"Il avait nom Lorn Askariàn. Certains disent que le malheur arriva par lui et d'autres qu'il fut celui par qui tout fut sauvé. Dans ses veines coulait le sang noir des héros condamnés."
Quatrième de couverture du Tome 1 du Haut-Royaume, Le Chevalier.
Je ne suis pas ce que l'on peut appeler une aficionado de littérature héroïc-fantasy. Les batailles, les monstres et les héros musclés ne sont, en général, pas ma tasse de thé.
Et pourtant, ce premier volet de la nouvelle saga de Pierre Pevel (auteur bien connu des Lames du Cardinal), intitulée Haut-Royaume, a retenu mon attention dans les rayons de la librairie, pour l'esthétisme irréprochable de sa couverture aux teintes noir et argent, et pour la magnifique accroche du quatrième de couverture. Dès les premières lignes, j'ai été emporté par le style extrêmement plaisant de l'écriture, assez directe, sans pour autant faire abstraction d'une certaine poésie. L'auteur a l'art, en quelques phrases, quelques mots seulement, d'immerger le lecteur dans le monde impitoyable et cruel dans lequel il a choisi de mener son héros. Son personnage principal est évidemment l'atout majeur de la saga. Ancien chevalier chargé de protéger le trône et le Haut-Roi, Lorn Askariàn est envoyé à la prison de Dalroth pour haute trahison. Après y avoir passé trois ans d'enfer et de torture, il est innocenté et réhabilité. Cependant, Lorn a été contaminé par l'Obscure, l'essence même du mal, qui prend possession des corps et des âmes, les rendant fou, et les conduisant un jour ou l'autre à la mort. Une fois contaminé par l'Obscure, les êtres sont, à moyenne ou brève échéance, perdus. Mais Lorn survit, malgré ses crises de folie et de violence, et malgré la corruption de son âme.
Ainsi, l'ancien héros, le chevalier blanc qu'il était par le passé, n'est plus. Lorsque le Haut-Roi mourant lui confie la charge de recréer la Garde d'Onyx, ancien bataillon d'élite agissant au nom du Haut-Royaume, peut-on y voir réellement une rédemption ? Car au-delà de défendre les intérêts du Haut-Roi, il défendra d'abord ceux du Haut-Royaume, menacé par la régence d'une reine avide de pouvoir, et par les menaces de guerre avec le royaume voisin, gouverné par l'Hydre de la Destruction et de la Mort. Mais Lorn ne défendra-t-il pas, avant tout, ses propres intérêts, en menant sa propre vengeance... ?
Haut-Royaume se situe donc quelque part entre Le Seigneur des Anneaux, et Le Trône de Fer. Tous les éléments propres à l'héroïc-fantasy sont là, des batailles sanglantes aux intrigues politiques, le tout mené dans un monde médiéval réinventé, gouverné par des Dragons et peuplé de créatures fantastiques. Vraiment, impossible de s'ennuyer une seconde lors de la lecture de ce premier tome. Mais comme je le disais, le principal intérêt du livre réside dans le personnage central, dont on ne sait jamais réellement s'il est à plaindre ou à blâmer (même si on finit peut-être par le savoir dans les dernières pages), s'il se révélera finalement blanc ou noir. Au-delà de l'aspect purement épique du roman, les personnages sont magnifiquement brossés, d'une dimension humaine et psychologique splendide, qui ne peut pas laisser indifférents. La saga Haut-Royaume, est donc définitivement une série à suivre, parce qu'elle est merveilleusement écrite, avec une sorte de lyrisme hors du temps, et parce qu'elle est aussi pudique, malgré son contexte, ce qui est en soi, et de nos jours, une véritable prouesse.
Et je ne manquerai pas de placer un extrait, issu du premier chapitre du livre, histoire de mettre l'eau à la bouche aux plus sceptiques :
" Une lune cendre s'était levée sur la capitale des duchés de Sarme et de Vallence. Elle se reflétait à la surface d'une lagune dont les eaux noires et basses étaient traversées de salamandres luminescentes. C'était l'été. La Grande Nébuleuse emplissait le ciel. La nuit était chaude, étouffante, envahie par l'odeur de vase qui montait des canaux et empuantissait jusqu'aux plus sombres et discrètes venelles des vieux quartiers d'Alencia. Une lanterne brûlait au fond d'une de ces ruelles. Entourée d'un ballet d'insectes, elle éclairait une porte à laquelle Lorn Askariàn frappa d'un poing ganté de cuir. Ignorant qu'il paierait bientôt le prix de sa loyauté, il venait secourir un homme dont la vie lui semblait valoir plus que la sienne.
Dans la porte, le panneau d'un guichet coulissa.
Parce que sa capuche cachait le haut de son visage, Lorn releva la tête et laissa voir ses yeux. Il attendit, la main posée sur le pommeau de l'épée, silhouette sombre et immobile dans la lueur incertaine."
Après Les lames du cardinal j'ai très envie de découvrir celui là que j'ai acheté le jour de sa sortie. Tu me donnes envie de le sortir de ma PaL.
RépondreSupprimerHello Perséphone,
RépondreSupprimerJe me souvenais bien que tu avais lu, et aimé, je pense, les lames du Cardinal. J'espère que cette nouvelle saga te plaira autant qu'à moi !
J'avoue que ton article est bien convaincant...je vais tâcher de le trouver et de le mettre dans ma PAL !! Merci pour cette future découverte ^^
RépondreSupprimerJe suis contente de t'avoir donné envie de lire ce premier tome ! J'espère qu'il te plaira autant qu'à moi...!
RépondreSupprimerJe n'ai pas franchement de doute en fait ;)
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