D’après le roman de Charles Dickens.
Miniserie de 4 épisodes (6h) réalisée par Julian Farmio
Adaptation de Sandy Welsh
Avec Paul McGann (Eugene Wrayburn), Keeley Hawes (Lizzie Hexam), David Morrissey (Bradley Headstone), David Schofield (Gaffer Hexam) , David Bradley (Rogue Riderhood), Paul Bailey (Charley Hexam), Dominic Mafham (Mortimer Lightwood), Steve Mackintosh (John Rokesmith), Anna Friel (Bella Wilfer), Peter Vaughan (Mr Boffin), Pam Ferris (Mrs Boffin), Kenneth Cranham (Silas Wegg), Timothy Spall (Mr Venus), Katy Murphy (Jenny Wren).
Produit par la BBC (1998)
On peut dire que je l’attendais de pied ferme, cette fameuse adaptation de 1998… ! Après six heures de visionnage intense (rien que ça), me voilà à même de donner un avis complet et argumenté.
Tout d’abord, la mise en scène, la lumière, les décors sont tout ce qu’il y a de plus plaisants. On est très loin de la version 1976, tournée exclusivement en studios, quasiment sans lumière... (à se demander s’il fait jour de temps à autres dans le Londres de Dickens)
Ici, les bords de la Tamise, véritable héros de l’histoire, sont entièrement reconstitués, de même que la maison des Harmon entourée de ces fameuses montagnes de poussières grises. Les décors sont un grand atout de cette adaptation résolument plus lumineuse que la précédente… ! Elle est donc plus agréable, car plus moderne, même si elle demeure d’une noirceur extrême sur le fond.
Ensuite nous avons les acteurs, vraiment excellents, notamment Peter Vaughan et Pam Ferris dans les rôles respectifs de Mr et Mrs Boffin. Je pense également à l’abominable Silas Wegg, brillamment interprété par Kenneth Cranham, ou encore à David Bradley dans le rôle très ingrat de Rogue Riderhood, plus vrai que nature !
La plupart des rôles secondaires, sinon tous, sont absolument soignés et merveilleusement rendus.
Mr & Mrs Boffin (Peter Vaughan et Pam Ferris)
Le personnage de Bella, que je n’aime guère au départ et que je plains sincèrement ensuite, est beaucoup mieux passé cette fois dans sa globalité. Je reste néanmoins choquée par les principes employés pour la rendre meilleure… Mais cela, je le reproche plus à Dickens qu’à l’adaptation en elle-même. Le temps passé sur le personnage interprété par Steve Mackintosh est également très appréciable, on en apprend davantage sur ses réelles motivations, ce qui le dévalorise sans doute moins que dans l’adaptation précédente, où j’avais éprouvé une brutale réticence envers le personnage sur les derniers épisodes.
Bella Wilfer (Anna Friel)
John Rokesmith (Steve Mackintosh)
Passons à présent à Lizzie Hexam, le personnage le plus droit et le plus estimable de cette histoire. On éprouve une admiration et une affection réelles pour Keeley Hawes, très douce, tout en étant très résolue. Par contre, le couple formé avec Paul McGann ne fonctionne pas aussi bien que je l’avais imaginé. Autant avais-je apprécié Nicholas Jones dans ce rôle, autant ai-je éprouvé une difficulté réelle à apprécier ce personnage qui me paraît dénué de l’essentiel. Il est certes agaçant, indécis, mais où est cette prestance désinvolte, cette supériorité cynique, qu’avait montrée son prédécesseur, merveilleusement bien assorti avec la Lizzie Hexam de Lesley Dunlop ? Eugene est un personnage très contrasté : passionné tout en étant hésitant, amoureux tout en étant horriblement condescendant. Rôle tout en demie-teinte, comme je l’avais déjà dit dans le précédent article, mais pas celui qui m’a marquée ou intéressée autant que je ne m’y attendais… Peut-être la faute au scénario qui ne met pas très bien son personnage en valeur ?
