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11 août 2021

Lectures pépites de l'été

La Bible Perdue, d'Igor Bergler 

Charles Baker, un éminent universitaire, se voit interrompu en pleine conférence par la police roumaine pour se rendre sur les lieux d'un crime atroce, perpétré selon un rituel sanglant. Lancé sans le vouloir sur les traces d'un assassin aussi terrible qu'insaisissable, et épaulé par une enquêtrice d'Interpol, Charles Baker se retrouve aux prises avec une société secrète, souhaitant récupérer le sabre de Vlad l'Empaleur et la première Bible de Guthenberg, commanditée par le tristement célèbre prince des Carpathes... 

Que voilà un étonnant roman d'intrigues d'un auteur roumain que je ne connaissais pas mais qui semble rencontrer un certain succès en Europe de l'est. En commençant la lecture, je croyais me lancer dans un roman du style de ceux de Dan Brown, cependant, j'ai été forcée de constater que même si on lorgne clairement du côté du mystère et du polar ésotérique, La Bible Perdue est en réalité un roman d'une précision rare, extrêmement bien documenté et qui exploite à merveille l'Histoire et les légendes roumaines, et bien entendu surtout celle de Vlad Tepes III, qui est la pierre angulaire de ce livre, qui m'a décidément fait beaucoup penser au diptyque d'Elizabeth Kostova, "L'Historienne et Dracula", pour son côté soigné et profondément érudit. Il est clair que malgré la densité de la narration, des digressions aussi que l'on pourrait peut-être reprocher à l'auteur, je suis restée scotchée sur ce livre foisonnant, où l'on ne s'ennuie pas une seule seconde, et au détour duquel on apprend aussi énormément de choses, le tout noyé dans une ambiance brumeuse et inquiétante à laquelle il est impossible de rester indifférent. Alors attention, même si les références au mythe de Dracula sont nombreuses, il n'est pas question ici de récits vampiriques, mais plutôt de gigantesques conspirations déployées à travers l'histoire de l'humanité... Une très belle découverte, qui mériterait sans doute une seconde lecture pour bien en appréhender tous les ressorts !


L'Estrange Malaventure de Mirella, de Flore Vesco

Lorsque la petite bourgade de Hamelin est envahie par les rats, l'humble Mirella, la porteuse d'eau, ignorée de tous, se voit soudain investie d'un don sans précédent. Elle semble voir celui que personne ne peut voir : l'homme encapuchonné qui se penche à l'oreille des habitants de Hamelin qui vont bientôt mourir de la peste. S'en suit un duel sans merci entre la jeune fille et la mort en personne... 

Ce roman faussement classé en YA, est un véritable coup de coeur. Tout d'abord pour l'écriture, entièrement réalisée dans les premiers chapitres en vieux français, ce qui relève en soi du tour de force, et qui a le don de vous plonger dans une ambiance médiévale absolument plus vraie que nature. Ensuite pour cette histoire du Joueur de Flûte de Hamelin, complètement revisitée, dont je ne conservais de mon enfance qu'un très vague souvenir. Mirella est une jeune porteuse d'eau aux cheveux de feu, qui peu après l'arrivée des rats dans la bourgade, commence à apercevoir une silhouette mener les rats apportant la peste, et semblant comme choisir ceux qui vont mourir en se penchant à leur oreille... Invisible aux yeux de tous, la personnification de la maladie, jeune homme à la peau d'ébène d'une beauté saisissante, remarque cette jeune fille qui le trouble et l'intrigue. Mirella se lance donc dans un combat avec la Peste en personne afin de sauver la ville, pour laquelle elle n'est pourtant qu'une réprouvée. Evidemment, au vu de cette opposition délicieuse entre deux contraires, entre la mort et la vie en quelque sorte, dans l'attraction qu'ils exercent aussi l'un sur l'autre, cette trame ne pouvait que me plaire, et c'est peu dire ! Le tout est mené d'une manière peu habituelle, conclu de manière tout aussi peu conventionnelle, et c'est ce qu'il y a finalement de plus appréciable : tout le piquant et l'éternelle lutte de la lumière contre les ténèbres persistent jusqu'au bout, dans un style absolument fantastique, sans que le propos ou les interactions ne s'en retrouvent affadis ! Une lecture que je recommande à coup sûr pour tous les admirateurs de personnages complexes et de belle littérature. Il est à noter que Flore Vesco a également sorti il y a peu un roman intitulé "D'or et d'oreillers", revisitant cette fois le conte de la Princesse au petit pois, mais que j'ai trouvé en-dessous de celui-ci, même si le contenu reste profondément inventif. Mais peut-être que la thématique m'a tout simplement moins parlée. Je vous en laisse juge ;)


Les Fleurs de l'ombre, de Tatiana de Rosnay

Clarissa, auteur de romans, tout juste sortie d'une séparation douloureuse, se réfugie dans une résidence pour artistes située en plein Paris, où les candidats sont triés sur le volet. Sans savoir pourquoi elle a été retenue après une série d'entretiens étranges, la voilà installée dans son nouvel appartement, truffé de technologie dernier cri, où son assistante virtuelle, "Mrs Dolloway", semble la scruter en permanence. Bientôt le "confort" de cette nouvelle vie, le contrôle permanent qu'il lui impose, la met mal à l'aise, et bientôt Clarissa se sent en danger. Que veulent réellement ceux qui sont à la tête de cette résidence d'artistes ? Pourquoi l'observent-ils ?

J'ai tendance à rapprocher de plus en plus Tatiana de Rosnay du style de Daphne du Maurier, en raison de cette impression de menace sournoise, invisible, planant sur les protagonistes, et sur les motivations singulières de cette menace, que n'aurait pas boudée l'auteur de Rebecca ou de Mad... Ce court roman se déroulant dans un futur plus ou moins proche, dans lequel l'omniprésence d'une certaine forme de technologie avec toutes ses dérives n'est pas sans rappeler certains aspects de 1984, m'a littéralement ravie par son style direct et diablement efficace. Le doute que laisse planer la conclusion du récit m'a laissée un long moment en flottement, avec une bonne dose de réflexion à la clé. A lire absolument lorsque l'on aime les ambiances incertaines et les conclusions pleines de frustrations à la Du Maurier !

