26 avril 2013

So, what's on the shelf (2)

Sublimes créatures, de Kami Garcia et Margareth Stohl
(Paru aussi sous le titre 16 lunes)

C'est sans honte que j'avoue avoir lu Sublimes créatures, la nouvelle guimauve épico-fantastique en vogue Outre-Atlantique. Qu'on se le dise :  malgré une couverture sur laquelle on perçoit les regards dégoulinant de questionnements existentiels de nos deux héros, Sublimes créatures n'est tout de même pas si mal.
Tout d'abord, j'étais heureuse de trouver de la fiction jeunesse correctement écrite (et traduite) sans répétitions insupportables, et des personnages qui pour une fois ont autre chose à dire et à faire que se lamenter en se regardant dans le blanc des yeux. (Ne voyez vraiment aucune allusion à Twilight, que j'ai pourtant lu dans son intégralité, si, si. ^_^). Même si on est loin de la perfection de JK Rowling et d'Harry Potter, j'ai aimé ce premier tome, pour sa réflexion plus adulte et pour son souffle fantastique. Et puis... il y a Macon Ravenwood. 
Jeremy Irons, un atout majeur pour le film
mais avec probablement vingt ans de trop
pour le rôle...
A titre de comparaison, j'ai aimé en grande partie Harry Potter, car il y avait le mystère Severus Snape - le héros qui se cache derrière des allures archétypales de salaud. J'ai aimé Sublimes créatures et Macon Ravenwood pour les mêmes raisons. Oncle de l'héroïne, c'est un personnage en marge, que suit perpétuellement un grand chien noir, un reclus érudit ne vivant que la nuit, dont les manières et l'aisance semblent venir d'un autre âge. Un personnage trouble, sur lequel néanmoins notre héroïne torturée se raccroche comme à un roc. En réalité, Macon n'est pas inébranlable. Tout comme Snape, son passé le hante, et il agit autant par abnégation que par rédemption. En d'autres termes, si l'intrigue est inventive, et si le propos est résolument plus adulte sans l'être à l'excès, l'intérêt de Sublimes créatures réside exclusivement à mon sens sur le rôle charnière de ce personnage emblématique, qui sans faire de spoiler, disparaît beaucoup trop tôt dans la saga. Son passé est néanmoins développé dans 17 lunes, qui est d'ores et déjà sur ma liste de livres à commander ^_^ 
PS : impossible de comparer avec le film, que je n'ai pas encore vu...

Le fantôme et Mrs Muir, de R.A. Dick (pseudonyme de Josephine Campbell Leslie)

Ah ! Quel beau roman, quel joli bonbon ! Tout le monde, ou presque, aura déjà entendu parler du film de 1947 The Ghost and Mrs Muir, de Joseph Mankiewicz, avec la délicieuse Gene Tierney, Rex Harrison et George Sanders : c'est l'un des plus beaux films romantiques de l'histoire du cinéma. Le roman, qui a été adapté très fidèlement (à quelques détails près), retrace l'histoire de Lucy Muir, une jeune veuve avec deux enfants, qui décide, après des années passées dans l'ombre d'une belle-famille envahissante, de prendre sa vie en main. Elle déménage dans une maison sur la côte, que l'on dit hantée. Dès les premières heures passées sur les lieux, Mrs Muir est effectivement mise en présence d'un fantôme, un vrai, aussi insupportable que cabotin. Le spectre, demeurant invisible, se présente comme le capitaine Gregg, un ancien marin mais aussi le précédent propriétaire de la maison, qui ne tolérera pas qu'une femme s'installe "à bord". C'est sans compter la détermination de Lucy, qui ne cédera pas si facilement. Le fantôme, tout d'abord réticent, décide alors de la prendre à l'essai pour deux mois... Si la cohabitation n'est pas simple, Lucy finit par s'accoutumer à la présence de ce spectre décidément très entêté, et passablement misogyne.

J'avais adoré le film, et tout autant l'oeuvre dont il est adapté. A vrai dire, il y a fort peu de différences entre les deux. A la lecture, on imagine si aisément Gene Tierney et Rex Harrison dans les deux rôles, qu'il semble que leur casting ait été quasiment prédestiné.
The Ghost & Mrs Muir n'est pas un grand roman : pas de grandes phrases, juste un récit sans prétention, tout simple, lumineux, tout en conservant un regard éclairé sur la vie et les aléas du destin. C'est une histoire touchante, universelle, celle qui vous fait verser à la fin une petite larme légitime, celle que l'on relit volontiers, et qui vous touche inlassablement.


