19 août 2019

Bilan des dernières lectures ( >> août 2019) - 1ère partie

Voilà un loooong moment que je n'ai rien posté sur ce blog... Et pourtant, ce n'est pas le manque de lectures qui en est la cause... La preuve est que j'ai renoncé à lister tous les livres qui me sont passés sous la main depuis ma dernière chronique. Pour faire simple, je me contenterai d'un petit commentaire assez succinct sur les volumes qui m'auront agréablement marquée. Voici donc un petit florilège des lectures de ces derniers mois...

Le pensionnat de Mlle Géraldine : tomes 1 à 5, de Gail Carriger


Sophronia Temminnick est véritable garçon manqué et sa mère se désespère d'en faire un jour une dame accomplie dans cette Angleterre si rigide de la fin du XIXe siècle. Afin de tenter de parfaire son éducation, la jeune fille est envoyée au pensionnat de Mlle Géraldine, spécialisé dans la formation des dames de qualité. Cette école-dirigeable, suspendue dans les airs, où l'on est sensé faire d'elle une lady, est en réalité un centre de formation pour jeunes espions en jupons...

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Oh que voilà une très jolie série Young Adult de 5 tomes, drôle et pleine de piquant, écrite par l'américaine Gail Carriger... Il y a quelque chose de frais et de bon enfant dans Le Pensionnat de Mlle Géraldine, qui associe de manière très heureuse Harry Potter et Enola Holmes, le tout en version steampunk... Alors oui, on pourrait penser que le mélange est un peu fou - et il l'est sans doute, mais la série est tellement addictive, tellement bien construite, que l'on enchaîne les tomes sans trop s'en rendre compte, tant l'intrigue est originale et les personnages attachants. Pas de noirceur excessive, quoique la série comporte son lot de complots, d'assassinats, de vampires et de loups-garous, mais une véritable lecture détente, pleine de divertissements et délicieusement rafraîchissante.

Rêver, de Frank Thilliez

Abigaël est une experte en psychologie légale, atteinte d'une forme sévère de narcolepsie. Lorsqu'elle perd tragiquement son père et sa fille dans un accident de voiture, dont elle sort presque indemne, ses cauchemars prennent progressivement le pas sur sa vie, et se mêlent à la traque du tueur d'enfants qu'elle menait depuis des mois.

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D'ordinaire, je lis très peu de polars, mais celui-ci m'ayant été conseillé chaleureusement par une amie, je m'y suis donc mis avec enthousiasme... Et je n'ai pas été déçue, car une fois commencé, il m'a été impossible de le lâcher ! Ce fut donc pour moi deux jours de lecture intensive, et joyeusement addictive. Evidemment, c'est un polar très noir, et aussi très singulier, car la ligne du temps est entièrement déconstruite, ce qui est parfois déstabilisant, mais qui fait aussi toute l'originalité de ce roman aux contours troubles et délétères. D'ordinaire, très peu pour moi les histoires de tueurs en série, d'assassins d'enfants, et de meurtres un peu gluants... La réalité est déjà suffisamment horrible à mon sens pour encore en voir dans ses lectures, mais tout l'intérêt du livre repose dans la narration particulièrement intelligente et assez inhabituelle pour un polar. J'ai donc voulu enchaîner un peu plus tard avec l'Anneau de Moebius, du même auteur, qui se base également sur une certaine déconstruction du récit, mais qui en raison de son contexte un peu nauséabond, m'est complètement tombé des mains... Comme quoi, Rêver fait vraiment figure d'exception... 

Nosferatu contre Dracula : étude et analyse cinématographique, d'Olivier Smolders

Le livre se présente comme une petite analyse de l'image du vampire à travers le cinéma, en se basant sur la toute première adaptation à l'écran de Dracula, à savoir le Nosferatu de Murnau, mais à vrai dire, il s'agit plutôt d'un plaidoyer pour la défense de ce personnage, dont il est demeure la plus primitive et la plus ténébreuse des transpositions de Dracula à l'écran. Personnellement, même si j'apprécie toujours de lire des analyses littéraires ou cinématographiques, je n'ai pas accroché à tous les propos de l'auteur, qui conteste assez fermement l'interprétation de Lugosi dans le rôle... Et là, c'était la chose qu'il ne fallait me dire... :) Parce que, Belà Lugosi, c'est chasse gardée, verboten, gefärhlich : on ne touche pas ! Cela dit, le livre demeure très intéressant puisqu'il évoque les différentes adaptations, leur chronologie, influences, etc. Une curiosité pour les amateurs du prince des vampires...