 

La Vie invisible d'Addie Larue, de V.E. Schwab

Le jour de son mariage, Adeline Larue, jeune femme indépendante de la France rurale du XVIIIe, désespérée par l'union qu'on la force à conclure, se met à invoquer désespérément les anciens dieux, afin qu'ils lui viennent en aide. La seule aide qui lui vient est celle de la Nuit elle-même, un démon qui lui propose d'échanger son âme contre l'oubli éternel. Sans comprendre dans quoi elle s'engage, la jeune femme accepte. La voilà donc devenue immortelle, mais condamnée à jamais à être oubliée par tous ceux qu'elle rencontre... 

Cela faisait un long moment que cette brique de 700 pages me faisait de l'oeil dans les rayons de la librairie, et j'ai fini par céder, parce que le mythe faustien, décidément, je n'y résiste jamais ! Je dois dire que j'attendais beaucoup de ce roman, peut-être un peu trop. Et même s'il a été impossible à lâcher, j'ai été un peu désappointée par les personnages, en tout premier lieu par celui d'Addie, auquel je trouve qu'il est très difficile de s'attacher, et par celui d'Henry. La lecture vaut vraiment le détour pour le personnage du démon aux yeux verts, sorte de diable faustien, fasciné par sa proie, jouant avec elle pour mieux la faire céder, mais n'en demeurant pas moins admiratif lorsqu'elle déjoue ses plans les mieux établis... La relation d'attraction-répulsion entre eux est le meilleur ressort du livre, dans lequel se trouve malheureusement in fine beaucoup de longueurs... La construction du récit reste aussi tout à fait excellente, avec ses incessantes ruptures de chronologie, et qui permettent de découvrir l'histoire et la psychologie des personnages au compte-gouttes, ce qui est assez plaisant en soi. Je reste tout de même un peu sur ma faim en raison du manque d'empathie pour le personnage principal, mais très satisfaite par la conclusion, qui est une merveille d'ambigüité. 

A suivre...    

15 décembre 2019

Bilan de mes dernières lectures (novembre 2019)


Cela fait un (très) long moment que je ne me suis pas attelée à un bilan "lectures", et honnêtement, si je devais faire une rétrospective complète, je ne m'en sortirais pas ! car il y a eu beaucoup (mais vraiment beaucoup) de livres qui me sont passés par les mains ces derniers mois...  Autant le dire tout de suite, je ne me sens pas de taille à chroniquer lesdits bouquins, à cause de leur nombre et pour la simple et bonne raison qu'ils ne sont pas tous franchement inoubliables. Je me suis donc contentée de faire une petite sélection, avec six livres seulement, et qui m'ont suffisamment marquée pour que je souhaite en parler dans ces pages. Et accessoirement dont la lecture ne remonte pas à des mois, ce qui va me faciliter tout de même un peu la tâche !



Je commencerai avec Le Pouvoir, de Naomi Alderman. Ce roman, sous couvert d'un contexte de style fantastique, parle comme on l'aura pu deviner, de l'inversion du rapport de forces entre hommes et femmes. Dans une société qui semble notre contemporaine, les femmes se voient dotées d'un pouvoir extraordinaire : celui de pouvoir dégager un courant électrique, parfois extrêmement puissant, par l'intermédiaire de leurs mains. Pouvoir qui se développe de plus en plus chez chaque femme, au point, pour certaines, d'en perdre complètement les pédales. Au début du roman, on croit que ce pouvoir va permettre aux femmes du monde de s'émanciper, et de se libérer définitivement du joug des hommes. Seulement, il ne s'agit pas d'un récit idéaliste, et les femmes ne demeurant finalement que des êtres humains, ce pouvoir dérape, leur échappe, et elles deviennent progressivement, à leur tour, des bourreaux... J'ai trouvé très intéressant ce retournement de situation, très jubilatoire au début, jusqu'à ce la nature humaine ne rattrape les idéaux de ces femmes devenues toutes puissantes. Finalement, un monde dirigée par les femmes serait-il meilleur que celui, patriarcal, que y a toujours prévalu ? Ce récit très éclairé, très cru et très dur aussi, a été une belle découverte et une agréable surprise...

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Ensuite, je n'ai pas pu m'empêcher de poursuivre ma lecture compulsive des ouvrages de Gail Carriger, auteure des séries "Sans âme" (romance steampunk) et du "Pensionnat de Mademoiselle Géraldine (YA steampunk), avec ce premier tome d'une nouvelle série "Le protocole de la crème anglaise", intitulé Prudence, du nom de l'héroïne de ce roman. C'est toujours un très grand plaisir de lire Gail Carriger, tant l'écriture est folle, presque déjantée, et teintée d'un humour anglais tout à fait délicieux (même si l'auteure est américaine). On verse ici plutôt à nouveau dans la littérature YA, toujours dans ce XIXème siècle victorien, rempli de loups-garous et de vampires, cher à Gail Carriger. On passe de Londres à l'Inde coloniale, en suivant les péripéties de Lady Prudence Maccon Akeldama, toutes plus rocambolesques les unes que les autres, et devant lesquelles on se paye de sacrées tranches de rire... Je me précipiterai dès que possible sur le tome 2 (déjà dans ma  vertigineuse PAL), car il s'agit là d'une merveilleuse lecture détente !

