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30 décembre 2018

Derniers visionnages : de septembre à décembre (2/...)

Le grand bain, de Gilles Lellouche

Voici sans doute l'un de mes plus gros coup de coeur ciné de cette fin d'année ! Et je ne m'y attendais vraiment pas... Cette comédie douce-amère, folle et irrévérencieuse, raconte la rencontre de huit hommes - un peu dépressifs, un peu losers, un peu paumés - et de leurs coachs féminines - tout aussi paumées - dans un club de natation synchronisée. J'avoue, c'est surtout le casting déjanté présenté sur l'affiche qui m'a attiré l'oeil, Philippe Katerine, Benoît Poelvoorde et Mathieu Amalric, qui sont absolument irrésistibles dans ce registre quelque peu inattendu. Ce n'est pas un grand film, mais un beau film, durant lequel on s'interroge, on sourit, on se marre franchement... Une comédie tendre mais un peu vache sur le sens de la vie, et qui donne merveilleusement la pêche ! 
A voir absolument ! 







La Fanciulla del West, de Giacomo Puccini (MET 2018)

Jonas Kaufmann dans une production du Metropolitan Opera de New York ? Diffusée au cinéma ? Mais on n'y résiste pas, quand bien même il s'agit d'un opéra avec lequel on n'a pas grande affinité... Et pourtant, cette production du MET est simplement grandiose ! Une histoire de cow-boys dans un opéra en italien, voilà bien quelque chose de franchement inattendu. Les décors sont somptueux, la mise en scène est on ne peut plus charmantes, et les voix des interprètes étaient à se pâmer, Anna-Maria Westbroek et Željko Lučić en tête, ainsi que Jonas Kaufmann, bien entendu, qui avait tout l'air de s'amuser comme un petit fou dans son rôle de méchant (mais pas trop) cow-boy au charme ravageur... Malgré qu'il s'agisse là d'un opéra bénéficiant de très peu de solos ou d'arias connus, on se régale du début à la fin, devant ces interprètes à la voix enchanteresse, au jeu assuré, et cette mise en scène vraiment charmante et absolument pas hermétique.
Je ne résiste pas à poster ici un lien vers le magnifique air de Johnson durant l'acte III, interprété magistralement par Jonas Kaufmann... On ne s'en lasse pas...


The Nutcracker and the four realms, de Lasse Hallström et Joe Johnston

Voilà un petit film bien sympathique à visionner en ces périodes de Noël, dégoulinant de couleurs, de jolies musiques et de bons sentiments... J'ai été au cinéma, persuadée qu'il y aurait d'innombrables scènes de ballets et d'extraits de grande musique, j'ai donc été un peu désappointée d'en trouver si peu, mais cependant, j'ai apprécié le film pour ce qu'il est : un divertissement pour petits et grands, plein de charme, duquel on ressort tout de même avec une petite larme à l'oeil bien légitime...












Bohemian Rhapsody, de Bryan Singer

Il me faut être honnête : j'ai un peu hésité avant d'aller voir ce film. Fan de Queen, je n'étais pas certaine de vouloir connaître les excès de Freddie Mercury dans tous leurs détails... Mais bon, la B.O. et les trailers aidant, je me suis finalement décidée. Au-delà de toute attente, Bohemian Rhaspsody est un très bon film, touchant, finalement assez triste, qui traite les excès du leader du groupe avec finalement beaucoup de pudeur et de prudence. C'est avant tout l'histoire d'un groupe, mais surtout d'un album, le fameux "Night at the Opera", qui a connu le succès que l'on sait. Rami Malek, est assez bluffant dans le rôle, malgré que certains critiques ou fans aient décrié son interprétation... Je trouve qu'il a extrêmement bien retranscrit la gestuelle du chanteur et son charisme naturel. Un film très émouvant pour tous les fans de Queen, et même les autres...







Mortal Engines, de Christian Rivers

Ah, au visionnage de la bande-annonce de ce film, j'ai vraiment été charmée, et plus encore lorsque je l'ai lu au détour du net, qu'il s'agissait d'une sorte de Star Wars en version steampunk... Alors oui, visuellement, le film est assez impressionnant, ces histoires d'énormes villes-machines qui absorbent les plus petites, la guerre de carburant, de vivres (on se croirait presque pour le coup dans Mad Max), est assez bien amené, je trouve. Malheureusement, le scénario est un peu creux, l'héroïne est plutôt bien brossée, mais il manque quelque chose de vraiment essentiel pour que cela plaise tout à fait. Pour tout dire, cela manque de fond, et il y a comme un air de réchauffé, surtout si on le compare à la trame de Rogue One, pour ne pas le citer... Seule bonne surprise, le personnage campé par Hugo Weaving, que j'attendais vraiment avec impatience... Mais là aussi, j'ai été assez déçue, car il avait un potentiel énorme. J'ai l'impression que le réalisateur est quelque peu passé à côté... Sinon, c'est toujours une bonne surprise d'entendre la voix de Féodor Atkine au doublage, dont le timbre si singulier et tellement profond n'est pas complètement étranger à l'affection que l'on pourrait porter au personnage qu'il incarne. (Pour ceux qui ne sauraient pas de qui je parle, Féodor Atkine est le doubleur officiel d'Hugo Weaving, de Hugh Laurie ou encore du personnage de Snoke dans les deux derniers Star Wars). En conclusion, le film manque d'âme et vraiment d'originalité.


