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15 janvier 2019

TAG : les 10 films essentiels : 2ème partie

Voici la suite de l'article consacré au TAG des dix films essentiels, dont la première partie se trouve ici.

6. The Phantom of the Opera, de Joel Schumacher (2004)

J'aurais vraiment été malhonnête de ne pas en parler dans ce tag... C'est ce film qui m'a permis de (re)découvrir le Fantôme de l'Opéra, puisque j'avais lu le roman quelques années avant de voir le film en 2005. Le roman, jouant plus sur l'intrigue et le sensationnel que sur la tragédie du personnage principal, ne m'avait pas durablement marquée. C'est un voyant le film de Joel Schumacher, lui-même issu de la comédie musicale du même nom, baroque et flamboyante, que j'ai découvert ce personnage omniscient, génial, grandiloquent et tragique, qui depuis, n'a jamais cessé de me fasciner...

Retenir une scène en particulier a, à nouveau, été très difficile, puisque le film dans son entièreté, même si l'on peut lui reprocher son casting vocal très moyen, est une merveille visuelle, et est teinté d'un tel romantisme dramatique, qu'il est réellement très compliqué de faire un choix. Malgré tout, je pense que la scène qui m'a le plus émue au visionnage est celle où le Fantôme découvre que sa "protégée" Christine, en aime un autre. Le prestation de Gerard Butler dans cette scène est vraiment admirable : son personnage passe en une minute du désespoir à une rage meurtrière. On voit ses sanglots se transformer progressivement en exaspération, en colère, en destruction. L'acteur a magnifiquement retranscrit dans cette séquence le fait qu'Erik, le Fantôme de l'Opéra, pense, agit et vit perpétuellement dans des extrêmes. C'est ce qui rend ce personnage si digne d'intérêt... 

Si le personnage vous intéresse, n'hésitez pas à cliquer dans la liste des tags "The phantom of the Opera" sur ce blog ;)

Le Fantôme de l'Opéra (Gerard Butler) pleure sur son amour perdu

7.Dracula, de Tod Browning (1931)

Là encore, je ne pouvais pas passer outre... Je ne vais pas trop m'étendre sur le sujet, puisqu'il y a déjà pas mal d'articles consacrés au plus célèbre des vampires sur ce blog. Cependant, à nouveau, j'ai choisi ce Dracula en particulier parce que c'est justement à cause de Béla Lugosi que je dois mon addiction à ce mythe. Cet acteur magnétique, au regard inquiétant et à la gestuelle si caractéristique a si bien instauré l'image de ce dandysme d'un autre âge qu'il est et restera pour longtemps et beaucoup le Dracula de référence. De même ce film bénéficie d'une réalisation offrant des monochromes splendides, faisant en sorte que chaque plan est presque une oeuvre d'art...

En réfléchissant à une scène spécifique, j'ai retenu celle du balcon, qui m'est immédiatement venue à l'esprit. Dans cette séquence, le vampire, souhaitant rejoindre Mina, se poste un instant sur la terrasse baigné de brume menant à sa chambre, enveloppé de la large cape, qui est devenue la marque de fabrique de Lugosi et l'un des accessoires indispensables de Dracula dans l'inconscient collectif. Le réalisateur fait ensuite un gros plan sur le visage et les yeux de l'acteur, qui sous couvert d'un masque extrêmement inquiétant, exerce une fascination spectaculaire... Cette très belle scène, se déroulant dans un silence total, sans musique de fond, (c'est une des particularités de ce film qui ne bénéficie quasiment d'aucune bande originale), teinte cette oeuvre d'une aura assez lugubre et chargée...

Béla Lugosi dans Dracula : éternelle image du vampire

8. Star Wars : The Force Awakens, de J.J Abrams (2015)

Comme je l'ai mentionné dans la première partie de l'article, Star Wars n'est pas une franchise que j'ai apprécié toute jeune. J'y suis venue assez tard parce que je n'avais pas gardé un bon souvenir d'enfance de mes premiers visionnages, et la prélogie - qui soyons honnêtes, bénéficie d'un scénario assez aléatoire et de dialogues vraiment navrants - n'a pas aidé à ce que je me penche plus tôt sur la question. C'est grâce au film de J.J. Abrams que j'ai vraiment sauté à pieds joints dans la saga Skywalker...

J'ai adoré le film, les personnages, le scénario, l'image, la réalisation, la B.O., absolument tout en réalité, et ce malgré le flot continuel de haine que l'on peut lire partout sur la toile au sujet de cette nouvelle trilogie. Les deux personnages principaux, Rey et Kylo Ren, interprétés par Daisy Ridley et Adam Driver sont tout à fait fascinants, et plus encore la relation assez conflictuelle et ambiguë qu'ils entretiennent (ou pas :p)... Après l'opposition du fils et du père, du maître et de l'élève, voilà ici un concept tout neuf dans la saga Skywalker : adieu le manichéisme d'origine (je suis tout blanc ou tout noir), voilà ici le juste milieu, l'équilibre, les hésitations, les tentations subtiles... Cet aspect tout naturellement introduit dans The Force Awakens, 7e volet de la série, révolutionne un peu les codes de cette histoire qui suivait jusqu'alors un schéma narratif sans grande surprise. Nous avons d'un côté un personnage noir qui n'assume pas du tout ses actes, qui oscille, qui hésite, qui souffre de ce grand pouvoir qu'il possède et qui le rend instable, et de l'autre une héroïne au caractère fort, résolu, qui apprend elle-même à se connaître, à se construire, dans des tourments similaires. J'avoue que la scène qui a été la plus jubilatoire dans ce film a été toute la séquence dans la forêt, lorsque Kylo Ren a laissé tombé le masque et qu'il voit en Rey le même potentiel que le sien, et globalement à peu près les mêmes souffrances... L'opposition farouche entre les deux personnages, la rage de l'une et l'incompréhension de l'autre, le tout baigné dans cette atmosphère bleue et froide, conférée par cette forêt couverte de neige, est tellement dramatique, que je n'ai pu qu'adhérer et adorer !