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J'en viens ensuite à La Maison de Cendres, de Hope Cook, également au rayon littérature jeunesse (vous verrez que cette sélection en comporte une grande majorité, in fine). J'avoue que c'est principalement la couverture qui m'a attirée en premier lieu dans ce roman, qui retrace les histoires croisées de Mila, une jeune femme du XIXème siècle, se retrouvant prisonnière du manoir tentaculaire dans lequel son beau-père mène des activités obscures, et celle de Curtis, jeune homme du présent, aux prises avec un père atteint d'une grave maladie mentale. Comme souvent en littérature jeunesse, malheureusement (et surtout la littérature jeunesse américaine), même si le résumé et le contexte s'annonce très prometteurs, mon enthousiasme est vite retombé comme un soufflé. Il y avait une idée de base excellente, c'est-à-dire, celle de l'histoire de Mila, en lutte contre un beau-père extrêmement mal intentionné, aux motivations très obscures, et contre une maison aux pouvoirs démoniaques, qui absorbe littéralement tous ceux qui y vivent. Ceux qui suivent un peu ce blog savent que c'est justement le genre d'histoires qui m'attirent irrésistiblement... Seulement, le récit devient rapidement très convenu, très frileux une fois que le récit serait susceptible de s'approfondir. Comme si l'auteur avait eu peur, finalement, d'aller trop loin dans son histoire, pour revenir à une histoire d'amour un peu mièvre entre deux adolescents (ou alors il s'agit d'une exigence d'éditeur, qui sait)... L'histoire, au moment où elle aurait pu vivre une apothéose se détourne soudain du chemin qu'elle a pris, ce qui est très dommage, car la première moitié en était tout à fait réussie...

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Dans le registre des excellentes découvertes, je suis tombée tout à fait par hasard sur le premier tome d'une nouvelle série, Ceux qui ne peuvent pas mourir, de Karine Martins. Et ce livre, à l'inverse du précédent, est véritablement un sans faute ! On est clairement, à nouveau dans le registre de la littérature jeunesse et dans la veine fantastique. Ce premier volet suit les pérégrinations de Gabriel Voltz, enquêteur volage, cabotin et impertinent, dont la spécialité est la chasse aux Egarés, ces créatures surnaturelles qui sèment parfois un lot impressionnant de victimes derrières elles. Voltz, s'il est en quelque sorte chargé de "faire le ménage", en obéissant aux ordres de la Sainte-Vehme, un obscur ordre religieux, dont les méthodes n'ont rien à envier à celles de l'Inquisition, il n'en demeure pas moins un Egaré, lui aussi, dont on ignore la nature. Depuis que ce dernier a pris Rose sous son aile, une jeune orpheline qu'il a sauvé des griffes d'une créature surnaturelle, Voltz s'attire les foudres de la Sainte-Vehme...
Autant dire tout de suite que j'ai été extrêmement séduite par ce roman, qui à mon sens, va bien au-delà de catégorisation en la littérature jeunesse. Il est tout simplement excellent, merveilleusement écrit, avec un panel de personnages très soignés, et une dose d'humour tout à fait bienvenue dans le contexte très crépusculaire de ce premier volet. Au-delà de l'ambiance extrêmement soignée, les personnages sont très attachants, Voltz en tête, que je classe désormais sans conteste, parmi mes personnages de fiction de prédilection du moment... Il a un charme tout à fait indéniable... :) L'improbable duo qu'il forme avec Rose est on ne peut plus charmant et jubilatoire et je me régale à l'avance des développements des deux personnages qui ne manqueront certainement pas d'intervenir au cours du tome 2, dont la sortie est attendue dans les prochains mois.

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J'ai lu beaucoup de Georgia Caldera ces dernières années, que ce soit des romances contemporaines ou des roman(ce)s plus fantastiques (voir la série des Larmes Rouges, dont le premier tome est sans doute le seul roman qui est parvenu à me réconcilier avec la bit-lit, car l'écriture en est véritablement très soignée). Autant le dire tout de suite, les romans de Georgia Caldera, font  partie de mes très nombreux plaisirs coupables... Le jardin des âmes est également le premier tome d'une nouvelle série (décidément), dans lequel je me suis laissée embarquée avec un très grand plaisir. Comme souvent, les histoires de Georgia Caldera se fondent sur des personnages solitaires, complètement en souffrance, et celle-ci ne déroge pas à la règle. Le récit suit Céphise, jeune violoniste vivant dans une monde ravagé et mort, se trouvant sous l'autorité de dieux tout-puissants et cruels. Lorsqu'elle n'était qu'une enfant, sa famille a été décimée par l'Ombre, le sinistre exécuteur des dieux, duquel elle a juré de se venger... J'apprécie particulièrement les romans de Georgia Caldera pour leur art à prendre ses personnages à contre-pied, présentant des palettes toujours justes de caractères en  complète demie-teinte. Et je n'ai pas été déçue par ce premier tome, et notamment par le personnage de l'Ombre, dont les scrupules magnifiques ont continué à me hanter bien longtemps après avoir refermé le livre. La sortie du tome 2 est annoncée pour le 25 mars.

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Lorris Murail offre avec Vampyre, une vision quelque peu dépoussiérée de la créature telle que nous la connaissons... Car ici, point de vampires aux canines aiguës suceurs de sang, mais des êtres qui absorbent l'énergie vitale de leurs victimes. Mia, le personnage central de ce roman, jeune fille solitaire et livrée à elle-même, se retrouve la proie de l'un de ces vampyres "psychologiques", un dénommé PhaX, dont on ne connaîtra jamais réellement l'origine exacte. Ces êtres sont, à l'image de leurs homonymes, aussi dépourvus de commisération et d'humanité, et font preuve du même égoïsme monstrueux, en ayant pour leur part, le don déconcertant d'être très facilement pris en pitié. Le personnage de PhaX, s'il demeure une énigme, est très certainement aussi épouvantable qu'un vampire "conventionnel", car s'il se nourrit de l'énergie des autres, n'en est pas pour autant immortel. Il a donc tout d'un Homme, sans en avoir le moindre scrupules. Le récit, s'il se révèle tout de même relativement fantastique sur le genre, évoque inévitablement des phénomènes d'emprise et de relations toxiques, et à certains profils psychologiques de "bourreaux", bien réels ceux-là. A vrai dire, le dépérissement du personnage de Mia dans le roman, provoque un profond malaise, peut-être plus que celui que l'on pourrait observer dans un récit vampirique classique. Car il n'y a aucune contre-partie, aucun gain, pour la victime. Rien que l'anéantissement complet de soi. Le roman, en dépit d'une couverture très belle à l'oeil, mais qui donne, à mon sens, une image assez déformée du contenu, est extrêmement noir, et la thématique plus dérangeante qu'elle n'y paraît.
Durant ces dernières semaines, j'ai croisé de manière assez rapprochée cette thématique du vampire "psychologique", notamment dans le très intéressant "Le Sang du Vampire", de Florence Marryat, datant du XIXe siècle, et pour la première fois éditée en français dans la collection de La Pléiade. 