Le couple manque alors soudain de charisme et presque de franchise. Forcément, il n’a donc plus autant d’importance à mes yeux, alors que dans la précédent adaptation, j’avais l’impression qu’il volait tout à fait la vedette au couple John/Bella. Ces derniers sont donc ici mis davantage en avant, ce qui est globalement une grande satisfaction.
Lizzie Hexam (Keeley Hawes)
Je garde le meilleur pour la fin : Mr Headstone. Il est indéniable que David Morrissey (le colonel Brandon de la version 2008 de Sense & Sensiblity) a exploité le personnage merveilleusement bien, que ce soit dans son apparente rigidité ou dans sa folie destructrice. On assiste à une lente déchéance, qui ne laisse pas de place à la pitié… Headstone n’est pas un homme maladroit, emprunté, comme je l’avais vu dans la version de 1976 ; malgré cette apparente maîtrise de soi, ce professeur froid et intransigeant devient peu à peu l’esclave d’émotions dévastatrices, tout en conservant un certain instinct calculateur que je n’avais pas perçu de prime abord. Sa rencontre avec Lizzie, la passion dévorante qu’il éprouve pour elle, son impuissance manifeste face à ses refus, le plonge dans un délire monomaniaque qui ne peut avoir d'autre issue qu'une auto-destruction totale. La scène dans le cimetière, tout comme les nombreuses autres chez Riderhood sont interprétées à la perfection. Jamais un personnage de Dickens ne m’avait autant fait froid dans le dos, et il est certainement le plus intéressant et le plus noir de cette saga. Il est sans doute le personnage qui me donne le plus envie de lire le livre à présent !
Bradley Headstone (David Morrissey)
En résumé, je dirais que je préfère la version de 1976, pour le tandem Eugene/Lizzie, vraiment très réussi sur sa continuité et la version de 1998 pour le cadre général, plus moderne et plus vivant, et pour la brillante prestation de David Morrissey et des nombreux seconds rôles.
Bonjour Clelie,
RépondreSupprimerEncore un commentaire inspirant et donc un film à voir - cette version ou l'ancienne. J'ai pensé à votre blog ce week-end, car j'ai vu un très bon film qui pourrait vous plaire : "Vanity Fair" de Mira Nair, d'après le roman de W. Makepeace Thackeray, avec Reese Whiterspoon dans le rôle principal - et une plétore d'excellents acteurs britanniques.
Lewerentz
Bonjour Lewerentz et merci pour ce commentaire chaleureux !
RépondreSupprimerVanity Fair, que j'ai vu il y a 2 ou 3 ans, est un très beau film et une grande prouesse aussi (adapter le pavé de Thackeray en 2h à peine, cela tient du miracle...). J'ai beaucoup apprécié Reese Whiterspoon, James Purefoy, Johnattan Rhys-Meyers ou encore Gabriel Byrne (acteur irlandais excellent que l'on ne voit pas assez malheureusement).
A très bientôt,
Clelie
ah mais je partage totalement votre enthousiasme pour Gabriel Byrne ! ;-)
RépondreSupprimerLewerentz
Magnifique adaptation : l'histoire est prenante et parfaitement joué : Keeley Hawes y excelle et David Morrissey ( décidément je l'adore ! ) est parfait, les autres aussi sont très bons !
RépondreSupprimerJe me suis empressée d'acheter le livre ( non trouvé en français )il ne reste plus qu'à trouver le temps de le lire ! Un très bon Dickens en perspective !
Encore merci !
Amitiés
Paeonia
Bonjour Paeonia,
RépondreSupprimerJe suis contente que l'adaptation t'ait plue à ce point ! (et une nouvelle recrue, une !)
Le roman existe bel et bien en français, mais dans la collection de la Pléiade (assez coûteux). Personnellement, j'ai réussi à le trouver à 40 € d'occasion dans une bouquinerie ;-)
A bientôt,
Clelie