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09 mai 2017

Derniers visionnages... (1/..)

Macbeth, de Justin Kurzel (2015)

Avec Michael Fassbender (Macbeth), Marion Cotillard (Lady Macbeth), David Thewlis (Duncan), David Hayman (Lennox), Sean Harris (Macduff), Panny Considine (Banquo),..

D'après la tragédie en cinq actes de William Shakespeare.

J'ai attendu un bon bout de temps avant de m'attaquer à cette adaptation de Justin Kurzel, qui reposait depuis des lustres dans ma pile de dvd à voir... Tout d'abord parce que Macbeth est une pièce que je trouve extrêmement difficile d'accès. C'est une oeuvre d'une violence rare, au propos hermétique, qu'il est très difficile d'adapter sans que cela ne vire immédiatement à la farce gore. L'extrémité même des situations et des intrigues retorses de la tragédie font qu'il est pratiquement impossible de transposer l'intégralité du texte, sans créer d'inévitables longueurs. Que l'on se rassure, le texte n'est absolument pas reproduit  en intégralité dans cette adaptation... De larges plans baignés dans la brume des champs de bataille, s'attardant ensuite sur les paysages d'une Ecosse quasiment onirique permettent au spectateur de s'imprégner de l'atmosphère délétère de cette pièce sans pour autant se perdre dans l'omniprésence d'un texte ancien, bigarré de langue celte. Le film est donc relativement avare de paroles, recentrant l'intrigue sur les scènes et monologues les plus emblématiques, rendant le film merveilleusement efficace. Ensuite, je craignais assez l'interprétation de Marion Cotillard en Lady Macbeth, choix singulier de casting pour camper ce personnage emblématique de répertoire shakespearien... Le film a pourtant très bien évité ces prévisibles écueils, car l'actrice s'en sort merveilleusement. Elle est énigmatique et glaciale, et parvient à demeurer d'une sobriété extraordinaire malgré les situations psychologiques extrêmes dans lesquelles évoluent son personnage.  Ensuite, Michael Fassbender campe un Macbeth d'une rare violence, aveuglé par une épouse ambitieuse, à l'influence tentaculaire. Mais ce Macbeth est également un traumatisé de la guerre, traumatisé par la perte de ses enfants (choix très surprenants du metteur en scène, mais qui parvient merveilleusement à combler les vides de sa psychologie, laissés à la libre appréciation du lecteur). Pour ma part, j'ai tout à fait adhérer à ces choix. Mais à vrai dire, les images sublimes de Justin Kurzel parviendraient à elles seules à vaincre les réticences des plus grands puristes du répertoire... Ce film est magnifiquement mis en image, très dignement interprété, d'une violence noire, à l'atmosphère frôlant l'asphyxie, mais qui à mon sens, demeure une adaptation de référence, pour ne pas dire, la meilleure réalisée à ce jour.


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Paterson, de Jim Jarmusch (2016)

Avec Adam Driver (Paterson), Golshifteh Farahani, Barry Shabaka Henley (Doc), ... 

Paterson est chauffeur de bus à... Paterson, une petite ville du New Jersey. Il partage sa vie avec Laura, douce excentrique, fan de country et de cupcakes, et leur chien Marvin... Ce film retrace une semaine dans la vie de Paterson, homme tranquille et sans histoires, poète à ses heures et adorateur de William Carlos Williams.

Ceux qui ont déjà vu un film de Jim Jarmusch savent à quoi s'attendre... Il ne s'y passe vraiment pas grand chose. Même dans un film de vampires (Le très surprenant Only lovers left alive, avec Tom Hiddleston et Tilda Swinton), il parvient à mettre le spectateur dans un certain confort, voire même à l'installer dans un routine un peu dépressive. Il y a un côté rassurant dans ses films, un poésie aussi, une douceur, qui ont l'air de venir d'un autre monde. Pour ceux qui apprécient les films aux intrigues retorses et aux sensations fortes, mieux vaut passer son chemin ...  Paterson est sorte de bulle. Il ne s'y passe rien d'autre que ce qui fait la vie de monsieur-tout-le-monde. Le personnage se lève, prend son petit déjeuner, va travailler, écrit des poèmes pendant ses pauses, retrouve sa femme le soir, va promener son chien...Alors certes, présenté de la sorte, le film n'a pas vraiment l'air de présenter un quelconque intérêt, mais pourtant si. Le spectateur se retrouve dans cette routine, dans ces petits désagréments de la vie, dans cet humour à peine dissimulé dans ce quotidien bien réglé... Et puis, les personnages sont tellement réels, tellement palpables :  Adam Driver (qui décidément ne cesse de m'étonner lorsqu'il sort de son rôle de Kylo Ren dans Star Wars) et Golshifteh Farahani sont tellement attachants, qu'on se laisse embarquer par ce film inattendu, qui sous ses dehors quelque peu lisse, est une petite merveille de sensibilité et de poésie.