Ce court roman (plus ou moins 250 pages), parle d'une jeune fille, tout droit sortie d'un couvent, d'apparence plutôt inoffensive, mais qui absorbe, elle aussi, l'énergie vitale des personnes qui l'entoure, et qui ont le malheur d'avoir de la sympathie pour elle. Car, s'il y a un point commun entre les victimes de ces êtres toxiques, sont leur empathie très développée, qui leur font prendre leurs bourreaux en pitié...La thématique est donc très similaire à celle du roman de Lorris Murail, et donc tout aussi dérangeante. A la différence près que lorsque la jeune fille "vampire" de Marryat tombe réellement amoureuse et fait dépérir, pour son malheur, le mari qu'elle adore, celle-ci ne le supporte pas et préfère se donner la mort. Le personnage n'est donc pas complètement manichéen, mais cause suffisamment de dégâts tout au long du roman pour que l'on parvienne à la prendre en pitié deux secondes... Cependant, le roman est extrêmement fascinant, lui aussi, puisqu'il s'écarte largement des récits vampiriques classiques.



Dans un autre registre, le personnage de Charlie Manx créé par Joe Hill dans son roman Nos4a2, et auquel Zachary Quinto prête ses traits dans la série du même nom, adopte également une caractéristique commune avec celle évoquée plus haut. Il est effectivement un vampire, mais ne mord pas ses victimes : il les transforme irrémédiablement par sa seule présence à côté d'elles. Apparaissant d'abord comme un vieillard, Manx se régénère peu à peu au contact des enfants qu'il arrache à leurs familles dysfonctionnelles. Le personnage, dépourvu de toute humanité, à la psychologie complètement déréglée, s'imagine être un héros, alors qu'il est un monstre... Cette ambivalence est  d'ailleurs tout à fait passionnante à décrypter (Voir l'article très intéressant sur le blog de Lorinda).

Ces vampires "psychologiques" feraient-ils partie d'une nouvelle tendance ? Il est certain qu'ils n'en demeurent pas moins aussi effrayants que leurs pendants "traditionnels".

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19 août 2019

Bilan des dernières lectures ( >> août 2019) - 1ère partie

Voilà un loooong moment que je n'ai rien posté sur ce blog... Et pourtant, ce n'est pas le manque de lectures qui en est la cause... La preuve est que j'ai renoncé à lister tous les livres qui me sont passés sous la main depuis ma dernière chronique. Pour faire simple, je me contenterai d'un petit commentaire assez succinct sur les volumes qui m'auront agréablement marquée. Voici donc un petit florilège des lectures de ces derniers mois...

Le pensionnat de Mlle Géraldine : tomes 1 à 5, de Gail Carriger


Sophronia Temminnick est véritable garçon manqué et sa mère se désespère d'en faire un jour une dame accomplie dans cette Angleterre si rigide de la fin du XIXe siècle. Afin de tenter de parfaire son éducation, la jeune fille est envoyée au pensionnat de Mlle Géraldine, spécialisé dans la formation des dames de qualité. Cette école-dirigeable, suspendue dans les airs, où l'on est sensé faire d'elle une lady, est en réalité un centre de formation pour jeunes espions en jupons...

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Oh que voilà une très jolie série Young Adult de 5 tomes, drôle et pleine de piquant, écrite par l'américaine Gail Carriger... Il y a quelque chose de frais et de bon enfant dans Le Pensionnat de Mlle Géraldine, qui associe de manière très heureuse Harry Potter et Enola Holmes, le tout en version steampunk... Alors oui, on pourrait penser que le mélange est un peu fou - et il l'est sans doute, mais la série est tellement addictive, tellement bien construite, que l'on enchaîne les tomes sans trop s'en rendre compte, tant l'intrigue est originale et les personnages attachants. Pas de noirceur excessive, quoique la série comporte son lot de complots, d'assassinats, de vampires et de loups-garous, mais une véritable lecture détente, pleine de divertissements et délicieusement rafraîchissante.

Rêver, de Frank Thilliez

Abigaël est une experte en psychologie légale, atteinte d'une forme sévère de narcolepsie. Lorsqu'elle perd tragiquement son père et sa fille dans un accident de voiture, dont elle sort presque indemne, ses cauchemars prennent progressivement le pas sur sa vie, et se mêlent à la traque du tueur d'enfants qu'elle menait depuis des mois.

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D'ordinaire, je lis très peu de polars, mais celui-ci m'ayant été conseillé chaleureusement par une amie, je m'y suis donc mis avec enthousiasme... Et je n'ai pas été déçue, car une fois commencé, il m'a été impossible de le lâcher ! Ce fut donc pour moi deux jours de lecture intensive, et joyeusement addictive. Evidemment, c'est un polar très noir, et aussi très singulier, car la ligne du temps est entièrement déconstruite, ce qui est parfois déstabilisant, mais qui fait aussi toute l'originalité de ce roman aux contours troubles et délétères. D'ordinaire, très peu pour moi les histoires de tueurs en série, d'assassins d'enfants, et de meurtres un peu gluants... La réalité est déjà suffisamment horrible à mon sens pour encore en voir dans ses lectures, mais tout l'intérêt du livre repose dans la narration particulièrement intelligente et assez inhabituelle pour un polar. J'ai donc voulu enchaîner un peu plus tard avec l'Anneau de Moebius, du même auteur, qui se base également sur une certaine déconstruction du récit, mais qui en raison de son contexte un peu nauséabond, m'est complètement tombé des mains... Comme quoi, Rêver fait vraiment figure d'exception... 

