A l'aube du XIXe siècle, Jeanne de Feuardent, flamboyante jeune femme issue d'une lignée aristocratique désargentée, devient l'épouse d'un riche fermier du Cotentin. Alors que résonne encore le glas de la Révolution, un étrange prêtre fait son apparition à l'église de Blanchelande, enveloppé d'un large froc et d'un capuchon noirs. Lorsque Jeanne découvre le visage atrocement défiguré qu'il dissimule, elle demeure stupéfaite. Bientôt, de folles rumeurs courent dans le pays au sujet de cet abbé, qui parcourt la lande à cheval en terrifiant les paroissiens. Autrefois engagé dans la Chouannerie, l'abbé de la Croix-Jugan a été torturé par des "Bleus" lors de la Révolution, après avoir tenté de se suicider. Revenu sur ses terres, à la veille de la levée de sa suspense, l'abbé n'en a pas pourtant pas fini de se battre pour le rétablissement de la monarchie, quitte à entraîner à sa suite la téméraire Jeanne, qui ne sera bientôt plus que l'ombre d'elle-même...
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J'ai lu ce livre il y a plusieurs années, et le moins que l'on puisse dire est qu'il m'avait beaucoup marquée. La prose splendide de Barbey, les descriptions remarquables de sa Normandie natale, ainsi que le contexte dramatique et épique de l'oeuvre me l'avaient fait immédiatement adoré. Le nom de Jéhoël de la Croix-Jugan, et son improbable passif de Chouans, étaient restés gravés dans ma mémoire, tout comme son caractère tout à fait insaisissable et dramatique. L'Ensorcelée a persisté à faire figure de conte fantastico-gothique depuis lors dans mon esprit, puisqu'il s'inspire d'une légende, voire peut-être d'une histoire partiellement véridique liée à Blanchelande. Il existe en effet une croyance populaire liée à cette abbaye, dont on entend sonner les cloches en pleine nuit, tandis que la silhouette d'un prêtre maudit et de son cheval semblent errer quelques fois dans la lande qui la cerne...
On peut dire que la légende, tout comme le personnage, ne sont pas banals, et Barbey en a su tirer le meilleur parti.
Pourquoi donc faire un article maintenant, plus de vingt ans après ma première lecture ? Simplement parce que j'ai appris tout récemment que ce roman avait fait l'objet d'une adaptation en 1981, que mon récent abonnement au magnifique site de streaming de l'INA (http://madelen.ina.fr) m'a permis de voir.
Adaptation qui est, à ma connaissance, la seule jamais réalisée du roman de Barbey d'Aurevilly.
Produit par Antenne 2 et réalisée par Jean Prat, ce téléfilm rassemble au casting Julie Philippe (Jeanne de Feuardent), Jean-Luc Boutté (l'abbé de la Croix-Jugan), Fernand Berset (Maître Le Hardouay), Elisabeth Kaza (la Clotte), Jacques Ebner (Le Curé), ...
Source : https://ca.notrecinema.com/
Le fait est que cette adaptation est pour le moins fidèle à la trame générale du roman, mais qu'elle pêche par un manque relativement visible de moyens, assez caractéristique des téléfilms produits à cette époque. Lors du visionnage, j'ai pensé à de très nombreuses reprises aux adaptations littéraires de la BBC de ces mêmes décennies, qui souffrent de manière générale des mêmes défauts (lumière chiche, pauvreté des décors, des maquillages...), mais qui valent le détour pour l'excellence de leurs interprétations, de leur scénario et de leurs dialogues. L'Ensorcelée ne déroge pas à cette règle. Si la réalisation manque parfois un peu de panache, elle n'en demeure pas moins pleine d'inventivité, et met en scène des acteurs inconnus ou presque, mais pour le moins excellents.
J'ai retrouvé dans cette adaptation télévisée de l'Ensorcelée les sentiments exacts ressentis à la lecture : en dépit du peu de sympathie que l'on éprouve pour le personnage de Jeanne, intraitable, méprisant et fier, qui se damne au sens littéral du terme pour un prêtre tout droit sorti d'un conte gothique, on reste tout de même comme hypnotisé par cette histoire à demi fantasmée. Le personnage de Jéhoël de la Croix-Jugan, monstre d'égoïsme (et monstre tout court, si j'ose dire), qui n'a pour toutes préoccupations que la cause monarchiste, a quelque chose de diablement fascinant et romanesque. Le charisme de cet extraordinaire abbé absorbe, écrase, annihile celui des autres personnages. Toute l'attention de Barbey et celle de cette adaptation, se concentrent sur les apparitions presque fantomatiques, comme sorties d'un rêve, de ce prêtre qui parcourt la lande à dos d'un cheval lancé au grand galop.