24 avril 2013

"N'oublie pas mon passé et le poids de mes drames" - (21 grammes - Jali)

Gros coup de coeur, pour cette chanson belle et juste, de l'artiste belge Jali, "21 grammes".

A écouter sur l'album Des jours et des lunes




J'ai quelques avoirs oh mais, 
Très peu de lettres,
J'ai quelques déboires mais j'ai fini par m'en remettre,

J'ai réussi dans les affaires,
J'ai du en écraser plus d'un,
Je n'en suis pas très fier mais les regrets ne servent à rien. 

Si tu sais compter dis moi combien pèse mon âme,
N'oublie pas mon passé et le poids de mes drames, 
Si tu sais compter dis moi combien pèse mon âme, 
A la virgule près, ça doit faire 21 grammes,
Ca doit faire 21 grammes ... 

J'ai tiré des traits, quelques ratures sur ma page,
Tant pis s'il n'y a plus de place car de nature je suis en marge,
Un jour j'ai souffert le martyr, j'crois que c'était un lundi,
J'ai quelques mauvais souvenirs, alors je rêve d'amnésie.

Si tu sais compter dis moi combien pèse mon âme,
N'oublie pas mon passé et le poids de mes drames, 
Si tu sais compter dis moi combien pèse mon âme, 
A la virgule près, ça doit faire 21 grammes,
Ca doit faire 21 grammes ... 

Prends mes bonnes actions pour faire contre-poids
Je sais que la liste n'est pas longue, 
Mais après tout c'est déjà ça, 
J'me débarasserai d'ma bagniole, ma maison, toutes mes babioles,
J'te filerai même un bifton si tu oublies mes années folles,

Et si, tu sais compter dis moi combien pèse mon âme,
N'oublie pas mon passé et le poids de mes drames, 
Si tu sais compter dis moi combien pèse mon âme, 
A la virgule près, ça doit faire 21 grammes,
Ca doit faire 21 grammes ... 

Quoi qu'il arrive on passera tous sur la balance,
Certains essaient de fuir, certains même rentrent le ventre,
J'suis arrivé bon dernier,
A la pesée des âmes,
J'étais bien étonné,
C'est pas si lourd 21 grammes.

23 avril 2013

Andante du Trio n°2 de Schubert - Renaud et Gautier Capuçon



Parce qu'il n'y (quasiment) rien de plus beau et mélancolique que Schubert, et parce qu'il n'y décidément rien de mieux que Renaud et Gautier Capuçon au violon et violoncelle...

Une pure merveille de 9 minutes...

Renaud Capuçon (violon)
Gautier Capuçon (violoncelle)
Frank Braley (piano)

18 avril 2013

So, what's on the shelf... ?

Voilà des semaines, sinon des mois, que je n'ai pris la peine de répertorier mes lectures... Par manque d'inspiration, et surtout parce que "lire beaucoup" ne signifie pas forcément "lire bien".
J'ai eu la faiblesse de m'acheter beaucoup de littérature jeunesse - alors que j'avais promis que l'on ne m'y reprendrait plus... Mais l'envie de légèreté s'est nettement faite sentir après des mois de lectures anxiogènes, j'ai donc d'excellentes excuses... ^_^
  
Voici donc d'une manière non exhaustive, les meilleurs romans lus au cours de ces dernières semaines. (Je passerai sous silence ceux qui ne valent pas la peine d'être évoqués, inutile de perdre son temps ^_^).

Et la vague les emporta..., de Molly Keane

N'ayant jamais entendu parler de cet auteur auparavant, je me suis lancée dans ce roman en étant persuadée qu'il s'agirait d'une lecture plaisir et décontractée.  Décidément, non. Comme quoi, il ne faut jamais se fier aux couvertures, toutes alléchantes soient-elles. A croire parfois, que j'ai un détecteur intégré de lectures dépressives... 
Si l'on devait définir Molly Keane et ce roman, on pourrait certainement dire qu'ils sont une sorte d'amalgame du style de Vita Sackville-West (auteur du magnifique Toute passion abolie) et des personnages féminins les plus emblématiques de Daphné du Maurier (et je pense particulièrement à Ma cousine Rachel)
Et la vague les emporta... est l'histoire de deux femmes, d'une mère et et de sa belle-fille, deux caractères intraitables, qui se livreront bataille tout au long de leur vie dans l'ambiance feutrée des salons du début de siècle : à qui aura le domaine le plus réputé, les fêtes les plus exquises, le meilleur haras. 
Au-delà de cette histoire de haine menée dans l'ombre des boudoirs , une belle réflexion sur la féminité, la vanité de la beauté, et la marche inéluctable du temps.  

