Emma
Autumn de Wilde (2020)
d'après le roman de Jane Austen
Prévue pour une sortie en salle en avril 2020, cette nouvelle adaptation d'Emma de Jane Austen, a finalement été diffusée sur les plateformes de streaming légales durant le confinement. Pas certaine donc qu'elle ait trouvé facilement son public... Je dois dire que j'étais très curieuse de cette nouvelle adaptation dont le ton avait l'air d'être radicalement différent d'une adaptation plus traditionnelle, et dont l'esthétique irréprochable présentée dans le trailer augurait de très belles images. Effectivement, comme annoncé, le ton est relativement sensuel, mais malgré tout plutôt léger. J'ai été assez étonnée de l'aspect assez décomplexé de certaines scènes, mais très satisfaite aussi de l'ironie très assumée des personnages. Emma n'est sans doute pas le roman de Jane Austen que je préfère, car il comporte l'héroïne la plus tête à claques de la littérature anglaise, mais j'ai été vraiment charmée par le jeu à la fois tellement piquant et sérieux d'Anya Taylor-Joy (actrice bien connue pour son rôle de Casey dans Split et Glass), qui est parvenue à me réconcilier avec le personnage... D'autre part, je n'ai pas été très emballée par le Mr Knightley de Johnny Flynn, qui m'a laissée un peu de marbre... Il faut dire que lorsque l'on passe après Jeremy Northam et Mark Strong, il y a pas mal de boulot pour apporter une quelconque nouveauté à ce personnage parfois très moralisateur. L'acteur campe un Mr Knightley assez tendre, quoique toujours assez critique, même si je trouve qu'il manque cruellement de charisme, ce qui est d'ailleurs le cas de tous les protagonistes masculins du film... Quant à l'esthétique, elle se révèle tellement irréprochable que l'on se croirait dans un tableau de Constable... Un petit bijou visuel, qui comporte donc son lot de surprises, avec quelques bémols tout de même sur ses têtes d'affiche.
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La Tour Sombre
Nikolaj Arcel (2017)
d'après le roman de Stephen King
Je suis certaine qu'il y en a qui vont hurler au scandale quand je vais dire que j'ai bien aimé ce film... On va quand même avouer qu'il s'agit là d'une grosse machine bruyante et pas très subtile, à la sauce blockbuster hollywoodien. Et on hurlera au scandale parce que décidément, cette adaptation de la Tour Sombre n'a vraiment qu'un très vague rapport avec le roman dont il se dit issu. Personnellement, j'ai lutté pour venir à bout du premier tome de la saga du maître King, ce qui n'était vraiment pas bon signe (mais je ne suis pas du tout une inconditionnelle), et oserais-je dire que le récit est tellement obscur qu'il y a des pans entiers de l'histoire qui me sont un peu tombés des mains. Je m'en excuse d'avance auprès des fans, d'ailleurs, mais je suis au regret d'avouer que je n'ai pas du tout accroché. Par contre, le film m'a suffisamment intrigué pour me pousser à lire le roman aussitôt. En réalité, j'ai plutôt été très interpellée par le duo des personnages principaux, d'un côté Roland Deschain, le Pistolero, interprété par Idris Elba, et de l'autre, l'Homme en noir, le ténébreux mage Walter O'Dim, campé par Matthew McConaughey. Malgré de très grosses faiblesses de scénario et des retournements de situation un peu bâclés, l'opposition des deux personnalités m'a immédiatement ravie. Et que dire du visuel impeccable qui entoure le fameux Homme en noir, impitoyable et doté d'un humour à froid irrésistible. Alors certes, ce n'est pas le film du siècle, mais on passe volontiers deux heures fort agréables, en compagnie d'un méchant ténébreux et pince-sans-rire à souhait...
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Joker
Todd Philips (2019)
Le moins que l'on puisse dire, c'est que je me suis pris un énorme claque en regardant ce film. Je ne m'attendais pas du tout à ça, car ce n'est pas un film de super-héros, et a fortiori, pas un film de super-vilain non plus... Joker retrace l'histoire d'Arthur, un pauvre type aux allures pathétiques, atteints de troubles mentaux, comédien raté allant de petits boulots en petits boulots minables. A vrai dire, pendant la première demi-heure, je me suis demandée s'il s'agissait bien du même Joker, éternel némésis de Batman dont il était question, tant le traitement du personnage sort des sentiers battus... Joker est un film crépusculaire et d'une violence psychologique rare, choquant et fascinant, à mi-chemin du film d'auteur, à la réalisation hypnotique, aux prestations d'acteurs magnifiques. Joaquin Phoenix est littéralement magnétique dans ce rôle à la fois pitoyable et sublime, qui montre la longue descente aux enfers d'un pauvre type aux allures de victime, jusqu'à son "ascension" folle et sanglante, qui vous laisse vraiment pantois derrière votre écran... A noter aussi la gestuelle tellement marquante et fascinante du personnage, la chorégraphie et la bande originale, qui sont à elles seules de purs chefs-d'oeuvre. Une curiosité et une merveille de réalisation !