Nosferatu contre Dracula : étude et analyse cinématographique, d'Olivier Smolders

Le livre se présente comme une petite analyse de l'image du vampire à travers le cinéma, en se basant sur la toute première adaptation à l'écran de Dracula, à savoir le Nosferatu de Murnau, mais à vrai dire, il s'agit plutôt d'un plaidoyer pour la défense de ce personnage, dont il est demeure la plus primitive et la plus ténébreuse des transpositions de Dracula à l'écran. Personnellement, même si j'apprécie toujours de lire des analyses littéraires ou cinématographiques, je n'ai pas accroché à tous les propos de l'auteur, qui conteste assez fermement l'interprétation de Lugosi dans le rôle... Et là, c'était la chose qu'il ne fallait me dire... :) Parce que, Belà Lugosi, c'est chasse gardée, verboten, gefärhlich : on ne touche pas ! Cela dit, le livre demeure très intéressant puisqu'il évoque les différentes adaptations, leur chronologie, influences, etc. Une curiosité pour les amateurs du prince des vampires...






Le Vampyre, de John Polidori - suivi de Lord Ruthwen ou Les Vampires, de Cyprien Bérard

Alors, il me faut être honnête, j'étais enthousiaste à l'idée de lire enfin le mythique Vampyre de John Polidori. Pour vous expliquer le contexte : c'est lors d'un séjour commun en Suisse que Byron, Polidori, Percy Shelley et Mary Wollstonecraft Godwin (future Shelley), en proie à un ennui profond, se lancent comme défi d'écrire un récit fantastique. Mary Shelley écrit Frankenstein, Byron pose les bases d'un récit vampirique qu'il abandonne, mais que Polidori achèvera. Ce récit de quelques dizaines de pages, et somme toute assez moyen, n'est vraiment pas marquant. Il l'est plutôt pour l'aura de mystère qui entoure sa création, mais en dehors de cela, il retombe plutôt à plat, malgré le petit succès qu'il semble avoir connu à l'époque de sa parution. Et ce n'est pas la séquelle écrite par Cyprien Bérard en 1820 qui va rattraper le coup, et que j'ai achevé assez péniblement... Le mythe du vampire est retombé comme un soufflé, et mon enthousiasme avec...






Jane, de Aline Brosh McKenna et Ramón K. Pérez, d'après Charlotte Brontë (BD)


Après une enfance malheureuse, Jane part vivre à New-York, afin de réaliser des études d'art. Cherchant un petit boulot qui pourra payer son loyer, elle est engagée comme nanny pour prendre soin d'Adele Rochester, la fille d'un puissant homme d'affaires, taciturne et méprisant...

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Comme vous l'aurez sans doute compris, Jane est une transposition moderne de l'oeuvre de Charlotte Brontë au format comics. Malgré toutes mes craintes concernant cette adaptation de contexte, je dois dire que les auteurs s'en sont plutôt bien sortis. Le dessin est très agréable, et comme je l'ai dit, tout à fait dans la veine américaine, avec un scénario pour le moins efficace. Cependant, même si j'ai beaucoup apprécié la lecture, lorsque je prends un peu de recul, je m'aperçois que la trame choisie est tout de même relativement convenue, si on la compare au schéma de n'importe quelle série américaine un tant soit peu bien menée. Il y a des intrigues amoureuses, des rebondissements, des assassinats, des complots... Bref, tout ce qui finalement marche très bien auprès du lecteur d'aujourd'hui, mais qui a déjà été vu cent fois. On peut le dire, les transpositions modernes d'oeuvres classiques font parfois un peu grincer des dents... En perdant le contexte victorien, avec son lot de codes stricts, d'interdits et de dissimulations, on perd aussi un peu du charme de l'histoire originale, qui présentait un personnage féminin très fort, très indépendant, qui parle de mensonges, de liaisons adultères, et de bigamie, dans une époque où il n'était pas vraiment de bon ton d'en faire étalage... Jane Eyre, à son époque, a eu toutes les peines du monde à trouver son public, allant jusqu'à choquer une majeure partie de son potentiel lectorat. On comprendra qu'il y a donc un fossé entre les interdits victoriens, qui n'ont plus lieu d'être aujourd'hui, et ceux que cette version moderne présente. On tombe inévitablement dans une trame, qui en se voulant toujours proche du matériau de base, reste très convenue sur la forme. Je pense que cette version de Jane Eyre, si elle n'est pas révolutionnaire, pourrait peut-être amener des lecteurs vers l'original s'ils ne la connaissent pas... 

Judas, d'Amos Oz


Schmuel Asch, étudiant sans le sou dans le Jérusalem de la fin des années 50, est engagé par Atalia Abravanel, pour tenir compagnie à son beau-père invalide quelques heures par jour, en échange d'un petit salaire et d'un logement gratuit... Schmuel, sous le charme de la jeune femme, accepte de tenir compagnie au vieux philosophe, tandis qu'apparaissent à travers leurs conversations touchant à la politique et à l'histoire, les évocations douloureuses de la création d'Israël, et de la figure récurrente du traître... 

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C'est à la nouvelle de la mort d'Amos Oz il y a quelques mois, que je me suis enfin décidée à lire l'un de ses romans les plus emblématique, Judas. Cela a été un énorme coup de coeur, tant pour le style de l'oeuvre, que pour les trois personnages principaux, Atalia en tête, figure de femme forte, taciturne, nimbée d'une aura de mystère, qui fascine inévitablement. Et puis, il y a évidemment l'histoire très douloureuse de la création de l'état d'Israël qui est évoquée tout au long de ce roman, des controverses qu'elle a soulevé et qu'elle soulève toujours, à travers des récits décomplexés sur les exactions des uns et des autres et sur les positionnements difficiles de certains sionistes, perçus comme des traîtres à leur patrie. Evidemment, je suis loin d'être une spécialiste du conflit israëlo-palestinien, mais j'ai compris énormément de choses à travers ce livre, à travers ses personnages si nuancés et complètement stigmatisés par les décisions et les violences d'un état balbutiant. Un très grand et un très beau roman, que je recommande vraiment chaleureusement.