Sherlock Holmes et le secret des lettres, de Jean Claude Bologne

Et un pastiche supplémentaire, un ! Depuis Défi à Sherlock Holmes, de Béatrice Nicodème, je n'avais plus croisé au fil de mes lectures l'emblématique détective. 
L'art du pastiche holmesien est quelque chose d'ambitieux, tout d'abord parce que la plupart d'entre eux sont rarement bons, et ensuite parce qu'ils respectent encore plus difficilement l'atmosphère victorienne et le caractère des personnages d'origine.
Dire que Sherlock Holmes et le secret des lettres est  passé à côté de son sujet n'est pas tout à fait vrai, car ce pastiche est tout ce qu'il y a de plus sérieux. Il est même assez difficile d'accès, l'auteur étant visiblement un maître de l'exégèse biblique... Si, si, vous avez bien lu. Ce roman mêle dans sa première partie à la fois l'intrigue scientifique - menée tambour battant grâce à la méthode holmesienne - et authentification des messages du Nouveau Testament sur les routes de Palestine. Si l'esprit est brillant, il n'en demeure pas moins étrange de mêler la présence du personnage de Conan Doyle aux mystères de la religion et du divin. S'il y a d'intéressants passages concernant les points de vue de Holmes sur le sujet, je n'ai pas perçu la pertinence de son utilisation dans ce cadre très ambigu. Une lecture déroutante à bien des points de vue.

Les Braises, de Sándor Márai.

Ce classique de la littérature hongroise, si gentiment offert par Lorinda, est certainement le meilleur roman lu au cours de cette année. 
Les Braises est un roman intériorisé, constitué presque entièrement d'un dialogue (qui se réduit la plupart du temps en un monologue)  pesant, voire délétère, entre deux hommes, autrefois amis. 
Un évènement tragique, un geste, un seul, a suffi pour les séparer irrémédiablement, jusqu'à cette soirée où ils se retrouvent - soirée qui constitue l'entièreté du roman. C'est l'heure enfin pour eux de se parler enfin après vingt ans d'un silence écrasant.

C'est le récit de l'amitié brisée, de la trahison, de la lâcheté et des illusions bafouées. 
Un très grand roman, qui ne peut que guider vers d'autres oeuvres de l'auteur qui fut interdit en Hongrie jusqu'en 1990.
Encore un tout grand merci pour cette belle découverte, Lo ;-) 

Le Mystérieux Mr Kidder, de Joyce Carol Oates
(publié d'abord sous le titre Jeune beauté)

Ce roman découvert grâce à Claire sur Onirik, a suscité ma curiosité.

Tout d'abord, il est court, condensé, presque froid, comme écrit à coups de cravache. Alors que le sujet est tout ce qu'il y a de plus sensible et d'introverti.
Le récit retrace la rencontre entre Katya Spivak, une belle jeune fille de 16 ans, engagée comme baby-sitter pour l'été, avec Mr Kidder, un richissime artiste d'une septantaine d'années. Si les circonstances de leur rencontre sont singulières, les liens qu'ils tisseront le seront encore davantage. Entre haine et tendresse, entre attirance et dégoût, les deux personnages vont finalement rejouer l'inlassable comédie des sentiments, dans une atmosphère asphyxiante et délétère. Si l'on peut retrouver dans le récit une version revue et corrigée de Lolita en moins sulfureux, il n'en demeure pas moins pervers et dérangeant. Malgré tout, j'ai aimé ce livre, pour l'atmosphère extraordinairement puissante qu'il parvient à dégager à travers une écriture aussi concise.

More to come...

11 avril 2013

The Mystery of Edwin Drood, by Charles Dickens (completed by TP James)


The Mystery of Edwin Drood, by Charles Dickens (Completed by T.P.James)