Cependant, il y a des ratés dans cette adaptation, outre les défauts mentionnés plus haut. Il y a un certain manque de cohérence et de transition dans cette histoire qui ne parvient jamais à aller totalement au bout de son idée. Il y a un sentiment d'inachevé, comme de balbutiements dramatiques parfois, qui suscitent une très désagréable frustration. Au fond, tout est baigné d'un tel onirisme, de telles invraisemblances, qu'on demeure complètement sur sa faim. Et on passera sur le maquillage grossier dont est affublé le pourtant diablement charismatique Jean-Luc Boutté, dont les cicatrices se résument à un très vilain masque rigide, qui a tout d'un déguisement de carnaval en carton-pâte. Cela manque un peu de qualité et de finesse, et ôte un peu du magnétisme originel de la Croix-Jugan.
Source : https://ca.notrecinema.com/
Cependant, il est clair que malgré de gros défauts, cette adaptation a quelque chose de fascinant, dans le sens gothique du terme, avec ses bons et ses mauvais côtés. Sans doute le roman y est-il un peu pour quelque chose, puisqu'un sentiment d'inachevé plane également sur les dernières lignes de ce récit crépusculaire. Mais n'est-ce pas le propre de toutes les oeuvres gothiques ?
L'un de mes plus grands regrets est de ne pas avoir vu adapter la scène emblématique du roman au cours de laquelle l'abbé remonte la nef de l'église de Blanchelande au son des éperons de ses bottes, résonnant sur le pavé... Cette scène démontrait à elle seule le caractère sauvage de ce personnage peu commun.
Restent des interprètes excellents, Julie Philippe en tête, qui a su camper ce personnage de femme résolument moderne, enflammé et fier, mais si prompt à se damner.
Avec : Fredric March, Cary Grant, Carole Lombard, Jack Oakie, Sir Guy Standing, ...
D'après l'autobiographie de John Monk Saunders, "Death in the Morning".
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Autant être claire immédiatement : je déteste les films de guerre, mais j'adore Fredric March. Je pense que les derniers articles publiés sur ce blog l'ont un peu montré... Je suis tombée sur cet acteur charmant, au jeu très actuel et aux choix de rôles compliqués, à la faveur du visionnage de "A star is born" de 1937, où il campe le tout premier Norman Maine de l'histoire du 7e art... (ont suivi, pour rappel, James Mason, Kris Kristofferson et enfin Bradley Cooper, pour la version la plus récente). Ce film magnifique, à la fois tendre et extraordinairement triste, m'a poussée à m'intéresser à ce très grand acteur, tombé dans l'oubli ou pratiquement, malgré une filmographie tout à fait foisonnante, qui comporte autant de comédies que de drames, ainsi que quelques très grands classiques du cinéma (Dr Jekyll & Mr Hyde, Sérénade à trois, Les Misérables, Anna Karenine, Le Signe de la Croix, ... ).
source : fredricmarch.tumblr.com
C'est cependant avec un peu d'appréhension tout de même que j'ai visionné "The Eagle and the Hawk", réalisé en 1933. Etant donnée la décennie dans laquelle a été produite ce film, j'étais certaine d'échapper à ces horribles oeuvres de propagande produites au début des années 40, qui ont un parfum pour le moins désagréable, pour ne pas dire totalement nauséabond... Nous sommes heureusement loin de ce contexte, sinon je crois que je n'aurais même pas persisté au-delà des cinq premières minutes. Mais honnêtement, je ne savais pas trop à quoi m'attendre.
Il faut savoir que le film, cependant, a été tourné en pleine période "pré-code" - décennie la plus emblématique et la plus productive pour March -, et qu'il s'agit là d'un indicateur assez rassurant concernant la liberté de ton. Mais je le regardais simplement pour avoir le plaisir de savourer la présence de deux de mes acteurs favoris, dont ledit Fredric March et également de Cary Grant dans un même film...
source : fredricmarch.tumblr.com
L'histoire, en quelques mots, retrace celle d'un aviateur américain virtuose, le lieutenant Jerry Young (March), durant la 1ère guerre mondiale, et de sa rivalité avec le lieutenant Henry Crocker, mauvais pilote, mais excellent tireur. Elevé au statut de véritable héros de guerre, Young ne supporte cependant pas d'être montré en exemple aux plus jeunes, car ce statut se bâtit peu à peu sur la mort de tous ses coéquipiers, et celle de soldats ennemis qu'il doit abattre de manière aveugle. L'avalanche de morts qu'il voit, et dont il est responsable, le tue à petit feu. Son équipier fusillier, Crocker (Grant), avec qui il ne s'entend pourtant pas, assiste, impuissant à cette lente déchéance à laquelle personne ne peut le soustraire. Traumatisé par ses dernières missions, par des chocs successifs qu'il ne peut plus supporter, Young s'enfonce progressivement dans l'alcoolisme...
source : pre-code.com
En définitive, ce film n'est pas un film de guerre, enfin pas vraiment. Il ne parle que des traumas qu'elle induit, jusque dans leurs pires extrémités. Le personnage campé par Fredric March est un type bien, porté d'abord aux nues grâce à sa virtuosité aux commandes d'un avion, puis confronté au fil du temps à la brutale réalité de la guerre, qui broie tout et tout le monde. Et pour qui, pour quoi ? Ce sont toutes les questions que pose ce film superbe, aux images extraordinaires, aux descriptions psychologiques magnifiques, mais d'une abominable tristesse. C'est une oeuvre dure, parce qu'elle présente la réalité sous une lumière crue, loin des poncifs patriotiques.