Kylo Ren et Rey : les deux faces d'une même pièce ?

9. Richard III, de Laurence Olivier (1955)

J'ignore si je peux parler de Richard III comme d'un visionnage agréable, mais l'un de ceux qui m'aura marquée durablement, c'est certain ! Cette pièce historique bien connue de Shakespeare (que l'on classe parfois d'ailleurs dans les tragédies du maître anglais), est en grande partie responsable de l'image désastreuse que l'on a de ce roi emblématique, ambitieux, conspirateur, assassin et fratricide, ... Le Richard III de Laurence Olivier est glaçant, malgré sa réalisation en couleurs : c'est bien simple, même si on est assez fasciné et curieux du personnage, on est inévitablement mal à l'aise sur la durée. Laurence Olivier le campe comme un être assez retors, mais si caricatural qu'on le prend assez peu au sérieux à l'ouverture du film. La légèreté du ton contrebalance de manière assez formidable l'horreur des propos... Lorsque les machinations se mettent en place, et que l'on voit progressivement tous les héritiers de la couronne tomber comme des mouches, la fantaisie des manières et l'aspect presque grotesque de son ton, font que l'on ressent comme une aura malfaisante  traverser l'écran. Pour tout vous dire, à mon premier visionnage, le film, qui n'est pourtant pas très impressionnant visuellement, m'a fait faire des cauchemars horribles ! Il n'y a pas à dire, si le personnage historique en lui-même m'a toujours intéressée en raison des controverses qu'il soulève, Laurence Olivier lui a conféré, dans le contexte de la pièce et de son adaptation, un magnétisme mauvais, qui grâce à ses paradoxes, impressionne plus l'imagination du spectateur que ne l'aurait faite une représentation plus simpliste. 

Il y a évidemment plusieurs scènes marquantes dans ce film, et même glaçantes, je dirais... Mais, j'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour la séquence durant laquelle Richard III demande la main de la future reine Anne, interprétée par la très lumineuse Claire Bloom... Pas encore sortie du veuvage (son mari aurait potentiellement été assassiné par Richard), celle-ci le repousse avec haine et dédain... Il parvient cependant, en quelques phrases bien senties, et en ajoutant tout le dramatisme voulu, à lui faire reconsidérer la question... Cette scène est assez terrible, car elle résume à elle seule les pires ressorts de manipulation du personnage.

Laurence Olivier en Richard III : le roi qui en faisait trop... 

10. Les vestiges du jour, de James Ivory (1993)

Il est difficile de ne pas aimer les films de James Ivory... Cette manière de raconter les histoires simplement, sans grande fioriture, dans cette ambiance si délicieusement anglaise, est tellement délicate et inégalable. J'ai adoré Howard's End, et surtout A Room with a view, qui sont deux perles du réalisateur, mais ma préférence va tout droit à The remains of the day (Les vestiges du jour, en français), adapté du roman de Kazuo Ishiguro. Vous avez aimé Downton Abbey? Vous aimerez ce film, qui vous brosse des portraits de personnages avec leurs petits soucis, leurs grands problèmes, leur magnificence et leur bassesse, dans l'Angleterre de l'entre-deux guerres. Tout n'y est que retenue, subtilité et le jeu des deux acteurs principaux, magistraux dans ce registre, servent magnifiquement ce film à l'atmosphère feutrée. La scène qui m'a le plus marquée est celle où Miss Kenton, la gouvernante campée par Emma Thompson, surprend Mr Stevens (Anthony Hopkins), le majordome rigide et glacial, en train de lire un roman sentimental... Les deux personnages, qui ne cessent d'aller d'occasions manquées en frustrations, sont tellement beaux et subtils dans cette scène, qu'elle vous ferait presque monter les larmes aux yeux... 

Emma Thomson et Anthony Hopkins dans Les Vestiges du jour

J'en ai donc fini pour ma part avec cette délicieuse liste, et je tague donc ... qui le souhaite !!!

03 janvier 2019

TAG : Les dix films essentiels : 1ère partie

Une fois n'est pas coutume, pour casser la monotonie des articles, voici un petit TAG bien sympathique, glané au hasard du web, sur lequel j'ai trouvé très agréable de réfléchir...

Le but : citer dix films qui ont eu un impact significatif sur vous lors du premier visionnage, que vous l'ayez vu enfant, adolescent ou adulte. Afficher une image, qui ne soit pas l'affiche du film, mais d'une scène-clé essentielle à vos yeux, par exemple. Pas de longue explication, juste le sentiment général qui s'y trouve lié...

