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08 juillet 2013

What's on the shelf (3) : quelques lectures d'avril à juin

La Renarde, de Mary Webb

J'ai lu il y a plusieurs années, le magnifique Sarn, du même auteur. Les charmes de la campagne anglaise et la poésie inspirée par la nature n'avaient pas de secret pour Mary Webb. On retrouve ici, tout comme dans Sarn, le même style lumineux, celui qui vous pousse à relire plusieurs fois les mêmes pages, pour en savourer tout le lyrisme magnifié. La Renarde retrace l'histoire d'Hazel, jeune fille sauvage toute entière dévouée à la nature, et peu faite pour le monde des Hommes qu'elle ne comprend pas. Elle croise la route de deux personnages : Edward, le jeune pasteur de sa paroisse, qui n'aura qu'un but : sauver Hazel d'elle-même et de Jack Reddin, le hobereau féru de chasse, qui poursuit la jeune fille de ses assiduités.
On sent venir la tragédie inéluctable, et la marche cruelle du destin, dans cette oeuvre délicieusement anglaise, peuplée de personnages tellement inspirés des Brontë.

Une intime obsession, d'Elizabeth McGregor (préalablement publié sous le titre Un voisin exquis)

Tombée par pur hasard sur ce livre dans la très belle collection Archipoche, j'ai été plus attirée, il faut le dire, par le résumé en quatrième de couverture que par le titre assez bateau (sans blagues, on dirait un titre de la collection Amour et Passions..). Le résumé en quelques mots :
Eve vit seule avec son père, atteint par la maladie d'Alzheimer, dans une ancienne demeure isolée. Son seul voisin, Paul, qu'elle connaît depuis l'enfance, lui est entièrement dévoué. Entre les soirées qu'il passe chez elle à garder son père devenu violent, et sa prévenance excessive, Eve ne compte plus les services qu'il lui rend. Et cette omniprésence, tout comme le comportement tour à tour éteint et inquiétant de Paul, Eve en est gênée, presque terrorisée. Tout se déroule ainsi, dans cette oppressante tranquillité, jusqu'à la disparition du père d'Eve.
Je ne m'attendais pas à un chef d'oeuvre, et force est de reconnaître que le style s'il est assez moyen, est très efficace. Sans être à proprement parlé un thriller, Une intime obsession est un roman qui se déroule tranquillement comme un écheveau, dans une impression de silence oppressant, dans une absence d'évènements plus que glaçante. Et puis, il y a ce père gravement malade, qui sombre peu à peu dans la folie et dans le néant ; ce voisin rustre, silencieux, dont l'abnégation frôlerait presque la persécution. Jusqu'aux derniers chapitres, on sent le drame arriver de loin, et la fin que l'auteur réserve est une apothéose d'une extraordinaire et froide violence, que les plus grands auteurs envieraient. Si j'ai trouvé malgré tout le bouquin assez moyen jusqu'à sa moitié, ne sachant au juste où l'auteur voulait réellement en venir, il est définitivement excellent ensuite. Si Paul apparaît comme une sorte d'idiot du village, rustre, ne sachant ni s'exprimer avec les gens, ni comment se comporter, son caractère est extrêmement bien exploité, et sa personnalité réelle, plus touchante sans doute qu'on le voudrait, fort bien mise en place. Un bouquin, malgré un démarrage difficile, qui ne déçoit pas !

Monsieur Dick, ou le dixième livre, de Jean-Pierre Ohl

Après avoir cherché de nouveaux bouquins "droodistes" à me mettre sous la dent, ce livre de Jean-Pierre Ohl a retenu mon attention, car l'auteur est assez connu pour être un fervent admirateur de Dickens, et pour lui avoir d'ailleurs consacré une excellente biographie, publiée chez Folio. Au-délà d'une tentative de sequel (et cette oeuvre n'en est vraiment pas une), il s'agit plutôt du récit d'une compétition littéraire, amoureuse, entre deux spécialistes de Dickens, enquêtant sur l'ultime roman de l'écrivain. Si on pense réellement lire ou apprendre quelque chose sur "le mystère Drood", on peut être passablement déçu, car il ne s'agit là que d'un prétexte subversif pour mieux conduire des personnages incertains vers une conclusion fort amère sur la vanitésdes ambitions littéraires.


 17 lunes, de Kami Garcia et Margaret Stohl
(Beautiful darkness)

Autant dire que ma lecture a été uniquement orientée par le probable retour du personnage de Macon Ravenwood dans ce tome (voir la critique de 16 lunes "Sublimes créatures" ), et quel retour !
17 lunes m'a plu, mais peut-être pas autant que je l'aurais voulu. Les répétitions de forme, de vocabulaire, m'ont dérangée, l'héroïne m'a agacée, et j'y ai trouvé trop de questionnements pseudo-existentiels d'adolescents mal dans leur peau (dixit Twilight). A vrai dire, seul le personnage de Macon Ravenwood s'en sort honorablement,  et ce dernier n'y apparaît finalement que fort tardivement, ce qui ne sauvera décidément pas le tome, ou peut-être même la série... Je pense qu'une indispensable pause mentale va s'imposer avant d'entamer 18 lunes...



