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25 avril 2019

Derniers visionnages janvier à mars 2019

Pas beaucoup de sorties cinéma ces temps-ci par manque de temps, ni de lectures d'ailleurs, mais quelques jolies découvertes en DVD...

Death & Nightingales (série BBC 2018) (Costume Drama / Drame psychologique)

Voir l'article par ici pour une critique complète de la série et du film. Un must-see !






















Blackkklansman, de Spike Lee (2018) (Drame/Film policier)

Milieu des années 70. Ron Stallworth est une jeune recrue de la police de Colorado Springs, et surtout le premier policier noir de la brigade... Employé dans une section de renseignement en plein désoeuvrement, Ron Stallworth décide, avec l'aide de l'un de ses collègues juif, d'infiltrer le KuKluxKlan... 

Je ne suis pas une grande habituée du cinéma de Spike Lee, mais j'ai absolument adoré le ton de ce film un peu décalé, qui lorgne clairement sur un registre de comédie mais qui n'en véhicule pas moins un message particulièrement fort et poignant sur le droit des minorités dans l'Amérique post-Vietnam. Un vrai film coup de poing, dont la fin vous laissera une impression glaciale, car elle rejoint de manière choquante les drames de l'actualité américaine et les discours suprémacistes entendus parmi les soutiens de gouvernement Trump. 

Un très beau film, très en demie-teinte, avec des acteurs splendides, dont John David Washington et Adam Driver qui campent avec brio les deux personnages principaux de cette oeuvre coup-de-poing.






Split, de M. Night Shyamalan (2017) (Thriller/Horreur psychologique)

J'étais passée complètement à côté de Split en 2017, et l'avait un peu oublié jusqu'à la sortie il y a quelques semaines de Glass, la conclusion de la trilogie, que constitue ce film avec Split et avant lui, Incassable (Unbreakable). Glass m'attirait particulièrement, car j'avais adoré Unbreakable, malgré les critiques très négatives que ce film avait soulevé à sa sortie. Mais, n'ayant pas vu le très acclamé Split, je me suis abstenue d'aller le voir en salles, ne voulant pas débarquer sans connaître une moitié de l'histoire d'origine. Et je n'ai pas été déçue... Cela faisait d'ailleurs très longtemps que je n'avais pas apprécié un film à ce point. Et comment ne pas être impressionnée par les différentes personnalités campées par un James McAvoy au summum de l'inquiétant ? Sa transformation physique, gestuelle, qui se fait parfois d'une seconde à l'autre est tout à fait impressionnante, et vous fait réellement froid dans le dos. L'histoire est excessive, comme l'est le personnage central qu'on peine vraiment à cerner, et c'est sans doute ce qu'il y a de plus fascinant dans ce film très asphyxiant. Le très beau personnage secondaire de Casey campé par Anya Taylor-Joy, l'une des trois filles que Kevin/Dennis a enlevé comme par erreur est sans doute la seule, de par sa personnalité en souffrance, à pouvoir appréhender les 23 identités de Kevin, et à échapper à la 24e... Ce personnage semble d'ailleurs revenir dans Glass, que j'ai hâte de voir dès sa sortie en dvd !



Edward aux Mains d'argent, de Tim Burton (1990) (Drame/Fantasy)

Voilà un film que je n'avais jamais vu, mais pour lequel j'ai eu un énorme coup de coeur. A vrai dire, j'ai toujours eu une image déformée de ce film de Tim Burton, que je croyais foncièrement dépressif et malsain... Alors que ce film est tout le contraire ! C'est le genre de film baroque, excessif, que j'adore et surtout très lumineux, attendrissant et drôle qui le fait classer parmi les meilleurs du genre. Un classique dont on ne se lasse pas et qui réchauffe le coeur au besoin...












