Comme j'ai l'habitude de le faire à présent, je vous livre dans ce billet, en vrac, les dernières lectures du moment.
L'homme qui rit, de Victor Hugo. (*****)
Sur les excellents conseils de Lorinda, je me suis attaquée à ce merveilleux roman de Hugo, qui trônait paisiblement depuis des mois (peut-être des années ?) sur le dessus de ma vertigineuse pile de livres à lire... Après avoir lu les posts de son blog avec attention et délectation, je me suis donc plongée à nouveau avec délice dans la merveilleuse prose de l'auteur. Et je l'en remercie !
L'homme qui rit, fable humaniste à la fois tendre et terrible, regorgeant de personnages haut en couleur ou d'une noirceur à frémir, fait partie de ces romans qu'il est réellement difficile d'oublier. A l'égal de Notre-Dame de Paris et des Misérables, L'homme qui rit fait partie sans doute des plus beaux romans de l'auteur. On pourra certes lui reprocher certaines longueurs, mais le style est tellement unique, tellement lyrique, que l'on ne peut être que définitivement charmé et transporté. Au-delà des descriptions psychologiques d'une finesse et d'une justesse splendides, il y a un sentiment très net qui s'émane de ces lignes : la magnifique galerie de personnages que l'on apprend à placer, au fil de la lecture, du côté de la lumière ou de l'ombre. Qui sera, en définitive, appelé vers l'abîme, ou vers les nuées célestes ? Qui sera le juste ? Est-ce que l'innocence et le bon droit suffiront pour vaincre la noirceur du monde et des hommes ?
Lady Josiane, Lord Dirry-Moir, Barkilphedro, les pairs d'Anglettere qui se gausseront d'un Gwynplaine redevenu Lord Clancharlie ; puis il y a Dea, la véritable lumière de ce roman, l'âme véritable de ce monde déréglé, la pureté et l'innocence qui émane, seule, de cette fange. Une sorte d'ange venu du ciel, qui voit "avec les yeux de l'âme", et qui de ses frêles mains, tirera Gwynplaine vers le haut. Mais lorsque Barkilphedro vient extraire le jeune homme de sa vie errante, pour le précipiter dans l'arène d'un monde dont il n'a jamais perçu le danger ou la bassesse, Gwynplaine pour la première fois, entrevoit le doute, le désir, l'ambition, la grandeur, et son personnage jusqu'alors lumineux, se voile.
Au-delà d'un roman historique, comme on le dit souvent sur la condition du peuple et sur la révolution, L'homme qui rit est bien plus, à mes yeux, une merveilleuse réflexion sur l'âme et la nature humaines.
A breath of Eyre, Eve Marie Mont (*)
Après L'homme qui rit, j'avais réellement besoin d'une lecture détente... ! A breath of Eyre, roman jeunesse d'Eve Marie Mont a été, au départ une jolie bouffée d'oxygène après une lecture très prenante et très sombre.
Je dis bien "au départ", car j'ai été finalement très déçue de la tournure d'une banalité affligeante qu'a pris ce roman dans ces derniers chapitres. Le principe de ce roman, est de doter son héroïne de 16 ans, passionnée de lecture, du pouvoir de se glisser à loisir dans ses romans favoris (ici Jane Eyre, comme vous l'aurez compris), au point même de ne plus savoir en sortir et d'oublier jusqu'à sa propre identité. Alors, bien entendu, le concept n'est pas nouveau (merci Jasper Fforde et Thursday Next), mais le style était frais, sans prises de tête, et avec malgré tout un très beau recul sur les personnages de Charlotte Brontë, délicieusement réexploités pour le plus grand plaisir de ses lecteurs assidus. Malheureusement, l'histoire tourne court, et on retombe rapidement dans une histoire policée pour adolescents en quête d'identité... Tout cela sent malheureusement le déjà-vu... Si l'on s'est déjà frotté à la littérature jeunesse (Stephenie Meyer, Beth Fanstaskey, Alex Flynn, j'en passe et des meilleures,...), le lecteur s'ennuiera très vite, et on refermera le livre sans vraiment de regret. Il est simplement à noter pour les amateurs, que ce livre est le premier d'une série toujours en cours d'écriture, dont les prochains tomes seront consacrés à La lettre écarlate, de Nathaniel Hawthorne, et (je vous le donne en mille...) Le fantôme de l'Opéra.
