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25 avril 2019

Derniers visionnages janvier à mars 2019

Pas beaucoup de sorties cinéma ces temps-ci par manque de temps, ni de lectures d'ailleurs, mais quelques jolies découvertes en DVD...

Death & Nightingales (série BBC 2018) (Costume Drama / Drame psychologique)

Voir l'article par ici pour une critique complète de la série et du film. Un must-see !






















Blackkklansman, de Spike Lee (2018) (Drame/Film policier)

Milieu des années 70. Ron Stallworth est une jeune recrue de la police de Colorado Springs, et surtout le premier policier noir de la brigade... Employé dans une section de renseignement en plein désoeuvrement, Ron Stallworth décide, avec l'aide de l'un de ses collègues juif, d'infiltrer le KuKluxKlan... 

Je ne suis pas une grande habituée du cinéma de Spike Lee, mais j'ai absolument adoré le ton de ce film un peu décalé, qui lorgne clairement sur un registre de comédie mais qui n'en véhicule pas moins un message particulièrement fort et poignant sur le droit des minorités dans l'Amérique post-Vietnam. Un vrai film coup de poing, dont la fin vous laissera une impression glaciale, car elle rejoint de manière choquante les drames de l'actualité américaine et les discours suprémacistes entendus parmi les soutiens de gouvernement Trump. 

Un très beau film, très en demie-teinte, avec des acteurs splendides, dont John David Washington et Adam Driver qui campent avec brio les deux personnages principaux de cette oeuvre coup-de-poing.






Split, de M. Night Shyamalan (2017) (Thriller/Horreur psychologique)

J'étais passée complètement à côté de Split en 2017, et l'avait un peu oublié jusqu'à la sortie il y a quelques semaines de Glass, la conclusion de la trilogie, que constitue ce film avec Split et avant lui, Incassable (Unbreakable). Glass m'attirait particulièrement, car j'avais adoré Unbreakable, malgré les critiques très négatives que ce film avait soulevé à sa sortie. Mais, n'ayant pas vu le très acclamé Split, je me suis abstenue d'aller le voir en salles, ne voulant pas débarquer sans connaître une moitié de l'histoire d'origine. Et je n'ai pas été déçue... Cela faisait d'ailleurs très longtemps que je n'avais pas apprécié un film à ce point. Et comment ne pas être impressionnée par les différentes personnalités campées par un James McAvoy au summum de l'inquiétant ? Sa transformation physique, gestuelle, qui se fait parfois d'une seconde à l'autre est tout à fait impressionnante, et vous fait réellement froid dans le dos. L'histoire est excessive, comme l'est le personnage central qu'on peine vraiment à cerner, et c'est sans doute ce qu'il y a de plus fascinant dans ce film très asphyxiant. Le très beau personnage secondaire de Casey campé par Anya Taylor-Joy, l'une des trois filles que Kevin/Dennis a enlevé comme par erreur est sans doute la seule, de par sa personnalité en souffrance, à pouvoir appréhender les 23 identités de Kevin, et à échapper à la 24e... Ce personnage semble d'ailleurs revenir dans Glass, que j'ai hâte de voir dès sa sortie en dvd !



Edward aux Mains d'argent, de Tim Burton (1990) (Drame/Fantasy)

Voilà un film que je n'avais jamais vu, mais pour lequel j'ai eu un énorme coup de coeur. A vrai dire, j'ai toujours eu une image déformée de ce film de Tim Burton, que je croyais foncièrement dépressif et malsain... Alors que ce film est tout le contraire ! C'est le genre de film baroque, excessif, que j'adore et surtout très lumineux, attendrissant et drôle qui le fait classer parmi les meilleurs du genre. Un classique dont on ne se lasse pas et qui réchauffe le coeur au besoin...












Oblivion, de Joseph Kosinski (2013) (Science-fiction/Drame)

Qu'on se le dise, un petit film de science-fiction post-apocalyptique de temps en temps ne fait de mal à personne. Pour le coup, Oblivion est une grosse déception. Il y a de très belles images, c'est certain, les effets spéciaux sont soignés comme dans un film à gros budget, mais le scénario est d'un creux affolant, et suit une trame tellement attendue que l'on s'ennuie ferme pendant 2h. Et le coup de Tom Cruise qui sauve une demoiselle en détresse commence vraiment à lasser... Bref, un film pas très utile, mais divertissant tout de même...











14 février 2019

Death and Nightingales (roman d'Eugene McCabe et minisérie BBC)

Roman d'Eugene McCabe, paru en 1992 (trad.française : Ode funèbre)

Mini-série en 3 épisodes de 55 minutes, adaptée et réalisée par Allan Cubitt pour la BBC, avec Ann Skelly (Beth Winters), Jamie Dornan (Liam Ward) et Matthew Rhys (Billy Winters), Charlene MacKenna (Mercy Boyle)

Beth, jeune femme de vingt-deux ans, vit à Clonoula, vaste domaine de la campagne de l'Ulster, avec son beau-père, Billy Winters, riche et prospère exploitant d'une carrière. Tiraillée entre son amour pour sa terre et les liens toxiques qui l'unissent à Billy, Beth cherche désespérément un échappatoire, qu'elle trouvera en Liam Ward, l'un des exploitants de Clonoula. Il demande alors à Beth de s'enfuir avec lui pour l'Amérique, en prenant soin de dérober d'abord l'or que son beau-père dissimule jalousement dans son coffre...

