cloître, a été élevé par des prêtres, a appris à lire dans la bible et le Lexicon. L’austérité est son quotidien depuis le berceau. On lui a appris à baisser les yeux et à parler bas, comme à tolérer un enfermement contraire à sa nature. Car en grandissant, le jeune prêtre s’ouvre à la vie, en recueillant et élevant un jeune frère qu’il connaît à peine et pour lequel il se prend d’une affection toute paternelle. Viennent ensuite Quasimodo, un enfant abandonné sur les marches de Notre-Dame, et Gringoire, jeune poète désargenté qu’il prend sous son aile.
Aussi, quand on donne l’image d’un Frollo malfaisant et borné, il s’agit d’un raccourci maladroit. Ce n’est pas un homme mauvais, il suffit de lire le chapitre consacré à la présentation du personnage pour le démontrer, même s’il apparaît indéniablement comme un homme froid et imperturbable.


Daniel Lavoie et Garou - Comédie musicale Notre-Dame de Paris - 1998

C’est un personnage doté d’une intelligence très supérieure, craint et respecté dans son église. Cependant, dès les premiers instants, il est indéniable que l’on se trouve en présence d’un caractère passionné, emprisonné par les liens qui l’unissent à l’autel. Cette passion contenue s’exprime fort bien par le fait qu’il est attiré par l’occulte, que ça soit par l’alchimie ou par des croyances qui sont en totale opposition avec sa religion. Premier paradoxe non négligeable qui permet d’y voir un peu plus clair dans cet esprit tortueux. Ensuite, il y a cette volonté à refuser tout contact avec les femmes (il est justement raconté dans le roman qu’il s’est opposé à la visite d’une princesse de la Cour dans le cloître, qui lui a valu certaines foudres toutes religieuses de son évêque, à ce qu’il semble). Forcément, il se méfie des femmes comme il se méfie de la tentation qu’elles représentent. Il est certain que le personnage SAIT depuis toujours que son état est contre-nature, mais qu’il s’y résout d’une façon résignée. Il évite tout contact avec le monde, comme s’il tâchait de retarder l’échéance fatale : celle qui le mettra au pied du mur, celle qui permettra à ses passions d’exulter sans espoir de retour.

Kenneth Haigh (The Hunchback of Notre Dame - 1976 - BBC)

Jusqu’à l’âge de 36 ans, Frollo a vécu dans une relative tranquillité d’esprit, hormis quelques attaques sporadiques dont il s’est gardé avec prudence. La Esmeralda surgit à un moment de découragement et d’impuissance devant la science qu’il étudie et devant laquelle il échoue. Un moment de faiblesse et de désespoir très personnel. Il suffit de lire l’épisode où il la voit pour la première fois. A partir de ce moment, il sait qu’elle est l’échéance, il sait que le moment qu’il avait repoussé avec une ferme résolution est arrivé enfin. On peut supposer qu’il est charmé par la Esmeralda parce qu’elle représente tout ce qu’il n’est pas, tout ce à quoi il aspire. Elle est jeune, gaie, insouciante : elle est la vie.
Il tente donc de la faire chasser, en vain. Il fomente un procès contre elle qu’il n’entamera jamais. Alors, il la suit, la pourchasse, sans jamais se montrer, sans jamais se nommer. Elle sait à peine qu’il existe.


Sir Cedric Hardwicke (The Hunchback of Notre Dame - 1939)

Ensuite, les éléments s’enchaînent et se précipitent, plongeant Frollo un peu plus loin dans sa passion déraisonnée, faisant de lui un impie et un assassin. Cela dit, il est certain que le personnage se plaît à agir dans l’ombre, qu’il a le courage de tenter un assassinat, mais pas au point de l’assumer. Il est manifeste qu’il est encore suffisamment sensé pour tenter de sauvegarder ce qu’il reste des apparences, fussent-elles déjà fortement entamées par une réputation populaire salie par des accusations de sorcelleries. Et cela quitte à laisser la femme pour qui il nourrit des sentiments jusque là assez confus, accuser et livrer à la justice à sa place.

Pourtant, qui n’a pas été ému en lisant les dizaines de pages de déclaration amoureuse du prêtre à la prison ? Lorsqu’il tente à plusieurs reprises de se racheter en organisant une évasion à laquelle la bohémienne refuse d’obtempérer (et on la comprend). Qu’espère-t-il de ces tentatives désespérées ? Le point de non-retour est atteint, et c’est à ce moment que la folie devient manifeste, qu’elle est une réalité et qu’il perd pied, qu’il laisse libre cours à ses pulsions les plus viles.


Alain Cuny (Notre-Dame de Paris - 1956)

C’est surtout à cause de cette période du roman qu’on a fait parfois référence au Moine de M.G. Lewis, premier roman noir, pionnier du style gothique anglais. Mais nous sommes loin encore de l’impudeur de Lewis et de son personnage dément.

La chute finale du prêtre est un symbole incontournable, comme la noyade de Javert dans les Misérables, qui en est très proche. En tombant du haut de Notre-Dame, poussé par un bras filial, il rejoint la réalité brutalement, en même temps que la raison. Dans sa chute physique, il rejoint la mort si redoutée par l’alchimiste, impliquant en cela même une chute morale, en rejoignant le peuple méprisé, redoutée par la toute-puissance de l’Eglise médiévale qu'il incarnait.
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