6000 nuits, d'André Borbé (*)
Encore une lecture jeunesse, achetée sur la jaquette plutôt jolie, et sur un extrait en quatrième de couverture plutôt accrocheur.
A mi-chemin entre le fantastique et l'anticipation, 6000 nuits retrace l'histoire d'une adolescente (encore !) insomniaque vivant sous l'égide d'un régime totalitaire (Hunger Games !), qui a banni tous les livres ou toute forme d'inventivité (Fahrenheit 451 !).
Un scénario, malgré des redites visibles, plutôt plaisant, mais qui n'a pas su renouveler ou se jouer de ses clichés, le tout noyé dans une écriture au lance-pierre.
Un beau moment de détente, mais sans nouveauté et sans réelle inventivité.
Vienne la nuit, sonne l'heure, de Jean-Luc Bizien (**)
Tome 3 de La Cour des Miracles
On peut dire que j'attendais de pied ferme le tome 3 de cette magnifique série de Jean-Luc Bizien ! Le retour du ténébreux aliéniste Simon Bloomberg se faisait attendre depuis la sortie de La main de gloire il y a trois ans... Et depuis lors, aucune nouvelle. Ce qui aurait presque laisser à penser que la série allait donc s'arrêter sur ce second volet.
Malgré toute mon adoration pour La Cour des Miracles et pour ses personnages principaux (le docteur Bloomberg en tête, et sa gouvernante Sarah Englewood), mon avis sera finalement quelque peu en demie-teinte. Tout d'abord, je ne cacherai pas que j'ai éprouvé un égoïste plaisir à retrouver la belle écriture de Jean-Luc Bizien, et sa manière très "XIXe" de faire raisonner ses personnages. Je m'explique : très souvent, les auteurs modernes qui se frottent au roman historique ou à un contexte littéraire passé, se prennent à faire parler leurs héros ou les faire agir selon la mode du XXIe siècle, ce qui est déplaisant voire même, fortement dérangeant. Jean-Luc Bizien a une écriture pleine de pudeur, et il tâche d'adapter son raisonnement au cadre de son intrigue. Cependant, je regrette une chose dans ce style, justement : l'aspect répétitif de la narration, des termes employés, des expressions retenues. Choses qui ne m'avaient pourtant pas frappées dans les deux premiers tomes. J'ai regretté sincèrement ces petites erreurs et finalement le manque d'inventivité de l'auteur dans ce roman, qui pourtant promettait de belles découvertes sur la personnalité assez obscure de Simon Bloomberg. Tout d'abord, il est à noter que le noeud de l'intrigue est découvert très (trop!) tôt dans la narration du roman, et le dénouement final m'en a paru quelque peu gâché. Il serait néanmoins malhonnête de dire que je tournerai le dos à cette série pour autant, car elle est à la fois originale et respectueuse de son contexte historique.
Je suis simplement ravie, tellement ravie que L'homme qui rit t'ait plu à ce point...Tes mots sont si justes sur le roman. On retient vaguement le côté historique et révolutionnaire, mais qu'est-il par rapport à tous les personnes qui y sont décrits et esquissés ? Ils sont tous mémorables, pour une raison ou une autre, et le couple représenté par Dea et Gwynplaine...ah, c'est indescriptible. Ils sont à la fois une telle lumière et une telle peinture de l'humanité, portés par le style si poétique de Hugo...Tous tellement complexes et profonds. Une merveille ! <3 Encore une fois, je suis vraiment heureuse qu'il t'ait plu à ce point.
RépondreSupprimerAh oui, alors, je ne te remercierai jamais assez de m'avoir incité à lire ce merveilleux et inoubliable roman ! Il paraît finalement assez étrange et surprenant de lire, dans les différentes analyses de cette oeuvre, qu'elle fait partie d'un "ensemble" sur l'histoire des révolutions, avec Quatre-vingt treize... Comme tu le soulignes, c'est un aspect qui est tellement mineur, par rapport à la réflexion globale sur la nature humaine, et le magnifique portrait des personnages, de Dea à Gwynplaine en passant par Ursus, et aussi Lord Dirry-Moir, qui est un personnage en demi-teinte assez intéressant finalement (plus que Lady Josiane en tout cas, qui est assez terrifiante, il me semble... ^_^).
RépondreSupprimerA bientôt !