La déchéance du personnage de Jerry Young, très attachant dans ses scrupules et son humanité, est inéluctable, et même si on a de temps à autre un regain d'espoir, on sent que l'on court à la tragédie.
source : pre-code.com
Le personnage campé par Cary Grant, d'une froideur implacable, à l'opposé de celui de March, débordant d'empathie, ferait presque froid dans le dos. Les deux personnages sont trop différents pour trouver le moindre terrain d'entente. Seules leurs compétences respectives leur confèrent un unique point commun : leur compétence à bord d'un avion. En dépit de leurs différences, de leur mésentente manifeste, Crocker tente d'éloigner Young, de le sauver de lui-même et de lui éviter le drame. S'il n'y parviendra finalement pas, au moins lui évitera-t-il le déshonneur, quitte à se saborder lui aussi.
Point également très important : la magnifique mise en image, toute en contrastes francs et en ombres. Très esthétique, très soigné. Un must pour un film de cette catégorie. L'aspect très léché de la photographie lui donne une certaine noblesse, que l'on n'attendait guère dans un film de ce registre.
source : pre-code.com
Seul réel point négatif du scénario, la présence du personnage féminin, campé par Carole Lombard (dont le nom m'échappe, mais cela a réellement peu d'importance). Certes, ce personnage, qui représente un heureux échappatoire durant la permission de Jerry, aurait pu revêtir une certaine importance s'il avait été moins typé et moins caricatural. On se demande ce qu'elle fait là, maquillée comme une voiture volée et engoncée dans des robes de soirée toutes en frou-frous et en fourrure blanche : on est vraiment à côté de la plaque. Sans doute, une exigence de la production, car il est impossible d'expliquer autrement la présence de cette "femme fatale" dans ce contexte si désespéré et si dur. Elle ne sert à rien, n'apporte rien, sinon le seul moment de ridicule du film. Si encore le personnage féminin était apparu un tant soit peu réaliste, on aurait compris cette parenthèse comme une raison pour Jerry d'espérer un "après" à cette guerre qui lui paraît de plus en plus absurde. A la limite, cela aurait inspiré un fol espoir au spectateur. L'espoir qu'il y ait une conclusion heureuse. On est très rapidement fixés, cependant.
En résumé, The Eagle & the Hawk n'est pas réellement un film de guerre, mais plutôt un film profondément anti-guerre, à l'opposé total d'un film de propagande, servi par des acteurs magnifiques, Fredric March en tête, et des images à donner des frissons.
Je ne connaissais pas Guilhem Valayé avant d'écouter l'album du spectacle "Les Souliers Rouges", de Marc Lavoine et Fabrice Aboulker. Il y campe un personnage à la ténébreuse aura, Victor, le chorégraphe d'un ballet maudit, dont les motivations oscillent entre celles du Dr Faust, du Fantôme de l'Opéra ou encore de Claude Frollo... Je reviendrai sur le sujet à l'occasion, parce que c'est une pépite au rayon des personnages contestables et ambigus (voir un peu plus bas). J'ai surtout découvert par le biais de ce spectacle un magnifique compositeur, poète et interprète, et son premier EP solo, intitulé "Aubrac" sorti en 2022. Un véritable écrin de douceur, une immense bouffée de tendresse que cet album, dont tous les titres sont des véritables bijoux. J'aurais pu placer l'album entier dans cette playlist, mais j'ai opté pour "De nerfs et de bosses", assez révélateur du style unique de Guilhem Valayé. Des solos guitare-voix, et des textes à fleur de peau. Des mots et des rythmes qui font du bien au coeur et à l'âme...
Sunset Boulevard (Tom Francis - A.L. Webber)
Sunset Boulevard est une comédie musicale bien connue d'Andrew Lloyd Webber, sortie en 1993, issue du film multi-oscarisé du même nom de 1950, réalisée par Billy Wilder. L'histoire retrace les destins croisés de Joe Gillis, un scénariste raté et opportuniste, et de Norma Desmond, une ancienne star du cinéma muet qui ne fait que rêver de sa gloire passée. A l'occasion de la cérémonie des derniers Olivier Awards au Royal Albert Hall de Londres, Tom Francis, l'interprète de Joe Gillis de cette nouvelle version, a délivré une performance extraordinaire du titre phare, intitulé sobrement "Sunset Boulevard". Une interprétation qui m'a laissée sans voix et que je revisionne volontiers en boucle...