Oblivion, de Joseph Kosinski (2013) (Science-fiction/Drame)

Qu'on se le dise, un petit film de science-fiction post-apocalyptique de temps en temps ne fait de mal à personne. Pour le coup, Oblivion est une grosse déception. Il y a de très belles images, c'est certain, les effets spéciaux sont soignés comme dans un film à gros budget, mais le scénario est d'un creux affolant, et suit une trame tellement attendue que l'on s'ennuie ferme pendant 2h. Et le coup de Tom Cruise qui sauve une demoiselle en détresse commence vraiment à lasser... Bref, un film pas très utile, mais divertissant tout de même...











03 janvier 2019

TAG : Les dix films essentiels : 1ère partie

Une fois n'est pas coutume, pour casser la monotonie des articles, voici un petit TAG bien sympathique, glané au hasard du web, sur lequel j'ai trouvé très agréable de réfléchir...

Le but : citer dix films qui ont eu un impact significatif sur vous lors du premier visionnage, que vous l'ayez vu enfant, adolescent ou adulte. Afficher une image, qui ne soit pas l'affiche du film, mais d'une scène-clé essentielle à vos yeux, par exemple. Pas de longue explication, juste le sentiment général qui s'y trouve lié...

1. Hamlet, de Laurence Olivier (1948)

C'est le premier film qui m'est venu à l'esprit lorsque j'ai réfléchi à ce tag. Il est certainement l'oeuvre qui a le plus marqué mon adolescence et mon rapport au théâtre classique. J'ai déjà parlé de ce film ici, je ne vais donc pas trop m'étendre sur le sujet, mais il est vrai que son esthétique unique, son ambiance lugubre et asphyxiante a énormément conditionné ensuite mes goûts en matière de films, de récits, et d'art en général (maintenant que j'y pense, ce doit être à cause d'Hamlet que j'adore le monochrome...) Ce film est à mon sens la plus merveilleuse adaptation de la pièce, d'autant qu'elle véhicule une sorte d'aura ténébreuse qui a tendance à imprégner le spectateur longtemps après le visionnage. La scène-clé qui m'a le plus marquée dans ce film est la scène du premier acte, durant laquelle le spectre du défunt roi apparaît à son fils sur les hauteurs des remparts du château d'Elseneur. Le fantôme du monarque apparaît dans une brume épaisse, sur un fond d'un noir d'encre aussi n'aperçoit-on que les contours du personnage, hormis le reflet de deux yeux incandescents sous un heaume... La voix de l'apparition qui semble comme émaner des profondeurs n'est pas étrangère au malaise que l'on ressent au visionnage (pour l'anecdote, cette voix est en réalité celle de Laurence Olivier, qui avait enregistré le texte sur une bande magnétique, qu'il a simplement passé au ralenti au montage : comme quoi, ce sont parfois les effets les plus simples qui se révèlent les plus efficaces) ... Glaçant et magistral...


I am thy father's spirit,
Doomed for a certain term to walk the night
And for the day confined to fast in fires
Till the foul crimes done in my days of nature 
Are burnt and purged away. [...]


2. Dune, de David Lynch (1984)

Pour le coup, il s'agit ici d'un film d'enfance, et un film bizarroïde s'il en est. Tout le monde a, je pense, déjà entendu parlé de Dune, l'interminable série de romans de science-fiction de Frank Herbert. Il s'agit ici de l'une des adaptations sans doute les plus folles (peut-être pas forcément la plus fidèle au roman) - forcément me direz-vous, car elle a été pensée et réalisée par David Lynch - mais aussi la plus noire. J'ai vu ce film vers l'âge de 7 ou 8 ans, si je me souviens bien, et malgré qu'il soit assez horrible à voir pour un jeune public, je l'avais absolument adoré. Pas de visuel très sanglant, mais un nombre faramineux d'assassinats, d'intrigues politiques et familiales, de grosses bestioles rampant dans les sables, sur fond de trafic d'une drogue appelée l'épice et donnant un pouvoir incommensurable à celui qui la consomme, notamment celui de voyager dans l'espace sans déplacement...  L'intrigue est particulièrement retorse, donc, mais très onirique et symbolique, surtout quand je la considère a posteriori. J'ai eu toute mon enfance une admiration sans bornes pour le personnages de Paul Atréides (Kyle MacLachlan, ci-dessous), alias le Muad'Dib, sorte de messie attendu par le peuple des Fremens, habitant la planète Dune. Le personnage, omniscient, charismatique, voire légèrement tyrannique, est absolument fascinant. J'ai vraiment dû faire un choix cornélien pour retenir un plan en particulier, car il y a énormément de scènes essentielles dans ce film, qui dans mon enfance, a toujours eu ma préférence par rapport aux films de la franchise Star Wars, que j'ai (re)découvert plus tard. La scène en question se déroule dans le désert d'Arrakis, autre nom de la planète Dune, lorsque Paul, pour prouver au peuple des Fremens qu'il est le messie tant attendu, se doit de maîtriser le ver des sables géants, qui sécrète l'épice. Paul "appelle" donc la créature, horriblement dangereuse, tandis qu'au loin, les Fremens observent la scène...
A vrai dire, rien que le fait d'en parler me donnerait presque envie d'écrire un article à part entière sur le sujet... :) Il se pourrait bien qu'un jour je m'y mette... 

