Puisque je n'ai décidément pas réellement de temps à consacrer à la rédaction d'un post en bonne et due forme, voici quelques avis rapides sur quelques livres lus de décembre 2011 à ce jour...
Lettre d'une inconnue, de Stefan Zweig
J'avoue n'avoir jamais tenté Stefan Zweig auparavant, hormis 24 heures dans la vie d'une femme, qui n'avait guère soulevé mon enthousiasme.
Lettre d'une inconnue est un récit court, et sombre, contant l'amour sans retour qu'une femme vouera à un écrivain auréolé de gloire, jusqu'à la fin de sa vie.
La plume est belle, sobre, triste, voire carrément dépressive. Je suis ressortie de cette lecture plutôt abattue, mais charmée par le style de cet écrivain que je connaissais peu.
Mad, de Daphné du Maurier
Ah...Daphné du Maurier, mon auteur de prédilection, véritable déesse de l'intrigue et des personnages troubles...
Mad mériterait à vrai dire un post à lui tout seul, car il est très singulier et très à part dans l'univers de l'auteur. Ce roman, intitulé Rule Britannia dans sa version d'origine, relate presque une histoire que je qualifierais d'anticipative, même si cette catégorie ne paraît pas tout à fait adapté à cette intrigue très surprenante, qui a eu le don de susciter chez moi un malaise assez tenace (comme cela est le cas pour chaque lecture à caractère d'anticipation ou de science-fiction que j'ai pu lire jusqu'ici). Daphné du Maurier a imaginé en effet que le gouvernement britannique venait de conclure une sorte de concordat avec les Etats-Unis, alliance qui vire très rapidement à un envahissement pur et simple par l'armée américaine, qui ressemblerait à s'y méprendre au récit de l'invasion de l'Europe par l'armée nazie... Mad est très singulier dans le sens où, comme vous l'aurez compris, il ne s'agit ni réellement d'anticipation. Ce roman est donc à la fois surprenant, même si on peut retrouver des portraits psychologiques d'une finesse à frémir (que l'on pourrait aussi appeler "de l'être humain sous toute forme d'oppression"), mais aussi bouleversant, grâce au personnage fantasque de Mad, qui parvient à faire rire ou peur sur une même minute...
Toute passion abolie, de Vita Sackville-West
Encore une découverte avec ce roman de Vita Sackville-West, que Virginia Wolf tenait, paraît-il, en très haute estime.
Ce récit d'une vieille dame misanthrope, devenue veuve, s'est révélé d'une intérêt certain. J'aurais cru tout d'abord que ce récit, peu idéalisé et tout à fait dépressif lui aussi, se serait révélé sans écho. Que du contraire.
Certains aspects m'ont pour ainsi dire "éclairée" d'une manière personnelle.
Les manières fantasques et égoïstes du personnage central se sont révélées pour ainsi dire tout à fait justes et cohérentes, face aux réalités de l'existence, avec une réflexion profonde sur la vanité des apparences et des conventions.
Une très belle découverte, que l'on referme avec regrets.
Le Mystère d'Edwin Drood, de Charles Dickens
Je pense avoir suffisamment démontré mon admiration pour cette oeuvre dans les derniers posts depuis le mois de janvier ^_^, aussi ne vais-je pas réitérer les éloges déjà formulés...
Brillant roman, demeuré inachevé, le Mystère d'Edwin Drood est lui aussi très atypique dans l'oeuvre de Dickens. Il ressemble à vrai dire très peu à ces autres oeuvres, telle l'Ami Commun (qui est sans doute l'un de mes romans-fleuves fétiches, qui accompagne le Mystère d'Edwin Drood dans le recueil de la Pléiade), ou encore Little Dorrit ou Martin Chuzzlewit.
Tout d'abord, il comporte un lot de personnages d'une efficacité rare, à commencer par celui de John Jasper, qui soulevé beaucoup de polémiques et de discussions depuis les 150 dernières années... Comme cela avait déjà été évoqué dans un article précédent, ce personnage qui sous des apparences rigides et très respectables, fréquente des bouges à opium, et nourrit une passion plutôt dévastatrice pour la jeune fiancée de son neveu Edwin ... Véritablement, John Jasper est un personnage noir (qui m'a un peu rappelé le personnage de Bradley Headstone de l'Ami Commun, qui perd pied lui aussi au fil du roman, jusqu'à commettre un crime), terriblement complexe, un personnage tragique, un symbole même de l'anti-héros, qui entraîne tous ceux qu'il touche vers l'abîme. Un chef d'oeuvre malheureusement resté inachevé, ce qui est délicieusement frustrant... ^_^
Le bras de la vengeance, de Thomas de Quincey
Ce roman court m'attirait depuis un moment, puisqu'il est reconnu comme étant l'un des premiers romans d'intrigue anglais.
Que cela soit bien clair, il s'agit sans doute d'un pionnier en son genre, dont les personnages m'ont paru tout droit sorti d'une oeuvre de Goethe (sans doute le contexte romantique allemand a-t-il eu cet effet ?)...