1. Hamlet, de Laurence Olivier (1948)

C'est le premier film qui m'est venu à l'esprit lorsque j'ai réfléchi à ce tag. Il est certainement l'oeuvre qui a le plus marqué mon adolescence et mon rapport au théâtre classique. J'ai déjà parlé de ce film ici, je ne vais donc pas trop m'étendre sur le sujet, mais il est vrai que son esthétique unique, son ambiance lugubre et asphyxiante a énormément conditionné ensuite mes goûts en matière de films, de récits, et d'art en général (maintenant que j'y pense, ce doit être à cause d'Hamlet que j'adore le monochrome...) Ce film est à mon sens la plus merveilleuse adaptation de la pièce, d'autant qu'elle véhicule une sorte d'aura ténébreuse qui a tendance à imprégner le spectateur longtemps après le visionnage. La scène-clé qui m'a le plus marquée dans ce film est la scène du premier acte, durant laquelle le spectre du défunt roi apparaît à son fils sur les hauteurs des remparts du château d'Elseneur. Le fantôme du monarque apparaît dans une brume épaisse, sur un fond d'un noir d'encre aussi n'aperçoit-on que les contours du personnage, hormis le reflet de deux yeux incandescents sous un heaume... La voix de l'apparition qui semble comme émaner des profondeurs n'est pas étrangère au malaise que l'on ressent au visionnage (pour l'anecdote, cette voix est en réalité celle de Laurence Olivier, qui avait enregistré le texte sur une bande magnétique, qu'il a simplement passé au ralenti au montage : comme quoi, ce sont parfois les effets les plus simples qui se révèlent les plus efficaces) ... Glaçant et magistral...


I am thy father's spirit,
Doomed for a certain term to walk the night
And for the day confined to fast in fires
Till the foul crimes done in my days of nature 
Are burnt and purged away. [...]


2. Dune, de David Lynch (1984)

Pour le coup, il s'agit ici d'un film d'enfance, et un film bizarroïde s'il en est. Tout le monde a, je pense, déjà entendu parlé de Dune, l'interminable série de romans de science-fiction de Frank Herbert. Il s'agit ici de l'une des adaptations sans doute les plus folles (peut-être pas forcément la plus fidèle au roman) - forcément me direz-vous, car elle a été pensée et réalisée par David Lynch - mais aussi la plus noire. J'ai vu ce film vers l'âge de 7 ou 8 ans, si je me souviens bien, et malgré qu'il soit assez horrible à voir pour un jeune public, je l'avais absolument adoré. Pas de visuel très sanglant, mais un nombre faramineux d'assassinats, d'intrigues politiques et familiales, de grosses bestioles rampant dans les sables, sur fond de trafic d'une drogue appelée l'épice et donnant un pouvoir incommensurable à celui qui la consomme, notamment celui de voyager dans l'espace sans déplacement...  L'intrigue est particulièrement retorse, donc, mais très onirique et symbolique, surtout quand je la considère a posteriori. J'ai eu toute mon enfance une admiration sans bornes pour le personnages de Paul Atréides (Kyle MacLachlan, ci-dessous), alias le Muad'Dib, sorte de messie attendu par le peuple des Fremens, habitant la planète Dune. Le personnage, omniscient, charismatique, voire légèrement tyrannique, est absolument fascinant. J'ai vraiment dû faire un choix cornélien pour retenir un plan en particulier, car il y a énormément de scènes essentielles dans ce film, qui dans mon enfance, a toujours eu ma préférence par rapport aux films de la franchise Star Wars, que j'ai (re)découvert plus tard. La scène en question se déroule dans le désert d'Arrakis, autre nom de la planète Dune, lorsque Paul, pour prouver au peuple des Fremens qu'il est le messie tant attendu, se doit de maîtriser le ver des sables géants, qui sécrète l'épice. Paul "appelle" donc la créature, horriblement dangereuse, tandis qu'au loin, les Fremens observent la scène...
A vrai dire, rien que le fait d'en parler me donnerait presque envie d'écrire un article à part entière sur le sujet... :) Il se pourrait bien qu'un jour je m'y mette... 