More to come... 


19 novembre 2014

Et si on allait à l'opéra (4/...) : Carmen (Opernhaus Zürich 2013) - Hamlet (Barcelone 2004)

Carmen,  de Georges Bizet (Opernhaus Zürich - 2013) - avec Vesselina Kasarova, Jonas Kaufmann.

Pitié. C'est le premier mot qui me vient à l'esprit lorsque je repense à cette version de Carmen, sortie il y a quelques semaines. Georges Bizet n'aurait certainement jamais pensé que l'on pouvait faire de son opéra quelque chose d'aussi grotesque. Vraiment. La mise en scène, si elle se veut moderne, est surtout d'un incroyable mauvais goût, et c'est peu dire. Je suis en général assez bon public, et certaines réalisations aux décors post-apocalyptiques passent parfois, envers et contre tout, assez bien. Mais là, décidément; non. La scène vide, uniquement composée d'un fond bleu et d'un plateau aux impressions glaciales, est bien éloignée de la moiteur et de la chaleur empesée des canicules espagnoles, et les acteurs, il faut le reconnaître, ne s'en accommodent guère. Mis à part Kaufmann, qui fait toujours ce qu'il peut, même dans un cadre minimaliste, grâce à cette voix sublime qui ne faillit jamais, n'est pas aussi bouleversant qu'on le voudrait. Grand spécialiste des personnages aux prises avec leurs frustrations et leurs délires névrotiques, malgré un effort visible pour être pris au sérieux, ne trouve aucun réelle grandeur, tant son Don José pitoyable à voir, a été malmené par le metteur-en-scène. Quant aux les autres chanteurs, dont Vesselina Kasarova dans le rôle de Carmen, osons le dire, on se demande bien ce que Don José peut bien lui trouver, avec ses allures de matrone acariâtre...et puis, la voix, tout comme le jeu, n'est pas au rendez-vous. Vraiment, je vous le dis : il faut des nerfs d'acier pour visionner cette version ouvertement clinique et explicite de Carmen sans émettre de rires nerveux. Exploit auquel je ne suis pas parvenue... Pour la finesse, décidément, on repassera.

Hamlet, d'Ambroise Thomas (Gran Teatre del Liceu - Barcelone 2004), avec Natalie Dessay, Simon Keenlyside et Béatrice Uria-Monzon.

L'opéra français m'intrigue. Et c'est dans cet esprit que j'ai entrepris le visionnage de cette version d'Hamlet d'Ambroise Thomas. Et puis aussi un peu (beaucoup) à cause de sa distribution. Keenlyside est avec Thomas Hampson le baryton que j'apprécie le plus, parce qu'il chante aussi bien qu'il ne joue, malgré un répertoire parfois difficile d'accès (Britten, Adès,...). Quant à Natalie Dessay, elle excelle réellement dans tout ce qu'elle entreprend sur une scène d'opéra, et particulièrement dans les scènes de folie, devenues emblématiques dans la palette de ses rôles, de Lucia di Lamermoor à son rôle d'Ophélie. Alors, certes, cet opéra, hors sa scène de folie, jouée et chantée divinement par Dessay, ne comporte pas réellement de grands airs, et l'oeuvre est très encombrée de nombreuses scènes de récitatifs qui la rendent très hermétique. D'autre part, la mise en scène dépouillée, les costumes informes et pas toujours très flatteurs mettent parfois un peu mal à l'aise. La pièce de Shakespeare en elle-même étant déjà un oeuvre très asphyxiante, le spectateur n'est réellement pas aidé. Il faut tout de même préciser que l'adaptation en opéra a été nettement édulcorée par rapport à l'oeuvre originale, ce qui parvient à rendre le personnage d'Hamlet légèrement moins contestable, sans que cela lui ôte toutefois sa velléité légendaire. Cette version, même si elle ne m'a pas séduite entièrement, est certainement incontournable pour la prestation extraordinaire de Natalie Dessay, et pour les scènes de délire et de rage d'Hamlet interprétée par Keenlyside, tout aussi époustouflante vocalement que scéniquement.





18 mai 2014

L'été sera chargé...(en opéra)

Je suis dans une période "opéra", c'est indéniable... Du coup, voici la pile de DVD qui m'attend pour l'été. J'ai du pain sur la planche...  


08 mai 2014

Werther, de Goethe à Massenet : un absolu d'amour et de mort (2/2)

Première partie de l'article : par ici

Dans cette seconde partie de ces modestes articles consacrés à Werther, je choisirai de parler de deux versions de l'opéra de Jules Massenet : celle de 2005, tournée à l'opéra de Turin, avec Roberto Alagna et Kate Aldrich, et de la toute récente version de Sir Richard Eyre au Met, avec les décidément incontournables Jonas Kaufmann et Sophie Koch.

