Visionnages en séries...

Pas d'articles depuis janvier ! On va dire que l'utilisation exclusive des écrans ces derniers temps comme mode de communication principal commence sérieusement à me porter sur les nerfs, et ce blog en a pâti...

Voici donc un petit florilège de quelques séries marquantes vues ces dernières semaines...

Shadow & Bone - La saga Grisha 

(saison 1)

Netflix - 2021

Vous voulez voir une série fantasy au visuel plus que léché, aux personnages délicieusement ambigus et au scénario solide ? Alors Shadow & Bone est vraiment fait pour vous... ! Cette série, tirée du triptyque "Grisha" et du diptyque "Six of Crows" de l'américaine Leigh Burdago, est une petite merveille en soi : non contente de présenter une magnifique galerie de personnages, elle développe un univers fascinant, dont l'esthétisme n'a rien à envier aux meilleures sagas du genre. A dire vrai, la série s'avère même meilleure que le premier tome de la saga, dont il est inspiré. L'univers visuel est totalement décrypté, réinventé, là où le roman ne se permet guère que quelques lignes de descriptions plutôt sommaires. Et là où les personnages péchaient quelque peu par manque de subtilité dans le roman, la série a développé avec brio un background solide à tous ses personnages. Les interprètes y sont bien évidemment pour quelque chose, puisqu'ils semblent en quelque sorte réinventer leur modèle littéraire, en les rendant beaucoup moins unidimensionnels. Les personnages féminins sont magnifiquement forts et attachants, tandis que certains protagonistes masculins multiplient les ambivalences... On n'en demande pas plus !

Alina Starkov, l'invocatrice de lumière (Jessie Mei Li)

Shadow & Bone se concentre sur le personne d'Alina Starkov, une humble cartographe militaire du royaume de Ravka, pays scindé en deux depuis des siècles, en raison de la présence du "fold", une immense masse de ténèbres remplie de créatures monstrueuses, qui fut créée par un sorcier grisha. Lorsque la jeune femme s'embarque pour une traversée du fold, elle déchaîne sans le vouloir une puissance extraordinaire, capable de repousser les ténèbres, et de sauver une partie des membres de l'équipage. A son retour, le général Kirigan, commandant en chef de l'armée grisha, croit déceler en elle un pouvoir défiant l'entendement...

Aleksander Kirigan, l'invocateur de ténèbres (Ben Barnes)

Je ne me voile pas la face, mon principal attrait pour cette série réside dans le personnage de Kirigan, "l'invocateur de ténèbres", campé par le britannique Ben Barnes. Passé maîtres dans l'art de la manipulation, d'une duplicité extraordinaire, mais non dépourvu de terribles blessures personnelles, Aleksander Kirigan, sorcier au pouvoir fascinant, se révèle dévoré d'ambition, et capable du meilleur, mais surtout du pire. 

La relation qu'il développe avec Alina Starkov, qu'il prend sous son aile, est sans aucun doute le meilleur ressort de la série Shadow & Bone, car on ne sait au juste où s'arrête la manipulation et où commence les sentiments véritables. Il est néanmoins très clair que tout cela n'est pas aussi limpide qu'il y paraît, Kirigan se retrouvant entravé par son propre passif, sans plus savoir où se situe la frontière entre le bien et le mal, entre l'acceptable et l'inacceptable... Chose qu'Alina ne lui pardonnera pas. Cette dynamique entre les personnages n'est d'ailleurs pas sans rappeler par bien des aspects les nuances relationnelles entre les Rey et Kylo Ren de Star Wars...

D'autre part, il serait incompréhensible de terminer cet article sans parler du personnage de Kaz Brekker, directeur de tripot, et chef d'une bande de crime organisé, qui souhaite enlever Alina pour la monnayer au plus offrant... Personnage plein de noirceur et de secrets, et magnifiquement nuancé, car  animé d'un grand coeur qu'il s'évertue à cacher soigneusement, il est superbement campé par Freddy Carter, qui parvient à lui conférer une élégance et une dignité sublimes... Même s'il est à noter que l'on souhaite vraiment voir rejoindre le personnage de la série de celui du diptyque Six of Crows, autre saga du "Grishaverse", dont il est issu. Une âme torturée, animée par une vengeance noire et implacable, dotée d'une aura extraordinaire.

Kaz Brekker, le chef des Six of Crows (Freddy Carter)

Une seconde saison ayant été annoncée il y a quelques temps, je me réjouis de voir comment l'histoire ainsi que les personnages vont évoluer après le cataclysme de la fin de la première saison. Ce qui est certain, c'est qu'on en redemande ! 