Paul Atréides, le Muad'Dib attendu sur Arrakis

3. Notorious, d'Alfred Hitchcock (1946)

Encore un autre film d'adolescence, découvert grâce au Cinéma de minuit, que j'ai vu, vu et revu à un point que la VHS en était devenue toute usée... Notorious, traduit en français par Les Enchaînés (titre vraiment ridicule, s'il en est), raconte l'histoire de deux agents des services secrets américains, Devlin et Alicia, campés par Cary Grant et Ingrid Bergman, partant à la traque aux anciens nazis réfugiés en Amérique du Sud. Dans le but de mettre au jour leur laboratoire de raffinement de minerais d'uranium, la jeune espionne parvient à se faire épouser par le chef de leur réseau, interprété par Claude Rains. Tout se déroule à peu près pour le mieux jusqu'au jour où elle est progressivement empoisonnée par son mari à coups d'arsenic...
Notorious, malgré l'excellente excuse d'être un film d'intrigue et d'espionnage, est avant tout un petit bijou romantique à l'état brut... On dirait presque que l'histoire de groupuscule nazi n'est qu'une excuse pour des scènes à faire fondre nos coeurs de midinette à l'écran. Parce que les deux espions, ben, ils s'aiment, mais c'est compliqué... :) L'une est une ancienne alcoolo repentie, doublée du fait qu'elle est d'origine allemande, mais bonne comme le pain, et l'autre est un gars inaccessible, parfaitement glacial, qui sait bien que ce n'est pas une bonne idée, ah non, vraiment pas, de s'enticher de sa partenaire... Alors, bref, ce film est un déluge de romantisme, avec amours contrariées à la clé. La scène qui me vient tout naturellement en tête est celle où Devlin, malgré l'interdiction de sa hiérarchie, part à la rescousse d'une Alicia empoisonnée, et retenue captive dans la maison de son nazi de mari... C'est beau, c'est pur, c'est d'un romantisme fou, et pourtant sans jamais d'excès. C'est vraiment un film dont je ne me lasse pas.

Notorious : encore un plaisir coupable, tiens...

4. Jane Eyre, de Robert Stevenson (1944)


Décidément, la plupart des films qui m'ont marquée durablement ont été visionnés pendant l'adolescence... J'ai vu celui-ci durant l'été sur la chaîne Club-RTL qui diffusait auparavant tous les mercredis soirs, un classique du cinéma... Je ne connaissais à l'époque pas du tout Jane Eyre, ni l'histoire d'ailleurs, que j'ai découvert en visionnant ce film avec Orson Welles et Joan Fontaine. Le lendemain, je commençais le roman (merci la bibliothèque familiale), qui m'a tenu en haleine pendant 3 jours, durant lesquels je ne faisais absolument que lire... Ce roman est non seulement celui qui m'a permis de connaître la littérature victorienne, mais qui m'a aussi plongé dans la passion de la lecture tout court. Alors certes, le film a des défauts (et je vous passe vraiment l'horreur totale de la VF), mais il a une magnifique atmosphère. J'ai particulièrement été marquée par le scène lors de laquelle Jane et Helen, au pensionnat de Lowood, sont punies pour avoir fait preuve de rébellion et de vanité... On les voit donc porter des poids à bout de bras, en tournant en rond dans la cour de l'école, sous une pluie diluvienne. Cet épisode est d'ailleurs absent du roman, mais il permet de résumer en quelques images fortes les privations et les humiliations subies par Jane au pensionnat.



5. Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, d'Alfonso Cuarón


C'est décidément ce film de la série qui m'a rendue accro à la saga. Auparavant, je n'avais pas lu les romans, et ne connaissais l'histoire que de manière très imparfaite. Le Prisonnier d'Azkaban, avec son esthétique irréprochable, sa noirceur, ses personnages attachants et troubles, m'a vraiment marqué l'esprit. La scène-clé qui me vient à l'esprit est sans doute celle du train, arrêté par les détraqueurs venus d'Azkaban. Je me souviens avoir été glacée par l'apparition de ces créatures désincarnées dans le compartiment de Harry, lorsque toutes les vitres se recouvrent de givre, et que l'on voit une main noueuse, osseuse, se glisser sur la porte pour l'ouvrir. Une véritable vision de cauchemar et un grand moment d'angoisse... :p 



La deuxième partie, c'est par ici.

23 août 2018

Hamlet, de Laurence Olivier (1948)


Hamlet, de Laurence Olivier (1948)


Adapté par Laurence Olivier, d'après la pièce éponyme de William Shakespeare.

Avec Laurence Olivier (Hamlet), Jean Simmons (Ophelia), Basil Sydney (Claudius), Eillen Herlie (Gertrude), Norman Wooland (Horatio), Felix Aylmer (Polonius), Peter Cushing (Osric),...


Oscar du meilleur film 1948
Oscar du meilleur acteur 1948
Oscar de la meilleure direction artistique 1948
Oscar de la meilleure création de costumes 1948
Lion d'or de la Mostra de Venise 1948
Golden Globe du meilleur acteur
BAFTA du meilleur film 1949

***
A la cour de Danemark, on fête le mariage du roi Claudius et de la reine Gertrude, le frère et l'épouse du précédent monarque, mort deux mois plus tôt. L'héritier du trône, son fils unique Hamlet, voit d'un mauvais oeil ce mariage précipité et souffre en silence de la mort de son père. Une nuit, le spectre du défunt roi lui apparaît sur les remparts du château d'Elseneur et lui apprend qu'il a été assassiné par Claudius,  exhortant son fils à la vengeance. Mais Hamlet, aux prises avec les remords de sa mère, son amour pour Ophélie, la fille du grand chambellan, ainsi que ses propres scrupules, tarde à agir...