Pourquoi avoir choisi de parler de ces deux versions ensemble ? Parce qu'au delà de la vision purement tragique et noire de l'oeuvre, c'est-à-dire, de la construction de la trame et du contexte sur l'instabilité émotionnelle du héros de Goethe, elles ont choisi de se pencher sur l'aspect follement romantique et lumineux des personnages centraux, qui était manifestement passé à la trappe dans la production de l'Opéra Bastille de 2010, abordée dans le post précédent.Celle-ci s'articule autour de personnages désespérés, plongés dans une atmosphère froide et lugubre, qui semblent vivre dès les premières scènes dans un drame perpétuel. Cela se conforme sans doute bien à la vision globale de l'oeuvre, et surtout à l'état d'esprit du personnage de Werther, compris dans cette version comme un être en plein malaise. Mais cela ne répond sans doute pas tout à fait non plus au "potentiel lumineux" qui émane aussi de l'histoire originale, et des personnages de Werther et de Lotte, et à l'absolu d'amour et de pureté du héros.


Avant d'incarner dans l'imaginaire collectif la quintessence de l'oeuvre dépressive, qui s'articule autour du personnage central, tragique et désespéré, l'histoire de Werther et de Charlotte est avant tout rayonnante, belle, tendre, avant de tourner à l'amour tourmenté. Lorsqu'on lit Goethe, on ne pourra pas nier que le héros soit un être mélancolique, tout entier tourné vers un idéal de pureté et d'amour, que sa sensibilité excessive et sa nature triste transformeront, une fois contrariées, en désir obsessionnel.
Au-delà donc de ses aspects funestes, on retiendra surtout à la lecture - et ce fut mon cas - le romantisme fou qui s'en émane. On comprend bien que cette histoire puisse s'adapter tout aussi aisément dans son côté sombre que dans son côté romantique pur. 

Werther (Roberto Alagna)

Ce dernier aspect est clairement traité par la version de l'opéra tournée à Turin (sans spectateurs, et le spectacle en devient inévitablement un peu distant), avec Robeto Alagna, splendide en Werther, et Kate Aldrich, lumineuse et courageuse Charlotte. On passera sur la piètre qualité de l'image et sur la saturation des couleurs de la vidéo, pour en venir aux interprétations très vivantes des deux interprètes. On est loin, très loin, des choix scéniques de Benoît Jacquot. Place ici à des décors réalistes, la façade de la maison du bailli, une terrasse sous le soleil, des intérieurs soigneusement décorés... C'est inévitablement au dernier acte que la scène s'assombrit, en même temps que Werther ne s'éteint. Kate Aldrich campe ici une Charlotte au charme timide, effacé, qui subit son mariage arrangé sans broncher. Loin d'être transparente, on compatit plutôt à voir son sourire forcé et ses gestes sans spontanéité envers son mari. Le Werther de Roberto Alagna, magistral, à la diction extraordinaire, incarne le héros romantique, le vrai, celui qui a le regard humide et les cheveux aux vents. Et cela dit sans aucune moquerie, car il est parfait pour incarner le personnage dans son côté gai, souriant, simple et vivant du premier acte. Peu à peu, le regard se voile, le sourire s'efface. Reste le héros grave, tout entier tourné vers son propre malheur, mais qui conserve pourtant jusqu'au dernier acte un magnétisme un peu sauvage, une impétuosité, qu'on ne retrouve pas forcément dans d'autres incarnations du héros de Goethe. 

Kate Aldrich - une Charlotte romantique et effacée
Viennent ensuite les scènes emblématiques "Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps" superbe, de l'acte III, et le frénétique baiser de Werther et Charlotte, puis la scène finale du suicide, tragique au possible, désespérée et déchirante de l'acte IV, de laquelle on ne peut vraiment ressortir sans verser une larme.

En résumé, cette version est à tout point de vue, charmante, si on excepte quelques défauts d'image. Les interprètes, y sont tous sans exception, fabuleux.

"Hors de nous rien n'existe et tout le reste est vain" - Acte III
Et pour se faire une meilleure idée de l'atmosphère de cet opéra, voici quelques extraits compilés à l'occasion de la sortie du dvd :



***

A présent, évoquons l'adaptation la plus récente de l'opéra de Jules Massenet, diffusée dans les cinémas le 15 mars dernier, en direct du Metropolitan Opera de New-York, magnifique réalisée par Sir Richard Eyre. Dans cette version, dont aucune production en dvd n'est prévue à ce jour, on retrouve le couple devenu quasiment mythique du ténor Jonas Kaufmann et la mezzo-soprano Sophie Koch (en remplacement d'Elina Garanca initialement prévue), dans les rôles-titres. 

