31 mars 2010

Clues - T.2 : Dans l'ombre de l'ennemi

Image hébergée par servimg.com

Bande-dessinée de Mara, publiée aux éditions Akiléos (mars 2010)

***

Malgré l'interdiction formelle qu'elle a reçue de poursuivre son enquête sur les Red Arrows, Emily semble déterminée à démanteler ce gang qui se révèle être aussi dangereux qu'imprévisible. Comment en apprendre davantage sur ce groupuscule, responsable de la mort de sa mère, et qui paraît avoir infiltré les plus hautes sphères de Scotalnd Yard, mais aussi celles de la bonne société londonienne ?
La tâche se révèle périlleuse... Mais pourra-t-elle compter sur le soutien d'Hawkins, dont les motivations sur cette affaire deviennent de plus en plus obscures ?

***

Clues (Emily Arderen)

Ce tome 2, on peut dire que je l'ai attendu avec une impatience non dissimulée. C'est donc fébrile que je l'ai découvert et dévoré 4 fois de suite sur une seule soirée... J'en suis depuis à ma 6e lecture, c'est dire l'excellence de ce tome de la série Clues...

Si le premier tome m'avait charmée par la façon dont les personnages ont été brossés et l'intrigue mise en place, ce nouvel opus en est une continuité tout à fait différente sur la forme. Il est indéniablement plus sombre, tant sur l'aspect visuel (beaucoup de scènes nocturnes, d'une ambiance tout à fait envoûtante, que n'auraient pas renié Conan Doyle ou Dickens), que sur le fond du scénario.

L'insouciance apparente d'Emily a bel et bien disparu, pour faire place à une gravité nouvelle.
Le personnage s'est considérablement enrichi, étoffé, pour le plus grand plaisir du lecteur, touché en plein coeur par sa détresse intérieure. Je dis bien "intérieure", car elle n'est pas une jeune fille faible et craintive, on la soupçonnait déjà admirablement résolue dans le tome 1, et le tome 2 ne nous fait que confirmer la profondeur et la  force de son caractère.

Henry Feldman, le légiste au grand coeur, devient un élément très important de ce récit, un personnage très bien brossé, et éminement sympathique.

Sympathique n'est cependant pas le qualificatif que l'on pourrait retenir pour l'inspecteur Hawkins, fin limier, profondément torturé par un passé dont on ne sait pratiquement rien... Même si le personnage avait été présenté d'une façon splendide dès les premières pages de la série, il prend ici une dimension plus sombre, voire plus singulière, plus intéressante et diablement plus charismatique encore (si cela est possible !)... La noirceur du personnage, doublée de sursauts d'humanité plutôt troublants, laisse le lecteur plein d'interrogations jusqu'à la dernière page... Un personnage auquel on pense longtemps encore après avoir refermé le livre...

Le relationnel des deux personnages principaux, déjà éminemment jubilatoire pour leur opposition farouche, prend ici une tournure bien plus singulière. Même si certaines scènes conservent un ton léger, le fond est invariablement grave, et la complexité de leurs sentiments respectifs deviennent une énigme à part entière de l'histoire...

Clues (Nathanael Hawkins)

Même si j'avais prouvé lors de la sortie du tome 1 mon enthousiasme débordant sur cette série, j'avoue avoir préféré encore de loin "Dans l'ombre de l'ennemi", au ton plus dramatique mais toujours aussi délicieusement victorien.
A lire, et à relire encore !

Le site où vous pouvez suivre le travail de Mara : www.sargas.net/mara

30 mars 2010

Le Concert

Film de de Radu Milhaileanu (2009).

Avec Mélanie Laurent (Anne-Marie Jacquet), Alexeï Guskov (Andreï Filipov), Dmitri Nazarov (Sacha Grossman), Valeri Barinov (Ivan Gavrilov), François Berléand (Olivier Morne Duplessis), Miou-Miou (Guylène de La Rivière), Roger Dumas (Momo),...

Le Concert (2009)

Andreï Filipov était l'un des plus grands chefs d'orchestre de Russie. Après avoir refusé de licencier ses musiciens juifs, comme l'exigeait le parti, il s'est vu interdit de musique.
Devenu "homme de ménage" au théâtre du Bolchoï de Moscou, il intercepte un jour un fax provenant du théâtre du Châtelet à Paris. Dans un instant de folie, Andreï s'empare du fax et se met à la recherche de ses anciens musiciens, et s'apprête à se faire passer pour le Bolchoï, alors que ni l'un ni l'autre n'ont plus joué depuis 30 ans...

***
Andreï Filipov (Alexeï Guskov)

Le Concert est assurément l'un des meilleurs films que j'ai pu voir ces derniers mois, voire ces dernières années. Ce qui le rend touchant et aussi profondément humain, c'est sans doute sa simplicité, sa sobriété, sa pudeur, voire son absence de prétention. C'est aussi la caractéristique de la plupart des personnages, tour à tour drôles ou tragiques, qui vous habitent, vous marquent pendant longtemps après le visionnage.
Etant très sensible pour ma part à l'âme et l'histoire russes, la plupart des situations cocasses - comme la manifestation du parti communiste où il n'y a plus que des figurants rémunérés... hilarant !.. - se révèlent à double tranchant. Si on sourit devant une situation burlesque, on peut être certain qu'elle sera inévitablement teintée de douleur et de regret. La plus grande force du Concert est justement cette perpétuelle opposition de la drôlerie et du tragique, élément propre à l'âme slave...

Dmitri Nazarov (Sacha) et Alexeï Guskov (Andreï)

Les acteurs sont absolument splendides, dignes, et touchants, notamment Dmitri Nazarov, dans le rôle d'un violoncelliste de talent reconverti en ambulancier...
Venons-en à Alexeï Guskov, qui brille d'un éclat mélancolique et sublime, dans le rôle du chef d'orchestre terrassé par la tristesse, profondément blessé, anéanti, frustré par son impossibilité d'accomplir un but ultime. Le concerto pour violon de Tchaïkovsky, personnage à part entière de l'histoire, l'accomplissement final de tous les destins, berce tout le film de son élégance et de sa retenue.

Mélanie Laurent, incarnant la soliste auréolée de gloire, qui sous des dehors arrogants et dédaigneux, se rélève être elle aussi en quête d'un absolu : celui du simple regard d'une famille qu'elle n'a pas connue.
Une performance subtile, pleine de variations exquises, qui ajoute à ce film une rare délicatesse.

Mélanie Laurent (Anne-Marie Jacquet)