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Jesus Christ Superstar
Live in Concert NBC
Comédie musicale (2017) d'Andrew Lloyd Webber et Tim Rice
J'aime beaucoup la comédie musicale Jesus Christ Superstar, d'Andrew Lloyd Webber, que j'ai découvert il y a seulement quelques années, via la version live avec Tim Minchin datant de 2012. Il existe plusieurs autres versions filmées, dont cette représentation live avec John Legend dans le rôle-titre, et tournée en 2017 dans les studios de la chaîne NBC, avec de visibles moyens pharaoniques. Le fait est que si on se fie aux commentaires fort peu élogieux que l'on peut glaner un peu partout sur la toile à son sujet, on ne serait pas du tout tentés de la voir, mais étant donné que j'ai énormément l'esprit de contradiction et qu'il y avait aussi Ben Daniels au casting dans le rôle de Ponce Pilate, je n'ai pas pu m'empêcher de la regarder... Et rien que pour Ben Daniels, j'aurais fait n'importe quoi... 😅 Mais le fait est que cette version est vraiment (vraiment) excellente ! Alors certes, ce ne sont pas des voix traditionnelles de comédie musicale, très posées et travaillées, ce sont des voix "soul", et cela donne une toute nouvelle dimension aux sonorités et aux airs les plus connus. Et j'ai été émue comme ce n'est pas permis. Cette comédie musicale a toujours le don de me faire pleurer à chaudes larmes, et cette version remporte vraiment la palme. John Legend a une voix vraiment extraordinaire, chaude et belle, qui se brise d'émotion lors des scènes les plus bouleversantes et les plus tristes, et qui m'a vraiment touchée en plein coeur... Sa version de Gethsemane est sans doute l'une des plus émouvantes que j'ai entendues. Quant au reste du casting, Brandon Victor Dixon, qui interprète Judas, celui-ci n'est pas en reste, car sa voix donne littéralement des frissons. J'ai eu l'excellente surprise de retrouver Norm Lewis en Caïphe, avec son ton de basse immanquable et toujours tellement impressionnant, mais aussi, comme je l'ai déjà mentionné plus haut, Ben Daniels, qui sans être chanteur professionnel, offre une prestation tout à fait remarquable, à la fois rock'n roll mais aussi très émotionnelle... On notera aussi la présence plus que surprenante d'Alice Cooper qui fait une apparition éclair dans le rôle d'Hérode... Une très jolie surprise que cette version, tellement dynamique, belle et pleine de sentiments.
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Jane Eyre
Delbert Mann (1970)
Voici l'une des rares versions anglophones de Jane Eyre que je n'avais pas encore vue, et c'est à présent chose faite. Au casting, on retrouve entre autres Susannah York, et George C. Scott (interprète bien connu de Patton, au cinéma) dans les rôles principaux, et aux commandes de la BO, le fameux John Williams. Je n'attendais pas grand chose de cette adaptation, car j'avais pu en voir quelques extraits sur youtube ces dernières années, et j'avais toujours eu le sentiment que cette version était désespérément froide... Sentiment qui m'a été confirmée par mon récent visionnage complet de ce film. Il est effectivement d'un détachement peu cohérent avec la passion latente des personnages, mais la palme en revient surtout à George C. Scott qui soit a l'air aussi figé qu'un bloc de granit, soit a l'air de se demander ce qu'il fait là. Je ne crois pas que je garderai cette adaptation dans les plus mémorables du genre...
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Ladyhawke
Richard Donner (1985)
Ce film a fait les beaux jours de mon enfance, avec son
romantisme échevelé, son visuel et son contexte d'heroic fantasy tellement uniques pour
l'époque... Ladyhawke retrace l'histoire du chevalier solitaire Etienne Navarre
(Rutger Hauer), ancien capitaine de la garde de l'évêque d'Aquila, traversant
le pays avec à son bras, un magnifique faucon, qui n'est autre que la forme
diurne de son amour perdu, Isabeau d'Anjou (Michelle Pfeiffer). Tous deux
victimes d'une malédiction jetée par l'évêque d'Aquila, Etienne se transforme
en loup la nuit et Isabeau, en faucon le jour... Une histoire donc d'un magnifique romantisme, servie par des images splendides qui n'ont guère pris une ride, ainsi que par un casting d'exception... La bande originale a peut-être quant à elle, un peu vieilli, mais plus de 35 ans après sa sortie, je frissonne toujours autant en regardant ce film, rediffusé il y a peu sur TCM... Un petit bijou romanesque comme on n'en fait plus... Il me donne subitement envie de ressortir toutes les perles eighties du même genre : Dark Crystal, Willow, Legend ou encore Labyrith...
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