30 juin 2009

La Solution à 7%, de Nicholas Meyer

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Depuis son mariage avec Mary Morstan, le Dr Watson n'a guère l'occasion de voir très souvent son ami, Sherlock Holmes. Un soir, ce dernier s'invite dans son cabinet, et se dit poursuivit par son ennemi héréditaire, le professeur Moriarty. Mais l'agitation de Holmes, ses propos incohérents, font redouter le pire à Watson : le détective s'est drogué au-delà de toute mesure. Son addiction a atteint un stade irréversible, et désormais c'est sa vie qui semble en danger.
Avec le concours de Mycroft, Watson décide d'emmener son ami se faire soigner à Vienne, par un éminent spécialiste - et le seul à ce jour - du traitement de la toxicomanie, le Dr Sigmund Freud.


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J'ai pris connaissance de ce livre de Nicholas Meyer, grâce aux conseils de Gabriel, qui avait publié sur son blog une excellent article sur l'adaptation qui en a été faite en 1976.
Ce film splendide, était non seulement servi par une pleiade d'acteurs géniaux (Robert Duvall, Charles Gray, Alan Arkin, Laurence Olivier et le fabuleux Nichol Williamson), mais également bénéficiait d'un scénario très original, efficace et qui mettait en lumière une facette peu connue et pas très honorable de Sherlock Holmes.


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La première moitié du roman est en tout point semblable au film qui en a été tiré. Ensuite, l'intrigue s'en écarte assez fortement, puisque qu'à l'origine le personnage interprété par Vanessa Redgrave n'existe pas sous cette forme dans le roman, et je vais presque dire que c'est tant mieux. Même si l'intrigue a une grande place dans ce récit, elle n'est finalement qu'un prétexte pour présenter Holmes sous un nouveau jour, en l'humanisant d'une façon quasiment brutale au lecteur. L'auteur y présente son héros (et celui de Conan Doyle) particulièrement affaibli, ayant beaucoup perdu de sa superbe. Pour un holmesien, c'est un principe plutôt difficile à accepter, mais Nicholas Meyer y parvient avec brio, car le personnage est toujours traité avec le plus grand des respects.


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C'est un livre hautement intéressant pour les éclaircissements qu'il propose sur les défauts de Holmes, son caractère excessif, à la fois mélancolique, solitaire ou exhubérant. Je ne suis pas foncièrement partisante de cette théorie, mais j'en ai lu les détails avec un plaisir non faint.
Sans compter que le roman alterne toujours avec finesse la tristesse ou l'humour, les scènes de réflexion, d'action, qu'elles soient cocasses ou dramatiques.
Le roman est à mon sens encore meilleur que le film, qui est pourtant une très belle réussite.
Avis à tous les holmesiens ! (et même aux autres... ^_^)

24 juin 2009

Le secret de l'éventail - T4 des enquêtes d'Enola Holmes

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Résumé et Avis

Cela fait 10 mois qu'Enola vit seule au coeur de Londres sous l'identité d'Ivy Meshle, se cachant toujours de ses deux frères, qui semblent décider plus que jamais (en tout cas, c'est le cas de Mycroft), à lui faire réintégrer le droit chemin...
Ce tome est tout à fait sublime. D'une part, Enola grandit, c'est indéniable. Le propos est plus mature, plus résolu. La jeune fille a trouvé sa voie et son rythme de vie, et est décidée plus que jamais à conserver son indépendance. Elle est cette fois chargée de retrouver Lady Cecily, qu'elle avait déjà sauvée des griffes d'un mesmériste mal intentionné dans le tome 2. Mais cette fois, Enola n'est plus seule sur l'enquête : son frère Sherlock Holmes a été engagé également pour retrouver la jeune lady. Bon gré, mal gré, ils vont unir leurs efforts pour découvrir où se cache Cecily.
La grande présence du personnage de Sherlock Holmes est sans doute responsable de ma grande affection pour ce tome. Comme toujours, l'auteur respecte à la lettre les personnages créés par Conan Doyle... même si on reste loin de l'image froide que Holmes peut offrir au commun des mortels... une fois que sa soeur se trouve face à lui, le bloc de glace fond comme neige au soleil, mais pas dans un sens péjoratif, ou désespérément banal, comme le suggérerait un étalage de scènes dégoulinantes de bons sentiments. Il n'est absolument pas questions de cela, car le traitement de leurs sentiments respectifs est bien plus subtil. Enola et son frère sont très similaires, et cet état de fait devient de plus en plus manifeste au fil des romans de Nancy Springer. L'admiration à sens unique de la jeune fille des tomes 1 à 3, est à présent payée de retour ... Les scènes entre eux sont tout à fait jubilatoires et en même temps pleine de retenue. Ce jeu d'écriture est la plus belle réussite de ce roman, pour ne pas dire de la saga. Le jeu du chat et de la souris entre Enola et ses frères n'a plus vraiment la même dimension qu'autrefois, et au-delà des enquêtes menées, toujours aussi subtiles et intelligentes (et cette fois peut-être légèrement plus rationnelle), on a hâte de voir les relations fraternelles évoluer aussi brillamment au cours des tomes à venir !

