24 janvier 2021

Séance de rattrapage en films et en séries

Après un long moment sans avoir pu bénéficier d'une minute pour réaliser quelques visionnages intéressants, les vacances d'hiver m'ont permis de faire une bonne séance de rattrapage, et diminuer un tant soit peu ma pile de films/séries à voir... 


The Abominable Dr Phibes (1971)
Réalisation : Robert Fuest
Avec Vincent Price, Joseph Cotten, Virginia North, Terry-Thomas, Peter Jeffrey,...

Brisé par la mort de son épouse sur une table d'opération plusieurs années auparavant, Anton Phibes, docteur en théologie et éminent organiste, orchestre une vengeance abominable sur les neuf médecins et infirmière, qu'il tient pour responsable du drame : chacun d'entre eux mourra suivant l'une des dix plaies d'Egypte décrits dans la Torah...

Voilà bien longtemps que je devais voir ce film de Robert Fuest, passé au véritable statut de mythe du cinéma d'horreur, dans la directe lignée des films de la Hammer. En tête d'affiche, un Vincent Price absolument effroyable en génie assoiffé de vengeance, défiguré par un horrible accident qui n'a pas laissé sa raison indemne... L'abominable Dr Phibes est un film dont la trame s'inspire à plus d'un titre du Fantôme de l'Opéra, ou des grandes figures du cinéma d'horreur de cette époque, dans lequel on reconnaît volontiers, dans les visuels outranciers, la patte de la Hammer. Alors certes, c'est un véritable festival de sang synthétique, peut-être un chouia excessif, mais dont le scénario est vraiment intéressant, et le personnage principal tout à fait digne d'intérêt. Vincent Price, avec son regard terrifiant, ses poses énigmatiques, ses sourires malveillants, est l'atout principal de ce film, sans compter quelques belles trouvailles au niveau du ressort de l'histoire, qui font que l'on ne s'ennuie pas une seconde. Sans compter, quelques perles humoristiques glissées ça et là, qui ont l'art de détendre magnifiquement l'atmosphère en quelques phrases bien senties. Alors certes, le film accuse sans doute un peu son âge, mais je n'ai malgré tout pas boudé mon plaisir. Il est à noter que le film a également bénéficié d'une suite "The Return of the Abominable Dr Phibes", toujours à voir... A suivre...





The Entertainer (1960)
Réalisation : Tony Richardson, d'après la pièce de John Osborne
Avec Laurence Olivier, Joan Plowright, Albert Finney, Alan Bates,...

Archie Rice est un artiste de cabaret, dont les spectacles passés de mode n'intéressent plus grand monde. Seulement, au grand désespoir de sa famille, ce dernier persiste à monter sur scène, malgré la banqueroute... 

The Entertainer (en français, Le Cabotin), est un film résolument dépressif, dont le personnage principal campé par Laurence Olivier se révèle être profondément détestable. Archie Rice est un artiste raté, égoïste monstrueux,  qui en raison de pitoyables désirs de grandeur, entraîne toute sa famille vers le fond. A vrai dire, de la première à la dernière image, on ne peut s'empêcher de le trouver méprisable, tant il s'ingénie à tout faire de travers, sans qu'il puisse presque s'en empêcher. Laurence Olivier, très loin ici de ses rôles flamboyants, excelle pourtant à se faire détester dans ce rôle de salaud pathétique, personnage central de ce film d'auteur tout en monochrome, qui offre aussi une très belle réflexion sur le métier d'artiste et ses cruels revers. Ci-dessous, un extrait emblématique, où l'acteur, dans une scène qui l'oppose à Joan Plowright (Mme Olivier à la ville, mais campant ici la fille d'Archie Rice), partage avec dépit sa vision du métier... 


Svengali (1983) 
Réalisation : Anthony Harvey, d'après le roman "Trilby" de George du Maurier
Avec Peter O'Toole, Jodie Foster, Elizabeth Ashley, Larry Joshua, Pamela Blair...

Zoe est une jeune chanteuse au talent prometteur. Dans le but de lui faire signer un contrat avec une maison de disques, on lui impose de suivre des cours de chant auprès d'Anton Bosnyak, un intraitable professeur de musique, dont elle va très rapidement tomber amoureuse.