Paul Atréides, le Muad'Dib attendu sur Arrakis

3. Notorious, d'Alfred Hitchcock (1946)

Encore un autre film d'adolescence, découvert grâce au Cinéma de minuit, que j'ai vu, vu et revu à un point que la VHS en était devenue toute usée... Notorious, traduit en français par Les Enchaînés (titre vraiment ridicule, s'il en est), raconte l'histoire de deux agents des services secrets américains, Devlin et Alicia, campés par Cary Grant et Ingrid Bergman, partant à la traque aux anciens nazis réfugiés en Amérique du Sud. Dans le but de mettre au jour leur laboratoire de raffinement de minerais d'uranium, la jeune espionne parvient à se faire épouser par le chef de leur réseau, interprété par Claude Rains. Tout se déroule à peu près pour le mieux jusqu'au jour où elle est progressivement empoisonnée par son mari à coups d'arsenic...
Notorious, malgré l'excellente excuse d'être un film d'intrigue et d'espionnage, est avant tout un petit bijou romantique à l'état brut... On dirait presque que l'histoire de groupuscule nazi n'est qu'une excuse pour des scènes à faire fondre nos coeurs de midinette à l'écran. Parce que les deux espions, ben, ils s'aiment, mais c'est compliqué... :) L'une est une ancienne alcoolo repentie, doublée du fait qu'elle est d'origine allemande, mais bonne comme le pain, et l'autre est un gars inaccessible, parfaitement glacial, qui sait bien que ce n'est pas une bonne idée, ah non, vraiment pas, de s'enticher de sa partenaire... Alors, bref, ce film est un déluge de romantisme, avec amours contrariées à la clé. La scène qui me vient tout naturellement en tête est celle où Devlin, malgré l'interdiction de sa hiérarchie, part à la rescousse d'une Alicia empoisonnée, et retenue captive dans la maison de son nazi de mari... C'est beau, c'est pur, c'est d'un romantisme fou, et pourtant sans jamais d'excès. C'est vraiment un film dont je ne me lasse pas.

Notorious : encore un plaisir coupable, tiens...

4. Jane Eyre, de Robert Stevenson (1944)


Décidément, la plupart des films qui m'ont marquée durablement ont été visionnés pendant l'adolescence... J'ai vu celui-ci durant l'été sur la chaîne Club-RTL qui diffusait auparavant tous les mercredis soirs, un classique du cinéma... Je ne connaissais à l'époque pas du tout Jane Eyre, ni l'histoire d'ailleurs, que j'ai découvert en visionnant ce film avec Orson Welles et Joan Fontaine. Le lendemain, je commençais le roman (merci la bibliothèque familiale), qui m'a tenu en haleine pendant 3 jours, durant lesquels je ne faisais absolument que lire... Ce roman est non seulement celui qui m'a permis de connaître la littérature victorienne, mais qui m'a aussi plongé dans la passion de la lecture tout court. Alors certes, le film a des défauts (et je vous passe vraiment l'horreur totale de la VF), mais il a une magnifique atmosphère. J'ai particulièrement été marquée par le scène lors de laquelle Jane et Helen, au pensionnat de Lowood, sont punies pour avoir fait preuve de rébellion et de vanité... On les voit donc porter des poids à bout de bras, en tournant en rond dans la cour de l'école, sous une pluie diluvienne. Cet épisode est d'ailleurs absent du roman, mais il permet de résumer en quelques images fortes les privations et les humiliations subies par Jane au pensionnat.



5. Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, d'Alfonso Cuarón


C'est décidément ce film de la série qui m'a rendue accro à la saga. Auparavant, je n'avais pas lu les romans, et ne connaissais l'histoire que de manière très imparfaite. Le Prisonnier d'Azkaban, avec son esthétique irréprochable, sa noirceur, ses personnages attachants et troubles, m'a vraiment marqué l'esprit. La scène-clé qui me vient à l'esprit est sans doute celle du train, arrêté par les détraqueurs venus d'Azkaban. Je me souviens avoir été glacée par l'apparition de ces créatures désincarnées dans le compartiment de Harry, lorsque toutes les vitres se recouvrent de givre, et que l'on voit une main noueuse, osseuse, se glisser sur la porte pour l'ouvrir. Une véritable vision de cauchemar et un grand moment d'angoisse... :p 



La deuxième partie, c'est par ici.

30 décembre 2018

Derniers visionnages : de septembre à décembre (2/...)

Le grand bain, de Gilles Lellouche

Voici sans doute l'un de mes plus gros coup de coeur ciné de cette fin d'année ! Et je ne m'y attendais vraiment pas... Cette comédie douce-amère, folle et irrévérencieuse, raconte la rencontre de huit hommes - un peu dépressifs, un peu losers, un peu paumés - et de leurs coachs féminines - tout aussi paumées - dans un club de natation synchronisée. J'avoue, c'est surtout le casting déjanté présenté sur l'affiche qui m'a attiré l'oeil, Philippe Katerine, Benoît Poelvoorde et Mathieu Amalric, qui sont absolument irrésistibles dans ce registre quelque peu inattendu. Ce n'est pas un grand film, mais un beau film, durant lequel on s'interroge, on sourit, on se marre franchement... Une comédie tendre mais un peu vache sur le sens de la vie, et qui donne merveilleusement la pêche ! 
A voir absolument ! 







La Fanciulla del West, de Giacomo Puccini (MET 2018)

Jonas Kaufmann dans une production du Metropolitan Opera de New York ? Diffusée au cinéma ? Mais on n'y résiste pas, quand bien même il s'agit d'un opéra avec lequel on n'a pas grande affinité... Et pourtant, cette production du MET est simplement grandiose ! Une histoire de cow-boys dans un opéra en italien, voilà bien quelque chose de franchement inattendu. Les décors sont somptueux, la mise en scène est on ne peut plus charmantes, et les voix des interprètes étaient à se pâmer, Anna-Maria Westbroek et Željko Lučić en tête, ainsi que Jonas Kaufmann, bien entendu, qui avait tout l'air de s'amuser comme un petit fou dans son rôle de méchant (mais pas trop) cow-boy au charme ravageur... Malgré qu'il s'agisse là d'un opéra bénéficiant de très peu de solos ou d'arias connus, on se régale du début à la fin, devant ces interprètes à la voix enchanteresse, au jeu assuré, et cette mise en scène vraiment charmante et absolument pas hermétique.
Je ne résiste pas à poster ici un lien vers le magnifique air de Johnson durant l'acte III, interprété magistralement par Jonas Kaufmann... On ne s'en lasse pas...


The Nutcracker and the four realms, de Lasse Hallström et Joe Johnston

Voilà un petit film bien sympathique à visionner en ces périodes de Noël, dégoulinant de couleurs, de jolies musiques et de bons sentiments... J'ai été au cinéma, persuadée qu'il y aurait d'innombrables scènes de ballets et d'extraits de grande musique, j'ai donc été un peu désappointée d'en trouver si peu, mais cependant, j'ai apprécié le film pour ce qu'il est : un divertissement pour petits et grands, plein de charme, duquel on ressort tout de même avec une petite larme à l'oeil bien légitime...