***

Hamlet, scénarisé, dirigé, et en partie produit par Laurence Olivier, est le deuxième film de sa fameuse "trilogie shakespearienne", réalisé après Henry V (1944, et ayant également reçu un Oscar d'honneur en 1947), et avant Richard III (1955, récompensé par deux BAFTA). J'ai découvert ce film, ma toute première adaptation shakespearienne à dire vrai, lorsque j'avais 15 ans, de manière tout à fait fortuite. Je me trouvais alors à l'époque dans une période sévère d'addiction aux films rétro, et j'avalais à peu près toutes les oeuvres de cette catégorie qui pouvaient me passer sous les yeux, et Le cinéma de minuit aidant, j'ai fini forcément par tomber sur Sir Laurence Olivier (1907-1989), éminent acteur britannique pourtant assez peu connu dans le monde francophone. Or, ce dernier est une véritable icône Outre-Manche, une espèce de dieu du théâtre et plus particulièrement du répertoire shakespearien. Il fut un adepte de la scène, mais aussi du cinéma (pour Hitchcock, Wyler, Manckievicz, Preminger, Kubrick,...), mais aussi le scénariste et le réalisateur des trois adaptations shakespeariennnes les plus emblématiques du 7ème art, et ce bien avant Kenneth Brannagh.


La trilogie shakespearienne de Laurence Olivier : Henry V, Hamlet, Richard III



Mon premier visionnage de Hamlet par Laurence Olivier, remonte à un peu plus de vingt ans, et fut en réalité un véritable coup de poing. J'ai été en quelque sorte "happée" immédiatement par Shakespeare, par la pesanteur et la symbolique de cette tragédie, sans doute l'une des plus connues du monde. Cette adaptation a quelque chose de tout à fait glaçant et d'unique par rapport à ce qui a été réalisé ensuite. A une époque où la couleur avait pourtant déjà pointé le bout de son nez sur les pellicules, ce Hamlet a été volontairement tourné en noir et blanc, avec des plans d'un esthétisme léché qui s'inspire largement du cinéma expressionniste allemand. Les contrastes saisissants de lumière, la présence presque asphyxiante de ces ténèbres qui cernent les scènes les plus évocatrices de la pièce, donnent une teinte très onirique à l'ensemble, que n'aurait sans doute pas renié certains réalisateurs de films d'horreur des années trente... 


"Where wilt thou lead me? Speak, I’ll go no further."



En d'autres termes, le film de Laurence Olivier est une oeuvre inspirée, et ce à plus d'un titre... L'atmosphère lugubre de l'image est d'ailleurs délicieusement mise en valeur par une bande originale d'une splendeur grandiloquente, conçue par le génial compositeur britannique William Walton, que l'on peut écouter presque dans son intégralité par ici.

Ensuite, il s'agit là de la première adaptation parlante de la pièce, et qui parvient à tenir en deux heures trente, dans un format dit "acceptable" pour une diffusion au cinéma, et surtout qui parvient à éviter les inévitables longueur de l'oeuvre originale qui doit atteindre une durée de 3h30 à 4h au total lorsqu'elle est jouée sur scène... Alors certes, certains ont crié ou crient encore au scandale en constatant les visibles raccourcis empruntés, les personnages passés allègrement à la trappe pour offrir cette oeuvre finalement très accessible. Car ne nous voilons pas la face, Hamlet, au-delà du génie de ses thèmes et de la magnificence de sa langue, comporte son lot de scènes et de personnages ennuyeux, presque facultatifs, et qui auraient presque tendance à éloigner le spectateur de sa thématique principale. Peut-être suis-je partiale sur le sujet, mais après avoir lu l'oeuvre originale un certain nombre de fois, force m'est de constater que les extraits remaniés et les personnages supprimés chez Laurence Olivier sont justement ceux qui vous insupportent à la lecture (Rosencrantz, Guildestern, Fortinbras), et qui ont tendance à faire perdre au personnage central un peu de sa ténébreuse aura. Personnellement, ce remaniement n'est donc pas pour me déplaire, mais je conçois aisément que cela puisse gêner les puristes. Le propos est donc  plus dense, mais le message véhiculé par la pièce originale s'en retrouve plus pertinent et plus puissant aussi.




Au-delà de ces aspects de forme, venons-en au fond. Si Laurence Olivier a réalisé, adapté et produit le film, il en interprète également le personnage principal. Peut-on réellement mettre en doute le fait véhiculé depuis lors qu'il s'agit là de l'une des meilleures interprétations du personnages et aussi l'une des plus abouties ? Vélléitaire, rongé par un écrasant complexe d'Oedipe, cet Hamlet d'une noire mélancolie, attire vers les abîmes où il se trouve tous ceux qu'il approche. Il est de ces personnages que l'on ignore comment classifier, du côté de l'ombre ou de la lumière, et qui oscille perpétuellement dans un entre-deux où il peut ressasser sa légendaire inaction. Hamlet n'est pas un héros, ne l'a jamais été. L'adaptation ne contredira jamais cet état de fait. Elle joue justement dans un registre volontairement incertain, expliquant tantôt ses actes ou ses absences d'actes par sa nature angoissée et insatisfaite, reflet d'une âme capricieuse et vindicative complètement étouffée par l'infantilisation dans laquelle sa mère le revoie dès qu'il fait montre d'une certaine indépendance d'esprit. La pauvre Ophélie (délicieusement interprétée par une toute jeune Jean Simmons, qui avait à peine 18 ans au moment de ce tournage très exigeant), paiera elle aussi le tribut de son inconstance et de sa faiblesse. 