C'est grâce au tout récent visionnage de l'excellent Svengali de 1931 avec John Barrymore, que je me suis intéressée à cette adaptation du roman de George du Maurier, transposée dans un contexte moderne. Avant de me lancer dans le visionnage de cette version comportant un alléchant casting, j'avais lu quelques excellentes critiques qui m'avaient mise en confiance. A dire vrai, même si je n'ai pas détesté ce film d'Anthony Harvey, je ne l'ai pas franchement adoré non plus. J'ai trouvé le scénario un peu trop convenu, et certainement beaucoup trop adouci, lorgnant clairement du côté de la romance, pour qu'il puisse me convaincre tout à fait. Pour tout dire, cette adaptation n'a qu'un très lointain rapport avec l'histoire d'origine, puisqu'il n'y est pas question d'hypnose, ni de manipulation quelconque de la part du personnage campé par Peter O'Toole. Il s'agit plutôt d'une histoire d'amour un peu compliquée entre un professeur de musique au caractère épouvantable et sa jeune élève dans laquelle il croit déceler un talent extraordinaire. Ce qui n'est vraiment pas une évidence à l'écoute, car si Jodie Foster chante juste, elle ne chante pourtant pas très bien, et franchement, j'ai eu toutes les peines du monde à croire en l'histoire qui se déroule dans le film... Sur le papier, la romance pouvait se révéler intéressante, mais cela ne fonctionne pas du tout. Les acteurs ont plutôt l'air de se demander ce qu'ils font dans cette galère... L'élément qui rappelle un tant soit peu les psychologies des personnages d'origine, outre le fait qu'il est parfois question des personnages de Svengali et de Trilby créés par du Maurier, est que Zoe se retrouve dans l'incapacité de monter sur scène ou même de chanter si son mentor n'est pas dans la salle. Les scénaristes ont vraiment choisi de faire passer à la trappe tout l'aspect lugubre des manipulations de l'histoire originale, en choisissant d'affadir le propos et le contexte, qui perdent vraiment tout leur intérêt. Décidément, rien ne vaudra jamais l'adaptation emblématique d'Archie Mayo...



His Dark Materials - saison 2 (2020) 
D'après la trilogie de Philip Pullman 
Avec Dafne Keen (Lyra), Amir Wilson (Will), Ruth Wilson (Mrs Coulter), Lin-Manuel Miranda (Lee Scoresby), Andrew Scott (Jopari), Ariyon Bakare (Lord Boreal), James McAvoy (Lord Asriel),...

Après avoir créé une "déchirure" entre les mondes, Lord Asriel disparaît, suivi par Lyra. La jeune fille se retrouve à Cittàgazze, une ville inconnue, désertée par tous les adultes, qui en ont été chassés par des Spectres "mangeurs d'âmes". Elle y fait la rencontre de Will Parry, une jeune homme, qui semble comme elle, issu d'un autre monde... 

J'avais beaucoup aimé la saison 1 de cette série diffusée par la BBC durant l'automne 2019, et issue du premier volet de la trilogie de  Philip Pullman, "Les Royaumes du Nord". A tel point d'ailleurs que j'avais entamé peu après la lecture des romans, dont je n'avais lu que le premier tome. Cette saison 2 correspond quant à elle, de manière très logique au très beau second volet de Pullman, "La Tour des Anges". Cette série est infiniment respectueuse du roman, et retranscrit avec brio le magnifique récit de Pullman, et les réflexions profondes vers lesquelles celui-ci nous mène à travers les aventures de Lyra et de Will par-delà les mondes... Les interprétations sont extraordinaires, des plus jeunes interprètes, extrêmement attachants, à Lin-Manuel Miranda, campant le personnage de Lee Scoresby, touchant au-delà du possible, à Airyon Bakare, dans la peau d'un Lord Boreal pour le moins glaçant. Et que dire de l'instable et terrifiante Mrs Coulter de Ruth Wilson, débordant d'un charisme magnifique...  J'attendais également avec beaucoup d'impatience le personnage de Mary Malone, scientifique de notre Oxford moderne, qui parvient, grâce à Lyra, à faire parler "la matière noire" qu'elle étudie dans son laboratoire de physique. Les interprétations, le scénario et les images sont soignés et retranscrivent merveilleusement la foison de concepts philosophiques ainsi que la profondeur du drame développés par Pullman, au-delà même des mésaventures vécues par ses héros. Autant dire que j'attends avec impatience la saison 3, issue du dernier volet de la trilogie, "Le Miroir d'Ambre". A suivre... !




The Ancient Magus Bride (2017-2018)
Anime de Norihiro Naganuma
D'après le manga shônen de Kore Yamazaki (titre japonais : Mahou Tsukai no Yome)

Chise Hatori, une jeune fille de 16 ans, est vendue aux enchères au puissant sorcier Elias Ainsworth, qui souhaite en faire son apprentie. Achetée pour une somme faramineuse, la jeune fille ignore alors qu'elle est une "slay vega", un être humain capable d'attirer à lui la magie en grande quantité, sans pouvoir la maîtriser. 