Bohemian Rhapsody, de Bryan Singer

Il me faut être honnête : j'ai un peu hésité avant d'aller voir ce film. Fan de Queen, je n'étais pas certaine de vouloir connaître les excès de Freddie Mercury dans tous leurs détails... Mais bon, la B.O. et les trailers aidant, je me suis finalement décidée. Au-delà de toute attente, Bohemian Rhaspsody est un très bon film, touchant, finalement assez triste, qui traite les excès du leader du groupe avec finalement beaucoup de pudeur et de prudence. C'est avant tout l'histoire d'un groupe, mais surtout d'un album, le fameux "Night at the Opera", qui a connu le succès que l'on sait. Rami Malek, est assez bluffant dans le rôle, malgré que certains critiques ou fans aient décrié son interprétation... Je trouve qu'il a extrêmement bien retranscrit la gestuelle du chanteur et son charisme naturel. Un film très émouvant pour tous les fans de Queen, et même les autres...







Mortal Engines, de Christian Rivers

Ah, au visionnage de la bande-annonce de ce film, j'ai vraiment été charmée, et plus encore lorsque je l'ai lu au détour du net, qu'il s'agissait d'une sorte de Star Wars en version steampunk... Alors oui, visuellement, le film est assez impressionnant, ces histoires d'énormes villes-machines qui absorbent les plus petites, la guerre de carburant, de vivres (on se croirait presque pour le coup dans Mad Max), est assez bien amené, je trouve. Malheureusement, le scénario est un peu creux, l'héroïne est plutôt bien brossée, mais il manque quelque chose de vraiment essentiel pour que cela plaise tout à fait. Pour tout dire, cela manque de fond, et il y a comme un air de réchauffé, surtout si on le compare à la trame de Rogue One, pour ne pas le citer... Seule bonne surprise, le personnage campé par Hugo Weaving, que j'attendais vraiment avec impatience... Mais là aussi, j'ai été assez déçue, car il avait un potentiel énorme. J'ai l'impression que le réalisateur est quelque peu passé à côté... Sinon, c'est toujours une bonne surprise d'entendre la voix de Féodor Atkine au doublage, dont le timbre si singulier et tellement profond n'est pas complètement étranger à l'affection que l'on pourrait porter au personnage qu'il incarne. (Pour ceux qui ne sauraient pas de qui je parle, Féodor Atkine est le doubleur officiel d'Hugo Weaving, de Hugh Laurie ou encore du personnage de Snoke dans les deux derniers Star Wars). En conclusion, le film manque d'âme et vraiment d'originalité.


More to come... 


13 décembre 2014

Toxic : fanvid "The Red Shoes"

Toujours sous le charme délétère du film de Michael Powell et Emeric Pressburger, "The Red Shoes" de 1948, je suis tombée sur cette magnifique fanvidéo du film, merveilleusement accompagnée par une version très inattendue de la chanson "Toxic", ici interprétée par District 78. Une pure merveille...

05 septembre 2014

The Red Shoes, de Michael Powell et Emeric Pressburger (1948)

Les Chaussons Rouges, de Michael Powell et Emeric Pressburger (1948 - Films Arthur Rank - GB - durée : env. 2h10), avec Moira Shearer, Marius Goring, Anton Walbrook.

Victoria Page est une jeune ballerine, rêvant de danse et de gloire. Après la première du ballet "Heart of fire", on lui présente l'éminent directeur de ballet Boris Lermontov, qui l'engage. Personnage intransigeant, rigide et hautain, Lermontov a décelé en elle un potentiel extraordinaire, et est bien décidé à en faire la nouvelle vedette de sa compagnie dans un projet d'envergure : créer un ballet inédit, "Les Chaussons Rouges", qu'un jeune compositeur, Julian Craster, nouvellement engagé, vient de lui écrire. Pour eux, ce sera la gloire assurée, à condition de s'y consacrer corps et âme. Lorsqu'il apprend que la jeune danseuse et le compositeur sont tombés amoureux l'un de l'autre, Lermontov en conçoit une rage  terrible...