Cette version, mieux que toutes les autres a su démontrer, par des décors lumineux, et pourtant très dépouillés, le force vivante et romantique de l'oeuvre de Goethe. Ce sont dans des petits détails scéniques et visuels, que l'opéra prend une autre signification. Le simple fait de le rendre plus vivant et plus gai dans les deux premiers actes, parviennent à renforcer le sentiment d'abandon et de tourmente des deux suivants. Et ce malgré le contexte dans lequel le spectateur est installé dès l'ouverture, où l'on assiste brièvement à la mort de la mère de Charlotte, qui n'est la plupart du temps qu'évoquée en filigrane. Ici, on se croit plongé d'emblée dans une atmosphère pesante, et ce n'est pourtant pas le cas. Charlotte et ses frères et soeurs, entourant joyeusement leur père, apparaissent comme une famille unie, aimante, et qui semblent vivre, malgré leur perte terrible, dans une complète harmonie. C'est d'ailleurs cette impression qui frappe Werther lorsqu'il aperçoit Charlotte, mutine, au milieu de cette joyeuse marmaille. Cette vision le séduit, autant que le spectateur. 

Charlotte (Sophie Koch) et "ses enfants"

Le Werther de Jonas Kaufmann est ici enfin souriant, enfin gai, même si on perçoit chez lui, dans l'expression de son visage et dans ses attitudes pensives, un être profondément triste. On sait comment Kaufmann a compris le personnage, et comment il est parvenu à lui donner encore davantage de profondeur ici, loin de la froideur de ses attitudes de la version de l'opéra Bastille. Son Werther vit et respire par exacerbation. Tout en lui semble prendre des proportions démesurées, que ce soit dans le bonheur ou dans les tourments. Certes, il apparaît toujours comme un jeune homme mal à l'aise en société, qui en présence de Charlotte, se comporte comme un adolescent timide, et qui les bras croisés sur sa poitrine et caché dans un coin sombre, se contenterait presque de la regarder et de l'aimer à distance. Ce n'est que grâce à la Charlotte de Sophie Koch, enjouée, joyeuse, que Werther se décide à sortir de sa coquille ; coquille dans laquelle il aurait ensuite préféré ne plus jamais avoir à rentrer. Cette transition est merveilleusement mise en place grâce à la scène du bal, romantique au possible, que l'on voit l'amour timide de Werther se transformer en une passion qui sert probablement à son âme tourmentée, d' "échappatoire". Cette scène, absente des détails du livret, est une charmante trouvaille du metteur en scène, car les sentiments peuvent s'y développer de manière claire, explicable, pour le spectateur. Bref, il s'agit d'une des nombreuses scènes à faire fondre tous les coeurs émus.

Scène de bal du premier acte, absente du livret, et ici entièrement réinventée.
Même le deuxième acte, pourtant considéré comme le plus lent, et celui dans lequel il y a le plus de temps morts, redevient, grâce à la mise en scène et aux talents des interprètes, délicieux et charmant. Or, c'est dans cet acte que l'on entend deux des plus beaux airs de Werther, dont "Lorsque l'enfant revient d'un voyage" (que J.Kaufmann interprète avec un déchirement et une passion extraordinaires) mais également que l'on peut apprécier le personnage de Sophie, la petite soeur de Charlotte, interprétée par la pétillante et talentueuse Lisette Oropesa, qui paraît bien souvent un peu transparent, mais qui grâce à la vivacité et au charme de l'interprète, prend ici sa place parmi les personnages emblématiques de l'opéra. 
Même le personnage d'Albert, interprété par le baryton David Bizic, volontairement assombris dans le livret, parvient à retrouver un semblant de sympathie et de bonhomie. Albert, transformé en militaire, est un homme droit et bon, initialement sans froideur. C'est à la fin de l'acte II et au cours de l'acte III que le masque finit par tomber...

Lisette Oropesa (Sophie) et Jonas Kaufmann (Werther) 
Sophie et Albert (David Bizic) tentent de dérider un Werther en plein désarroi - Acte II
L'acte III marquant le retour de Werther auprès de Charlotte, à la veille de Noël (tiens, mais c'est presque dickensien tout ça), est un véritable tournant dans l'atmosphère enlevée et lumineuse du début. Charlotte est seule, isolée, malheureuse sans doute, peut-être pas du fait même de son mariage, mais par l'absence de Werther, dont elle relit sans cesse les lettres. Lorsqu'il se présente à sa porte, abattu, transformé physiquement, les traits tirés, mais le regard fou, Charlotte serait presque joyeuse, mais paraît si désespérément amoureuse, que la visite de Werther tourne au drame. Werther se reprend à espérer, et pris d'une frénésie terrible après avoir relu les vers d'Ossian (air qui a valu à Jonas Kaufmann une très longue ovation), réclame à Charlotte un baiser, dans un déluge d'amour fou et véhément.




Repoussé, Werther s'enfuit, et la déchéance physique et morale se poursuit inéluctablement. L'acte IV est déchirant, et c'est peu dire. On y voit de manière brute le suicide de Werther, et de longues traînées de sang s'imprimer sur les murs lorsque le coup de pistolet retentit devant un public éberlué (mais comment diable ont-ils fait pour que cela paraisse si affreusement réel ?) Jonas Kaufmann s'écroule, rampe face contre terre, pour s'éteindre en silence dans un coin sombre, quand surgit Charlotte. Alors, il est véritablement impossible d'expliquer à quel point les vingt minutes qui suivent sont merveilleuses, scéniquement, vocalement, et combien il est difficile de retenir ses larmes. Rien pourtant n'y est excessif, le jeu de Sophie Koch est tout en retenue, tout en tendresse, et Jonas Kaufmann donne à voir une fin extraordinairement sobre et digne, pour un personnage qui semble, en mourant, avoir enfin trouvé un apaisement, et la plénitude dans l'amour enfin avoué de Charlotte.