L'aérogramme de Los Angeles (Louis Garrel et Woodkid - cover d'Yves Simon)
J'ignorais que Louis Garrel s'était essayé à la chanson quand je suis tombée par hasard sur cette cover épique d'un titre d' Yves Simon, réinventé par le génial Woodkid. L'orchestration, l'harmonie des voix, tout y est atypique, mais c'est diablement beau et cela se passe complètement de commentaires.
Look at us now (Honeycomb) - Daisy Jones & The Six
Tout a commencé avec le roman d'Evelyn Hugo, "Daisy Jones & The Six", récit à plusieurs voix retraçant le succès fulgurant d'un groupe de rock fictif "Daisy Jones & The Six", de leurs excès et de leurs addictions, mais surtout de la grande histoire d'amour contrariée des deux principaux protagonistes. Une véritable pépite dont je dois la découverte à mon extraordinaire filleule... Largement inspirée de la véritable histoire de Fleetwood Mac, le roman a été superbement adapté en série sur Amazon Prime. Pour quiconque aime la musique et les belles histoires (même si elle est un peu trash sur les bords, je vous l'accorde), elle vaut aussi le détour pour sa BO à tomber par terre, à laquelle les deux acteurs principaux, Sam Claflin et Riley Keough ont prêté leurs voix magnifiques.
I need to know (Jekyll & Hyde, the musical)
J'ai déjà parlé il y a quelques années de la comédie musicale de Frank Wildhorn, Jekyll & Hyde, par ici.
Comme souvent, les comédies musicales sont modifiées, adaptées, améliorées, au fil du temps par leurs auteurs et Jekyll & Hyde n'a pas échappé à la règle. En 1994, une nouvelle version a été enregistrée avec le sublime Anthony Warlow. Cette chanson qui ne figurait pas sur la première version du spectacle, I need to know, qui suit l'ouverture, pose très bien et très justement le personnage de Jekyll... Il y a un soupçon du Dr Frankenstein dans cette version très honnête et très brute de Jekyll, dans cette volonté farouche et déraisonnée à jouer avec le feu, très proche de l'adaptation de 1931...
Réussir sa vie (Les Souliers Rouges) - Céleste Hauser
Comme je l'évoquais plus haut, j'ai un énorme coup de coeur pour le spectacle musical "Les Souliers Rouges", et ce depuis sa création en 2016, et surtout pour le film de 1948 dont il est plus ou moins inspiré (et dont le dernier personnage à droite en bannière de ce site est l'un des protagonistes)... La toute dernière mouture du spectacle, actuellement en fin de tournée, est une véritable merveille. On aura compris, je pense, que je suis en admiration totale des chansons du grand antagoniste, campé par Guilhem Valayé, mais aussi de celles de l'héroïne, Isabelle, interprétée par la douce Céleste Hauser. Le titre "Réussir sa vie" est un titre très beau, puisqu'il parle de la douloureuse question du choix : "Réussir sa vie ou réussir dans la vie." C'est tout le questionnement du personnage, qui est mis face à ces deux options inconciliables...
Bien qu'ils soient peu assez peu connus en francophonie, Elizabeth Barrett et Robert Browning sont deux des poètes de l'ère victorienne les plus fameux et les plus connus d'Angleterre. D'une part parce qu'ils ont bien entendu produit chacun une oeuvre foisonnante et splendide, et d'autre part parce qu'ils ont aussi une histoire commune follement romantique, d'une conclusion plutôt heureuse, quoiqu'elle se présentât à ses prémices plutôt mal.
L'histoire peu commune de la rencontre de ces deux monuments littéraires, si je puis dire, m'avait toujours évoqué quelque chose de vaguement romantique, sans trop m'être attardée sur le sujet. Ce n'est qu'après avoir visionné le film "The Barretts of Wimpole Street", adaptation de 1934 de la pièce éponyme de Rudolf Besier, que je me suis réellement intéressée aux détails.
Fredric March (Robert Browning) et Norma Shearer (Elizabeth Barrett) dans le film de 1934
Et je dois dire, que même si le film (et donc la pièce d'origine) raccourcit nettement les faits, il retranscrit néanmoins leur nature de manière assez fidèle. Le fond est donc tout ce qu'il y a de plus véridique, et c'est par ce biais que je vais tâcher de résumer cette histoire d'un romantisme échevelé.
