15 août 2014

Et si on allait à l'opéra ? (2/...) : Eugène Onéguine, de Tchaïkovsky

Eugene Onegin, opéra en 3 actes de Piotr Illitch Tchaïkovsky
(MET season 2013-2014)

Voici mon plus gros coup de coeur de ces dernières semaines : Eugene Onegin de Tchaïkovsky, d'après le roman en vers d'Alexandre Pouchkine. 
Eugene Onegin (ou Eugène Onéguine en français), dandy prétentieux et arrogant, fuit St Pétersbourg où il est criblé de dettes, pour se réfugier à la campagne chez son meilleur ami Lenski. Peu de temps après son arrivée, les deux amis rendent visite à leurs voisins, où Onegin rencontre la jeune Tatiana. Tatiana, jeune fille réservée et discrète tombe éperdument amoureuse de ce viveur invétéré, qui la traite avec mépris. Lenski, fiancé à Olga, la soeur de Tatiana, provoque Eugène en duel, lorsque celui-ci en vient à l'insulter, puis à courtiser ouvertement Olga. Eugène tue Lenski en duel, et s'enfuit. Après deux ans d'absence et de voyage, Eugène revient désabusé à St Pétersbourg, où il rencontre Tatiana dans une soirée mondaine. La jeune femme a entre-temps épousé un prince. En la voyant, Onegin sait qu'il a fait une erreur en la repoussant autrefois, et souhaite ardemment la revoir. Malade d'amour, Onegin, la supplie de venir le retrouver, mais Tatiana, même après lui avoir avoué qu'elle l'aime toujours, restera fidèle à son mari.

Eugène Onéguine est une grande histoire russe, tragique et larmoyante, comme on les aime (enfin, comme je les aime en tout cas ^_^). Chose assez rare, c'est le personnage le plus abject de l'histoire qui en est le héros, et le baryton Mariusz Kwiecien prête merveilleusement son timbre sombre et froid à ce rôle plutôt ingrat de personnage détestable et opportuniste. Malgré tout, l'interprète parvient à le rendre magnétique, et le couple qu'il forme avec la toujours sublime Anna Netrebko dans le rôle de Tatiana, dont la voix et le dramatisme toujours juste donneraient des frissons à n'importe qui, a le don de galvaniser un public convaincu. La musique est enchanteresse, que ce soit le magnifique air des lettres, de Tatiana, ou encore de "Kuda, Kuda", air sans doute le plus connu de l'opéra, chantée par le malheureux Lenski au matin du duel (Piotr Beczala) qui est à tirer des larmes. Le tout est nimbé de décors qui retranscrivent à merveille la glace et la neige de la froide Russie, si indissociable de l'âme dramatique des romans slaves... 

Air de Lenski (extrait de "Kuda, Kuda) :


Scène finale de l'acte 3 :


Une merveille à écouter et à voir !