29 juillet 2011

La Maison du Marais, de Florence Warden





























Titre original : The House on the Marsh

1882.

Traduit par Alexandre du Terrail.

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Violet Christie, jeune institutrice de dix-huit ans, est engagée au domaine des Sureaux, pour y prendre en charge l'éducation d'une fillette de six ans. Ses employeurs, les Rayner, observant tous deux d'étranges comportements. Tandis que l'épouse semble errer comme une âme en peine, à demi-folle dans leur maison lugubre, Mr Rayner déploie des trésors d'hospitalité et d'enthousiasme vis-à-vis de leur nouvelle employée. Au fil des semaines, Violet se sent oppressée dans cette demeure aux allures de fondrière, alors que dans le voisinage, on ne parle plus que des cambriolages ont eu lieu dans cette contrée retirée du Norfolk.

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En achetant ce livre par hasard, le jugeant sur sa couverture et sur le résumé de l'éditeur, comment aurais-je pu croire qu'il me tiendrait ainsi en haleine pendant deux jours... ? Car à dire vrai, l'auteur m'est largement inconnu, tout comme le roman. Florence Warden, née en 1857, d'origine anglaise et actrice de théâtre, a sans doute écrit là en un seul livre ( bien trop court - 280 pages seulement !) un condensé excellent de la plus grande littérature chère à mon coeur, et à celui de bien des anglophiles. Mêlant à la fois les thèmes de Jane Eyre (Charlotte Brontë), Dragonwyck (Anya Seton), ou encore de l'Auberge de la Jamaïque (Daphné du Maurier), et lorgnant largement sur Les Hêtres Rouges (Arthur Conon Doyle), La Maison du Marais, offre d'une manière synthétisée tous les ingrédients du roman à suspense et néogothique, à l'image de La Dame en Blanc de Wilkie Collins.
Inutile de nier cependant que j'ai éprouvé toutes les peines du monde à entrer dans le roman, qui a fini par m'emporter définitivement au bout d'une cinquantaine de pages. Je craignais à dire vrai, de sombrer dans une sorte de mauvais récit sentimental. Mais il n'en est rien. Si, effectivement, la plume est toute féminine, en raison du fait que le roman soit rédigé à la première personne, et donc présenté sous le regard de la jeune Violet Christie, le contenu n'en est pas pour autant merveilleusement soigné, et l'intrigue très efficace, même si sa résolution peut en paraître délicieusement prévisible.
Contrairement à toute idée reçue, le fait de découvrir la résolution du mystère des Sureaux très tôt dans le fil du roman, n'en gâche pas pour autant le plaisir du lecteur. Violet Christie, jeune personne crédule et sans arrière-pensées, avec sa désarmante innocence, n'est pas parvenue à faire vaciller l'excellente opinion et toute la sympathie que l'on peut éprouver à son égard. Jusqu'au dernier chapitre, elle ne peut raisonnablement pas voir le mal là où il est pourtant manifeste. Il y a donc autant d'intérêt à la voir découvrir le pot aux roses, sinon davantage, que d'arriver à la conclusion du drame.
Mais venons-en au personnage central de l'intrigue, ce fameux Mr Rayner, que l'héroïne ne cessera jamais d'observer d'un regard amical et tendre, et qui est pour beaucoup, sinon entièrement, responsable de l'intérêt principal de la lecture.
Alors que Miss Christie se borne à le voir comme un parfait employeur et un excellent époux, dès le départ, Gervas Rayner apparaît comme un personnage fantasque, d'une bienveillance et d'une bonté toutes relatives,  voire comme un être particulièrement inquiétant, qui peut être aussi débordant d'enthousiasme, que troublant de méchanceté envers les siens.
Il semble cependant exclure Miss Christie de ses travers, mais pas de ses fantaisies. Personnage omniprésent, tyrannique, charismatique, mais qui n'en demeure pas moins parfaitement abject, il est une énigme à part entière du roman. Il y a un peu de Rochester, de Nicholas Van Ryn, de Francis Devey dans ce caractère atypique, l'obsession amoureuse en plus, ce dont l'héroïne, fiancée à un autre, ne semble pas s'apercevoir... (Délicieux personnage d'une innocence inébranlable, ne l'avais-je pas dit... ?)
Hélas, trois fois hélas, un personnage d'une telle dimension méritait assurément une autre fin que celle que l'auteur lui a réservé. Je crois que jusqu'à la dernière ligne, j'ai espéré un revirement final. Considéré à plus d'un titre comme ingénieux, et insaisissable, on peine à croire que la fin de ce personnage et aussi de cette intrigue oppressante, soient aussi limpides. Il s'agit sans doute là du plus grand regret du récit, qui n'en reste pas moins, le plus divertissant et le plus brillant, lu depuis longtemps !