26 avril 2013

So, what's on the shelf (2)

Sublimes créatures, de Kami Garcia et Margareth Stohl
(Paru aussi sous le titre 16 lunes)

C'est sans honte que j'avoue avoir lu Sublimes créatures, la nouvelle guimauve épico-fantastique en vogue Outre-Atlantique. Qu'on se le dise :  malgré une couverture sur laquelle on perçoit les regards dégoulinant de questionnements existentiels de nos deux héros, Sublimes créatures n'est tout de même pas si mal.
Tout d'abord, j'étais heureuse de trouver de la fiction jeunesse correctement écrite (et traduite) sans répétitions insupportables, et des personnages qui pour une fois ont autre chose à dire et à faire que se lamenter en se regardant dans le blanc des yeux. (Ne voyez vraiment aucune allusion à Twilight, que j'ai pourtant lu dans son intégralité, si, si. ^_^). Même si on est loin de la perfection de JK Rowling et d'Harry Potter, j'ai aimé ce premier tome, pour sa réflexion plus adulte et pour son souffle fantastique. Et puis... il y a Macon Ravenwood. 
Jeremy Irons, un atout majeur pour le film
mais avec probablement vingt ans de trop
pour le rôle...
A titre de comparaison, j'ai aimé en grande partie Harry Potter, car il y avait le mystère Severus Snape - le héros qui se cache derrière des allures archétypales de salaud. J'ai aimé Sublimes créatures et Macon Ravenwood pour les mêmes raisons. Oncle de l'héroïne, c'est un personnage en marge, que suit perpétuellement un grand chien noir, un reclus érudit ne vivant que la nuit, dont les manières et l'aisance semblent venir d'un autre âge. Un personnage trouble, sur lequel néanmoins notre héroïne torturée se raccroche comme à un roc. En réalité, Macon n'est pas inébranlable. Tout comme Snape, son passé le hante, et il agit autant par abnégation que par rédemption. En d'autres termes, si l'intrigue est inventive, et si le propos est résolument plus adulte sans l'être à l'excès, l'intérêt de Sublimes créatures réside exclusivement à mon sens sur le rôle charnière de ce personnage emblématique, qui sans faire de spoiler, disparaît beaucoup trop tôt dans la saga. Son passé est néanmoins développé dans 17 lunes, qui est d'ores et déjà sur ma liste de livres à commander ^_^ 
PS : impossible de comparer avec le film, que je n'ai pas encore vu...

Le fantôme et Mrs Muir, de R.A. Dick (pseudonyme de Josephine Campbell Leslie)

Ah ! Quel beau roman, quel joli bonbon ! Tout le monde, ou presque, aura déjà entendu parler du film de 1947 The Ghost and Mrs Muir, de Joseph Mankiewicz, avec la délicieuse Gene Tierney, Rex Harrison et George Sanders : c'est l'un des plus beaux films romantiques de l'histoire du cinéma. Le roman, qui a été adapté très fidèlement (à quelques détails près), retrace l'histoire de Lucy Muir, une jeune veuve avec deux enfants, qui décide, après des années passées dans l'ombre d'une belle-famille envahissante, de prendre sa vie en main. Elle déménage dans une maison sur la côte, que l'on dit hantée. Dès les premières heures passées sur les lieux, Mrs Muir est effectivement mise en présence d'un fantôme, un vrai, aussi insupportable que cabotin. Le spectre, demeurant invisible, se présente comme le capitaine Gregg, un ancien marin mais aussi le précédent propriétaire de la maison, qui ne tolérera pas qu'une femme s'installe "à bord". C'est sans compter la détermination de Lucy, qui ne cédera pas si facilement. Le fantôme, tout d'abord réticent, décide alors de la prendre à l'essai pour deux mois... Si la cohabitation n'est pas simple, Lucy finit par s'accoutumer à la présence de ce spectre décidément très entêté, et passablement misogyne.

J'avais adoré le film, et tout autant l'oeuvre dont il est adapté. A vrai dire, il y a fort peu de différences entre les deux. A la lecture, on imagine si aisément Gene Tierney et Rex Harrison dans les deux rôles, qu'il semble que leur casting ait été quasiment prédestiné.
The Ghost & Mrs Muir n'est pas un grand roman : pas de grandes phrases, juste un récit sans prétention, tout simple, lumineux, tout en conservant un regard éclairé sur la vie et les aléas du destin. C'est une histoire touchante, universelle, celle qui vous fait verser à la fin une petite larme légitime, celle que l'on relit volontiers, et qui vous touche inlassablement.