En conclusion, si vous voulez être séduite par l'opéra de Massenet, cette version est un excellent moyen d'y parvenir, mais mieux vaut préparer un bon paquet de mouchoirs... :)






***

Discographie et filmographie sélectives

CD

Direction : Antonio Pappano
Choeurs et orchestre de l'Opera Royal de Covent Garden

Avec Rolando Villazon et Sophie Koch 

A écouter absolument ! C'est l'une des versions les plus récemment enregistrée en public, dans laquelle on retrouve la merveilleuse Sophie Koch. (2012)

Rolando Villazon est un excellent Werther, mais il a, il faut le dire, une diction abominable en français... Ce qui gâche parfois un peu l'écoute.


Direction : Riccardo Chailly 
Orchestre symphonique de Cologne.

Avec Placido Domingo et Elena Obraztova. 

L'une des meilleures versions enregistrées en studio. A écouter, ne fut-ce que pour Placido Domingo, incontournable en Werther.

(Enregistrement de 1979)









DVD

Bien entendu, les deux versions précédemment citées dans cet article et dans le précédent, toutes deux disponibles sur amazon.












Mais aussi...

Une version récital, un peu particulière, puisqu'il s'agit de la partition pour un Werther baryton, réécrite par Massenet.

Dirigée par Michel Plasson, à la tête de l'Orchestre National du Capitole de Toulouse.

Avec Thomas Hampson et Susan Graham.

En cherchant bien, on trouve quelques extraits sur youtube.

(Enregistré en 2006 au Théâtre du Châtelet)






Une version de Werther, transposé dans les années 50-60, avec la toujours sublime et magnétique Elina Garanca...

Seul problème, pour moi : je ne suis pas parvenue à la regarder jusqu'au bout, en raison d'une réaction épidermique à Marcelo Alvarez... :)

Direction : Philippe Jordan

(2009)


26 avril 2014

La pile de DVD du mois (1/...)

Faute d'inspiration pour terminer la deuxième partie de l'article sur Werther, et surtout parce que je n'ai pas envie de me torturer les méninges sur ses souffrances pour l'instant, c'est l'occasion de faire le point, sans prises de tête, sur les derniers visionnages du mois. ^_^
Beaucoup d'opéras comme vous le verrez, une fois n'est pas coutume.
***

Parsifal, opéra en 3 actes de Richard Wagner, dirigé par Daniele Gatti. Avec Jonas Kaufmann, René Pape et Katarine Dalayman,...

Oui, je l'ai fait ! Je suis venue à bout des 4h40 de cet opéra...! Bon, je l'ai regardé sur trois jours, ce qui minimise peut-être mon mérite... Mais enfin, je ressors assez fière de mon premier visionnage d'un opéra wagnérien ^_^. Parsifal n'est sans doute pas le plus facile d'accès, et la mise en scène post-apocalyptique de François Girard n'aide pas beaucoup le néophyte... Disons que la présence conjointe du fascinant Jonas Kaufmann et du toujours très méphistophélique René Pape a de quoi motiver les plus réfractaires. Je ne connaissais pas cette version de l'histoire de Parsifal, et cette quête de la Sainte Lance, dérobée au gardien du Graal, que le héros récupérera au terme d'un long voyage initiatique. J'ai découvert quelque chose, sans être pour autant bien certaine d'appréhender le tiers du quart des références et de la symbolique de cet opéra, réellement assez hermétique sur le fond tout autant que sur la forme. Cependant, à ma grande surprise, même si je ne suis décidément pas fan de la mise en scène, malgré quelques puissantes évocations de ciel et de visions cosmiques projetées en toile de fond, je me suis surprise à réellement apprécier la musique de Wagner, sa puissance, son lyrisme et sa connotation spirituelle, servie de plus par des chanteurs admirables... 


Faust, opéra en 5 actes de Charles Gounod, dirigé par Yannick Nézet-Séguin, avec Jonas Kaufmann, René Pape et Marina Poplavskaya.

Eh oui, encore un opéra avec Jonas Kaufmann... Il faut dire qu'il s'agit là d'un chanteur réellement extraordinaire, tout autant que d'un acteur très convaincant, ce qui ne gâche rien. Tiens donc, on y retrouve également René Pape. Et quand ces deux-là sont à l'affiche, je ne réponds plus de rien ^_^.
Cette version de Faust est elle aussi très singulière dans son choix de mise en scène, puisque l'action est transposée (on le suppose en tout cas), durant l'après-guerre, et le docteur Faust devient alors un scientifique accablé par le remords d'être responsable de la conception de la bombe atomique... Choix très étrange, évidemment, sur lequel on pourrait s'interroger longtemps sans réellement trouver de réponses. Cette mise en scène elle aussi très froide, vide et sombre a le don de mettre le spectateur vraiment mal à l'aise. René Pape est toujours aussi magistral en Méphistophélès, tandis Jonas Kaufmann donne à voir un Faust à la fois fascinant et méprisable. Un duo Faust/Méphisto qui fonctionne à merveille, à un tel point que les deux personnages en deviennent gémellaires... C'est assez troublant, et cela donne une merveilleuse relecture du mythe...