Jean Simmons dans le rôle d'Ophélie

Hamlet en s'évertuant d'éviter un affrontement direct avec son oncle meurtrier, sème un lot impressionnant de victimes collatérales en plus de cette dernière... Il est tellement plus aisé pour ce personnage indécis de rejeter son amertume et sa colère sur son plus proche entourage plutôt que sur le responsable direct de son malheur... On comprend aisément que bon nombre de psychanalystes se soient penchés sur la "tragédie des tragédies" comme l'avait nommée le psychologue russe Lev Vygotsky, auteur d'un magnifique et éclairant essai de 1915 sur le sujet... Le personnage se prête volontiers à l'analyse d'un certain nombre de névroses, n'est-il pas ?

J'invite donc les plus réfractaires à l'oeuvre de Shakespeare à se pencher sur cette adaptation, qui a su merveilleusement retranscrire la force d'un texte magnétique, dans une atmosphère nimbée d'un esthétisme noir.

Pour terminer, quelques extraits pour donner une idée de l'ambiance et du contexte de cette adaptation emblématique...



Oh, that is too, too solid flesh would melt

To be or not to be, that is the question

Statue commémorant le centenaire de la naissance de Laurence Olivier
dans le rôle le plus emblématique de sa carrière, située sur la rive sud de la Tamise,
à proximité du National Theatre, dont le comédien a été le directeur dans les années 70.
Il est à noter également qu'il est un des rares acteurs à avoir été fait baron,
et honoré à sa mort d'un enterrement en grande pompe
à Westminster en 1989... durant lequel a été joué la bande originale... d'Hamlet. 

09 mai 2017

Derniers visionnages... (1/..)

Macbeth, de Justin Kurzel (2015)

Avec Michael Fassbender (Macbeth), Marion Cotillard (Lady Macbeth), David Thewlis (Duncan), David Hayman (Lennox), Sean Harris (Macduff), Panny Considine (Banquo),..

D'après la tragédie en cinq actes de William Shakespeare.

J'ai attendu un bon bout de temps avant de m'attaquer à cette adaptation de Justin Kurzel, qui reposait depuis des lustres dans ma pile de dvd à voir... Tout d'abord parce que Macbeth est une pièce que je trouve extrêmement difficile d'accès. C'est une oeuvre d'une violence rare, au propos hermétique, qu'il est très difficile d'adapter sans que cela ne vire immédiatement à la farce gore. L'extrémité même des situations et des intrigues retorses de la tragédie font qu'il est pratiquement impossible de transposer l'intégralité du texte, sans créer d'inévitables longueurs. Que l'on se rassure, le texte n'est absolument pas reproduit  en intégralité dans cette adaptation... De larges plans baignés dans la brume des champs de bataille, s'attardant ensuite sur les paysages d'une Ecosse quasiment onirique permettent au spectateur de s'imprégner de l'atmosphère délétère de cette pièce sans pour autant se perdre dans l'omniprésence d'un texte ancien, bigarré de langue celte. Le film est donc relativement avare de paroles, recentrant l'intrigue sur les scènes et monologues les plus emblématiques, rendant le film merveilleusement efficace. Ensuite, je craignais assez l'interprétation de Marion Cotillard en Lady Macbeth, choix singulier de casting pour camper ce personnage emblématique de répertoire shakespearien... Le film a pourtant très bien évité ces prévisibles écueils, car l'actrice s'en sort merveilleusement. Elle est énigmatique et glaciale, et parvient à demeurer d'une sobriété extraordinaire malgré les situations psychologiques extrêmes dans lesquelles évoluent son personnage.  Ensuite, Michael Fassbender campe un Macbeth d'une rare violence, aveuglé par une épouse ambitieuse, à l'influence tentaculaire. Mais ce Macbeth est également un traumatisé de la guerre, traumatisé par la perte de ses enfants (choix très surprenants du metteur en scène, mais qui parvient merveilleusement à combler les vides de sa psychologie, laissés à la libre appréciation du lecteur). Pour ma part, j'ai tout à fait adhérer à ces choix. Mais à vrai dire, les images sublimes de Justin Kurzel parviendraient à elles seules à vaincre les réticences des plus grands puristes du répertoire... Ce film est magnifiquement mis en image, très dignement interprété, d'une violence noire, à l'atmosphère frôlant l'asphyxie, mais qui à mon sens, demeure une adaptation de référence, pour ne pas dire, la meilleure réalisée à ce jour.


***

Paterson, de Jim Jarmusch (2016)

Avec Adam Driver (Paterson), Golshifteh Farahani, Barry Shabaka Henley (Doc), ... 

Paterson est chauffeur de bus à... Paterson, une petite ville du New Jersey. Il partage sa vie avec Laura, douce excentrique, fan de country et de cupcakes, et leur chien Marvin... Ce film retrace une semaine dans la vie de Paterson, homme tranquille et sans histoires, poète à ses heures et adorateur de William Carlos Williams.

