De Christophe Gaultier, d'après l'oeuvre de Gaston Leroux.
Résumé de l'éditeur : "Paris, 1878. Des drames inexpliqués secouent l'opéra Garnier : un machiniste est retrouvé pendu au bout d'une corde et le grand lustre se décroche en pleine représentation. Un mystérieux «fantôme de l'Opéra» hante les lieux, se livrant à un étrange chantage..."
Publié en 2011, le premier tome du Fantôme de l'Opéra de Christophe Gaultier, avait attisé ma curiosité, en raison de l'esthétisme irréprochable du dessin de couverture (ci-dessus à gauche). D'une précision rendant magnifiquement justice à l'architecture extraordinaire de l'Opéra de Paris, une ambiance mêlant habilement baroque et fantastique, le contenu semblait tout à fait prometteur. Je l'avoue, je suis très difficile en matière de BD, et davantage lorsqu'il s'agit de l'adaptation du mythe du Fantôme de l'Opéra, et de l'oeuvre de Gaston Leroux en général, dont les transpositions graphiques s'avèrent souvent maladroites ou d'une naïveté qui ne rend pas toujours justice à l'aspect profondément lugubre des récits de l'auteur.
Etant restée un peu sur ma faim, après la parution du premier tome, j'ai patienté deux ans avant d'en donner un avis complet, après avoir lu et parcouru avec avidité le tome qui conclut ce diptyque.
Je dois bien reconnaître que le style graphique n'est pas réellement celui que j'attendais au départ, précis, foisonnant. Quoique riche, il est malgré tout, dans son genre, assez naïf. Les visages sont simples, presque caricaturaux, mais pas approximatifs, et c'est cette simplicité même qui confère, comme par magie, une atmosphère si sombre et si pesante au récit. La transposition, si elle n'est pas parfaite, et si certains éléments peuvent être contestés par les puristes (tiens, pourquoi avoir donc travesti le prénom de Christine en Ingrid ?), n'en demeure pas moins très digne du matériau de base, et Gaston Leroux, si friand de ces visions et ces situations d'épouvante qu'il décrit dans ces romans et nouvelles, ne l'aurait certainement pas reniée... Quant au fantôme, on est très loin du charisme des versions cinématographiques ou scéniques. C'est un personnage horrible, grandiloquent et froid, dont on ne perçoit malheureusement pas assez (ou pas assez à mon goût) la tragédie intérieure. Si Gaston Leroux décrit son visage comme "une horrible tête de mort", Christophe Gaultier l'a pris certainement au mot, et le résultat est tout à fait effrayant. Sous certains aspects, cette version n'est pas sans rappeler le film muet de 1925, avec Lon Chaney, dont on salue toujours, près d'un siècle plus tard, le respect à l'oeuvre originale. On y retrouve la même ambiance si propice aux mystères, aux enlèvements, aux meurtres, transposée merveilleusement dans ces BDs grâce aux couleurs chaudes et sombres qui rappellent si bien les ors et les pourpres de l'Opéra Garnier.
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