Une adaptation de ce roman a été réalisé par Fred Paul pour le cinéma muet, en 1920, sous son titre original. 
Il n'existe malheureusement aucune information sur ce film.



26 juillet 2011

Les cages flottantes, de Gaston Leroux


Premières aventures de Chéri-bibi

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Jean Mascard, ou matricule 3216, alias Chéri-bibi. C'est ainsi que se nomme le redouté bandit que la frégate Le Bayard, transporte à son bord sous la plus haute surveillance, jusqu'à Cayenne.

Car en effet, Chéri-bibi est un voleur et un tueur multirécidiviste, un ennemi de l'ordre établi, un dangereux anarchiste.

Malgré qu'il soit enfermé à fond de cales, la révolte gronde, car l'on sait, dans les cages, qu'il prépare son évasion. Soudain, Chéri-bibi disparaît après avoir assassiné ses gardiens. Il n'en faut pas plus à la chiourme pour prendre les armes, et en même temps, le contrôle à bord...

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Voilà encore un personnage incontournable créé par Gaston Leroux en 1913, d'une renommée presque aussi grande que Rouletabille ou le Fantôme de l'Opéra. On retrouve dans ce premier volet des aventures de Chéri-bibi, honnête garçon boucher devenu assassin, tous les éléments qui font la richesse de l'univers de l'écrivain : intrigue efficace nimbée de mystères insondables, des amours contrariées, des meurtres sanglants, le tout mené sous couvert d'un humour gouailleur qui éviterait presque au récit de se prendre trop au sérieux. A l'image de tous les récits du genre (et l'on pense volontiers à la Poupée Sanglante, ou encore à certains récits policiers de la série Rouletabille), Les Aventures de Chéri-bibi, sous ses airs de sympathie forcée, retracent une histoire tragique, comportant dans ses méandres son lot d'horreurs, de mystères et de drame.

Car Jean Mascard, clame son innocence depuis plus de quinze ans. Pour résumer l'improbable récit de ses aventures, nous dirons qu'il s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, à plus d'une reprise. A qui la faute ? Mais à la Fatalitas !

Chéri-bibi est-il seulement d'ailleurs un héros ? On peut raisonnablement se permettre d'en douter. Comme beaucoup de personnages principaux des romans de l'écrivain, le héros n'en est pas réellement un. Chéri-bibi, s'il réclame justice pour des meurtres qu'il n'a pas commis, n'hésite pas à passer par les armes ceux qui se trouvent sur son chemin. En quête de réhabilitation, le personnage n'hésitera pas à commettre (ou à subir, c'est à voir), d'autres atrocités.