La révolte, de Clara Dupont-Monod

Reléguée dans l'ombre de son second mari, le roi d'Angleterre Henry II, et interdite par lui à régner sur son pays d'Aquitaine, Aliénor fomente une révolte terrible, qui fera se soulever les fils contre le père... Lutte intestine, sanglante, qui sera réprimée dans le sang...

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La révolte est certes un récit historique, mais extrêmement romancé sur la forme. Les faits sont évidemment exacts, mais c'est surtout la manière si belle et si puissante de présenter ces personnages emblématiques, qui font de ce roman une magnifique évocation, inspirante et ténébreuse de ces épisodes de l'histoire croisée de France et d'Angleterre. L'originalité de ce récit réside dans le fait qu'il est rédigé au présent et qu'il est mené par Richard Coeur de Lion, le fils préféré d'Aliénor, cette reine au tempérament d'acier, si extrême, si résolu, qui a fait vaciller à plusieurs reprises le trône de son second époux, le roi d'Angleterre. Les personnages évoqués par Clara Dupont-Monod sont terriblement vivants, des époux ennemis à leurs enfants manipulés, prisonniers d'une lutte de pouvoirs entre une mère tentaculaire et un père despote... Un magnifique roman, que l'on referme difficilement !

A suivre...










05 avril 2018

TAG : Sunshine blogger award



C'est le moment d'un petit tag bien sympathique, déniché sur le blog Espace en Claire-Obscure...

Petit rappel : Le blogueur nominé doit répondre à 11 questions. Une fois les réponses données, c’est à ce blogueur de trouver 11 autres questions et de nominer, à son tour, 11 blogueurs !

Les questions de Claire d'Espace en Claire-Obscure :

1. Est-ce que bloguer a changé ta vision de la blogosphère et si oui, en quoi? 

Honnêtement, je connaissais très peu la blogosphère avant d'héberger mes bafouilles sur blogger. Fidèle au poste depuis 2006 ! Par contre, la blogosphère, elle, a beaucoup changé depuis ces dernières années et le lectorat aussi... 

2. Beaucoup de blogs que je suis ont Instagram: n’avez-vous pas peur de trop exposer de votre vie privée sur ce réseau ? 

Je suis sur Instagram, mais plus pour suivre d'autres personnes que pour y laisser moi-même des photos perso... Donc, je ne me sens pas réellement exposée vis-à-vis de ce réseau.

3. Comment vois-tu l’évolution de ton blog, dans les mois/années à venir ? 

Vaste question. Peut-être une petite évolution dans le look, enfin, j'y réfléchis... J'ai déjà tenté, mais les lecteurs du blog ont hurlé au scandale... Du coup, ce sera sans doute des changements mineurs. Et surtout être plus régulière dans la publication des articles : il faut que je m'y remette sérieusement ! 

4. Un coup de coeur ciné ? 

Ohlala, par manque de temps, je ne mets plus beaucoup les pieds dans un ciné... Cela dit, mon dernier véritable coup de coeur a été le 8e volet de Star Wars : The Last Jedi... Il faudrait que j'en parle dans ces pages à l'occasion. Avec la sortie imminente du dvd pour fin avril, ce serait l'occasion parfaite.

Star Wars - The Last Jedi

5. Plutôt saison chaude ou saison froide ? 

Plutôt saison chaude ! L'hiver a son charme, c'est certain, mais le froid, très peu pour moi.

6. Un plaisir coupable (film, séries, bouquins ou autre) ? 

Héhé, il y en a tellement ! Rayon bouquins, j'ai eu pendant des années en adoration les deux volets de la romance "La fille du paster Cullen", de Sonia Marmen...  Je lisais même en cachette au travail, le bouquin calé sur mes genoux sous le bureau, ce qui n'était vraiment pas sérieux...

Mon plaisir coupable n°32859

Rayon film/téléfilm, alors, oui, j'éprouve un énorme plaisir coupable à avoir visionné des tonnes de fois la version italienne de La Belle et la Bête avec Alessandro Preziosi et Blanca Suarez, datant de 2016. Il s'agit d'une sorte de mix improbable entre le conte de Mme Leprince de Beaumont, le Fantôme de l'opéra, les Liaisons Dangereuses et Jane Eyre (si, si, tout ça en même temps, je vous assure), Le scénario est délicieusement bateau, mais c'est d'un romantisme tellement échevelé qu'on en reste toute béate et rêveuse pendant des heures...

La Bella et la Bestia : plaisir coupable n°125893

Sinon, j'avoue aussi avoir savouré l'unique saison de Moonlight, qui suit les errances romantiques du vampire Mick St-John aux prises avec son amour pour une mortelle... Le scénario était vraiment bâclé, soyons honnêtes, mais la série était vraiment...esthétiquement intéressante :p

Moonlight : plaisir coupable n°225745, et non, je n'ai même pas honte.


7. Aimes-tu les jeux vidéos ? Si oui, lequel ? 

Je ne suis pas trop jeux vidéo, à vrai dire. L'utilisation prolongée d'une console a le don de me faire sortir les yeux de la tête... Cela dit, j'ai été très fan en son temps (début 2000) du jeu PC Colin McRae, j'enchaînais les championnats de rallyes pendant des après-midis entières, pour terminer à la limite de la syncope... Mais je suis une grande fille raisonnable maintenant, je me fais de temps en temps un tennis sur la Wii... Une vraie mémé...



8. Quelle est ta couleur préférée ? 

En dépit du look dépressif de ce blog, j'adore le blanc et le bleu... 

9. Il y a une panne de courant/internet, que fais tu ? 

Je reste au coin du feu, avec une lampe de poche et un bouquin... Ou tel Lord Byron, j'écris des poèmes sur un bout de table, à la lueur des flambeaux, tandis qu'au dehors, la tempête fait rage... *j'adore dramatiser* 

10. As-tu un passe-temps/hobbie qui surprend les autres ?

 S'il n'y en avait qu'un... Alors, je passe des soirées entières à faire du tricot et du crochet... si, si, une vraie mémé je vous dis. Cela dit, je bricole en général pas mal de mes mains, depuis peu, je me suis lancée dans la rénovation de meubles...   