Elizabeth, née en 1806, est l'un des douze enfants d'Edward Moulton-Barrett, un homme d'affaires britannique ayant fait fortune grâce à l'exploitation de plantations de canne à sucre en Jamaïque. Enfant joyeuse, pleine de santé, elle subit une première maladie, dont on ignore l'exacte nature, suite au décès de l'une de ses soeurs, puis de celui de sa mère. Ces chocs successifs, qu'elle peine à surmonter, la laisse abattue et presque impotente. Le décès accidentel de l'un de ses frères adorés quelques années plus tard, dont elle se pense responsable, la laisse presque paralysée. On pense aujourd'hui, au regard de ce qui suivra quelques années plus tard, que son mal était probablement conséquent à des traumatismes psychologiques, mais également au contexte familial pour le moins délétère dans lequel elle vécut une majeure partie de sa vie.
En effet, Edward Moulton-Barrett, est un homme exigeant et tyrannique, foncièrement religieux, qui entend imposer le célibat à tous ses enfants, pour on ne sait quelle obscure raison. Il maintiendra Elizabeth, l'enfant préférée de la fratrie, dans cet état indolent et malsain, presque paralysée, isolée de tout, véritable recluse dans leur maison de Londres de Wimpole Street. L'oeuvre de Besier, inspirée d'un épisode majeur de la vie d'Elizabeth Barrett, qui a donné naissance à plusieurs adaptations, dont je reparlerai un peu plus loin, insiste particulièrement sur le comportement borderline de ce père autoritaire et intraitable, dont on soupçonne des intentions vraiment abjectes. Tout laisse supposer, quoique nul ne peut réellement l'attester de manière certaine, qu'Edward Moulton-Barrett présentait quelques caractéristiques du syndrome de Münchhausen inversé. Il se plaisait à maintenir sa fille dans un état maladif, l'empêchant de sortir de sa chambre ou même de marcher... Incapable de se révolter, elle restera sous l'emprise de cette cellule familiale, sorte de microcosme nocif jusqu'à presque 40 ans...
Elizabeth Barrett
A contrario, son père lui permettra toujours d'exercer ses talents de poétesses en la poussant à publier ses écrits, qui rencontreront un grand succès public, ainsi qu'à entretenir de nombreuses correspondances avec ses pairs. C'est par ce biais, d'ailleurs, qu'elle fait la connaissance de Robert Browning. De quelques années son cadet, le poète, déjà fort d'une certaine notoriété, a tout lu d'elle, et elle de lui. Ils ont eu un coup de foudre littéraire réciproque, si l'on peut dire. Pendant des mois, Robert Browning va insister pour la rencontrer, mais elle se refusera à le voir, en raison de "son état". Elle ne souhaite pas paraître diminuée ou malade, face à cet homme qu'elle admire sans vraiment connaître. Leur correspondance va donc se poursuivre un certain temps, mais les lettres d'abord d'aspect amicales, prennent progressivement une toute autre tournure. Les déclarations échevelées de Robert Browning effrayent Elizabeth, qui n'a jamais côtoyé d'autres hommes que ses frères et son père. Même si elle s'en défend, son amour pour lui commence à s'épanouir déjà sûrement, et bien qu'elle soit assez ignorante en la matière, elle n'est pas sotte au point de croire aveuglément en des serments faits sur le papier... Elle demeurera ferme pendant de longs moins encore avant qu'elle ne consente enfin à voir Robert Browning en chair et en os. Le jour où il accède au 50, Wimpole Street, Elizabeth tergiverse encore, mais cet homme solaire, au caractère tapageur, va venir à bout de ses dernières préventions. C'est le début pour Elizabeth d'une véritable résurrection : elle recommence à marcher, et s'ose à sortir de sa chambre, puis de la maison de son père. En d'autres termes, elle recommence à vivre, sous l'impulsion de cet amour un peu fou que lui porte Browning. Il va, selon ses dires, la sortir du tombeau. Cet état d'esprit est magnifiquement exposé dans ses Sonnets Portugais (Sonnets from the Portuguese), commencés par l'auteure au moment de leur rencontre.
" The face of all the world is changed, I think,
Since first I heard the footsteps of thy soul
Move still, oh, still, beside me, as they stole
Betwixt me and the dreadful outer brink
Of obvious death, where I, who thought to sink,
Was caught up into love, and taught the whole
Of life in a new rhythm. The cup of dole
God gave for baptism, I am fain to drink,
And praise its sweetness, Sweet, with thee anear.
The names of country, heaven, are changed away
For where thou art or shalt be, there or here ;
And this... this lute and song... loved yesterday,
(The singing angels know) are only dear,
Because thy name moves right in what they say."
(Sonnet VII)
La face du monde a changé, je crois,
Depuis que j'entendis les pas de ton âme
Glisser doucement près de moi, comme
S'ils me dérobaient au terrible gouffre
De la mort, d'où - moi qui pensais sombrer -
Je fus rattrapée par l'amour, et appris
A nouveau la vie. La coupe du sort,
Par Dieu offerte, je la bois volontiers
Et loue sa douceur, toi à mes côtés.