Une nouvelle fois, l'auteur utilise un thème cher à son coeur : l'usurpation d'identité, le changement d'apparence, l'utilisation du "masque" sous des formes variables. Il y a une similitude indéniable entre le bagnard Chéri-bibi et Bénédict Masson de la Poupée Sanglante. Tous deux sont victimes d'un acharnement du sort, accusés à tort de plusieurs assassinats, et tous deux désireux ou contraints à un modifier leur apparence. Et les raisons en sont également identiques : la volonté de clamer leur innocence, apaisant par la même leur soif de vengeance, tout en assurant leur rédemption auprès de leur absolu féminin, source inépuisable de leur purification physique et mentale. Il en est ainsi que tous les personnages de Leroux, bien que sous différents aspects. Dans le Parfum de la Dame en noir, Larsan ne prend-il pas l'apparence de Robert Darzac, pour retrouver Mathilde ? Erik ne dissimule-t-il pas sa laideur sous un masque pour séduire une jeune soprano ? Bénédict Masson ne confie-t-il pas sa vie et son âme aux soins d'un Dr Frankenstein moderne, pour mieux se faire aimer de Christine ? Et Chéri-bibi n'accomplit-il pas ce même geste en autorisant un médecin aux méthodes peu orthodoxes, à lui faire revêtir l'apparence de son pire ennemi, afin de conquérir Cécily, son amour de toujours ?

Les personnages des grands romans de Leroux sont donc tous à mon sens une seule et même entité. Ils se ressemblent tant que d'un roman à l'autre, le lecteur peut avoir la singulière impression d'être face à plusieurs variantes du même homme. Cela en est de plus en plus frappant, au fil des lectures.

On leur reconnaît à tous une envie unique et obsédante d'être un autre, par tous les moyens les plus extraordinaires qui puissent être imaginés.

D'autre part, l'auteur ne nie pas une certaine parenté amusante au roman de Victor Hugo Les Misérables, car Chéri-bibi lui même se trouve une relative ressemblance à Jean Valjean, sans compter l'acharnement d'un inspecteur de police nommé Costaud, qui n'est pas sans rappeler celui de Javert. (personnage qui n'apparaît que dans le second volet de la série, Chéri-bibi et Cécily)

Et je terminerai en citant ces propos de Gaston Leroux au sujet de son personnage :

"Ce gigantesque petit bourgeois de Pickwick a fait naître en moi un monstrueux bandit de Chéri-bibi, un brave au fond, lui aussi, mais qui est victime des aventures les plus inattendues ; il ne peut faire un pas dans la rue sans assassiner quelqu'un ! Mettez dans cette machine à assassiner un bon coeur et voyez ce qu'elle peut souffrir ! Comique ! Humour ! et mystère, par-dessus le marché ! Si le lecteur n'était pas content, avouez qu'il serait bien difficile."
Extrait du Catalogue de l'exposition Gaston Leroux, de Rouletabille à Chéri-bibi, édité par la Bibliothèque Nationale de France.

Les aventures de Chéri-bibi ont fait l'objet de plusieurs adaptations, dont une série de 13 épisodes, intitulée La Nouvelle Aurore, scénarisé par Gaston Leroux, et sortie dans les cinémas en 1919.

Une autre adaptation, plus connue, a été réalisée en 1937, et interprétée par Pierre Fresnay. Par la suite, Jean Richard, aura donné son visage au bagnard dans une version de 1955.

Article à suivre : Chéri-bibi et Cécily.

08 juillet 2011

Joëlle Barthélemy - exposition

Une fois n'est pas coutume, je profite de ce site pour faire un peu de promotion... ^_^

A tous les lecteurs de ce blog, originaire de Belgique ou d'ailleurs, je vous conseille une charmante visite et exposition de peinture sur le thème de l'Ardenne belge et des métiers d'autrefois, que se tiendra à l'Auberge du Prévost, au lieu-dit Le Fourneau St-Michel, à St Hubert.

L'exposition permanente aura lieu du 1er au 31 juillet, de 10h à 17h.

L'artiste, Joëlle Barthélemy, n'est autre que ma maman. Alors un gros bisou à elle, et plein de courage pour cet évènement tant attendu !

Itiative soutenue par le Service des Musées de la Provine du Luxembourg.

Tous les amoureux de peinture et de nature sont les bienvenus !

Le lien vers le site du Musée et de l'Auberge : http://www.fourneausaintmichel.be/page/iindex.php