11. Penses-tu que les Funko Pop vont finir par envahir/dominer le monde ? 

J'adore cette question... :)
Absolument ! La preuve en image :

Et encore, la photo n'est pas récente... Branchée Star Wars, moi ? Pas du tout !



Et voici mes questions :

1. Depuis quand tiens-tu ce blog, et pourquoi as-tu ressenti le besoin de le créer ?
2. Plutôt thé ou café ?
3. Quel est le dernier roman-pavé qui te soit passé par les mains ?
4. Combien de temps consacres-tu par jour à la lecture ?
5. Si tu étais un roman, lequel serais-tu ?
6. Le premier roman pour lequel tu as eu un véritable coup de coeur ?
7. Quel est le dernier roman que tu as détesté ?
8. Plutôt Sherlock Holmes ou Arsène Lupin ?
9. Quel est le dernier personnage de série ou de film que tu as le plus détesté ?
10. Quel est le dernier personnage de série ou de film que tu as le plus apprécié ?
11. Plutôt Fantômas ou le Fantôme de l'opéra ?

Je tague... qui le souhaite :)

23 mars 2018

Rétrospective lectures, de décembre à février - 2ème partie

Smoke, de Dan Vyleta

Imaginez un monde où le moindre péché, la moindre pensée impure serait visible... Qu'une épaisse fumée noire s'échapperait de vos pores lorsque vous pensez, lorsque vous agissez contrairement à la morale... C'est dans un Londres dickensien qu'évoluent les trois jeunes protagonistes de ce récit fantasy, aux prises avec cette fameuse fumée, réputée impossible à dompter...

Le scénario de Smoke était, il faut le dire, très séduisant sur le papier. L'ambiance soignée, glaçante, lugubre, fait penser aux meilleures ouvertures de récits de Dickens, et pourtant il manque quelque chose d'essentiel à ce roman. Malgré l'originalité visible du récit, on tourne les pages sans trop de conviction, et l'intérêt suscité par ces pseudo-révélations trop attendues finit par retomber comme un soufflé. Le récit s'étire en longueur, sans qu'il ne se trame jamais rien de réellement important, ou plutôt si des événements notables surviennent, le ton en est tellement monocorde, qu'ils passent presque complètement inaperçus. Le roman , malgré ses ambitions de départ, est traité de manière tellement froide, et parfois même tellement détaché, qu'on a l'impression d'être tenu à l'écart de sa propre lecture... Les pages finissent par s'égrainer avec lourdeur, malgré l'honnêteté de son style et l'originalité du thème.

La Trilogie du Tearling -  Tome 1 : Reine de Cendres, d'Erika Johansen

A la lecture du quatrième de couverture, je n'étais au départ pas très emballée. Encore un énième récit fantasy, dans laquelle une pauvre jeune fille évoluant dans un monde pseudo-médiéval est appelée à un destin hors du commun... Comme c'est original... Et puis, au bout du compte, à force d'en lire du bien un peu partout, j'ai fini par me laisser tenter, et j'ai très bien fait ! La Trilogie du Tearling n'est pas vraiment un roman jeunesse, car c'est un récit dur, voire parfois un peu cru, qui retrace effectivement l'ascension au trône de l'héritière du Tearling, que tout le monde, en premier lieu son oncle le régent, aimerait beaucoup voire disparaître. Cependant, pas d'atermoiements, par de sentimentalisme dégoulinant, juste un très beau récit fantasy, qui réussit malgré tout à se démarquer de cette littérature très (trop ?) en vogue. Un excellent "page turner", dont pour une fois, le bandeau publicitaire n'est pas immérité...  Je me précipiterai volontiers sur le tome 2 !

La Splendeur des Amberson, de Booth Tarkington

Au-délà du film qu'en a tiré Orson Welles en 1942, La Splendeur des Amberson est aussi le prix Pulitzer de l'année 1919.

Le roman retrace l'ascension et la chute de l'héritier de la richissime famille Amberson. Un roman très américain sur la splendeur (et les misères, si l'on veut plagier Balzac) des premières grandes fortunes de la fin du XIXe siècle des villes-phares du Nouveau Monde, avec une très jolie plume, mais dont le thème quelque peu éculé, parle peut-être plus difficilement aux lecteurs d'aujourd'hui. J'ai cependant été agréablement surprise par le style, pas du tout ampoulé comme on aurait pu le craindre, mais un récit assez enlevé, qui se laisse lire très agréablement. Une découverte agréable et une lecture sans lourdeur, qu'on lit pourtant avec un détachement certain.



La sonate oubliée, de Christiana Moreau

Lionella est une jeune violoncelliste prodige. Lorsque son professeur l'inscrit à un concours de musique très coté, et qu'elle doit choisir un morceau à présenter, son inspiration lui fait défaut. L'un de ses amis lui apporte alors une partition et un manuscrit anciens, rédigé dans le dialecte vénitien. Elle croit d'abord avoir découvert une sonate inédite du "prêtre roux", Antonio Vivaldi. Cependant, il semblerait qu'elle ait entre les mains une partition écrite par l'une de ses protégées de l'Ospedale della Pièta, une orpheline surdouée nommée Ada...

La Sonate oubliée, écrite par la belge Christiana Moreau, est un roman charmant, se déroulant à Seraing, banlieue sinistrée de la ville de Liège, qui a vu le déclin des hauts-fourneaux. Les personnages évoluent dans ce cadre peu propices à la rêverie et aux aspirations musicales, mais parlent immanquablement à beaucoup de wallons... Il est donc tout à fait touchant de ce premier point de vue. Le récit moderne se croise ensuite avec celui d'Ada, la violoncelliste surdouée de l'orphelinat bien connu de Venise. Si le style paraît parfois manquer un peu de maturité, on se laisse cependant volontiers emporté par les interrogations et les aspirations de cette laissée-pour-compte, qui parle tant au coeur de l'héroïne du récit contemporain. Un roman sans prétentions qui nous plonge dans les brumes de la Sérénissime et les ombres de l'Ospedale, et dont la lecture se révèle tout à fait charmante.