Le Vampyre, de John Polidori - suivi de Lord Ruthwen ou Les Vampires, de Cyprien Bérard

Alors, il me faut être honnête, j'étais enthousiaste à l'idée de lire enfin le mythique Vampyre de John Polidori. Pour vous expliquer le contexte : c'est lors d'un séjour commun en Suisse que Byron, Polidori, Percy Shelley et Mary Wollstonecraft Godwin (future Shelley), en proie à un ennui profond, se lancent comme défi d'écrire un récit fantastique. Mary Shelley écrit Frankenstein, Byron pose les bases d'un récit vampirique qu'il abandonne, mais que Polidori achèvera. Ce récit de quelques dizaines de pages, et somme toute assez moyen, n'est vraiment pas marquant. Il l'est plutôt pour l'aura de mystère qui entoure sa création, mais en dehors de cela, il retombe plutôt à plat, malgré le petit succès qu'il semble avoir connu à l'époque de sa parution. Et ce n'est pas la séquelle écrite par Cyprien Bérard en 1820 qui va rattraper le coup, et que j'ai achevé assez péniblement... Le mythe du vampire est retombé comme un soufflé, et mon enthousiasme avec...






Jane, de Aline Brosh McKenna et Ramón K. Pérez, d'après Charlotte Brontë (BD)


Après une enfance malheureuse, Jane part vivre à New-York, afin de réaliser des études d'art. Cherchant un petit boulot qui pourra payer son loyer, elle est engagée comme nanny pour prendre soin d'Adele Rochester, la fille d'un puissant homme d'affaires, taciturne et méprisant...

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Comme vous l'aurez sans doute compris, Jane est une transposition moderne de l'oeuvre de Charlotte Brontë au format comics. Malgré toutes mes craintes concernant cette adaptation de contexte, je dois dire que les auteurs s'en sont plutôt bien sortis. Le dessin est très agréable, et comme je l'ai dit, tout à fait dans la veine américaine, avec un scénario pour le moins efficace. Cependant, même si j'ai beaucoup apprécié la lecture, lorsque je prends un peu de recul, je m'aperçois que la trame choisie est tout de même relativement convenue, si on la compare au schéma de n'importe quelle série américaine un tant soit peu bien menée. Il y a des intrigues amoureuses, des rebondissements, des assassinats, des complots... Bref, tout ce qui finalement marche très bien auprès du lecteur d'aujourd'hui, mais qui a déjà été vu cent fois. On peut le dire, les transpositions modernes d'oeuvres classiques font parfois un peu grincer des dents... En perdant le contexte victorien, avec son lot de codes stricts, d'interdits et de dissimulations, on perd aussi un peu du charme de l'histoire originale, qui présentait un personnage féminin très fort, très indépendant, qui parle de mensonges, de liaisons adultères, et de bigamie, dans une époque où il n'était pas vraiment de bon ton d'en faire étalage... Jane Eyre, à son époque, a eu toutes les peines du monde à trouver son public, allant jusqu'à choquer une majeure partie de son potentiel lectorat. On comprendra qu'il y a donc un fossé entre les interdits victoriens, qui n'ont plus lieu d'être aujourd'hui, et ceux que cette version moderne présente. On tombe inévitablement dans une trame, qui en se voulant toujours proche du matériau de base, reste très convenue sur la forme. Je pense que cette version de Jane Eyre, si elle n'est pas révolutionnaire, pourrait peut-être amener des lecteurs vers l'original s'ils ne la connaissent pas... 

Judas, d'Amos Oz


Schmuel Asch, étudiant sans le sou dans le Jérusalem de la fin des années 50, est engagé par Atalia Abravanel, pour tenir compagnie à son beau-père invalide quelques heures par jour, en échange d'un petit salaire et d'un logement gratuit... Schmuel, sous le charme de la jeune femme, accepte de tenir compagnie au vieux philosophe, tandis qu'apparaissent à travers leurs conversations touchant à la politique et à l'histoire, les évocations douloureuses de la création d'Israël, et de la figure récurrente du traître... 

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C'est à la nouvelle de la mort d'Amos Oz il y a quelques mois, que je me suis enfin décidée à lire l'un de ses romans les plus emblématique, Judas. Cela a été un énorme coup de coeur, tant pour le style de l'oeuvre, que pour les trois personnages principaux, Atalia en tête, figure de femme forte, taciturne, nimbée d'une aura de mystère, qui fascine inévitablement. Et puis, il y a évidemment l'histoire très douloureuse de la création de l'état d'Israël qui est évoquée tout au long de ce roman, des controverses qu'elle a soulevé et qu'elle soulève toujours, à travers des récits décomplexés sur les exactions des uns et des autres et sur les positionnements difficiles de certains sionistes, perçus comme des traîtres à leur patrie. Evidemment, je suis loin d'être une spécialiste du conflit israëlo-palestinien, mais j'ai compris énormément de choses à travers ce livre, à travers ses personnages si nuancés et complètement stigmatisés par les décisions et les violences d'un état balbutiant. Un très grand et un très beau roman, que je recommande vraiment chaleureusement.