***

Malgré que ce film ait été porté aux nues par les plus grands (Martin Scorsese, Brian de Palma, ou encore Coppola - excusez du peu), je ne le connaissais absolument pas, et il est proprement malheureux d'être passée à côté pendant tout ce temps... Les Chaussons Rouges, titre du ballet que joue la jeune Vickie Page, issu lui-même du conte d'Andersen, est à n'en pas douter, un de ces films qui, une fois visionnés, ne s'oublient jamais. A la fin du visionnage, on reste comme quelques minutes en "flottement", rêveur, incapables de se détacher de cette histoire troublante, bouleversante, qui oscille entre oeuvre onirique, drame musical et conte fantastique. Ce film, écrit par Emeric Pressburger et sorti en 1948, est une sorte d'heureux télescopage d'images et d'idées entre La belle et la bête de Cocteau, Les visiteurs du Soir de Marcel Carné, Le Fantôme de l'Opéra et Pygmalion... L'histoire en elle-même est bien peu fantastique au départ, puisqu'elle se concentre sur les aspirations d'une jeune femme qui souhaite devenir une grande danseuse, et sur le parcours plutôt amer de ses débuts dans la troupe de l'énigmatique et glacial Boris Lermontov, le directeur de ballet qui l'a engagée. Peu à peu, au fil des répétitions du ballet inédit, le rythme du film change, tout comme les images, la musique : le scénario alors très académique se transforme en une plongée dans le conte original d'Andersen et la fameuse malédiction des chaussons rouges, qui contraignent leur propriétaire, à danser éternellement, sans jamais s'arrêter, jusqu'à l'épuisement. On ne sait dorénavant plus si l'héroïne incarne simplement un rôle, ou si le rôle a trouvé en elle une incarnation ultime, puisqu'il résonne à présent dans son existence comme une réalité funeste (et là, on pense que Black Swan n'a vraiment rien inventé...). La vie de la jeune femme devient alors une allégorie pure et simple du conte, très habilement transformé dans un triangle amoureux inévitable, mais ô combien prévisible, qui n'est pas forcément celui que l'on croit, et qui se lit à divers degrés. Il est très rare pour un film de cette époque de voir une telle finesse et une telle modernité dans le traitement des personnages, y compris dans la manière de les présenter aux spectateurs.

Victoria "Vickie" Page (Moira Shearer)
Car la richesse de ce film, s'il se trouve dans le scénario et sur la modernité du propos et des plans,  repose tout autant sur le trio de tête des personnages, de Julian Craster, à Vickie Page, en passant par Boris Lermontov, tous trois incarnés, cela dit en passant, par de quasi inconnus.

***

Jeune femme toute entière dévouée à son art, Vickie Page, enrôlée à force pugnacité dans la grande compagnie dirigée par Lermontov, est une incarnation subtile mais entière, du sacrifice. Ce dévouement total qu'elle s'impose avec un optimisme juvénile, ne serait pas si terrible si elle ne l'avait promis à Lermontov, personnage magnétique, inquiétant de froideur et de grâce arrogante, qui l'a prise sous sa coupe. Le bienveillant ascendant des premiers temps prend vite des allures d'emprise délétère. La jeune femme devient alors un objet de manipulation et de chantage affectif. Lorsque celle-ci est confrontée à faire un choix de vie, un choix tellement humain - entre l'amour de l'art et l'amour tout court - son mentor la rejette avec une rage mal contenue, qu'on ne perçoit qu'à travers un mépris insultant.