Cela faisait quelques temps que mon attention avait été attirée par ce shônen de Kore Yamazaki, et en particulier par l'anime qui semble avoir rencontré un énorme succès au Japon, tout comme en Europe. J'ai donc décidé de m'y mettre, et une fois la série entamée, je n'ai pas pu m'arrêter : j'ai visionné les 24 épisodes en à peine deux jours... C'est dire si je me suis fait "happée" par ce conte fantastique pour le moins ambigu, au centre duquel évolue une jeune japonaise orpheline et mal-aimée, apprentie d'un puissant sorcier millénaire ... Alors oui, cette série est addictive, parce qu'elle est tout à bord visuellement très belle, et observe quelques similitudes avec des oeuvres de Miyazaki. Ensuite, en dépit de son rythme très lent, il faut avouer que son contexte en est assez équivoque. Tout d'abord en raison de son rapport à la mort et au sacrifice, en quelque sorte glorifiée dans cet anime (mais j'ai l'impression qu'il s'agit là d'un point commun à beaucoup de mangas). Ensuite, sous couvert de romance, il y a un bon lot de scènes plutôt dérangeantes, car il est clair que le sorcier Elias, dont on pense qu'il est plutôt du côté de la lumière que de l'ombre (quoique ce point ne soit pas tout à fait certain) n'en observe pas moins un comportement tout à fait abusif. Ce manga, comme beaucoup de ce genre, possède son lot d'ambivalences, qui laissent planer un énorme doute sur l'équilibre supposé de ce duo très improbable. Elias n'est pas humain et n'en appréhende guère les sentiments, il ne définit d'ailleurs pas les modifications qui s'opèrent en lui depuis l'arrivée de Chise, petite chose fragile et délicate, en mal d'affection. Il agit selon ses propres intérêts, et se comporte de manière relativement borderline la plupart du temps. Son instinct protecteur frôle la pathologie, et sa jalousie, qu'il n'appréhende pas, se révèle plutôt malvenue. Les réactions qui s'ensuivent sont assez inquiétantes, pour ne pas dire franchement déplacées. Malgré un tempérament d'apparence tantôt placide, tantôt léger, le personnage intrigue par ses revirements assez glauques, que l'héroïne subit avec une relative sérénité. 
Cependant, Chise, d'abord passive et éteinte, évolue magnifiquement durant la seconde partie de la série, quoique le personnage se révèle au final assez fataliste. Inutile de dire que le contexte m'a suffisamment intriguée pour que je m'intéresse dans la foulée au manga papier... Il est à noter que cette série de 24 épisodes sera suive d'une nouvelle saison, probablement d'ici début 2022.


2 commentaires:

  1. C'est fou, toutes ces empreintes que le Fantôme a pu laisser indirectement sur le cinéma, la littérature... je crois qu'on ne parlera jamais assez de bien des héritages de certaines figures littéraires. D'ailleurs, le fait de faire mourir les responsables du drame selon les plaies d'Egypte, ça rappelle aussi Dix petits nègres avec les gens qui meurent suivant la comptine anglaise...
    Il est dimmage que la version plus moderne de Svengali, avec un casting pourtant peu fade, ne soit pas réussie à ce point... Ils ont sous doute un peu trop édulcoré l'histoire, comme il est souvent la tendance de le faire dans ce genre d'histoires troubles et ambiguës. C'est un peu le grand mal dès qu'on a un film avec des personnages aussi complexes.
    Je suis évidemment ravie de voir que la saison 2 de His Dark Materials t'a plu à ce point ! J'adore vraiment tous les personnages, ce que les interprètes en ont fait, ce que les scènes inédites ont apporté... Je les trouve tous formidables, mais je suis de parti pris avec A la croisée des mondes. Il n'empêche que la série est terriblement respectueuse des romans et ça se sent. Et il y a un beau lot de personnages complexes ! Je regrette seulement qu'on n'ait pas davantage vu Jopari.Vivement la saison 3 !
    Quant à l'anime, je n'en ai pas du tout entendu parler, même si l'image me dit vaguement quelque chose... Ton avis donne envie de s'y intéresser, ne serait-ce que pour ce contexte de conte fantastique trouble ! (et évidemment, toujours avec un lot de personnages décidément bien trouble). Il a l'air tout à fait original et spécial !

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    1. Effectivement, je n'avais pas fait le rapprochement pour Phibes, mais la logique des meurtres perpétrés est très similaire à celle des Dix petits nègres... Il est dommage que le visuel soit légèrement outrancier, car la trame est très belle, et le scénario plutôt solide, contrairement à bon nombre de films de genre. Du reste, Vincent Price est toujours une valeur sûre dans ce domaine !
      Concernant Svengali, le fait d'avoir transformé ça en romance ne fonctionne pas bien, et les persos sont au final très peu cohérents. L'histoire d'origine est vraiment passée à la moulinette et c'est dommage.
      Pour His Dark Materials, oui, j'ai vraiment adoré. Vu que j'ai lu les romans il n'y a pas si longtemps, je les ai encore bien en mémoire, et je trouve l'adaptation vraiment très respectueuse aussi. Et dommage pour Jopari, oui... On le voit finalement assez peu. Comme toi, j'ai vraiment hâte de voir la suite !
      The Ancient Magus Bride mérite vraiment qu'on s'y intéresse, car niveau ambiguïté, il se pose là ! :D Le tome 1 du manga papier est sur le dessus de la pile, j'ai hâte de le commencer !

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