Les noms des pays, des cieux ont changé
Car tu es ou seras, ici ou là ;
Ce luth et cette chanson... aimés hier,
(Le choeur des anges le sait) ne sont plus chers
Que parce que ton nom danse en leurs paroles.
(7ème Sonnet)
Robert Browning vers 1865
Les deux années qui vont suivre seront cependant pour Browning une longue bataille pour parvenir à arracher Elizabeth à sa prison et à l'emprise tentaculaire du père Barrett. Les deux hommes ne s'apprécient guère - on comprend aisément pourquoi - et on peut se demander comment le poète a pu continuer à être autorisé à franchir ne fut-ce que le seuil de leur maison. Il y a fort à parier qu'Edward Barrett ait été intimidé par la notoriété de Browning, et qu'il était trop certain de son influence pour jamais réellement soupçonné que sa fille s'osât à briser sa promesse solennelle de célibat. Ce n'est qu'assez tardivement qu'il s'ingéniera à les séparer, en organisant un déménagement brutal vers la campagne. Ce n'est qu'à la faveur de cet événement qu'Elizabeth, refusant de s'éloigner de Robert, acceptera enfin de l'épouser clandestinement. Il leur faudra ensuite une semaine pour organiser leur fuite de Londres vers l'Italie, qu'Elizabeth rêvait de visiter. C'est de nuit, accompagnée de sa bonne et de son fidèle épagneul Flush, qu'elle quitte le 50, Wimpole Street, pour ne plus jamais y revenir. Elle ne reverra d'ailleurs jamais son père. De leur côté, les enfants Barrett, pourtant tous dans la trentaine, se sont pliés à la volonté du patriarche, en n'entrant plus jamais en contact avec leur soeur.
Elizabeth Browning et son fils Pen.
Elizabeth Barrett, devenue Elizabeth Browning, continuera donc à filer le parfait amour avec son mari en Italie, où elle continuera à écrire à publier des poèmes. Le bonheur conjugal, loin de la brider, lui insufflera une inspiration telle qu'il deviendra le centre de toutes ses oeuvres postérieures. C'est d'ailleurs sur les insistances de son mari qu'elle consentira à publier les Sonnets Portugais, qui dira-t-il "sont les sonnets les plus remarquables écrits depuis Shakespeare". Elle écrira également Aurora Leigh, son roman en vers le plus emblématique, dans lequel elle revendique son indépendance d'esprit, en faisant montre d'un contexte féministe très en avance sur son temps, mais présentant également l'amour comme l'élément salvateur absolu. Elle qui avait toujours craint de ne jamais être mère, elle finira par donner naissance à un fils en 1849, Robert Wiedemann Barrett-Browning, plus connu sous le nom de Pen Browning, qui quelques années plus tard, deviendra artiste peintre et sculpteur. On lui doit notamment plusieurs portraits de son père, qui de son côté, était devenu l'un des poètes les plus fameux d'Angleterre, à l'égal d'Alfred Tennyson.
Portrait de Robert Browning par son fils, Pen Barrett-Browning (1885)
La santé probablement altérée par les années d'isolement et de mauvais traitement subis dans sa jeunesse, Elizabeth meurt précocement à l'âge de 55 ans, dans leur maison florentine, dans les bras de cet époux follement aimé.
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Comme je le disais un peu plus haut, cette histoire a donc été transcrite en pièce, par Rudolf Besier, puis adaptée en films à deux reprises, une première fois en 1934 dont il est question plus haut (avec Charles Laughton, Norma Shearer et Fredric March), et une seconde fois en 1957 (avec John Gielgud et Jennifer Jones), et enfin en téléfilm pour la BBC en 1982, avec le merveilleux Jeremy Brett dans le rôle du tonitruant Browning... Cette adaptation de la pièce est une merveille... A vrai dire, c'est celle qui permet le mieux de comprendre comment une intellectuelle recluse de 38 ans, complètement sous l'emprise d'un père aux principes douteux, finit par reprendre goût à la vie en l'espace de quelques jours, presque de quelques heures. Les façons de Brett, enthousiastes, un peu folles et désordonnées, emportent tout sur leur passage. Ce n'est pas un romantique pleurnicheur, ni un amoureux transis pétris d'idéaux naïfs, et je pense que c'est pour cette raison qu'il apparaît d'emblée si sympathique. A vrai dire, à l'image d'Elizabeth, campée ici par la douce Jane Lapotaire, même si on se méfie de prime abord quelque peu de ces manières ouvertes, excessives, elles finissent par réduire toutes les réticences à peau de chagrin au bout de dix secondes. Cet homme souriant, si certain et si franc dans ses intentions, est doté d'une telle énergie, qu'elle ne peut que soulever des montagnes. Il a d'ailleurs dû en falloir une certaine dose au véritable Browning pour extraire Elizabeth Barrett de son isolement et de la mainmise de son père...