***

Je ne connaissais ni Eugene McCabe, éminent écrivain irlandais, ni ce roman, avant de découvrir les premières images de l'adaptation que la BBC en a faite il y a quelques mois... L'atmosphère inquiétante et les relations conflictuelles des personnages présentées dans la bande-annonce, augurait une histoire pour le moins singulière et oppressante. Lors de mon récent séjour sur l'île d'émeraude, une sympathique libraire m'a vivement recommandé le roman, un classique contemporain de la littérature irlandaise. J'ai donc sagement obéi au conseil, et ai lu ce roman assez court (un peu moins de 300 pages) avec énormément d'enthousiasme (je remercie d'ailleurs le magnifique et emblématique Charlie Byrne's bookshop au passage :) ) . Il y a un peu de la patte de Dickens dans le portrait des personnages d'Eugene McCabe, voire même un soupçon de roman social d'inspiration plus française au regard des situations désespérées que l'auteur faire vivre à ses personnages et dans lesquelles il se plaît à les enfermer, le tout sur fond de conflits religieux et de prémices de luttes indépendantistes... Comme vous l'aurez compris, le contexte de cette oeuvre est on ne peut plus aisé et joyeux...!

Death and Nightingales est un roman découpé de manière très cinématographique, très visuel, et que l'on referme avec un frisson assez troublé. Car l'histoire qu'il retrace, qui s'étend sur une période d'un peu plus de 24h, foisonne de sentiments contradictoires, quelque peu confus et toxiques, sur lesquels on a tendance à se poser un nombre incalculable de questions longtemps encore après la lecture. A vrai dire, même si le style et l'allure du livre lorgnent allègrement sur des classiques anglais, on est plutôt dans la gamme de personnages frustrés et inquiétants à la Zola. Ceux-ci sont tellement dépourvus d'étincelle, que l'on est plus fascinés par leur mécanique intrinsèque, terriblement ambivalente, que par leurs actions et leurs pensées néfastes. Le trio de personnages centraux n'ont vraiment rien à envier les uns aux autres dans ce registre... Et c'est en grande partie pour cette raison que le roman est aussi magnétique. Aucun personnage n'y est jamais entièrement bon ou mauvais : le rôle des bourreaux et des victimes est toujours changeant, redéfini, réajusté, jusqu'à la dernière ligne. Le personnage de Beth Winters, campé dans l'adaptation par Ann Skelly, en est d'ailleurs le meilleur exemple. Jeune femme au tempérament très affirmé, élevée par une mère catholique mais vivant dans l'ombre d'un beau-père protestant avec qui elle entretient une relation très néfaste et ambiguë, elle se jette avec entêtement dans les bras du premier homme venu, qui semble s'intéresser un tant soi peu à elle et qui se révèle être le seul dérivatif à la confusion de son quotidien. Cependant, Liam Ward, ne fait qu'y ajouter du trouble, puisqu'il est lui-même un voleur patenté, et est soupçonné par le gouvernement anglais d'avoir fourni des explosifs utilisés dans de récents attentats. Celui-ci l'incitera à voler, puis à s'enfuir sans aucun scrupules.

Beth Winters (Ann Skelly)
Beth, vivant dans des sentiments assez flous, oscillant perpétuellement entre  une haine violente et un amour vicié, se laisse séduire, mener et entraîner dans une direction qui ne vaut guère mieux que celle dans laquelle elle se pense contrainte. Elle était cependant loin de se douter que son amant, qui fait montre d'une froideur et d'un mutisme assez suspects, ne s'intéresse pas à elle, mais projette plutôt de s'en débarrasser crapuleusement à la première occasion...

Liam Ward (Jamie Dornan)
Ward, très justement campé par un Jamie Dornan très convaincant dans ce registre, est une sorte de brute taciturne, qui malgré ses allures monocordes se révèle d'ailleurs beaucoup plus nuancé qu'on ne l'aurait cru. A vrai dire, si on redoute assez rapidement le fond de la nature du personnage, celui-ci réserve d'excellentes surprises dans la progression de cette intrigue inhabituelle et plutôt anxiogène.
Evidemment, comment ne pas parler du personnage interprété par Matthew Rhys, qui comme à son habitude, excelle dans la peau de parfaits salauds... Quoique Billy Winters navigue définitivement dans des eaux bien troubles...Le beau-père de Beth peut rappeler pour ces raisons le Humbert de Nabokov, ou le Dr Pascal de Zola, par ce côté possessif et malsain, ses allures pitoyables contrebalancées par des accès de violence et de jalousie maladives. Au même titre que Beth, le personnage de Winters pose question, comme c'est d'ailleurs le cas à la lecture.

Billy Winters (Matthew Rhys)
L'acteur a d'ailleurs très bien rendu justice à son ambivalence, à ses regards circonspects d'alcoolique ou à ses expressions à vous transpercer l'âme de terreur. Sans parler de son pathétisme, de ses larmes de remords et d'affection déplacée... Dans les scènes qui opposent ce dernier à sa belle-fille, on se sent inévitablement mal à l'aise, tant les deux personnages semblent perpétuellement sur le fil, à tel point que l'on se demande réellement qui est le bourreau de qui... L'introduction du personnage de Ward dans le duo principal, ajoute en cela une oppression et une tension palpable dès les premiers instants. Je ne spoilerai pas la conclusion de cette improbable récit qui continue de jouer avec les nerfs du lecteur (ou du spectateur) avec brio, évoquant par bien des aspects les meilleures oeuvres de Du Maurier...

"What a pair we two..."
Personne n'est jamais tout à fait blanc ou tout à fait noir dans Death and Nightingales, il n'y aura pas d'étincelle, pas d'espoir, et nul n'aura droit à une quelconque rédemption, ce qui laissera une suite sans fin de questions sur le devenir des protagonistes. La frustration et le questionnement sont au rendez-vous de ce roman inhabituel et de cette série pour le moins fidèle à son matériau de base, servie par un casting de choix que l'on ne pourra vraiment pas bouder !