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Premier contact (Arrival), de Denis Villeneuve (2016)

Avec Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker,...

D'étranges nefs extraterrestres sont apparues aux quatre coins du globe, demeurant comme suspendues à quelques mètres du sol. A l'intérieur, des habitants d'un autre monde, avec lesquels il semble impossible de communiquer. Le gouvernement américain fait appel aux services d'un scientifique et d'une linguiste afin de parvenir à établir un dialogue avec eux...

Voilà un film de science-fiction qui sort réellement des sentiers battus ! Pas d'explosions (ou si peu), pas de tirs d'artillerie lourde, pas de bande-son agressive, pas de héros musclé sauveur de l'humanité... Bref, on est loin, bien loin, des codes du genre... J'avoue, j'ai été vraiment charmée par ce film, qui a su très bien sortir de sa catégorisation. A vrai dire, j'aurais plutôt tendance à le classer dans le rayon des drames plutôt que dans celui des films d'actions. Car de l'action, il n'y en a presque pas. Premier contact est un film vraiment singulier par son propos, son contenu : il est plein de silences, d'introspections, de tristesses. Un film très beau, très surprenant aussi, qui s'éloigne merveilleusement des classiques du genre.



A suivre...

30 septembre 2008

Macbeth - Théâtre filmé (1981)

Mis en scène par Arthur Seidelman

Tragédie de William Shakespeare

Avec Jeremy Brett (Macbeth), Piper Laurie (Lady Macbeth), Simon MacCorkindale (Duncan), Alan Oppenheimer (Banquo).

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Jeremy Brett

Mon avis

J'avoue : Macbeth est certainement l'une des pièces de Shakespeare qui m'inspire un malaise tenace (en comptant Richard III, que j'apprécie pourtant énormément sur le fond, et Titus Andronicus, que je suis incapable de lire jusqu'au bout). La pièce m'est tombée des mains à la première lecture, je l'avoue aussi. J'ai tenté, avec cette version de me réconcilier avec la tragédie.
Certes, la mise en scène est on ne peut plus simpliste. Les décors sont réduits à leur strict minimum (on connaît des mises en scène d'une froideur et d'un vide quasi absolu qui fonctionnent à merveille : voir le très gothique et très expressionniste Hamlet de Laurence Olivier), les accessoires de scène sont quasi inexistants, ce qui est très courant dans les adaptations shakespeariennes, où le texte semble à lui seul occuper tout l'espace.
Cette impression de vide renforce encore la noirceur de la pièce et l'âme de ses personnages.

Les interprétations sont très belles, très fluides, et surtout très énergiques. Inutiles de dire que l'interprète de Macbeth (Jeremy Brett - voir photo ci-dessus) a donné un dynamisme certain à son personnage, qui ne paraît jamais se lamenter, et dont les tergiversations passent finalement très vite à la trappe. Le phrasé shakespearien, pourtant lourd, coule avec aisance.
La Lady Macbeth de Piper Laurie est vénéneuse, pleine de charme et parfaitement ambivalente.
Peut-être la comédienne en fait-elle parfois un peu trop dans l'emphase, mais je la trouve globalement assez convaincante.
L'option prise sur la relation fusionnelle des époux maudits est une nouveauté pour moi, qui n'avais jamais considéré les choses sous cet angle.

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Piper Laurie

On retrouve également un excellent Banquo, très sobre et très mesuré face à l'énergie débordante du Macbeth de Brett.

Les scènes que je craignais le plus étaient sans doute celles des trois sorcières, qui sont particulièrement difficiles à rendre sans que cela ne paraisse ridicule. Ici, le tout passe globalement assez bien, malgré un ton un peu surréaliste, ce qu'on ne peut pas vraiment reprocher vu le contexte surréaliste, lui aussi, de ces scènes.

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Seul réel hic de cette adaptation : l'image de qualité médiocre, parfois assez floue et saturée en couleurs. Reste la pièce et son contenu, qui m'ont réconciliée en bonne partie avec l'oeuvre

Le dvd est disponible sur http://www.amazon.co.uk/, uniquement en zone 1, sans sous-titres.