17 août 2021

Les étés pluvieux ont du bon...

 

La Cocinera de Castamar (La cuisinière de Castamar) -  Netflix - 2021

Mini-série espagnole, avec Michelle Jenner (Clara Belmonte), Roberto Enriquez (Diego de Castamar), Hugo Silva (Enrique de Arcona), Maxi Iglesias (Francisco Marlango), Jean Cruz (Gabriel de Castamar),...

D'après le roman de Fernando J. Muñez.

Issue d'une noblesse désargentée et mise au ban de la société, Clara Belmonte entre comme fille de cuisine chez le Duc de Castamar. Sortant à peine d'un pénible veuvage, celui-ci, en reprenant la vie publique, et en devenant le conseiller du roi d'Espagne, ravive toutes les haines et toutes les convoitises. Aux prises avec les haines mesquines de l'office et les intrigues de la grande maison, Clara, doit composer avec les troubles de son propre passé et l'amitié naturelle, mais mal perçue, qui la lie au maître des lieux. 

Clara Belmonte (Michelle Jenner) et Don Diego de Castamar (Roberto Enriquez)

Autant le dire d'entrée de jeu : cette série a été un énorme coup de coeur, et j'ai avalé les 12 épisodes en un rien de temps, véritablement incapable de m'arrêter... Si l'on devait donner un aperçu de cette série en peu de mots, je dirais que La cocinera de Castamar, est une sorte d'heureux télescopage entre Downton Abbey, Jane Eyre, et Les liaisons dangereuses, transposé dans l'Espagne du XVIIIe siècle. Quoique la série soit nettement plus crue que ses homologues britanniques, la série, adaptée d'un roman de Fernando J. Muñez (et malheureusement pas encore traduit en français), narre les manoeuvres délétères de quelques Grands d'Espagne, de leurs jalousies, de leurs libertinages et de leur oisiveté malsaine, et les petites misères des gens "d'en-bas", dont les destins croisent bien souvent ceux de leurs maîtres. Tout d'abord, il faut dire que les décors et les costumes sont absolument splendides, et n'ont vraiment à envier aux meilleurs period dramas, et qu'ensuite, les personnages sont extrêmement bien brossés et interprétés, pour peu que j'en puisse juger, n'ayant pas lu le roman. Toujours est-il que l'intrigue de cette série est vraiment addictive, et on enchaîne volontiers les épisodes sans voir le temps passer, tant on s'attache rapidement aux personnages, ceux de Clara et de Diego de Castamar en tête, heureuse et chaste parenthèse, bulle isolée et lumineuse, dont les interactions se révèlent être d'un romantisme fou, et en contraste brutal avec les agissements infects de leur monde respectif. Ensuite, on peut compter sur le terrible Enrique de Arcona, campé par Hugo Silva, qui avec ses airs de conspirateur-né et son art consommé à dissimuler ses motivations derrière des sourires et des courbettes hypocrites, se révèle être un antagoniste diablement efficace. Encore un de ces méchants que l'on adore détester... Une série impossible à lâcher ! 

Don Enrique de Arcona (Hugo Silva)


The Alienist (saison 1) & The Angel of Darkness (saison 2) -  Netflix - 2018-2020

D'après les romans de Caleb Carr, avec Dakota Fanning (Sara Howard), Luke Evans (John Moore), Daniel Brühl (Lazslo Kreizler), Douglas Smith (Marcus Isaacson), Matthew Shear (Lucius Isaacson),... 

Le Dr Lazslo Kreizler est un aliéniste contesté, spécialisé dans les troubles du comportement chez les enfants, usant de méthodes peu conventionnelles. Déterminé à démêler l'écheveau du crime de deux jeunes gens dont il avait la charge, le Dr Kreizler fait appel à John Moore, l'un de ses anciens camarades de faculté, pour infiltrer les scènes de nouveaux meurtres commis avec les mêmes méthodologies que ceux qu'il s'évertue à élucider. C'est grâce à l'appui de l'assistante du Commissaire de la police métropolitaine, Sara Howard, qu'ils parviennent enfin à tenir une piste solide... 

J'ai lu l'Aliéniste il y a quelques années, roman à suspense de Caleb Carr, se déroulant dans le New-York de la fin du XIXe siècle, et avait beaucoup aimé le trio de personnages principaux, de même que l'ambiance très anxiogène de l'intrigue, se déroulant, pour le premier volet, dans le milieu de la prostitution enfantine, dans lequel de jeunes garçons sont assassinés selon des rituels absolument atroces. Etant donné le contexte, très glauque et nauséabond, le côté meurtres crasseux, j'avais eu toutes les peines à rentrer dans le roman, tant je trouve ce genre d'atmosphère dérangeant. Mais disons qu'à force de persister, j'avais surtout accroché en raison de la psychologie des personnages, très fouillée et intéressante. Finalement, la série a bien adapté cet aspect : l'ambiance est  noire, assez sordide, mais l'aura des personnages fait en sorte que cela fonctionne à merveille. Je ne cache pas que les trois acteurs principaux sont la raison pour laquelle je suis restée scotchée devant l'écran, hypnotisée par le déroulement de l'intrigue très retorse. Mon principal coup de coeur va bien entendu à Daniel Brühl, campant l'aliéniste Kreizler, avec sa façon de se comporter et de tout analyser, choses et gens, avec une froideur très holmesienne. Personnage glacial à l'ouverture de la série,  Kreizler à l'art d'étaler la psychologie des autres sans retenue en étant dénué de tout affect, en évitant surtout soigneusement de dévoiler la sienne. A tel point d'ailleurs, que ses comportements ont tendance à mettre mal à l'aise et à poser question. Je dois dire que son évolution (comme dans le roman) est intéressante de ce point de vue : peu à peu, sous l'influence de Sara et de John, l'aliéniste se voit confronté à ses propres démons, et on voit avec délice la coquille se fissurer. Cette mise à nu le rend faillible, et il est en cela très différent de Sherlock Holmes, dont le personnage a été visiblement inspiré. Cette nuance de caractère le rend éminemment digne d'intérêt. D'autre part, impossible de bouder Dakota Fanning, incarnant une femme au caractère bien trempé, féministe avant l'heure, indépendante et résolue, ainsi que Luke Evans dans un personnage au grand coeur, quoiqu'un peu dissipé, qui contrebalancent avec bonheur l'austérité première du médecin. La première saison m'a davantage plu que la seconde, sans doute parce que Kreizler ne se trouve plus au centre de l'intrigue... Le ton reste tout à fait similaire, dérangeant au possible... Ames sensibles, s'abstenir !


A suivre...

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