16 juin 2009

Murdoch Mysteries (Les enquêtes de Murdoch)

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Série anglo-canadienne de 2008, avec Yannick Bisson (Insp. William Murdoch), Helene Joy (Dr Julia Ogden), Thomas Craig (Insp. Brackenreid), Jonny Harris (Constable George Crabtree).

Diffusion en cours : Saison 1 sur France 3 tous les dimanches à 20h35 (13 épisodes - ordre de diffusion ???)

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Murdoch Myseries comporte tous les ingrédients pour en faire une série policière efficace et intelligente. Sans être novatrice, la série explore les balbutiements de la police scientifique et de la médecine légale des années 1890.

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Elle ne peut évidemment niée sa parenté à Sherlock Holmes, dont elle s'inspire sans s'en cacher, puisque le personnage de Conan Doyle figure en effet dans l'un des épisodes de cette première saison.

Le personnage principal, William Murdoch, est un brillant inspecteur de la police de Toronto, qui fait preuve d'un esprit logique et de méthodes d'avant-garde, provoquant l'admiration de ses agents, et l'agacement non dissimulé de ses supérieurs... Tout en étant doté d'un charisme très holmesien, William Murdoch en demeure pourtant l'anti-thèse. Personnage sobre, mesuré, bienveillant, avec une bonne dose de sentimentalisme, il dissimule néanmois certaines parts d'ombre, que l'on découvre avec intérêt au fil des épisodes. L'impassibilité de surface et l'apparente froideur mécanique de sa façon d'être dissimulent, a priori, bon nombre de souffrances anciennes... Son personnage s'étoffe, grandit, au fil des épisodes et des enquêtes, pour notre plus grand bonheur.

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Les personnages secondaires sont réussis pour la plupart, de la médecin légiste sûre d'elle, à l'inspecteur Branckereid, haut en couleur pour sa part, aux méthodes plutôt musclées, jusqu'au constable Crabtree, effacé mais efficace.

On peut reprocher à la série une qualité de cadrage plutôt aléatoire, mais globalement le tout reste fort agréable à regarder, et les enquêtes demeurent profondément intéressantes, et leur résolution toujours tangibles.

Une série qui plaira aux inconditionnels de Sherlock Holmes, d'enquêtes policières et de l'ère victorienne.

Prochaine diffusion dimanche 21 juin à 20h35.

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12 juin 2009

Maison Dombais et Fils (2007)

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D'après le roman éponyme de Charles Dickens "Dombey & Son"

Téléfilm de 2007 de Laurent Jaoui, avec Christophe Malavoy (Charles Dombais), Déborah François (Florence Dombais), Marie-France Pisier (Cléopâtre), Pierre Santini (Sacotte), Nicolas Briançon (Cartier), Danny Martinez (Paul), Karina Marimon (Suzanne) et André Dussolier (narrateur-voix off)

Résumé

Charles Dombais est un riche négociant industriel, craint et respecté. Il n'a qu'une seule ambition : avoir un fils, afin d'assurer la continuité de son empire et de son nom. Cependant, sa femme met au monde une fille, la douce Florence, pour laquelle il n'éprouve rien que de l'indifférence. La naissance de Paul, ce fils tant attendu, semble combler les voeux de Charles Dombais, mais pour combien temps ?

