Téléfilm de Diarmund Lawrence, scénario d'Andrew Davies
Avec Kate Beckinsale (Emma), Mark Strong (Mr Knightley), Bernard Hepton (Mr Woodhouse), Samantha Morton (Harriet Smith), Dominic Rowan (Mr Elton), Samantha Bend (Mrs Weston), Guy Henry (John Knightley), Raymond Coulthard (Frank Churchill)
1996
Résumé
Emma Woodhouse est une jeune femme de bonne famille, intelligente et généreuse, mais possédant une très haute opinion d'elle-même. Elle prend sous son aile une orpheline sans le sou, Harriet Smith, et est décidée à en faire une dame accomplie, espérant ainsi lui faire conclure un mariage au-delà de sa condition. Emma jette d'abord son dévolu sur Mr Elton, le nouveau pasteur de la paroisse, mais ses talents d'entremetteuse se révèlent finalement assez désastreux...
Mon avis
Cette version d'Emma de 1996, adaptée par Andrew Davies, ayant précédemment scénarisé la célébre version d'Orgueil & Préjugés avec Colin Firth et Jenifer Ehle, a l'incontestable qualité de résumer parfaitement en 1h30 le roman de Jane Austen, que je considérais personnellement comme le moins intéressant de l'oeuvre de l'auteur.
Le personnage central, Emma Woodhouse, est une jeune femme insouciante, quelque peu orgueilleuse. Sans doute est-ce ce dernier point qui rend le personnage peu sympathique. Si on peut trouver certaines similitudes entre Emma et de Catherine Morland de Northanger Abbey, que ce soit au niveau de leur insouciance ou de leurs attitudes et réactions quasiment enfantines, le caractère d'Emma se différencie principalement par son absence de remise en question. Là où Catherine Morland peut attendrir le lecteur par sa naïveté et son esprit romanesque typiquement juvénile, Emma, quant à elle, avec sa haute opinion d'elle-même, ne peut obtenir l'approbation du lecteur. Les personnages raisonnables et peut-être un peu moralisateurs de Mr Tilney et Mr Knightley, sont également comparables, puisqu'ils remettent tous deux les héroïnes respectives sur la voie de la sagesse et de la raison.
La version Miramax, produite la même année, et comptant Gwyneth Paltrow et Jeremy Northam au casting, « souffrait » d’une grande légèreté et d’une actrice abordant le rôle avec trop de superficialité à mon goût.
La version télévisée d’Emma, sans être très longue, réussi à retranscrire parfaitement le roman, avec sérieux, sans oublier l’ironie et le ton piquant si caractéristiques de Jane Austen, en ajoutant même certains éléments (voir le banquet de mariage à la fin de cette version).
Les acteurs sont efficaces, parfois drôles, touchants, agaçants, mais jamais ridicules. Le Frank Churchill de Raymond Coulthard, est moins « canaille » que celui d’Ewan McGregor ; ses manipulations conservent donc tout leur effet.
Kate Beckinsale est très convaincante, elle m’a agacée sincèrement, mais ne m’a pas définitivement insupportée. Je crois que son interprétation m’a réconciliée en partie avec Emma.
Quant au Mr Kinghtley de Mark Strong, on peut être légèrement rebuté par son côté « maître d’école », d’une sévérité implacable et presque exagérée. En résumé, il serait presque effrayant… Mais le personnage se nuance beaucoup par la suite, malgré quelques sursauts de brutalité verbale et gestuelle. Mais, je pense que le personnage original, tout en demeurant parfaitement gentleman, n’est pas un modèle de fantaisie. Il est l’antithèse de Frank Churchill. Il est strict et sérieux, mais responsable, loyal, honnête, et…amoureux. Le couple formé avec Kate Beckinsale fonctionne fort bien, mieux même que le duo Paltrow/Northam.
Cette version est sans doute la meilleure version d’Emma tournée à ce jour.
A noter qu’une nouvelle version est en préparation à la BBC pour la rentrée 2009 avec Romola Garai (Emma) et Johnny Lee Miller (Mr Kinghtley).