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11 avril 2013
The Mystery of Edwin Drood, by Charles Dickens (completed by TP James)
The Mystery of Edwin Drood, by Charles Dickens (Completed by T.P.James)
Un énième roman consacré à la poursuite de l'écriture de l'oeuvre inachevée de Dickens, me direz-vous ! Mais absolument, car je n'en ai toujours pas fini de ressasser ce roman tout aussi merveilleux qu'emblématique ! Excusez ma monomanie ^_^.
Il existe quelques oeuvres comme celles-ci, que j'ai déjà évoquées au fil de ces pages, et qui sont à peu près tous décevants, si l'on excepte l'essai d'Henry Morford en la matière.
Je n'ai cependant pas choisi cette sequel par hasard, car malgré le titre fallacieux dont elle est affublée ("completed by TP James", lequel n'est autre que l'éditeur américain original), le cadre de sa rédaction en 1872 a été bien particulière, ce qui a attisé ma curiosité. On apprend donc par son titre complet, situé sur la page intérieure de l'édition, l'état de fait suivant : "The Mystery of Edwin Drood by the spirit-pen of Charles Dickens through a medium". Si l'on fait abstraction de ce contexte qui peut troubler - ou faire sourire - au choix, il faut avouer que ce roman est pour le moins étonnant. Comme l'a fait Henry Morford avant lui, l'auteur (peu importe vraiment de qui il s'agit), a doublé le roman original, en y ajoutant donc une vingtaine de chapitres supplémentaires. L'élément le plus extraordinaire consiste justement dans le fait qu'on y retrouve d'une manière assez troublante le style foisonnant de Dickens pour les descriptions des personnages et des situations cocasses. D'autre part, ce roman renouvelle le matériau de base en apportant régulièrement de nouveaux personnages, ce qu'aucun auteur jusque là n'avait osé faire. Ce point n'est guère étonnant en lui-même car il s'agit là de la manière de faire de Dickens, qui avait régulièrement coutume d'introduire une multitude de personnages secondaires tout au long de l'intrigue, jusque parfois dans les derniers chapitres. Il n'y a donc pas lieu de hurler au scandale jusque là.
A vrai dire, il n'y a aucune raison de le faire, car je suis ressortie de cette lecture, à la fois déroutée et étonnée, tant il paraît dans la même veine que les 22 premiers chapitres originaux.
Les questions qui me troublaient le plus en entamant cette lecture étaient :
- Qu'est-il advenu réellement de Drood ?
- Qui est Dick Datchery ?
- Pourquoi la Princesse Bouffarde (Princess Puffer) hait-elle John Jasper ?
et enfin
- l'auteur va-t-il se révéler aussi frileux que les autres au sujet du maître de chapelle ?
Sur ce dernier point, impossible d'être déçue, car l'auteur est tout sauf frileux... ! La vingtaine de chapitres ajoutés sont pour ainsi dire strictement centrés sur "l'énigme Jasper", intimement liée au "mystère Drood". Je ne vais pas révéler exactement leur contenu, car ils valent réellement la peine d'être appris directement par la lecture de ce livre (épuisé depuis les années vingt, mais disponible en réédition pour une trentaine d'euros).
J'avoue sincèrement avoir été agréablement surprise par la façon dont est révélé Jasper dans cette suite. Alors certes, on ne peut pas faire mieux que la réécriture de Gwyneth Hughes, mais il faut reconnaître que si vous vous êtes méfiés de John Jasper dans la première partie originale, vous allez adorer le détester dans la seconde. Dans le rayon des personnages abjects, on aura rarement fait mieux. Passé maître dans l'art de la dissimulation, du mensonge, de la traîtrise, John Jasper apparaît enfin clairement tel qu'il est. Un homme lâche au passé extrêmement lourd qu'il est incapable d'assumer. Un homme dévoré de frustrations et de jalousie, avec lesquels il ne parvient pas à vivre, et qui cherche l'oubli dans l'opium. La drogue et une culpabilité dévorante auront finalement raison de lui. L'auteur, s'il lui a réservé un châtiment exemplaire pour tous ses crimes, n'en a pas oublié pour autant l'esprit dickensien, en lui destinant aussi une possibilité de rédemption. Le roman s'achève d'ailleurs sur cette scène à tirer des larmes, qui se déroule - je vous le donne en mille - durant la nuit de Noël.
Ce qui est formidable dans cette suite, c'est à nouveau le tour de force de l'auteur, qui est parvenu, malgré tout le mal qu'il se donne pour vous porter à le haïr, à trouver à Jasper des raisons à sa folie.
Concernant la révélation du mystère, il n'y a réellement rien de très surprenant. Elle est dans la logique des premiers chapitres, et les éléments d'intrigue qui y sont parsemés, trouvent leur parfaite explication dans l'utilisation des nouveaux personnages secondaires introduits au fil des chapitres finaux.
Je terminerai en retranscrivant l'ultime phrase du roman, extrait de la scène de "rédemption" de Jasper :
"His was a wicked life, but he could not have had a purer winding sheet and might he not have added, that perhaps its purity had washed away his sins ?"
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