La Bohème, film de Robert Dornheim, d'après l'opéra de Giacomo Puccini, avec Anna Netrebko et Rolando Villazon.  

Il s'agit d'un opéra transposé pour le cinéma, cette fois. Je ne connaissais pas cette version raccourcie de l'oeuvre de Puccini. Autant le dire, La Bohème n'est pas mon opéra préféré, en tout cas, j'en gardais, après un visionnage d'une diffusion en direct d'Orange il y a plusieurs années, un souvenir très ennuyé. Mais je crois que ce film, bénéficiant de jolies images, d'une très belle mise en scène, et de chanteurs que j'apprécie beaucoup, m'a en partie réconciliée avec cette histoire belle, mais triste à pleurer... Notons que le merveilleux Rolando Villazon a presque réussi à faire paraître le personnage de Rodolfo moins antipathique...





Sylvie et le fantôme, film de Claude Autant-Lara, avec Odette Joyeux, Jacques Tati, François Perrier et Jean Dessailly.

Le charmant bonbon que voilà... Il est clair que ce film fait tout à fait penser à Le Fantôme et Mrs Muir, sorti deux ans plus tard, et qu'il s'inspire donc très certainement du roman éponyme, à cela près que le fantôme qui hante la jeune Sylvie (Odette Joyeux) demeure muet, contrairement au volubile Capitaine Greg de Mrs Muir.
C'est un joli film, aux effets spéciaux plutôt convaincants pour l'époque, romantique à souhait, à la fin duquel on ne peut s'empêcher de verser une petite larme réglementaire...






10 avril 2014

Werther, de Goethe à Massenet : Un absolu d'amour et de mort (1/2)


La mort de Werther, de François Charles Baude 
En quelques mots...

Werther est un jeune homme de bonne famille, en villégiature à Wetzlar. Il y fait la connaissance de la fille du bailli, la douce et belle Lotte, qui élève avec tendresse ses frères et soeurs, orphelins de mère. Au retour d'un bal auquel il l'a emmenée, Werther tombe irrémédiablement sous le charme de la jeune fille, mais celle-ci est promise à un autre. Werther tente d'oublier Lotte, en vain. Cet amour, qui ne peut être payé de retour, tourne à l'obssession et au drame : après une ultime et déchirante entrevue avec elle, Werther, anéanti par la souffrance et les larmes, décide d'en finir et se suicide.

***

Le résumé peut paraître certes un peu expéditif, et vous m'en excuserez...Après avoir tourné et retourné la matière de ce roman à plusieurs reprises, il apparaît rapidement que l'unique fil conducteur de cette oeuvre épistolaire de Goethe, écrite en 1774, repose sur Werther et son amour contrarié pour Lotte. Amour inévitablement lié au drame, puisque Werther s'épuise à espérer, à pleurer, à exacerber des sentiments sans retour, qui le précipiteront vers une déchéance morale et physique inévitable.

Pendant longtemps - pour ne pas dire, des années - Goethe et Les souffrances du jeune Werther m'avaient toujours rebutée, tout d'abord parce que ma première lecture de Goethe (Faust - première partie, traduit par Gérard de Nerval) s'est avérée longue et fastidieuse, et ensuite par l'image même du romantisme larmoyant auquel se rattache Werther, personnage qui m'avait semblé se plaindre, et pleurer beaucoup sans motifs apparents. Pendant littéraire du courant artistique allemand Sturm und Drang, Les souffrances du jeune Werther, malgré son statut emblématique, était resté pendant longtemps dans mon esprit, comme une oeuvre inaccessible et geignarde propre à un certain romantisme primitif. 

Le voyageur contemplant une mer de nuages, de Caspar David Friedrich (1818).
Oeuvre représentative du courant Sturm und Drang (Tempête et passion) de l'Allemagne romantique.

Probablement que je n'aurais jamais changé d'avis en la matière, si Massenet et son opéra n'étaient passés par là. Après Manon, d'après l'abbé Prévost, et Le Cid, Massenet s'attaque à Goethe et au personnage de Werther en 1892. Cette oeuvre, dont l'Opéra de Paris ne veut pas, parce qu'elle est considérée - peut-être à juste titre - comme excessivement triste, trouve preneur à l'Opéra de Vienne, où elle est jouée, avec succès, en langue allemande. L'opéra, en français cette fois, ne reviendra que quelques années plus tard à Paris. 

C'est grâce à cette oeuvre splendide du grand compositeur français, et surtout à la version de 2010 filmée à l'Opéra Bastille, mise en scène par Benoît Jacquot, que je dois cette redécouverte de Goethe et du personnage de Werther. Disons également que les personnages principaux, incarnés par la délicieuse Sophie Koch et le passionnant Jonas Kaufamnn n'y sont sans doute pas complètement étrangers non plus... En fait, je crois qu'il serait très malhonnête de dire que ce n'est pas entièrement grâce à eux que j'ai commencé à considérer Werther d'une manière nouvelle, et surtout beaucoup moins critique...