La révolte, de Clara Dupont-Monod

Reléguée dans l'ombre de son second mari, le roi d'Angleterre Henry II, et interdite par lui à régner sur son pays d'Aquitaine, Aliénor fomente une révolte terrible, qui fera se soulever les fils contre le père... Lutte intestine, sanglante, qui sera réprimée dans le sang...

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La révolte est certes un récit historique, mais extrêmement romancé sur la forme. Les faits sont évidemment exacts, mais c'est surtout la manière si belle et si puissante de présenter ces personnages emblématiques, qui font de ce roman une magnifique évocation, inspirante et ténébreuse de ces épisodes de l'histoire croisée de France et d'Angleterre. L'originalité de ce récit réside dans le fait qu'il est rédigé au présent et qu'il est mené par Richard Coeur de Lion, le fils préféré d'Aliénor, cette reine au tempérament d'acier, si extrême, si résolu, qui a fait vaciller à plusieurs reprises le trône de son second époux, le roi d'Angleterre. Les personnages évoqués par Clara Dupont-Monod sont terriblement vivants, des époux ennemis à leurs enfants manipulés, prisonniers d'une lutte de pouvoirs entre une mère tentaculaire et un père despote... Un magnifique roman, que l'on referme difficilement !

A suivre...










4 commentaires:

  1. Tu as quand même fait un florilège de lectures, toi aussi ! :) Et tu m'en fais découvrir aussi, car je ne connais pas la moitié de tes dernières lectures. Je n'ai jamais lu de Thilliez, les polars, comme toi, j'ai du mal avec... Le documentaire sur Nosferatu a dû être intéressant à bien des égards, même s'il aurait mieux valu pour l'auteur qu'il soit un admirateur de Bela Lugosi, ahah ! Le Vampyre est d'ailleurs sur ma liste, même si je m'attends pas à beaucoup en particulier, et que ton avis le confirme...le côté historique du roman et son contexte de création justifient cependant une lecture. D'ailleurs, il y a un beau film biopic sur Mary Shelley (avec Elle Fanning dans le rôle, je crois bien), et si cela parle beaucoup du contexte de la création de Frankenstein, on croise aussi John Polidori avec intérêt. Quant à la BD sur Jane Eyre, j'avais été tentée de la lire, séduite par le côté adaptation moderne, mais des mauvaises critiques m'en avaient ensuite dissuadée. Je vois que toi aussi ça ne t'a pas tout à fait convaincue. Je tenterai quand même, pour voir !

    (Je suis en train d'écouter le podcast du Fantôme...je suis...fascinée par la platitude et l'engagement des interprètes dans leurs rôles :P )

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  2. Ouiiii, j'avais vu qu'il y avait un film sur Mary Shelley qui était sorti, mais je n'ai pas encore eu l'occasion de la voir ! Tu me donnes très envie de m'y mettre... D'ailleurs, au sujet de l'histoire de la création de Frankenstein, entre autres, j'ai La Villa des Mystères, de Frederico Andahazi dans ma PAL, et qui retrace l'histoire du séjour de Byron, Polidori et des Shelley... Ce roman, est semble-t-il, une curiosité, quoique assez malsain, m'a-t-on dit. Je demande à voir, je vais sûrement le lire bientôt, je te dirai :)
    Concernant la version moderne de Jane Eyre, elle n'est pas complètement à jeter, mais elle aurait pu être beaucoup plus inventive... C'est son principal défaut : on tombe un peu dans une platitude et un cliché extrêmes et c'est très dommage.
    Pour le podcast du Fantôme, je suis contente de savoir que je ne suis pas la seule à penser que cette adaptation est définitivement loupée... :p Tu me diras si tu as aimé Fantômas (du moins le premier podcast), je trouve l'acteur principal vraiment extraordinaire !

    Je vais commencer ma lecture de Face à Face, je te tiens au courant ! ;)

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  3. J'adore le graphisme de cette édition du "Vampire" de Polidori (que je n'ai pas encore dans mes étagères, voilà donc une chouette excuse pour l'acquérir!). Ton avis a nuancé mon enthousiasme mais je m'y essayerai quand même à l'occasion!

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  4. A vrai dire, c'est surtout le graphisme de la couverture qui m'avait attirée ! Mais effectivement, la lecture s'est avérée quelque peu décevante !
    A bientôt !

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