Ce genre d'histoire fait véritablement figure d'exception dans le paysage littéraire, où les couples sont rares et s'ils existent et durent, finissent pas s'étouffer l'un l'autre, pour de lamentables questions d'égo. L'oeuvre du couple Browning s'est au contraire structurée autour, ou plutôt grâce, à leur affection mutuelle. Leur rencontre les a en quelque sorte définis, sans qu'une jalousie intrinsèque à leur succès respectif ne vienne obscurcir leur bonheur conjugal. De beaux contes comme ceux-là sont suffisamment rares pour être consignés...
Fredric March (R. Browning) et Norma Shearer (Elizabeth Barrett) dans l'adaptation de 1934 Via https://fredricmarch.tumblr.com/
"How do I love thee? Let me count the ways. I love thee to the depth and breadth and height My soul can reach, when feeling out of sight For the ends of being and ideal grace. I love thee to the level of every day’s Most quiet need, by sun and candle-light. I love thee freely, as men strive for right. I love thee purely, as they turn from praise. I love thee with the passion put to use In my old griefs, and with my childhood’s faith. I love thee with a love I seemed to lose With my lost saints. I love thee with the breath, Smiles, tears, of all my life; and, if God choose, I shall but love thee better after death."
Le Dr Henry Jekyll, brillant médecin aux principes avant-gardistes, est persuadé qu'il existe en chaque être humain deux centres distincts : celui du bien et celui du mal. Pour peu qu'on musèle l'un, l'autre pourrait aisément être libéré. Il s'agirait alors du mal à l'état pur que l'on pourrait commettre, sans conscience ni remords. Quoique homme rangé et prêt à se marier, Jekyll entreprend de tester sur lui-même la drogue qu'il a conçue et qui est sensée donner accès à la plus sombre partie de son être. Une fois la bride lâchée, il ne parviendra cependant plus à la resserrer...
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Il existe un nombre assez faramineux d'adaptations de ce classique de Robert Louis Stevenson, l'un des tous premiers récits à traiter d'une certaine façon du dédoublement de personnalité. J'ai beau d'ailleurs en avoir vu un certain nombre, de qualité assez variable, il faut reconnaître qu'il y en a assez peu, in fine, qui sortent du lot. Celle dont il est question ici fait clairement partie de ce cercle très restreint des adaptations incontournables. Il est certain qu'elle n'est pas tout à fait fidèle à l'oeuvre de Stevenson - aucune d'ailleurs ne l'est vraiment. Le roman très court de l'auteur écossais, devenu un classique de la littérature fantastique ou d'horreur, permet assez peu une transposition aisée à l'écran. Il a donc fallu, dans tous les cas, en raison de son format fort bref, combler la trame de ce récit pour conférer un certain corps à l'histoire originelle. La version de 1931 de Rouben Mamoulian, produite par la Paramount, ne fait pas figure d'exception. Elle s'inspire d'ailleurs en partie de la précédente et glaçante version muette de 1920, comptant l'iconique John Barrymore au casting, et qui a inventé les deux personnages féminins gravitant autour de Jekyll, personnifiant en quelque sorte les deux pôles de ses questionnements. Cet élément a été ensuite repris dans de très nombreuses adaptations suivantes.
Fredric March (Dr Henry Jekyll)
Cette version de 1931 est notable pour plusieurs raisons : elle est inventive, visuellement très soignée, à l'image du Dracula de Tod Browning, ou du Svengali d'Archi Mayo, tous deux sortis la même année. La mode était à la tendance expressionniste, foncièrement gothique, dans les productions de cette nature, et dotée d'un esthétisme irréprochable. Quand je parle d'inventivité, je pense en premier lieu à l'étrange scène d'ouverture du film de Mamoulian, où l'on se trouve visiblement dans la tête d'Henry Jekyll. La caméra se déplace au rythme de Jekyll, qui s'adresse à son majordome, se prépare à sortir, pour finalement faire face à un miroir, où l'on découvre un visage jeune, distingué, mais grave, dans le reflet. A plusieurs reprises, cette technique d'immersion est utilisée au cours du film, notamment au cours de la première transformation en Hyde. Ensuite, la présence de Fredric March, charismatique en diable, et n'hésitant pas à embrasser ce rôle problématique sans se ménager, a sans doute largement contribué au succès de ce film, aussi bien public que critique. Un engagement personnel qui l'a, dit-on, conduit, épuisé, jusqu'à l'hôpital, en raison de l'alternance schizophrénique des personnalités de Hyde et de Jekyll tout au long de ce tournage éreintant. Il n'aura finalement pas volé l'Oscar du meilleur acteur pour ce double rôle... (Il s'agissait d'ailleurs de la première fois dans l'histoire du cinéma qu'un acteur était récompensé dans le cadre de son travail dans un film de genre.)