Jonas Kaufmann (Werther) et Sophie Koch (Charlotte) - Opéra Bastille 2010 (réal. Benoît Jacquot - dir. Michel Plasson)
Le livret de l'opéra n'a guère changé la trame du roman, si ce n'est pour se recentrer sur l'essentiel. Les personnages ne sont pas davantage transformés sur le fond, mais sur la forme, il est certain que la Charlotte (Lotte) de Massenet a tout autant d'importance dans l'opéra que n'en a Werther et c'est tant mieux. A travers les lettres de Werther chez Goethe, on ne voit Charlotte qu'à travers les yeux du héros, et elle en paraît de ce fait la plupart du temps comme un personnage éloigné, distant du drame. Ce n'est que lors de la scène finale qui l'oppose au jeune homme pour la dernière fois, qu'elle semble intégrer pleinement la tragédie, mais pas avant. Ensuite, il y a le personnage d'Albert, le fiancé puis le mari de Charlotte, qui a subi une sérieuse transmutation. Goethe a décrit Albert comme un homme bon, plutôt compréhensif et sympathique, que Werther ne peut réellement se résoudre à détester. Il a vu l'affection du jeune homme et la comprend, comme il comprend son désarroi. Il ne voit pas les visites de Werther d'un oeil mauvais, puisqu'il est persuadé que son épouse n'a qu'un affection fraternelle pour lui. Il se rend compte très tardivement que Charlotte n'a maintenu entre eux pendant tout ce temps qu'une distance froide et convenue pour s'empêcher de répondre aux sentiments du jeune homme en plein désarroi. 

Ensuite, l'opéra permet de percevoir un autre élément essentiel de l'oeuvre de Goethe. S'il s'agit effectivement d'une oeuvre propice à faire fondre tous les coeurs romantiques, elle n'en est pas moins aussi et surtout, le récit de la quête d'un absolu. Werther incarne à lui seul les aspirations d'une jeunesse dénuée d'amertume. Werther, est dans son registre propre un personnage extrême, presque binaire : il admire la nature et les gens d'une manière brute, sans arrière-pensées. Il fonctionnerait quasiment d'une manière animale : il recherche une symbiose parfaite avec la nature et les êtres qui l'entourent, évitant toutes interférences matérielles. Dans sa conception des choses, le monde n'a à offrir que bonheur et pureté. En rencontrant Lotte, il a trouvé son absolu, puisqu'elle incarne à elle seule toutes ses aspirations échevelées : il ne verra désormais plus les choses qu'à travers elle. Il ne conçoit d'ailleurs leur relation que d'une manière pure et idéalisée. Lorsqu'il se heurte à l'impossibilité de l'aimer, et donc de concrétiser son désir d'absolu, c'est tout son être qui s'effondre. Il est en quelque sorte un personnage "déraillé" (merci Victor Hugo pour ce qualificatif qui s'adapte ici merveilleusement.. ^_^). En voyant ses aspirations bafouées, devenues contraires, il perd de vue son absolu, qui se transforme alors progressivement en une absolue nécessité de mourir.

Ces aspects sont bien entendus nuancés dans les différentes adaptations de l'opéra qu'il m'a été donné de voir, qui vont donc offrir une plus grande richesse à la trame, mais également aux personnages. Je mentionnais plus haut la version de l'Opéra Bastille de 2010, qui a été en quelque sorte mon "élément déclencheur werthérien" ^_^. Je parlerai donc de cette production en premier lieu.

La scène emblématique de l'acte 3 et les fameux vers d'Ossian : "Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps ?"
Tout d'abord cette version est dirigée par Michel Plasson, et je deviens tout à coup très partiale. Même si je n'y connais rien en musique, il faut reconnaître que le maestro Plasson aux commandes donne toujours un résultat passionné et passionnant incomparable...Quant à la mise en scène et la réalisation, elle a ses admirateurs comme ses détracteurs. On peut tout d'abord lui reprocher d'être particulièrement froide et sombre, ce qui personnellement ne m'a pas gêné, car elle se rapproche assez bien du romantisme noir qui émane de l'oeuvre originale. Ensuite, notons ces angles de caméra choisis de manière assez surprenante (depuis les coulisses, dans les coulisses, en plongée depuis les cintres, depuis la fosse, sans compter les gros plans pas toujours très flatteurs, etc.), qui donnent tour à tour beaucoup de force à la mise en scène somme toute assez statique, quand ce n'est tout simplement pas un aspect assez bizarre à l'ensemble. Personnellement, cela m'a plus surprise que gênée, et je ne pourrai pas retenir cet argument pour en dire le moindre mal. Ensuite, il y a les deux chanteurs principaux, Jonas Kaufmann et Sophie Koch, déjà mentionnés plus haut, qui donnent à voir un couple Charlotte/Werther d'une merveilleuse alchimie. Si Sophie Koch sert avec brio son personnage, d'une manière à la fois douce et vivante, j'ai été assez époustouflée par le Werther de Jonas Kaufmann, qui a su renouveler à la perfection ce personnage tourmenté.