Ceux qui ont déjà vu un film de Jim Jarmusch savent à quoi s'attendre... Il ne s'y passe vraiment pas grand chose. Même dans un film de vampires (Le très surprenant Only lovers left alive, avec Tom Hiddleston et Tilda Swinton), il parvient à mettre le spectateur dans un certain confort, voire même à l'installer dans un routine un peu dépressive. Il y a un côté rassurant dans ses films, un poésie aussi, une douceur, qui ont l'air de venir d'un autre monde. Pour ceux qui apprécient les films aux intrigues retorses et aux sensations fortes, mieux vaut passer son chemin ...  Paterson est sorte de bulle. Il ne s'y passe rien d'autre que ce qui fait la vie de monsieur-tout-le-monde. Le personnage se lève, prend son petit déjeuner, va travailler, écrit des poèmes pendant ses pauses, retrouve sa femme le soir, va promener son chien...Alors certes, présenté de la sorte, le film n'a pas vraiment l'air de présenter un quelconque intérêt, mais pourtant si. Le spectateur se retrouve dans cette routine, dans ces petits désagréments de la vie, dans cet humour à peine dissimulé dans ce quotidien bien réglé... Et puis, les personnages sont tellement réels, tellement palpables :  Adam Driver (qui décidément ne cesse de m'étonner lorsqu'il sort de son rôle de Kylo Ren dans Star Wars) et Golshifteh Farahani sont tellement attachants, qu'on se laisse embarquer par ce film inattendu, qui sous ses dehors quelque peu lisse, est une petite merveille de sensibilité et de poésie.


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Premier contact (Arrival), de Denis Villeneuve (2016)

Avec Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker,...

D'étranges nefs extraterrestres sont apparues aux quatre coins du globe, demeurant comme suspendues à quelques mètres du sol. A l'intérieur, des habitants d'un autre monde, avec lesquels il semble impossible de communiquer. Le gouvernement américain fait appel aux services d'un scientifique et d'une linguiste afin de parvenir à établir un dialogue avec eux...

Voilà un film de science-fiction qui sort réellement des sentiers battus ! Pas d'explosions (ou si peu), pas de tirs d'artillerie lourde, pas de bande-son agressive, pas de héros musclé sauveur de l'humanité... Bref, on est loin, bien loin, des codes du genre... J'avoue, j'ai été vraiment charmée par ce film, qui a su très bien sortir de sa catégorisation. A vrai dire, j'aurais plutôt tendance à le classer dans le rayon des drames plutôt que dans celui des films d'actions. Car de l'action, il n'y en a presque pas. Premier contact est un film vraiment singulier par son propos, son contenu : il est plein de silences, d'introspections, de tristesses. Un film très beau, très surprenant aussi, qui s'éloigne merveilleusement des classiques du genre.



A suivre...

06 février 2013

My kingdom for a horse !

Une fois n'est pas coutume, pas de billet "littérature"... Enfin, presque pas... Lorsque l'on évoque le tristement célèbre Richard Gloucester, plus connu ensuite sous le nom de Richard III Plantagenêt, il est impossible de ne pas l'associer à la tragédie de Shakespeare du même nom...

Tristement célèbre, parce que considéré, grâce au dramaturge anglais et à l'influence des Tudor, comme un être difforme, abject et sanguinaire. Excusez du peu.

Si l'on se réfère à la pièce de Shakespeare, et aux très rares informations historiquement valables de l'époque  (nous sommes alors à la fin du XVème siècle), Richard III aurait accédé au trône, après en avoir écarté son frère aîné, le Duc de Clarence, et fait supprimer ses deux neveux, assassinés à la Tour de Londres. Richard, après avoir intrigué durant des années, dans l'ombre des héritiers les plus directs de la couronne, ne restera sur le trône que deux ans, puisqu'il meurt à la bataille de Bosworth en août 1485, à l'âge de 32 ans.  


Mais pourquoi ce cours d'histoire abrégé, me direz-vous ? Vous l'aurez peut-être vu ou lu dans les journaux de ces derniers jours, le squelette découvert il y a plus d'un an sous le parking de l'église de Leicester, en excellent état de conservation, n'est autre que celui du souverain, que l'on avait cru disparu à tout jamais. Les récentes analyses ADN ont enfin confirmé qu'il s'agissait bel et bien de Richard de Gloucester. Après la bataille de Bosworth, son corps aurait été exhibé dans la ville de Leicester. On s'en serait ensuite débarrassé avec précipitation... Alors qu'en réalité, il semble qu'il ait été respectueusement mis en terre, dans une sépulture de l'ancienne église, aujourd'hui disparue.

Richard III m'intéresse depuis toujours (comme tous les personnages controversés, comme c'est étonnant !). Lorsque l'on se penche de plus près sur l'histoire de ce roi - la véritable histoire, il s'entend - on apprend très vite qu'au-delà de tout ce que l'on a pu en dire, il avait été un excellent chef d'état. Il fut conseiller pour son frère Edward IV, puis Lord Protecteur lors de l'accession au trône du jeune Edward V, qui n'avait que 12 ans. Qu'il ait réellement fait supprimer le Duc de Clarence, puis ses deux neveux, nul ne peut réellement l'attester, même si les circonstances sont assez troublantes.

Selon le peu de sources d'époque, il s'avère que Richard était un excellent roi, et que Shakespeare, vivant à l'époque des Tudor - dynastie qui a succédé à celle des Plantagenêt à l'issue de la guerre des Deux-Roses - a probablement forcé le trait jusqu'à la caricature. On l'a dit bossu et difforme, or aujourd'hui, grâce au squelette retrouvé sous ce fameux parking, on sait que cela n'était pas tout à fait le cas. 
Sa colonne vertébrale était gravement scoliosée, due à une déformation survenue à l'adolescence, comme l'atteste la photo ci-dessous. Il n'était cependant pas bossu pour autant. 

