05 février 2014

A young doctor's notebook (2012-2013)

D'après les nouvelles "Récits d'un jeune médecin", "Morphine" et "Les aventures singulières d'un docteur", de Mikhaïl Boulgakov.

Mini-série de 4 épisodes de 25 minutes, réalisée par Alex Hardcastle, avec Daniel Radcliffe et Jon Hamm (Saison 1 - 2012). VO anglais uniquement.

1917. Un jeune docteur fraîchement diplômé de l'université de Moscou, débarque en Sibérie, pour y diriger un dispensaire. Entre misère, épidémies et drogue, nimbée d'humour noir et de grotesque, la série retrace le parcours d'un jeune médecin, aux prises avec la solitude, l'inexpérience et l'ignorance, sous le regard acerbe et désabusé de son double fantomatique.  

***

Etrange, très étrange que cette série, à laquelle je suis réellement venue par hasard. On y reconnaît une certaine dose de plus pur humour noir anglais, comme le grotesque et le bizarre de la plume de Boulgakhov (dont le roman le plus emblématique restera "Le maître et Marguerite"). Seulement 4 épisodes pour cette première saison aussi plaisante que délétère, qui retrace les errances comiques ou abominables d'un médecin fraîchement débarqué de Moscou, et qui se voit promu à la direction d'un hôpital perdu au milieu de nulle part. Sans ressources, et sans expérience, le jeune docteur, interprété par un Daniel Radcliffe juvénile mais méconnaissable, qui se trouve confronté à l'ignorance et aux horreurs de la misère de la Russie pré-bolchévique. Incompris (et peut-être aussi un peu incapable), et isolé, le médecin dialogue avec un double fantomatique, projection de lui-même à la quarantaine, désabusé et cynique, interprétée magnifiquement par Jon Hamm. Ce "jumeau" mi-ange, mi-démon, est une sorte de conscience extériorisée qui le conseille, le dissuade, autant qu'il ne l'entraîne vers le fond. Du jeune homme plein de conviction, le médecin, devant les horreurs et l'isolement, devient peu à peu un être froid, détaché, et qui usera de la drogue pour supporter et... oublier. 

On n'ignorera pas le conseil figurant sur la jaquette, à savoir "déconseillé aux jeunes spectateurs"... Malgré une réalisation soignée, des interprétations extraordinairement justes, certaines scènes sont abominables. Ceci est d'ailleurs très bien illustré par le personnage qui répète à de maintes reprises "I am not a doctor, I am a butcher." Et c'est ma foi très vrai. Un bon conseil, si vous souhaitez tenter la série, il vaut mieux être prévenu... (et à être à jeun, tant qu'à faire...)
Pour ma part, j'ai autant aimé cette série, que je ne l'ai détestée. Le sentiment qui suit le visionnage est assez mitigé, parce que l'on est inévitablement partagé entre les interprétations, le scénario extraordinaires et l'horrible réalité de l'histoire. On sourit et on pleure ; on rit et on détourne les yeux dans la même minute. On compatit et on se sent révulsé à la fois. En deux mots comme en cent : on ne ressort pas indemne de ce visionnage. Impossible de demeurer indifférent à cette série, qui a bénéficié d'une seconde saison, attendue en DVD dans les prochains mois.

Série anxiogène et dépressive au possible : âmes sensibles, s'abstenir... 

4 commentaires:

  1. Même si cette série semble t'avoir autant fascinée que révulsée, ton compte-rendu en donne vraiment envie ! C'est après tout rare, les séries qui troublent au point qu'on ne sait pas quoi en penser. J'en avais entendu parler, mais sans m'y intéresser davantage, Radlciffe n'étant nullement des acteurs que j'ai envie de revoir après Harry Potter...mais je vais y jeter un coup d'oeil attentif !

    Frollophilement,

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  2. Hello ma chère Lorinda ! En effet, c'est une série assez troublante, suffisamment en tout cas, pour que l'on ait envie d'en parler. Il est certain qu'elle ne laisse pas indifférent. De mon côté, ce n'est pas tellement Daniel Radcliffe qui m'interpellait dans ce casting, mais Jon Hamm, que je voulais voir dans un registre "costume drama", et en dehors du trois-pièces de Don Draper de Mad Men... Pour tout dire, son personnage dans A young doctor's notebook est tellement trouble et torturé, le tout nimbé de fumée de cigarettes, et de délires de morphinomane que cela ne le change guère de son registre habituel... ^_^ C'est un rôle sur-mesure, quoi.
    En tout cas, si tu tentes le visionnage, je pense que tu ne seras pas déçue !

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  3. Tout ce commentaire donne encore plus envie de voir la série, ne serait-ce que pour Jon Hamm (même si je n'ai jamais vu Mad Men...c'est mal ? :p ) ça lui donne un petit côté Sherlock Holmes, cet aspect cigarettes et morphinomane ! J'en prends bonne note !

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  4. Naaan, tu ne seras pas blamée pour ne pas avoir vu Mad Men, je te rassure... ^_^
    Je n'ai accroché à cette série que très tardivement, le contexte ne m'intéressant pas du tout (et je ne suis toujours pas certaine qu'elle m'intéresse autant que cela, d'ailleurs). Et puis, finalement, c'est plus la personnalité trouble de Don Draper qui donne tout le charme à cette série sixties, dans laquelle, à chaque plan, tous les hommes fument comme des sapeurs et boivent du scotch comme si c'était de la limonade...

    Et tu as tout à fait raison, la personnalité du docteur, n'est pas sans rappeler un peu celle de ce cher Holmes. En tout cas, je demande à voir ce que nous réserve la saison 2 de cette série...

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