Avec Finn Atkins (Charlotte Brontë), Charlie Murphy (Anne Brontë), Chloe Pirrie (Emily Brontë), Adam Nagaitis (Branwell Brontë), Jonathan Pryce (révérend Patrick Brontë), Gracie Kelly (Ellen Nussey), June Watson (Tabby Aykroyd),...
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Charlotte, Emily et Anne, trois soeurs vivant dans un modeste presbytère du Yorkshire avec leur père, le révérend Patrick Brontë, écrivent depuis leur plus tendre enfance. Lorsque Branwell, leur frère, homme inconstant et alcoolique, se fait renvoyer de son emploi de précepteur, c'est le début, pour leur famille, d'une longue descente aux enfers. Sans ressources, isolées, incapables de faire face aux addictions de leur frère, Charlotte, Emily et Anne vont se remettre à écrire. Lorsque leurs premiers manuscrits sont acceptés par une maison d'édition de Londres, elles pensent avoir trouvé leur moyen de subsistance, mais surtout un échappatoire tangible à leur quotidien empoisonné...
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Encore une magnifique découverte que ce téléfilm d'une durée de 2h, réalisé et scénarisé par Sally Wainwright pour la BBC et diffusée dans le courant du mois de décembre 2016...
Le bicentenaire de la naissance de Charlotte Brontë, célébré en 2016, a vu fleurir son lot de romans et de biographies, plus ou moins romancés et plus ou moins réussis. A vrai dire, on ne compte plus le nombre d'oeuvres qui ont exploité le sujet ces derniers temps, parmi lesquelles on notera notamment "Le journal secret de Charlotte Brontë", de Syrie James, plutôt sur le mode romance, et "L'amour caché de Charlotte Brontë" de Jolien Janzing, qui s'attarde sur la relation largement fantasmée de Charlotte Brontë avec le directeur de la pension Héger à Bruxelles. Du reste, au niveau des biographies à l'écran, on peut évidemment citer l'incontournable film d'André Téchiné de 1979, avec lequel le récent biopic de la BBC n'a finalement que très peu de rapport. La réalisation du film de Téchiné, relativement sombre et que je considère personnellement comme assez soporifique ne m'a jamais séduite, tout comme les parti-pris du scénario sur le caractère respectif des trois soeurs, qu'il est parfois difficile de cautionner.
Le biopic de Sally Wainwright a, dans un certain sens, remis l'église au milieu du village. C'est-à-dire que l'approche du téléfilm apparaît comme beaucoup plus digne, sobre, pour ne pas dire bien plus respectueuse des moeurs victoriennes, terriblement rigides, et le carcan familial dans lequel évoluait les Brontë. Bien que tous les enfants de la famille aient été élevés dans une relative liberté d'esprit, baignés dès leur plus jeune âge dans Shakespeare et Lord Byron, ils n'en demeuraient pas moins esclaves de leur siècle. Leur supériorité d'esprit manifeste, dans un milieu qui ne leur offrait que peu de perspectives d'avenir, a notamment conduit leur frère aîné, d'un caractère instable, à une déchéance annoncée. Quant aux trois soeurs, malgré leur caractère beaucoup plus affirmé et cartésien, on sait que leurs romans ont été considérés comme scandaleux à l'époque de leur parution, et on devine aisément qu'il n'était guère de bon ton de dépeindre des moeurs dépravées, ou de décrire avec une telle justesse l'alcoolisme (The Tenant of Widefell Hall), les vengeances meurtrières (Wuthering Heights) ou la bigamie (Jane Eyre)... Des situations, pour certaines d'entre elles, qu'elles ont pourtant vécues de l'intérieur. Le téléfilm retrace merveilleusement et dramatiquement une part de leur vie, du retour de Branwell à Haworth dans la maison familiale, après qu'il ait été renvoyé de son poste de précepteur en raison de sa relation adultère avec l'épouse de son employeur, jusqu'à la parution de leurs trois premiers romans, Jane Eyre, Wuthering Heights (qui sera le seul qu'ait jamais écrit Emily), et Agnes Grey. Le biopic, plutôt que de s'étendre sur toute leur vie, s'attarde sur ces quelques années, le tout baigné de plans superbes sur les landes du Yorkshire, les images souvent accompagnées d'extraits de splendides poèmes écrits par les trois soeurs et par Branwell, avant qu'il ne sombre dans ses lamentables excès.
Au-delà de leur histoire même, c'est surtout leur personnalité qui est dépeinte avec brio, de manière juste et émouvante : Anne, la cadette, petit oiseau fragile, effacé ; Emily, personnalité un peu sauvage, brutale, solitaire ; et Charlotte, raisonnable, mais énergique, quoiqu'un peu antipathique. A vrai dire, rien de choque dans le portrait de leur personnalité. Tout y très digne et sobre, sans excès, leurs sentiments extrêmes ne s'exprimant guère que dans leur littérature... Et puis il y a Branwell, le fils unique, l'enfant gâté, le génie de la famille, à la fois peintre et poète, sur lequel le révérend Brontë a placé tous ses espoirs, qui se révélera parfaitement incapable de faire face à ses échecs et qui préférera de loin se réfugier dans des paradis artificiels, entraînant avec lui toute sa famille dans sa chute. Branwell a sans doute été l'une des sources d'inspiration d'Emily pour Heathcliff, puis de Anne pour Athur Huntingdon, aussi le biopic le montre-t-il comme un être plein de rancoeur et d'amertume à l'image du premier, mais aussi terriblement pathétique à l'image du second. Branwell était buveur, toxicomane, voleur à ses heures, mais il était avant tout un homme dépourvu de courage et de volonté, et le téléfilm le montre réellement comme un personnage lamentable, que les soeurs Brontë et leur père ont pourtant tenu à bout de bras jusqu'à sa mort à l'âge de 31 ans.