Avis

Ce téléfilm, diffusé et produit par France 2, adapté d'un roman du prolifique Charles Dickens, est une indéniable réussite.
Evidemment, l'histoire ne déroge pas au canon dickensien... Elle a son lot de tendresse, d'abattement, de folie et de désespoir. Maison Dombais & Fils est tout cela à la fois : elle est sublime et poignante, follement triste, mais finalement lumineuse. Bien entendu, il y a le génie de Dickens, mais la beauté du scénario, la sobriété de la mise en scène en font littéralement un petit chef-d'oeuvre.

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Les acteurs sont absolument excellents, même si certains peuvent paraître excessifs dans le jeu (mais aussi sans doute à cause des propres excès de leur personnage), la performance de Deborah François dans le rôle de Florence est une merveille de sensibilité et de douceur. Un personnage éminement tendre, profond, juste et droit, qui ne peut recevoir que l'approbation de nos coeurs émus... Face à elle, il y a Christophe Malavoy en Charles Dombais, un monument de glace, imperturbable, animé d'une indifférence bien pire que le mépris. Un personnage d'une froideur détestable, aveugle et bornée, qui repousse la tendresse de sa fille, le seul être qui lui reviendra finalement lorsqu'il sera tombé dans la déchéance...

Une magnifique fresque dickensienne à découvrir !

05 juin 2009

Axelle de Pierre Benoit

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Résumé

Pierre Dumaine, prisonnier français dans la terrible Allemagne de Guillaume II, est envoyé dans un camp de représailles dans une région lugubre du nord de la Prusse durant l'hiver 1917.
Le commandant du camp apprenant que ce dernier était ingénieur en électricité avant la guerre, on décide de l'envoyer à Reichendorf pour y réaliser des travaux dans une antique demeure seigneuriale, où tout semble être à l'abandon depuis trop longtemps et où les quelques habitants semblent faire figure de spectres. Parmi eux, il y a Axelle, la belle-fille du Duc de Reichendorf, qui erre dans ce château et sur cette lande battue par les vents.
Tour à tour d'un tempérament résigné ou intraitable, la jeune femme inspire à Pierre au fil des mois une admiration distante et respectueuse, tandis qu'au dehors, une guerre se poursuit que tous finissent par croire interminable...

Mon avis

Ma première approche avec Pierre Benoit remonte à quelques mois avec l'Atlantide. Tentative infructueuse, car le roman ou du moins ses premières pages n'ont pas réussi à me captiver. Avec Axelle, c'est tout à fait une autre histoire, un autre monde, une autre poésie.
Dans une langue simple, belle, imagée, Pierre Benoit installe immédiatement son lecteur dans une histoire que le touche visiblement d'une façon très personnelle. Forcément, on y entre avec une facilité déconcertante, et on progresse dans l'histoire avec la même mélancolie que son narrateur, avec la même résignation triste.

Si Axelle met en lumière les atrocités de cette guerre, elle brosse aussi le portrait de personnages attachants dans différentes mesures et à différents degrés. Tout d'abord Axelle est un personnage particulièrement ambivalent. Elle peut être d'une douceur affable, ou d'un autoritarisme militaire très déconcertant. Elle ressemble, par cette facette de son caractère, aux héroïnes (du moins, si on peut leur donner ce nom) glaciales et manipulatrices de Daphné du Maurier. On peut surtout la considérer comme tiraillée par des obligations personnelles et une histoire familiale assez lourdes à porter. Et puis, ce livre est finalement caractérisé par le peu de dialogue entre les deux protagonistes, et on finirait par se demander pourquoi le héros est littéralement magnétisé par le personnage féminin, si ce n'est en raison de l'attraction universelle des contraires, et de l'amour de la contadiction de principe.
Dietrich de Reichendorf, le fils cadet de l'ancien officier du château et le fiancé d'Axelle, est un personnage très riche et d'une mélancolie particulièrement touchante, tant elle semble mesurée et juste. C'est une âme blessée, car repoussée par son propre père, qui ne voit en lui qu'un vulgaire officier d'infanterie, qui préfère chérir des fils morts auréolés de gloire au champ de bataille, et qui ont dilapidé l'entièreté de leur héritage et leur solde sur les tables de jeu... Le personnage n'est malheureusement pas très présent dans le roman, et il finit par s'effacer comme il est apparu.
De très beaux portrais psychologiques et un style plein de retenue et de délicatesse.