Fredric March assure avec aisance le rôle du médecin investi, digne et plein d'humanité, fiancé aimant et très (trop) empressé, n'hésitant pas à tutoyer des principes contestables, ou à frayer comme qui dirait avec le diable. Il y a en effet quelque chose de faustien dans son laboratoire plein de feu et d'ombres étirées. Les puissances infernales apparaissent bel et bien, mais dans les traits monstrueux que lui renvoie son miroir. Hyde surgit du dedans de cette âme hypocrite comme un animal sauvage. Il en a les manières et même les traits simiesques. On pourrait reprocher les allures que l'on pourrait qualifier d'un peu outrancières, sous le prisme de l'appréciation moderne, de cette représentation de Hyde. Tel le portrait de Dorian Gray, qui vieillit et se couvre de la noirceur de l'âme de son modèle, Hyde a sur le visage et le corps, le fond d'une moitié de l'âme de Jekyll. Il apparaît depuis les premières scènes que le bon docteur a sa part d'ombre, et qu'il résiste assez mal aux tentations charnelles. Hyde s'y complait en y ajoutant la violence, la manipulation, et en martyrisant la pauvre Ivy, jeune chanteuse de cabaret qu'il a rencontré sous les traits de Jekyll. Hyde est un exutoire de toutes les bassesses, de tous les excès, qui conduisent immanquablement au meurtre. Le film, tourné dans la glorieuse époque "pre-code", présente ces éléments sans aucun détour. La nature des pulsions de Jekyll sont de ce fait, si elles ne sont pas franchement explicites, parfaitement claires.
Miriam Hopkins dans le rôle d'Ivy.
Chaque plan, chaque détail de ce film apportent leur lot de sous-entendus, à l'image de ces longs plans sur le creuset perpétuellement sur le feu du laboratoire de Jekyll, et qui, dans ses débordements intempestifs traduisent assez bien l'imminence des crises du personnage. Très vite, Jekyll ne maîtrisera plus ces accès, et la bête surgira pour le supplanter complètement. La scène de course-poursuite à travers Londres, puis au coeur de son propre laboratoire, dans lequel il se meut comme un animal acculé, de manière folle, violente et désordonnée, courant en tout sens, escaladant les murs, conclut le film en une véritable apothéose. Quand le personnage finit par s'écrouler, la poitrine transpercée d'une balle, au milieu des débris de verre de ses fioles et de ses alambics, ce sont pourtant bien les traits d'un Jekyll apaisé que l'on voit transparaître, comme si la bête Hyde lui laissait seul assumer dans la mort la responsabilité de ses actes.
Ce film de Rouben Mamoulian, s'il accuse quatre-vingt treize ans d'âge, est toujours considéré aujourd'hui comme l'une des meilleures transpositions à l'écran du récit de Stevenson, sinon la meilleure. Aux interprétations d'une grande modernité s'ajoutent un esthétisme magnifié par ces contrastes d'ombre et de lumière, cette grande liberté de ton si caractéristique aux films de cette époque, ainsi que ces divers niveaux de lectures et d'interprétations. La multiplicité des suggestions et des réflexions qui le parsèment lui donnent une richesse qui a été rarement été égalée depuis dans une adaptation de ce genre. On rêverait d'en voir autant aujourd'hui...
Il faut dire aussi que cela faisait déjà un petit moment que la publication des posts commençait à s'espacer de plus en plus, jusqu'à disparaître tout à fait.
L'envie n'y était tout simplement plus. Peut-être en partie parce que la blogosphère, autrefois si foisonnante, a beaucoup changé ces dernières années, avec un lectorat toujours plus réduit. Peut-être aussi un peu en raison du travail énergivore que la rédaction de certains articles demande... Et tout simplement par manque de temps, aussi.
Ce blog a été pourtant pendant de longues années (pas loin de vingt ans, si, si) une bouffée d'oxygène, un véritable havre de paix et un espace dédié à mes réflexions sur les lectures, les visionnages, et les passions du moment. Et peut-être finalement ne doit-il être que cela. Un espace public, certes, et donc potentiellement exposé à tous les regards, mais surtout un espace de liberté. Une catharsis. Un endroit où l'on se sent libre de parler de tout et de rien sans attendre de réponse. Un lieu où l'on a l'occasion de développer de la manière que l'on souhaite, sous le format que l'on souhaite, ses pensées, que l'on soit lus ou non, au fond.
Il se pourrait donc que je me remette peu à peu à la rédaction de mes articles avec cette seule optique : simplement écrire, et peut-être plus d'articles aussi longs. C'est aussi pour cette raison que je me retrouve aujourd'hui à publier un nouveau billet. Pour dire que ce blog est effectivement délaissé depuis un moment, mais qu'il n'est pas mort, (non, pas encore) et que je pourrais tout à fait me replonger dans l'exercice des chroniques de lecture...
A bientôt, donc, pour de nouvelles aventures. Sans doute.