Un énième roman consacré à la poursuite de l'écriture de l'oeuvre inachevée de Dickens, me direz-vous ! Mais absolument, car je n'en ai toujours pas fini de ressasser ce roman tout aussi merveilleux qu'emblématique ! Excusez ma monomanie ^_^.
Il existe quelques oeuvres comme celles-ci, que j'ai déjà évoquées au fil de ces pages, et qui sont à peu près tous décevants, si l'on excepte l'essai d'Henry Morford en la matière.
Je n'ai cependant pas choisi cette sequel par hasard, car malgré le titre fallacieux dont elle est affublée ("completed by TP James", lequel n'est autre que l'éditeur américain original), le cadre de sa rédaction en 1872 a été bien particulière, ce qui a attisé ma curiosité. On apprend donc par son titre complet, situé sur la page intérieure de l'édition, l'état de fait suivant : "The Mystery of Edwin Drood by the spirit-pen of Charles Dickens through a medium". Si l'on fait abstraction de ce contexte qui peut troubler - ou faire sourire - au choix, il faut avouer que ce roman est pour le moins étonnant. Comme l'a fait Henry Morford avant lui, l'auteur (peu importe vraiment de qui il s'agit), a doublé le roman original, en y ajoutant donc une vingtaine de chapitres supplémentaires. L'élément le plus extraordinaire consiste justement dans le fait qu'on y retrouve d'une manière assez troublante le style foisonnant de Dickens pour les descriptions des personnages et des situations cocasses. D'autre part, ce roman renouvelle le matériau de base en apportant régulièrement de nouveaux personnages, ce qu'aucun auteur jusque là n'avait osé faire. Ce point n'est guère étonnant en lui-même car il s'agit là de la manière de faire de Dickens, qui avait régulièrement coutume d'introduire une multitude de personnages secondaires tout au long de l'intrigue, jusque parfois dans les derniers chapitres. Il n'y a donc pas lieu de hurler au scandale jusque là.
A vrai dire, il n'y a aucune raison de le faire, car je suis ressortie de cette lecture, à la fois déroutée et étonnée, tant il paraît dans la même veine que les 22 premiers chapitres originaux.

Les questions qui me troublaient le plus en entamant cette lecture étaient :
- Qu'est-il advenu réellement de Drood ?
- Qui est Dick Datchery ?
- Pourquoi la Princesse Bouffarde (Princess Puffer) hait-elle John Jasper ?
et enfin
- l'auteur va-t-il se révéler aussi frileux que les autres au sujet du maître de chapelle ?

Sur ce dernier point, impossible d'être déçue, car l'auteur est tout sauf frileux... ! La vingtaine de chapitres ajoutés sont pour ainsi dire strictement centrés sur "l'énigme Jasper", intimement liée au "mystère Drood". Je ne vais pas révéler exactement leur contenu, car ils valent réellement la peine d'être appris directement par la lecture de ce livre (épuisé depuis les années vingt, mais disponible en réédition pour une trentaine d'euros).
J'avoue sincèrement avoir été agréablement surprise par la façon dont est révélé Jasper dans cette suite. Alors certes, on ne peut pas faire mieux que la réécriture de Gwyneth Hughes, mais il faut reconnaître que si vous vous êtes méfiés de John Jasper dans la première partie originale, vous allez adorer le détester dans la seconde. Dans le rayon des personnages abjects, on aura rarement fait mieux. Passé maître dans l'art de la dissimulation, du mensonge, de la traîtrise, John Jasper apparaît enfin clairement tel qu'il est. Un homme lâche au passé extrêmement lourd qu'il est incapable d'assumer. Un homme dévoré de frustrations et de jalousie, avec lesquels il ne parvient pas à vivre, et qui cherche l'oubli dans l'opium. La drogue et une culpabilité dévorante auront finalement raison de lui. L'auteur, s'il lui a réservé un châtiment exemplaire pour tous ses crimes, n'en a pas oublié pour autant l'esprit dickensien, en lui destinant aussi une possibilité de rédemption. Le roman s'achève d'ailleurs sur cette scène à tirer des larmes, qui se déroule - je vous le donne en mille - durant la nuit de Noël.
Ce qui est formidable dans cette suite, c'est à nouveau le tour de force de l'auteur, qui est parvenu, malgré tout le mal qu'il se donne pour vous porter à le haïr, à trouver à Jasper des raisons à sa folie.

Concernant la révélation du mystère, il n'y a réellement rien de très surprenant. Elle est dans la logique des premiers chapitres, et les éléments d'intrigue qui y sont parsemés, trouvent leur parfaite explication dans l'utilisation des nouveaux personnages secondaires introduits au fil des chapitres finaux.

Je terminerai en retranscrivant l'ultime phrase du roman, extrait de la scène de "rédemption" de Jasper :

"His was a wicked life, but he could not have had a purer winding sheet and might he not have added, that perhaps its purity had washed away his sins ?" 


05 avril 2013

She visits me (Vast) - coup de coeur en musique

Peu d'inspiration pour rédiger le moindre billet "littérature" pour l'instant... En attendant, mon dernier coup de coeur en musique "She visits me" du groupe américain Vast.
Une chanson sublime, une mélancolie poussée jusqu'au tragique... A donner des frissons...




Vast - She Visits Me Lyrics @ LyricsTime.com