D'autre part, on a retrouvé différents coups portés, probablement ceux qui ont causé sa mort, et d'autres plus anciens. Ce qui est assez cohérent, puisque l'on sait que Richard III était un épéiste chevronné. Parmi ceux-ci, une coup porté dans le dos, provenant probablement d'une pointe de flèche, voire d'une arbalète, puis plusieurs autres à la tête, donné sans doute à l'arme blanche.


Bref, c'est la société Richard III qui est plutôt heureuse de la découverte (Richard III society) ! Celle-ci va permettre de relancer les débats, et surtout de rectifier un certain nombre d'erreurs au sujet de ce personnage énigmatique.

La dynastie des Plantagenêt s'étant éteinte avec Richard III, il a fallu des mois de recherches aux scientifiques pour retrouver des descendants avec qui pouvoir comparer valablement son ADN. Malgré le nombre d'enfants de la maison d'York (13 frères et soeurs), et l'existence avérée d'enfants légitimes et illégitimes, la tâche ne fut pas aisée. Une descendante d'Anne d'York, sa soeur aînée, a été miraculeusement retrouvée au Canada, avec qui les analyses correspondent avec un excellent taux de certitude. Un autre héritier des gênes de Richard III a été depuis retrouvé. Pour la petite anecdote, Michael Ibsen- c'est son nom - est menuisier-charpentier à Londres... Plus de 500 ans - et une couronne - les sépare. 

Il est à noter que ces analyses ADN ne sont pas là pour prouver que Michael Ibsen est son descendant, mais bien pour attester que le squelette retrouvé à Leicester correspond à celui de Richard III, ce qui n'est pas la même chose... ^_^  

Michael Ibsen, en compagnie de la récente reconstitution faciale de son ancêtre, roi d'Angleterre. Source : lefigaro.fr
  

Pour en savoir plus :
- Le merveilleux ouvrage de Josephine Tey, La fille du temps.
- La pièce de William Shakespeare, qui demeure l'une de ses tragédies les plus noires, et les plus passionnante  : Richard III 
- Le film de et avec Sir Laurence Olivier, de 1955, d'après Shakespeare. Un film excellent, qui vous donnera des cauchemars pour longtemps... ^_^

30 septembre 2008

Macbeth - Théâtre filmé (1981)

Mis en scène par Arthur Seidelman

Tragédie de William Shakespeare

Avec Jeremy Brett (Macbeth), Piper Laurie (Lady Macbeth), Simon MacCorkindale (Duncan), Alan Oppenheimer (Banquo).

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Jeremy Brett

Mon avis

J'avoue : Macbeth est certainement l'une des pièces de Shakespeare qui m'inspire un malaise tenace (en comptant Richard III, que j'apprécie pourtant énormément sur le fond, et Titus Andronicus, que je suis incapable de lire jusqu'au bout). La pièce m'est tombée des mains à la première lecture, je l'avoue aussi. J'ai tenté, avec cette version de me réconcilier avec la tragédie.
Certes, la mise en scène est on ne peut plus simpliste. Les décors sont réduits à leur strict minimum (on connaît des mises en scène d'une froideur et d'un vide quasi absolu qui fonctionnent à merveille : voir le très gothique et très expressionniste Hamlet de Laurence Olivier), les accessoires de scène sont quasi inexistants, ce qui est très courant dans les adaptations shakespeariennes, où le texte semble à lui seul occuper tout l'espace.
Cette impression de vide renforce encore la noirceur de la pièce et l'âme de ses personnages.

Les interprétations sont très belles, très fluides, et surtout très énergiques. Inutiles de dire que l'interprète de Macbeth (Jeremy Brett - voir photo ci-dessus) a donné un dynamisme certain à son personnage, qui ne paraît jamais se lamenter, et dont les tergiversations passent finalement très vite à la trappe. Le phrasé shakespearien, pourtant lourd, coule avec aisance.
La Lady Macbeth de Piper Laurie est vénéneuse, pleine de charme et parfaitement ambivalente.
Peut-être la comédienne en fait-elle parfois un peu trop dans l'emphase, mais je la trouve globalement assez convaincante.
L'option prise sur la relation fusionnelle des époux maudits est une nouveauté pour moi, qui n'avais jamais considéré les choses sous cet angle.

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Piper Laurie

On retrouve également un excellent Banquo, très sobre et très mesuré face à l'énergie débordante du Macbeth de Brett.

Les scènes que je craignais le plus étaient sans doute celles des trois sorcières, qui sont particulièrement difficiles à rendre sans que cela ne paraisse ridicule. Ici, le tout passe globalement assez bien, malgré un ton un peu surréaliste, ce qu'on ne peut pas vraiment reprocher vu le contexte surréaliste, lui aussi, de ces scènes.

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Seul réel hic de cette adaptation : l'image de qualité médiocre, parfois assez floue et saturée en couleurs. Reste la pièce et son contenu, qui m'ont réconciliée en bonne partie avec l'oeuvre

Le dvd est disponible sur http://www.amazon.co.uk/, uniquement en zone 1, sans sous-titres.