27 septembre 2025

The Sign of the Cross, de Cecil B. DeMille (1932)

Film historique pre-code de Cecil B. DeMille - 1932

Paramount Pictures

Avec Claudette Colbert, Charles Laughton, Fredric March, Elissa Landi...

D'après la pièce éponyme de Wilson Barrett.

Accusés d'avoir initié le grand incendie qui a ravagé Rome, les Chrétiens sont arrêtés et persécutés sous l'ordre de Néron. Mercia, une jeune femme de la plèbe, est accusée - à raison - avec ses amis, de faire partie de cette secte de réprouvés et de marginaux. Elle ne doit son salut qu'à l'intervention du préfet de Rome, Marcus Superbus, qui commence à la poursuivre de ses assiduités...

***

Mon exploration de la filmographie de Fredric March continue avec ce péplum iconique de Cecil B. DeMille. Quelle n'a pas été ma surprise de découvrir une parenté assez troublante entre The Sign of the Cross et le Quo Vadis de Henryk Sienkiewicz... La ressemblance est si frappante que j'ai cru pendant un long moment qu'il s'agissait d'une adaptation de ce formidable roman. La trame, le cadre, jusqu'aux noms de certains personnages : tout porte en effet à le croire. The Sign of the Cross est en réalité une pièce du britannique Wilson Barrett, sortie pratiquement en même temps que Quo Vadis. On ne s'explique pas très bien pourquoi deux oeuvres si similaires ont émergées à quelques mois d'intervalle, l'une valant à son auteur polonais le prestigieux prix Nobel, l'autre remportant un immense succès sur les scènes américaines et londoniennes. Tombée dans l'oubli depuis près de cent ans, cette dernière comporte néanmoins des différences majeures : même si le film et la pièce dépeignent le même contexte général, l'histoire d'amour entre un officier romain un peu brut de décoffrage et une jeune chrétienne d'abord effrayée par ses intentions, demeure, mais avec nettement moins de nuances. J'ai souvenir que le Marcus Vinicius de Quo Vadis, d'abord détestable parce qu'il n'est finalement qu'un pur produit de l'empire romain dans ce qu'il a de plus abject, finit par s'amender pour endosser la véritable stature de héros. Dans The Sign of the Cross, la "transformation" de Marcus Superbus arrive, mais très (trop) tardivement, et la tragédie n'en est que plus inéluctable. La morale chrétienne est donc toute centrée sur l'acceptation du sacrifice, tandis que Quo Vadis dépeint la rédemption et la possibilité d'une transmutation. Les sentiments que ce film inspire sont donc relativement différents. Là où le roman de Sienkiewicz brille par la pureté de ses intentions, la pièce de  Barrett s'enfonce toujours plus profondément dans la noirceur. Dans ce cas, pour nos héros, il n'y aura pas de d'échappatoire au drame qui se joue. 

Fredric March (Marcus Superbus) et Elissa Landi (Mercia)
=

L'aspect "pre-code" du film donne lui aussi le ton. Production à grand budget, dirigée par un habitué du genre, on n'a pas lésiné sur les moyens, ni sur le "choc" des images. Les scènes dépeignant les jeux du cirque sont terrifiantes et mettent toujours mal à l'aise, plus de quatre-vingt dix ans après leur réalisation. L'une des scènes iconiques de ce film est les fameuses ablutions de Poppée, campée par une Claudette Colbert en mode "vamp", et immergé (ou si peu) dans un véritable gigantesque bain de lait de vache... 

Charles Laughton (Néron), Claudette Colbert (Poppée) et Fredric March 


Ce genre de scène, tout comme celle de l'orgie qui se tient chez Marcus, et qui laisse une Mercia littéralement terrifiée (il existe d'ailleurs une scène en tout point similaire dans le roman de Sienkiewicz), instaure un climat lascif et poisseux, qui ont, à l'époque, visiblement défrayé la chronique, et qui donnent ce ton si avant-gardiste à l'ensemble. Outre Claude Colbert, campant un véritable femme-serpent, on y retrouve d'autres grands noms de l'époque comme celui de Charles Laughton, interprétant un Néron indolent et influençable, fantasque et enfantin, qui cadre assez bien avec le personnage véhiculé par l'inconscient collectif. Reste également Fredric March, qui pour une fois - il faut bien être honnête - m'a laissée complètement de glace. Peut-être est-ce le côté tapageur du personnage, ses poses de bellâtre qui m'ont portée sur les nerfs, et qui - à mon humble avis, ne lui allaient pas du tout. March était un habitué des incarnations sombres et torturées, dans lesquelles il excellait, et même dans certaines comédies où il campait volontiers d'abominables salauds... Ce ne sera vraiment pas ce film que je retiendrai dans sa filmographie relativement foisonnante. 

Reste néanmoins que ce film demeure une curiosité à l'esthétisme irréprochable, au propos subversif et au contenu pour le moins curieux. 



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