Titre original : The House on the Marsh
1882.
Traduit par Alexandre du Terrail.
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Violet Christie, jeune institutrice de dix-huit ans, est engagée au domaine des Sureaux, pour y prendre en charge l'éducation d'une fillette de six ans. Ses employeurs, les Rayner, observant tous deux d'étranges comportements. Tandis que l'épouse semble errer comme une âme en peine, à demi-folle dans leur maison lugubre, Mr Rayner déploie des trésors d'hospitalité et d'enthousiasme vis-à-vis de leur nouvelle employée. Au fil des semaines, Violet se sent oppressée dans cette demeure aux allures de fondrière, alors que dans le voisinage, on ne parle plus que des cambriolages ont eu lieu dans cette contrée retirée du Norfolk.
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En achetant ce livre par hasard, le jugeant sur sa couverture et sur le résumé de l'éditeur, comment aurais-je pu croire qu'il me tiendrait ainsi en haleine pendant deux jours... ? Car à dire vrai, l'auteur m'est largement inconnu, tout comme le roman. Florence Warden, née en 1857, d'origine anglaise et actrice de théâtre, a sans doute écrit là en un seul livre ( bien trop court - 280 pages seulement !) un condensé excellent de la plus grande littérature chère à mon coeur, et à celui de bien des anglophiles. Mêlant à la fois les thèmes de Jane Eyre (Charlotte Brontë), Dragonwyck (Anya Seton), ou encore de l'Auberge de la Jamaïque (Daphné du Maurier), et lorgnant largement sur Les Hêtres Rouges (Arthur Conon Doyle), La Maison du Marais, offre d'une manière synthétisée tous les ingrédients du roman à suspense et néogothique, à l'image de La Dame en Blanc de Wilkie Collins.
Inutile de nier cependant que j'ai éprouvé toutes les peines du monde à entrer dans le roman, qui a fini par m'emporter définitivement au bout d'une cinquantaine de pages. Je craignais à dire vrai, de sombrer dans une sorte de mauvais récit sentimental. Mais il n'en est rien. Si, effectivement, la plume est toute féminine, en raison du fait que le roman soit rédigé à la première personne, et donc présenté sous le regard de la jeune Violet Christie, le contenu n'en est pas pour autant merveilleusement soigné, et l'intrigue très efficace, même si sa résolution peut en paraître délicieusement prévisible.
Contrairement à toute idée reçue, le fait de découvrir la résolution du mystère des Sureaux très tôt dans le fil du roman, n'en gâche pas pour autant le plaisir du lecteur. Violet Christie, jeune personne crédule et sans arrière-pensées, avec sa désarmante innocence, n'est pas parvenue à faire vaciller l'excellente opinion et toute la sympathie que l'on peut éprouver à son égard. Jusqu'au dernier chapitre, elle ne peut raisonnablement pas voir le mal là où il est pourtant manifeste. Il y a donc autant d'intérêt à la voir découvrir le pot aux roses, sinon davantage, que d'arriver à la conclusion du drame.
Mais venons-en au personnage central de l'intrigue, ce fameux Mr Rayner, que l'héroïne ne cessera jamais d'observer d'un regard amical et tendre, et qui est pour beaucoup, sinon entièrement, responsable de l'intérêt principal de la lecture.
Alors que Miss Christie se borne à le voir comme un parfait employeur et un excellent époux, dès le départ, Gervas Rayner apparaît comme un personnage fantasque, d'une bienveillance et d'une bonté toutes relatives, voire comme un être particulièrement inquiétant, qui peut être aussi débordant d'enthousiasme, que troublant de méchanceté envers les siens.
Il semble cependant exclure Miss Christie de ses travers, mais pas de ses fantaisies. Personnage omniprésent, tyrannique, charismatique, mais qui n'en demeure pas moins parfaitement abject, il est une énigme à part entière du roman. Il y a un peu de Rochester, de Nicholas Van Ryn, de Francis Devey dans ce caractère atypique, l'obsession amoureuse en plus, ce dont l'héroïne, fiancée à un autre, ne semble pas s'apercevoir... (Délicieux personnage d'une innocence inébranlable, ne l'avais-je pas dit... ?)
Hélas, trois fois hélas, un personnage d'une telle dimension méritait assurément une autre fin que celle que l'auteur lui a réservé. Je crois que jusqu'à la dernière ligne, j'ai espéré un revirement final. Considéré à plus d'un titre comme ingénieux, et insaisissable, on peine à croire que la fin de ce personnage et aussi de cette intrigue oppressante, soient aussi limpides. Il s'agit sans doute là du plus grand regret du récit, qui n'en reste pas moins, le plus divertissant et le plus brillant, lu depuis longtemps !
Une adaptation de ce roman a été réalisé par Fred Paul pour le cinéma muet, en 1920, sous son titre original.
Il n'existe malheureusement aucune information sur ce film.
J'hésitais justement à l'acheter sur Amazon. Voilà qui règle la question! Merci pour cette jolie critique.
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire, Xavier !
RépondreSupprimerJe te souhaite d'ores et déjà une excellente lecture.
A bientôt.
Hello Clélie !
RépondreSupprimerVoila un petit bouquin que je ne vais certainement pas tarder à m'acheter ! Ce que tu en dis me rend très curieux, c'est justement le genre de lecture qui me régale l'automne venu !
je suis en ce moment plongé dans le premier tome de la saga Immortal Blood, de Barbara Hambly, Those who Hunt the Night, une histoire de vampire un brin mystérieuse et très inventive. Je ne connaissais Barbara Hambly que pour ses piètres tentatives au sein de la série de roman Star Wars (édités par Fleuve Noir), mais je la découvre ici pleinement et son style est remarquable (dans le texte de préférence).
J'ai eu pas mal de lecture à rattrapper sur ton blog, j'éviterai à l'avenir de m'éloigner si longtemps !
A bientôt ;)
Gabriel
Hello Gabriel,
RépondreSupprimerEt quel plaisir de te lire à nouveau sur ces pages !
Je te conseille vivement ce livre, qui recèle toutes les pépites du genre... Je verrais bien une adaptation de ce roman pour le cinéma, mais pourquoi personne n'y a-t-il encore jamais pensé ??? Si l'on excepte bien entendu le film muet des années 20, qui demeure parfaitement introuvable.
Au plaisir d'en discuter avec toi !
Bonne lecture !
A bientôt.
Je l'ai acheté à sa sortie mais ne l'ai pas encore lu... j'adore dénicher des romans britanniques méconnus... ce que tu en dis me ravit... quel dommage que je ne l'ai pas pris avec moi en vacances ! Eh bien ce sera pour mon retour !
RépondreSupprimerLou,
RépondreSupprimerJe te souhaite une excellente lecture, en souhaitant que le roman soit à la hauteur de tes espérances !
A bientôt !