04 mars 2018

Rétrospective lectures (de décembre à février) - 1ère partie

Diantre ! Plus d'articles depuis le mois d'octobre... Il est donc grand temps de faire le point sur les lectures coups de coeur de ces derniers mois. Peu de livres lus finalement, mais de véritables pépites pour la plupart, découvertes tout à fait par hasard au cours de longues et délicieuses pérégrinations dans les rayons des libraires...Un rapide aperçu de ces ouvrages, donc, présentés sans classement spécifique...


Abigaël, de Magda Szabó (Editions Viviane Hamy)

On connaît maintenant Magda Szabó, auteure hongroise du XXe siècle (1917-2007), grâce à son fameux ouvrage, La Porte, récemment réédité au Livre de Poche. Ecrivain prolifique, dramaturge, poète, Magda Szabó a livré avec cet ouvrage un magnifique témoignage sur le passage à l'âge adulte. Abigaël retrace les années d'adolescence de Gina, fille d'un officier de l'armée hongroise, envoyée en pension dans un collège de province, où elle se sent vite rejetée et exilée. Dans le contexte tourmenté de la seconde guerre mondiale, ce roman aux accents initiatiques, laisse entrevoir avec une émotion tangible l'inexorable et cruelle transition de l'insouciance bénie de l'enfance, aux tourments de l'âge adulte et aux réalités de la vie. 

J'ai lu ce livre avec un plaisir teinté de mélancolie... Il évoque par bien des aspects des souvenirs personnels d'insouciance, et la brutalité avec laquelle, à l'adolescence, le monde adulte vient subitement s'introduire dans le vôtre, avec ses drames et ses questionnements. Un livre sublime et certainement l'une des plus belles découvertes de ces derniers mois. 

Le parapluie de Saint-Pierre, de Kálmán Mikszáth (Editions Viviane Hamy)

Quand on tombe sur des perles comme Magda Szabó ou Sándor Márai dans le rayon des auteurs hongrois, on en recherche presque compulsivement d'autres... Après quelques menues investigations sur la toile, c'est le titre "Le parapluie de Saint-Pierre" de Kálmán Mikszáth, auteur de la fin du XIXe siècle qui s'est imposé. 
Roman campagnard, charmant, à la langue, à l'humour et au cynisme très en avance sur son temps, Le parapluie de Saint-Pierre, retrace l'histoire croisée de deux jeunes gens, l'un à la recherche d'un parapluie dont le manche contient la preuve de son héritage, et l'autre gardienne dudit parapluie, devenu objet de culte de la paroisse qui l'a vue grandir... Malgré un démarrage un peu confus (la faute au style très piquant de l'auteur, qui déconcerte un peu durant les premières pages), je suis ressortie de cette lecture ravie, et agréablement surprise par le style de cet écrivain dont j'ignorais tout, dont l'oeuvre reste cependant très anecdotique, voire inconnue dans les rayons de nos librairies.

L'Eveil des Dieux (Les dossiers Thémis, tome 2), de Sylvain Neuvel (Le Livre de Poche)

Il faut être honnête, je me frotte très peu à la littérature S-F. Après plusieurs essais infructueux, parmi lesquels j'ai tenté à de nombreuses reprises Frank Herbert, Isaac Asimov ou Jo Walton, je pense avoir trouvé mon bonheur avec cet auteur canadien et cette trilogie en particulier. Après voir lu il y a un an le 1er tome des dossiers Thémis, intitulé "Le sommeil des géants", j'ai immédiatement eu un énorme coup de coeur, non seulement pour l'histoire (somme toute assez traditionnelle pour de la S-F), pour ses personnages féminins extrêmement forts et éloignés au possible des clichés habituels mais surtout pour le style du récit, découpé en extraits d'entrevues avec les différents protagonistes, mené par un personnage extérieur dont on ignore le rôle exact, et dont on ne sait pour ainsi dire absolument rien jusqu'à la fin du second tome. Cette saga raconte l'histoire de scientifiques, de militaires, d'anthropologues aux prises avec la découverte d'un géant humanoïde, sorte de robot fait de métal inconnu, et capable de s'activer sans source d'énergie extérieure, baptisé Thémis. Et qui s'avère surtout être une redoutable arme de combat... Quand un matin, un robot similaire surgit au beau milieu de Londres, il apparaît clairement que des visiteurs d'un autre monde s'intéressent de près aux recherches menées sur Thémis... 
Si le premier tome de la trilogie se révélait relativement serein dans son déroulement, il en va tout autrement pour ce second volet, qui lorgne clairement sur la Guerre des Mondes d'H.G. Wells, et se révèle être beaucoup plus "cinématographique" que le premier. Il n'est d'ailleurs guère étonnant qu'une adaptation soit pour l'instant en développement, tant le récit semble ici particulièrement visuel. Une très bonne surprise donc que cette saga, dont le troisième tome, intitulé "Only Human", n'est pas encore sorti en français.

A suivre dans l'article suivant : Smoke, de Dan Vyleta, Reine de cendres, d'Erika Johansen, et La splendeur des Amberson, de Booth Tarkington

28 octobre 2017

Lectures à venir...

Quelques jours de vacances m'attendent... L'occasion de faire diminuer la hauteur de ma pile de livres à lire, qui ressemble à peu de choses près à ceci :


Voici les quelques romans que j'en ai ressortis sur les insistances de plusieurs amis de la toile... 


Pour l'instant, c'est le ténébreux Aliéniste de Caleb Carr qui se trouve sur ma table de chevet... De quoi se préparer à la série à venir, réunissant Daniel Brühl et Luke Evans :


Et vous, l'un de ces romans vous tente-t-il, ou se trouverait également dans votre pile ?