Source : www.france2.fr |
Série policière (2013-2014), réalisée par Eric Woreth pour France 2.
Episodes du premier coffret :
Jeux de glaces
Meurtre au champagne
Témoin muet
Pourquoi pas Martin ?
Meurtre à la kermesse
Cartes sur table
D'après les romans d'Agathe Christie.
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On a toujours tort de rester camper sur ses idées : cette charmante série made in France en est la preuve vivante. Expliquons-nous : malgré le succès incontestable de la première saison de la série des "Petits Meurtres", avec Antoine Duléry et Marius Colucci, j'étais sceptique. Tellement sceptique d'ailleurs que je n'ai regardé aucun épisode lors de leur première diffusion en 2013. L'idée même que l'on puisse transposer l'univers d'Agatha Christie en France me paraissait un peu déplacée, sans trop savoir pourquoi. Ou plutôt si, je savais très bien pourquoi. Disons que les séries britanniques ont un charme bien à elles qu'il est très difficile d'égaler, et que j'ai regardé tant d'enquêtes dans la pure veine british des Miss Marple et autres Hercule Poirot que la peur de voir dénaturer l'ensemble me paraissait tout à fait fondée. Ce n'est finalement qu'en tombant par hasard sur un épisode de la saison 2 il y a quelques semaines, et en lui accordant un minimum d'attention, que j'ai vraiment eu l'impression d'avoir raté quelque chose.
Nouvelle époque, nouveau genre.
Le duo Larosière/Lampion de la première saison fait place cette fois à un duo, puis un trio, composé de l'imbuvable et cynique commissaire Laurence, de la piquante journaliste Alice Avril, et par la blonde secrétaire du commissaire, Marlène, le tout nimbé d'une ambiance très vintage (pour employer un adjectif très à la mode) qui fleure bon la fin des fifties. Quand on s'y attarde un peu, on se rend rapidement compte que premièrement, les scénarios sont soignés, et les dialogues très bien écrits. Alors certes, on pourra reprocher sans doute que les récits sont finalement assez éloignés des oeuvres originales de la romancière, pour ne garder que la trame, et c'est sans doute mieux ainsi. A changement d'époque, changement de style : le trio de protagonistes étant inédit, il aurait été compliqué de n'en pas modifier la forme. Le résultat est un mélange subtil et bien mené d'intrigue policière et d'humour à froid, que ne renieraient pas les meilleures séries anglaises.
Au vu des caractères très opposés du duo Laurence/Avril, on assiste à pas mal de scènes hautement jubilatoires, ce qui confère à l'ensemble le ton piquant qui lui est propre et qui dédramatise merveilleusement le contexte des enquêtes, tantôt sordides, tantôt lugubres. Le fameux commissaire, campé par Samuel Labarthe de la Comédie-Française, est un personnage comme on adore les détester : sorte de Sherlock Holmes mâtiné d'un Don Draper, dandy arrogant, désagréable, misogyne, et rigide, il m'a paru tout droit inspiré du personnage de Devlin, incarné par Cary Grant dans le Notorious d'Alfred Hitchcock. Il en a en tout cas la grâce et le détachement hautain. Personnage délicieusement cynique et blessant, il possède une très haute opinion de lui-même qui n'est pas sans rappeler l'Hercule Poirot de l'incontournable David Suchet.
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Blandine Bellavoir (que le téléspectateur n'aura pas manqué de voir dans d'autres séries, comme Plus belle la vie ou plus récemment dans Maison Close, diffusée sur Canal), contre toute attente, campe un personnage en même temps si casse-pieds et si attachant, jouant au chien fidèle avec tout de même une bonne dose de sans-gêne, tellement en décalage avec le personnage de Laurence, que l'on applaudit des deux mains, car ce déséquilibre fonctionne à merveille, sans pour autant tomber dans un rapport de dominant/dominé qui aurait été prévisible, et sans doute désastreux. Si la journaliste Alice Avril n'a en charge que le courrier du coeur dans le journal où elle officie, elle cherche et veut trouver sa place dans un société et un milieu machiste, et c'est ce qu'il y a d'honorable et de beau chez elle, malgré un don inné et véritablement agaçant pour s'attirer les ennuis. Et ce n'est pas en suivant le commissaire sur ses enquêtes dans l'espoir d'apporter des articles à sensations à son journal, qu'elle aura la vie facile... Mais force est de reconnaître qu'elle lui est très utile, même si lui, du haut de son arrogance, ne l'admettra jamais. On pense même voir se développer, au fil des épisodes, une sorte d'attachement improbable sous les propos acides, sans que cela ne glisse jamais dans la facilité. La barrière entre les deux mondes, celui franchouillard de la journaliste, et l'autre rigide et bourgeois du commissaire, est toujours maintenu au bon endroit, et c'est tant mieux.
Quant à Elodie Frenck, interprétant la délicieuse Marlène, gentille cruche amoureuse de son patron, archétype de la femme fatale avec un coeur d'artichaud, on aime la voir battre des cils tout en embrassant le local de son poisson rouge, et prendre en sténo les dépositions des suspects de manière très aléatoire, avec beaucoup de plaisir. C'est un personnage frais, spontané, drôle sans trop le vouloir, qui met un peu de douceur dans les relations toujours très tendues des deux principaux personnages.
Bref, on ne peut être que charmé par cette série, toujours en cours de diffusion sur France 2. Pour les intéressés, le premier coffret dvd de la saison, regroupant les six premiers épisodes est d'ores et déjà disponible partout. Je pense m'intéresser maintenant sérieusement à la saison 1...