 

Timeless 

(saisons 1 et 2 + Christmas special)

NBC/Netflix - 2016 à 2018

Professeur d'histoire à l'université, Lucy se retrouve un jour contrainte par le gouvernement américain à se rendre dans une base ultra-secrète, où a été volé quelques heures auparavant, une capsule capable de faire voyager ses occupants dans le temps. Un groupe armé, mené par un dénommé Garcia Flynn, un ancien membre de la NSA, a non seulement subtilisé la capsule, mais cherche aussi à modifier le cours de l'Histoire américaine... Grâce à un vaisseau de secours, le "Lifeboat", Lucy se voit obligée à s'embarquer avec une équipe constituée à la va-vite, lancée dans l'Histoire, celle avec un grand "H",  aux trousses de Garcia Flynn...

**

Garcia Flynn (Goran Visnjic)

C'est sur les conseils d'une amie que j'ai entamé le visionnage de cette série américaine de science-fiction, car elle promettait du grand brun ténébreux aux motivations pas nettes... Autant dire qu'il n'en fallait pas plus pour me convaincre... :) Résultats, je ressors du visionnage des deux saisons que comporte cette série un peu mitigée. Au premier abord, la série pèche clairement un peu par son manque de moyens, et même si on se retrouve volontiers embarqués dans cette course-poursuite à travers les grands et petites événements de l'Histoire américaine, il est clair que les fusillades à répétitions et le patriotisme à tout crin, main sur le coeur et larme à l'oeil sous la bannière étoilée, ont tendance à porter un peu sur les nerfs sur la longueur. Cependant, il y a de très bonnes choses dans cette série, je dirais même d'excellents éléments, et notamment la relation très ambivalente qu'entretiennent Lucy et Flynn, tour à tour ennemis ou alliés, aux motivations d'abord diamétralement opposées, puis se rejoignant peu à peu au fil de la série. L'opposition de Lucy, campée par la très piquante Abigail Spencer, femme de tête, brillante et indépendante, et de Garcia Flynn, criminel sans conscience, qui assassine à tout-va en poursuivant un but obscur, était le meilleur atout de cette histoire. Il suffit de voir comment, sous ses menaces, Flynn ne peut décidément pas s'en prendre à Lucy, malgré qu'elle mette tout en oeuvre pour saboter ses tentatives désespérées à modifier le cours des événements. Cependant, le développement des deux personnages s'est égaré quelque part en cours de chemin, et perd malheureusement de son piquant. Le scénario se perd, balbutie, peine à s'y retrouver dans sa propre trame, et peu à peu, tout l'intérêt de la série, qui reposait sur l'éternelle opposition des contraires, se délite. Alors qu'il y avait un potentiel de développement absolument extraordinaire. La dynamique aurait pu s'avérer splendide si le scénario n'avait péché, comme souvent dans les séries US, par un excès de politiquement correct... A vrai dire, même la fin paraît bâclée et peu cohérente avec le reste, en s'essoufflant à cause d'un cruel manque de liberté et de créativité dans le scénario. Elle reste cependant un bon divertissement, et demeure agréable à regarder malgré ses défauts...

Miss Scarlet & The Duke 

Saison 1

PBS Masterpiece 2020

Suite à la mort étrange de son père détective privé, Eliza Scarlet, bien décidée à élucider ce qu'elle croit être un assassinat, s'ingénie à reprendre les affaires familiales, malgré toutes les difficultés d'une femme à s'imposer dans la profession... Entêtée et véritable aimant à problèmes, Eliza peut cependant compter sur l'appui d'un ami de son père, William "The Duke" Wellington, inspecteur à Scotland Yard légèrement porté sur la boisson, pour la tirer d'affaire... 

**

Que voilà une série britannique bien sympathique, au casting absolument délicieux... Alors certes, on pourrait lui reprocher d'être peut-être quelque peu convenue, très polie et très comme il faut, mais finalement, qu'est-ce que ça fait du bien ! On ne boude pas son plaisir devant les 6 épisodes que compte cette série pleine de charme et de rebondissements, tellement so british, à l'héroïne exaspérante à souhait, qui adore se mettre dans de sales draps, sous le regard caustique du Duke, avec qui le courant passe décidément assez mal, quoique le Duke ne soit peut-être en réalité qu'un gros nounours un peu brut de décoffrage... La relation électrisée entre les deux personnages fait d'ailleurs tout le charme de cette série, l'une taquine et légèrement inconsciente, et l'autre bougonnant derrière un accent écossais râpeux... Bref, je n'ai pas boudé mon plaisir devant cette série policière pleine d'attraits, qui s'est vue renouvelée pour une seconde saison !

"The Duke" Wellington (Stuart Martin) et Eliza Scarlet (Kate Phillips)


A suivre...