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05 janvier 2021

Lectures d'hiver...

Voici un petit aperçu de quelques lectures faites cet hiver, parmi lesquelles j'ai eu l'occasion de tomber sur de très jolies découvertes... Pas d'avis très long ni d'analyse très approfondie pour cette fois, une simple petite rétrospective ;)

Point de fuite
Marie Colot et Nancy Guilbert

Classé vraiment tout à fait à tort dans la littérature jeunesse/young adult, Point de fuite, est un roman à plusieurs voix, dont les récits s'entrecroisent autour du personnage de Mona, jeune femme brillante, lumineuse et passionnée par le dessin. Le jour où elle rencontre celui qu'elle croit être l'homme de sa vie, c'est pour Mona le début d'une très longue et indicible descente aux enfers. 
Récit dépeignant avec un réalisme extrême le quotidien empoisonné d'une personne sous l'emprise d'une manipulateur pervers, ce roman poignant et terrible, parle de la violence psychologique au sein du couple, véritable travail de destruction inexorable d'une personnalité, de vampirisation totale d'un individu jusqu'à son anéantissement... 
Ce roman d'une précision folle est de ceux qui m'auront marquée pour longtemps, car il parvient à mettre des mots sur des souffrances parfois très difficiles à exprimer, car tues par la honte ou par l'incompréhension des autres. Un roman qui touche juste et qui ne laisse pas indemne.


Bondrée
Andrée A. Michaud 

Bondrée est la francisation du mot "Boundary", signifiant en anglais "Frontière", zone sauvage située entre le Québec et la frontière du Maine. C'est là, dans un paisible lieu de villégiature, que disparaissent deux adolescentes, que l'on retrouve assassinées dans ces forêts insondables, où plane encore l'ombre d'un trappeur fou, retrouvé pendu plusieurs années auparavant. 

En dépit du fait qu'il ne se passe réellement pas grand chose dans ce roman de la québecoise Andrée Michaud, l'intérêt du récit se trouve justement dans l'ambiance même installée par l'auteur, dans la description de cette nature hostile et inquiétante, noyée dans la brume. Bondrée est un thriller psychologique d'une rare précision, d'une beauté tout à fait sauvage, qui décrit choses et gens avec une certaine forme de poésie, que l'on voit réellement très peu ailleurs dans ce contexte. Une magnifique découverte que ce roman, qui donne réellement très envie de se pencher sur d'autres oeuvres de l'auteur.


La Faucheuse, tome 1
Neal Shusterman 

Dans un lointain futur où la maladie et la mort naturelle ont été éradiqués de la société, une poignée "d'élus" sont régulièrement choisis afin d'être faucheurs. Ceux-ci, au bout d'un apprentissage pointu, seront responsables de donner la mort à des individus choisis selon des règles statistiques, afin de réguler la population mondiale...

Même si j'avais pu lire d'excellentes critiques de ce roman de Neal Shusterman, je ne m'attendais pas du tout à l'apprécier. Or, cela a été le cas : il est efficace et très intelligemment mené de bout en bout. Il ne s'agit pas d'un énième récit post-apocalyptique devenu le standard absolu en terme de littérature jeunesse/YA, mais plutôt une très belle réflexion sur la fatuité de l'être humain et ses dérives morales, bénéficiant d'un scénario très solide et addictif, malgré un contexte plutôt lugubre. Les deux tomes suivants sont d'ores et déjà sur ma pile de livres à lire...

Le Train d'Erlingen ou La métmorphose de Dieu
Boualem Sansal

Ute Von Ebert est une vieille dame issue de la haute bourgeoisie d'Erlingen, petite ville d'Allemagne, se retrouvant assiégée par un ennemi qu'on ne voit pas, qu'on n'entend pas, mais qui est là, menaçant, à quelques pas de la cité. La population doit être évacuée de manière imminente par un train qui se fait attendre... 

S'agit-il d'une dystopie ? S'agit-il d'un essai philosophique sur les peurs primales de nos sociétés occidentales ? Sans doute s'agit-il d'un peu de tout cela à la fois. Ce roman peu ordinaire se compose d'une série de lettres au ton plus que sarcastique que la narratrice écrit à sa fille, réfugiée à Londres. Méditation sur la peur de l'inconnu, mais aussi sur les dérives des extrémismes religieux, et les pires ressorts de l'âme humaine, Le Train d'Erlingen demeure cependant un roman à la narration quelque peu apathique, dont on ne sait guère où il va mener le lecteur. Même après avoir tourné la dernière page, on continue toujours de l'ignorer... Une curiosité.


Anne de Green Gables
Lucy Maud Montgomery

Orpheline de père et de mère, Anne Shirley, petite fille rêveuse et enjouée est adoptée par Marilla et Matthew Cuthbert, deux fermiers résidant sur l'île du Prince Edouard, située dans le golfe du Saint-Laurent. Débordant d'imagination, quoique maladroite et jamais à l'abri de nouvelles idées loufoques, Anne va très vite trouver ses marques dans cette famille un peu rude mais aimante, et parmi les habitants d'Avonlea.

Autrefois publié sous le nom de "La maison aux pignons verts", cette oeuvre iconique de Lucy Maud Montgomery, le premier d'une série de neuf romans, et fortement inspiré de sa propre vie, est une véritable merveille, pour qui aime les belles descriptions de la nature, des paysages et des saisons, et qui vous donne une envie irrépressible de déménager sur l'île du Prince Edouard... Anne est un personnage délicieusement attachant, drôle, piquant, dont on suit avec délice les actes farfelus et les aléas d'une imagination débridée. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi juste ni aussi beau, à la fois drôle et touchant, que j'ai d'ailleurs refermé avec beaucoup, vraiment beaucoup de larmes aux yeux. L'écriture est d'une beauté absolue et vous laisse l'âme pleine d'une tendre nostalgie...

A suivre...