On y retrouve un peu de ce romantisme primitif un peu geignard, mais qui conserve malgré tout un charme désuet, presque lamartinien... ^_^
Quant à l'intrigue, elle est efficace, on ne peut le nier, dans lequel l'assassin est-il réellement à blâmer, ou même à plaindre ? On ne peut résolument pas le savoir, plusieurs semaines après avoir achevé le livre...
Les aventures extraordinaires d'Arsène Lupin, de Maurice Leblanc
Ce n'est pas la première fois que je m'essaye à Maurice Leblanc, puisque je m'en suis littéralement gavée les uns à la suite des autres il y a quelques temps... Et à vrai dire, le charme opère toujours.
Ce recueil est une perle en soi, puisqu'il est publié dans sa mise en page d'origine, avec les illustrations de l'époque, lorsque les récits du maître feuilletoniste français, faisaient le succès du magazine Je sais tout.
D'autre part, le lecteur découvrira avec plaisir les premiers récits lupiniens, et notamment, la première rencontre du gentleman cambrioleur avec Sherlock Holmes, avant que ce dernier ne devienne cette caricature d'Herlock Sholmès, pour lequel Maurice Leblanc a fait preuve d'un acharnement mauvais... ^_^ Je m'explique : Maurice Leblanc avait utilisé le personnage de Sherlock Holmes, qu'il admirait énormément, sans en avoir demandé l'autorisation à Conan Doyle, qui était a priori passablement furieux... Avant de réitérer ce genre de récit "croisé", Maurice Leblanc s'adressa à l'auteur anglais, qui l'envoya au diable, en lui interdisant formellement d'utiliser son personnage... C'est ainsi qu'est apparu Herlock Sholmès, que Maurice Leblanc s'est évertué à ridiculiser à chaque apparition par la suite... L'histoire est assez drôle, et du reste, les récits de Maurice Leblanc sont à la fois frais, drôle et véritablement vivants ! Le genre de lecture qui vous donne le sourire pour un bon bout de temps...
Chiens perdus et coeurs solitaires, de Lucy Dillon
Peut-être avais-je besoin d'un peu de chick-lit pour me distraire, et ce livre m'a agréablement surprise, sans pour autant me transporter.
Le roman retrace l'histoire de Rachel, qui vient de plaquer boulot et fiancé volage, pour se lancer dans la direction d'un refuge pour chiens, que lui a légué sa tante.
Il s'agit d'une jolie histoire, pas prise de tête, mais véritablement gorgée de clichés... On passe néanmoins un joli moment, sans trop devoir se creuser les méninges.
Mrs Craddock, de William Somerset Maugham
Je me suis essayée à Somerset Maugham, dont ce roman est qualifié sur le quatrième de couverture 'de chef d'oeuvre d'humour anglais'.
Cela me paraissait un peu étrange, au vu de ce que l'on peut savoir sur l'oeuvre de Maugham, y compris lorsque l'on a vu le magnifique mais terriblement triste "Voile des Illusions"... A vrai dire, l'humour est bien présent en effet, pendant les 30 première pages, et assez sporadiquement par la suite. Mrs Craddock retrace l'histoire d'une jeune femme romantique qui s'éprend de l'un de ses métayers, et qu'elle finit par épouser. La folle passion du début, fait vite place à une bien triste réalité.
On peut retrouver un peu de Mme Bovary chez Mrs Craddock, la raison en plus, mais le récit n'est certes pas drôle. C'est le récit de toutes les désillusions d'une vie de femme, avec son lot de souffrances physiques et morales.
J'ai été charmée par le style, et par la finesse avec laquelle Maugham dépeint d'une façon si juste les sentiments féminins. Ce n'est pas pour autant que je réitérerais ce roman par la suite, car il est somme toute lui aussi très dépressif sur le fond, même s'il tend de temps à autre à faire preuve d'ironie. Mais comment réellement ne pas être écrasée par la pesanteur des sentiments si réels (trop réels ?!) de cette fable bien triste de la désillusion d'une existence toute entière.
Plusieurs lectures alléchantes!
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup aimé 24h dans la vie d'une femme même si apparemment ça ne fut pas ton cas.
Je suis une grande admiratrice de Maurice Leblanc et de Lupin et je t'envie d'avoir dégoté cette publication à l'ancienne!
Quant à Edwin Drood, ça figure sur ma liste de l'année!
Coucou Perséphone !
RépondreSupprimerOh, je ne dirais pas avoir détesté "24h...", mais plutôt qu'il m'a laissée étrangement indifférente.
Si tu es une admiratrice de Lupin, je ne peux que te conseiller cette très belle collection des 20 histoires originales, très bien illustrée.
Si tu entames Edwin Drood dans les mois à venir, je serais ravie d'avoir ton avis sur ce roman !
A bientôt !
Je te tiendrais au courant de mes lectures! Au fait, je t'ai taguée ^^ http://bibliothequepersephone.blogspot.com/2012/02/le-tag-des-11-11-questions-je-ne-fais.html
RépondreSupprimerAu plaisir, ma chère Perséphone ! ;-)
RépondreSupprimerJe m'en vais voir ce tag de plus près... !