Boris Lermontov (Anton Walbrook)
Que sait-on d'ailleurs de Boris Lermontov, personnage favori de toute la carrière du scénariste Emerich Pressburger ? Être rigide, hautain, égoïste à un degré suprême, animé d'un désir compulsif de perfection, que recherche-t-il vraiment ? Directeur et impressario tout-puissant d'une compagnie de renommée internationale, il sait ce qu'il veut et où il va, sans jamais aucune remise en question. Abandonnant et méprisant ceux qui ne peuvent le suivre, il fait et défait les carrières et les vies, si elles ne répondent plus à son sens du sacrifice et de la dépendance. On ne sait non plus ce qui le lie réellement à Vickie, hormis les espoirs qu'il a mis en elle follement, presque désespérément, comme si elle était l'incarnation ultime, inconditionnelle de son absolu. Inspiré à plus d'un titre par le véritable Sergeï Diaghilev, créateur et directeur des Ballets Russes, on retrouve chez Lermontov, cette personnalité écrasante, intolérante, quoique fascinante, celle qui subjugue son entourage, en même temps qu'elle ne l'entraîne encore et toujours vers le fond. Encore faut-il que ceux qu'il a sous sa coupe répondent à des aspirations équivalentes aux siennes... Si Vickie devient en quelque sorte son jouet favori - contrairement aux autres membres de la compagnie, qu'il estime avec une bienveillante politesse - c'est qu'il pense avoir face à lui une âme non pas semblable à la sienne, mais une âme jeune et influençable sur laquelle il peut peser lourdement, non par la terreur, mais par la fascination. Il peut ainsi projeter sur elle ses souhaits d'inconditionnelle perfection.

Lermontov : un autre personnage frollien ?


Du dévouement à l'emprise
Les scènes de ballet sont ensuite très révélatrices (pas moins de quinze minutes de danse sans coupure, absolument magiques), entre onirisme et symbolisme, on suit le cheminement de la jeune femme sur la voie de cette fascination à double tranchant : lors de la première représentation, elle voit sur les traits du danseur qui incarne le chausseur diabolique, ceux de Lermontov... Scène au symbolisme lourd, puisqu'elle révèle qu'il n'y aura finalement plus d'autre issue que celle, funeste, que véhicule le conte d'Andersen.

Lorsque Vickie lui échappe, en quittant la troupe pour se marier avec le compositeur Julian Craster, musicien doué, compositeur des Chaussons, qui officiait au sein de la compagnie, Lermontov ressasse une colère noire. Jalousie maladive révélatrice d'une tempérament obsessionnel ? Sans doute, quoiqu'on ignore tout à fait si le sentiment amoureux à quelque chose à y voir... Lermontov se dit en effet jaloux, mais pas de ce que l'on pense, et probablement pas du mari de Vickie, homme inoffensif, tendre, attentionné, forcément assez transparent, mais tellement égoïste lui aussi... On ne quitte pas si facilement le vieux carcan qui a eu cours pendant des siècles, et qui veut qu'une femme mariée sacrifie tout à son époux, tout y compris elle-même, jusqu'à s'oublier, jusqu'à s'effacer... La jeune femme ne déroge pas à la règle, et ne danse presque plus, et est, on n'en doute guère, très malheureuse d'avoir abandonné sa carrière. Lorsqu'elle a l'opportunité de la reprendre, ou plutôt, lorsque Lermontov lui propose de revenir dans la compagnie pour danser Les Chaussons Rouges, elle est à nouveau confrontée à un choix impossible : d'un côté le mari jaloux, exigeant à son tour un sacrifice total (si on n'avait pas réellement détester ce personnage jusque là, à présent, c'est chose faite!), et de l'autre le mentor, le pygmalion sans scrupules qui réclame l'aboutissement d'un idéal hors de portée...

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On ne peut regarder la fin des Chaussons Rouges qu'étourdi, et n'en ressortir qu'avec la conviction d'avoir vu un véritable chef-d'oeuvre... Il s'adresse autant aux amateurs de danse qu'aux autres, tout comme aux adorateurs de personnages complexes... A voir et à revoir sans aucune modération !



 Pour terminer cet article, la scène de rencontre entre les deux principaux protagonistes, Vickie Page et Boris Lermontov :



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Et je ne résiste pas à poster quelques délicieuses photos de promo du film...