Les prestations de tous les acteurs sont admirables, sans exception, bien que mes coups de coeur aillent clairement vers Chloe Pirrie (Emily) et Adam Nagaitis (Branwell), qui ont su faire comprendre avec talent les caractères si singuliers de leur personnage.
Un téléfilm magnifique à voir absolument !
Jonathan Pryce (Patrick Brontë) |
Le biopic de Sally Wainwright a, dans un certain sens, remis l'église au milieu du village. C'est-à-dire que l'approche du téléfilm apparaît comme beaucoup plus digne, sobre, pour ne pas dire bien plus respectueuse des moeurs victoriennes, terriblement rigides, et le carcan familial dans lequel évoluait les Brontë. Bien que tous les enfants de la famille aient été élevés dans une relative liberté d'esprit, baignés dès leur plus jeune âge dans Shakespeare et Lord Byron, ils n'en demeuraient pas moins esclaves de leur siècle. Leur supériorité d'esprit manifeste, dans un milieu qui ne leur offrait que peu de perspectives d'avenir, a notamment conduit leur frère aîné, d'un caractère instable, à une déchéance annoncée. Quant aux trois soeurs, malgré leur caractère beaucoup plus affirmé et cartésien, on sait que leurs romans ont été considérés comme scandaleux à l'époque de leur parution, et on devine aisément qu'il n'était guère de bon ton de dépeindre des moeurs dépravées, ou de décrire avec une telle justesse l'alcoolisme (The Tenant of Widefell Hall), les vengeances meurtrières (Wuthering Heights) ou la bigamie (Jane Eyre)... Des situations, pour certaines d'entre elles, qu'elles ont pourtant vécues de l'intérieur. Le téléfilm retrace merveilleusement et dramatiquement une part de leur vie, du retour de Branwell à Haworth dans la maison familiale, après qu'il ait été renvoyé de son poste de précepteur en raison de sa relation adultère avec l'épouse de son employeur, jusqu'à la parution de leurs trois premiers romans, Jane Eyre, Wuthering Heights (qui sera le seul qu'ait jamais écrit Emily), et Agnes Grey. Le biopic, plutôt que de s'étendre sur toute leur vie, s'attarde sur ces quelques années, le tout baigné de plans superbes sur les landes du Yorkshire, les images souvent accompagnées d'extraits de splendides poèmes écrits par les trois soeurs et par Branwell, avant qu'il ne sombre dans ses lamentables excès.
Adam Nagaitis (Branwell) |
Au-delà de leur histoire même, c'est surtout leur personnalité qui est dépeinte avec brio, de manière juste et émouvante : Anne, la cadette, petit oiseau fragile, effacé ; Emily, personnalité un peu sauvage, brutale, solitaire ; et Charlotte, raisonnable, mais énergique, quoiqu'un peu antipathique. A vrai dire, rien de choque dans le portrait de leur personnalité. Tout y très digne et sobre, sans excès, leurs sentiments extrêmes ne s'exprimant guère que dans leur littérature... Et puis il y a Branwell, le fils unique, l'enfant gâté, le génie de la famille, à la fois peintre et poète, sur lequel le révérend Brontë a placé tous ses espoirs, qui se révélera parfaitement incapable de faire face à ses échecs et qui préférera de loin se réfugier dans des paradis artificiels, entraînant avec lui toute sa famille dans sa chute. Branwell a sans doute été l'une des sources d'inspiration d'Emily pour Heathcliff, puis de Anne pour Athur Huntingdon, aussi le biopic le montre-t-il comme un être plein de rancoeur et d'amertume à l'image du premier, mais aussi terriblement pathétique à l'image du second. Branwell était buveur, toxicomane, voleur à ses heures, mais il était avant tout un homme dépourvu de courage et de volonté, et le téléfilm le montre réellement comme un personnage lamentable, que les soeurs Brontë et leur père ont pourtant tenu à bout de bras jusqu'à sa mort à l'âge de 31 ans.
Les prestations de tous les acteurs sont admirables, sans exception, bien que mes coups de coeur aillent clairement vers Chloe Pirrie (Emily) et Adam Nagaitis (Branwell), qui ont su faire comprendre avec talent les caractères si singuliers de leur personnage.
Un téléfilm magnifique à voir absolument !
Voilà un téléfim qui m'a l'air très très intéressant ! Je me le note pour essayer de le trouver...j'ai toujours été curieuse de la vie des soeurs Brontë, mais également de leur frère tant resté dans l'ombre... ce serait une belle occasion de les découvrir !
RépondreSupprimerC'est un très beau téléfilm, et je te le conseille ! Il permet de mettre très bien en lumière les personnalités de chacun, et notamment celle de Branwell. Un caractère faible, pathétique, presque lamentable, mais pourtant génial... Vraiment, un très beau biopic à découvrir !
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