Jonas Kaufmann, l'incarnation parfaite du héros tourmenté de Goethe.

Le Werther de Kaufmann est éminemment romantique et sombre, en perpétuel questionnement. Comme discuté avec Lorinda, le chanteur intellectualise beaucoup ses rôles, et cela se ressent jusque dans les moindres détails. Son Werther est à la fois passionné et froid, réfléchi et fou. Cela révolutionne en soi la perception première que l'on pourrait avoir de son personnage, faussement considéré comme assez monocorde. Son désespoir latent bénéficie de sursauts échevelés, qui transforme le jeune homme apathique et maladif forgé par l'imaginaire collectif en un homme réfléchi, animé de désirs et d'aspirations au-delà de sa seule condition humaine, qui perd pied dans son propre absolu. Kaufmann, selon ses propres dires, l'a compris comme un personnage à la psychologie préalablement très instable (voir animé d'un état maniaco-dépressif). En aimant Charlotte, il l'investit d'une mission bien lourde à accomplir : le sauver. Ce statut rédempteur, la jeune femme n'en a pas peur, puisqu'elle l'a visiblement endossé dès sa rencontre avec Werther. En l'acceptant, elle n'a pas considéré qu'il était bien au-delà de sa portée, puisque Werther est d'avance un personnage perdu, voué d'une manière irrémédiable au tragique.

Sophie Koch : la Charlotte rédemptrice
Notons que le personnage d'Albert, interprété par le magistral Ludovic Tézier, donne dans l'opéra (et donc dans le livret) une vision bien différente de celui de Goethe. Albert est un homme cartésien, terre-à-terre, autoritaire et glacial, offrant un contraste manifeste avec la sensibilité excessive du héros. Impossible au spectateur d'apprécier réellement le personnage vu sous cet angle. D'autres interprétations d'Albert, bien plus nuancées, comme celle de David Bizic (MET 2014), offriront une une vision plus flatteuse du personnage, mais aussi sans doute plus goethéenne.

Ludovic Tézier (Albert)
L'apparence assez froide et sombre de la mise en scène et des lumières ont tendance à concentrer le drame sur Werther et sa tragédie personnelle, sur sa déchéance psychologique liée à l'obsession désastreuse qu'il éprouve pour Charlotte, plutôt que sur l'histoire d'amour en elle-même. Cette version donne à voir un drame très intériorisé, ce qui est magnifiquement représenté dans tout l'acte 4, qui se déroule entièrement sur le suicide et l'agonie de Werther. C'est lorsqu'il meurt, dans une chambre exiguë, fermée, obscure, à la géométrie étouffante, que Charlotte revient vers lui, et c'est le sourire aux lèvres qu'il s'éteint, dans les bras de la jeune femme. C'est finalement en mourant que Werther touche à la fois à ce bonheur et cette paix ultimes de l'âme qu'il avait toujours cherchées.

Pour terminer cette première partie de cet article, je ne résiste pas à poster une nouvelle fois l'extrait de l'acte 3, qui reprend les vers d'Ossian, traduits par Goethe :

" Pourquoi me réveilles-tu, souffle du printemps ? tu caresses et tu dis : "Mes rosées sont les larmes du ciel" Ah ! le moment est proche où je vais me flétrir ; la tempête est proche, qui m'enlèvera mes feuilles. Demain le voyageur viendra, il viendra, celui qui m'a vu dans ma beauté, et tout alentour ses yeux me chercheront et ne me trouveront pas."


A suivre : Werther, filmé au Théâtre de Turin (2014), avec Roberto Alagna et Kate Aldrich - Werther, filmé au Metropolitan Opera de New York (2014), avec Jonas Kaufmann et Sophie Koch.

Deuxième partie de l'article : par ici.

19 mars 2014

"Elle m'offre un poison qui nous perdra tous deux"

"Elle ne voit pas, elle ne sent pas qu'elle m'offre un poison qui nous perdra tous deux, et moi je savoure avec une volupté profonde la coupe qu'elle me présente et qui me tue !"
Extrait du journal du 21 novembre
Livre deuxième - Les souffrances du jeune Werther
J.W von Goethe











Eh oui, encore un extrait des Souffrances du jeune Werther, et en moins d'une semaine... La lecture du roman conjointement au visionnage de la dernière production de Werther de Jules Massenet retransmise en direct du MET le 15 mars, n'y est peut-être pas complètement étranger... Un opéra et des chanteurs grandioses, pour une histoire d'un romantisme fou qui a définitivement eu raison de mon coeur d'artichaut...

07 février 2014

Pourquoi me réveiller (Werther - Jules Massenet), Jonas Kaufmann



Opéra Bastille (2010) - Jonas Kaufmann - Sophie Koch
Direction : Michel Plasson

Scène poignante et passionnée extraite de l'acte 3 de Werther, d'après Goethe, magnifiquement interprétée par Jonas Kaufmann et Sophie Koch ... Sans parler de la réalisation, très cinématographique, qui sert superbement cet extrait follement romantique !